Ce livre c’est le symbole le geste manquant qu’est-ce qui me manquait pendant ce confinement ? Je l’ai matérialisé par la lecture de ce roman In extenso depuis le déconfinement, il me manquait un espace une vacuité une liberté une porte qui peut rester ouverte
Ce livre : les petites victoires ne parle pas que des privilégiés de notre société bobo parisienne loin de la ce sont des hommes des femmes une famille oui mais c’est au delà de toutes les questions réponses qu’on se formule sur les gens... Surtout quand senior on commence à rester posé si on les caressait un peu longtemps les gens on n’énumèrerait pas des idées sur les apparences de leur vie.
C’est profond l’entre deux et moi qui ait eu beaucoup de difficultés depuis la retraite pour reprendre le chemin invisible de la lecture là j’ai même trouvé enfin... le siège l’horaire la pièce où je suis le plus loin des écrans. Dans la chambre dos à la fenêtre avec les lunettes, en fin de matinée, pour ne pas m’endormir malgré moi... l’édition brochée car sinon les poches même s’ils sont plus palpables sont écrits en police de caractères trop petite et j’y bute ...
Ces livres me donneraient comme une robe neuve l’envie de danser et de passer à autre chose malgré le silence d’ici c’est à dire pas de radio en fond sonore...
Tout d’abord sur FB j’ai écrit à son propos le 22 mai 2020
Les gens du quartier qui vont faire leurs courses sont aisés même âgés du côté du Champ de Mars. J’ai vu un militaire faire des pompes les pieds en hauteur sur l’assise du banc, des fleurs presque laides débordant la taille habituelle des hortensias sinon une famille avec un petit lot de giroflées rose fushia, la petite fille les respirant, à cet instant tu souhaites un miracle mais les giroflées sont inodores...
J’ai traîné vaqué dans les boutiques avec gel masque tout l’attirail pour quêter des petits cadeaux, un autre masque, des brosses à dents écolo chez Alter mundi et puis Monoprix avec remise sur tout ce qui est présenté de 30 % pour changer de saison : un petit haut un bas pour moi et pour toi un polo, zut je n’ai pas vérifié, il est à manches longues ! Puis déjà 18h45 alors je rentre sans m’être posée alors que j’avais emporté la gourde les amandes noisettes noix de cajou et le livre des Petites Victoires de Pierre Notte. Il écrit si bien pour vous attacher sans tremblements aux personnages féminins masculins avec toute l’épaisseur de leur solitude ; il les réhabilite sans concession, on les adopte, si j’avais eu une fille je l’aurais appelée Clémence. Ce qui me manque le plus rentrer dans une brasserie pour lire, pour regarder les passants, pour penser à tout à rien, à ma vie, à ce que sont devenus mes amis...pour boire un Perrier fines bulles rondelle.
Je vous recopie un extrait p 102-103 :
« C’est bien ça qu’elle voulait, une plâtrée d’oeufs dans une assiette ronde, parsemée de taches noires, champignons de Paris, grillés revenus à la poêle dans une huile d’olive de qualité correcte. Le tout est saupoudré d’herbes fines et lâche dans l’air froid ses odeurs poivrées. Elle n’a jamais su commander ce qu’elle voulait. Elle lisait et relisait la carte, hésitait, comparait les prix, choisissait , se ravisait et prenait une salade quand elle rêvait d’un steak, un café noir quand elle aurait préféré un bordeaux capiteux. Elle allait contre ses désirs. Elle se privait, se punissait. choisissait le moins cher, le sandwich à la place du croque-monsieur, le croque-monsieur à la place du croque-madame. La crainte d’être déçue. La peur de consommer au-dessus de ses moyens. De ne pas mériter ce qui aurait pu lui procurer une satisfaction. Plaisir trop compliqué pour elle, il l’aurait rendue coupable, ou frustrée. Ou comblée ou pire, heureuse. Trop grand pour elle. Elle renonçait. Elle neutralisait ses envies optait pour une déception en connaissance de cause. Elle rappelle le serveur, commande un verre de vin rouge. Et ajoute : « le plus cher s’il vous plaît. » Elle admire une omelette comme d’autres traversent le Louvre. Elle pose ses petits pieds de petite dame sur ses petites chaussures, l’asphalte est trop froid. Mais le soleil est doux quand il passe par là. »
p 152 ...Clémence de l’eau salée dans les yeux disait à ses filles : « J’ai aimé, j’ai eu cette chance. C’est pour ça que c’est facile de vieillir. »
p 174 Margaux renonçait à ses obligations ce matin là, se foutait tout à coup de l’heure qu’il était et du retard déjà pris, elle prenait sa fille dans ses bras, elle avait quelque chose d’important à lui dire. Prune était encore nue dans la serviette épaisse. Margaux désignait son petit ventre, sa peau mate, son nombril et la petite ouverture, la faille fine tout en haut de ses jambes, son petit sexe de petite fille que Clémence aimait appeler « méat ». « Tu as un intérieur » disait Margaux. Prune mettait le doigt dessus, ça la faisait rire. Sa jeune mère expliquait que cela pouvait porter plusieurs noms, lui demandait comment elle l’ appelait, la « zézette » ou le « zizi », elles riaient toutes les deux. Margaux continuait, expliquait que cet intérieur était une belle chose, qu’on faisait pipi avec mais pas seulement. Des enfants aussi. Et l’amour. Qu’elle comprendrait ça plus tard, que ça se faisait, avec ces garçons qui eux ont un zizi à l’extérieur. Ou alors avec d’autres filles, des femmes, que c’était possible aussi. Moue d’un dégoût amusé de Prune, elle enfilait une culotte.
Margaux racontait à la fillette que les femmes et les hommes ont des sexeS différents. Chez elle c’est rentré, chez eux c’est dehors. Mais que cela ne faisait pas d’eux les maitres du monde, des conquérants. Qu’ils sont tous égaux et les uns et les autres, sexe dehors ou dedans.
p 218
Peu de rides sous ses cheveux noirs rayés de mèches blanches, elle ne se masque pas. Elle est devenue peu à peu qui elle était, et ses traits la racontent. Elle n’en efface aucun, les maquille à peine, ça la rend belle et vraie.
Merci à cet écrivain Monsieur Pierre Notte, écrivain de romans, chansons, théâtre pour ce livre délivrance de notre époque catastrophique à première vue. Merci et que les écrivains tous ensemble puissent vivre de leur plume et ainsi assurer notre utopie.