mardi 8 mai 2007

A vos textes, l'apprendre par coeur ? Comment ?



La mémoire de René Magritte 1945

Déjà me semble-t-il, quand on aborde l'apprentissage des textes de théâtre, adulte, c'est différent mais c'est issu de l'apprentissage scolaire. Différent, pour des raisons d'égo, de perte de confiance et de manque d'entrainement tout simplement. Notre mémoire a pris des coups elle se protège, elle se cantonne, elle est sûre... d'être comme ça, d'abord !

Sur cet apprentissage par coeur estudiantin (site de letudiant.fr), les méthodes qui sont le plus évoquées sur les forums sont :

RÉACTIVATION : apprendre 7 fois... (pourquoi pas 9 !)
LE MOMENT, choisir le moment "être frais"
ÉCRIRE, noter les mots importants, utiliser les couleurs, surligner...
RENDRE un truc chiant super passionnant, ne pas oublier le mot coeur
NE PAS se démoraliser se comparer, les super-pouvoirs de Mémoire sont rares.


Pour le théâtre, on entend souvent des diseurs de bons conseils, mais à chacun sa mémoire, ses facilités entre le jeu, les déplacements, l'intelligence du texte, la culture, l'observation, l'expérience, le désir, la passion...

Je vous ai trouvé sur l'apprentissage du théâtre français, un site canadien où l'on voit une photo du grand Gabriel Arcand qui est très bien fait.

Après cette parenthèse sur les forums d'apprentis comédiens, il est dit que pour apprendre les textes,
il faut répéter à plusieurs le texte à la main et ça rentre tout seul...
c'est vrai, extrêmement important de jouer avec les autres. Comme d'articuler pour mâcher le texte à voix haute, la bouche a-t-elle sa propre mémoire? Articuler c'est, vous le savez déjà, indispensable pour se faire entendre sur scène. (pour jouer au cinéma ce n'est pas conseillé...)

il faut répéter à plusieurs le texte à la main et ça rentre tout seul...
Oui et non je réponds, je réplique, qu'il faut un travail en amont et en aval, seul, déjà bien savoir le sens du texte, comprendre les articulations des scènes, la succession des répliques, et pratiquer l'écoute active : c'est à dire qu'est-ce qui m'amène à répondre cela, sur quels mots je réagis...

A propos du sur-lignage, le texte papier devient comme un fil affectif, il est tellement sur ligné, colorié qu'on n'en lit plus le sens général et le sens des répliques des partenaires. Par contre, noter ses déplacements comme ceux de ses partenaires, les fameuses didascalies, donnent du sens et du visuel, renforcent la mémoire du texte par les gestes.

Jouer longtemps avec le texte en mains, c'est comme pour les enfants apprendre à marcher avec un objet à la main, à un moment ça dessert l'équilibre et la liberté. Il faut se lancer sur le fil ?! - non, sur la scène mais sans béquilles et sans Doudou... Et adulte nous sommes tous des animaux inconscients et des enfants oubliés, il n'y a pas de honte !

Au fil des répétitions chacun parvient, puis oublie, puis revient, puis étincelle, fait rire, émeut maîtrise et un peu moins, c'est humain. Les trous de mémoire sur les planches, c'est humain aussi et cela se répare par une profonde respiration, un calme retrouvé, une petite improvisation. Juste après ne pas y penser comme au pourquoi d'un fou rire éventuel, pour éviter la loi des séries, continuer à donf... dans le jeu.

Et inutile de stigmatiser ses partenaires quand ils ont eu un manque.

Et avant les représentations faire des "Italiennes"?
Faire des "Italiennes"(répéter le texte sans le jouer, à blanc) avec le partenaire ou un bénévole, un proche sont (après des mois de résistance et en vieillissant) un moyen de réactivation et de confiance en soi et dans le texte. Et si possible commencer par n'importe quelle scène ou partie du texte, car sinon on a une confiance axée campée sur le début.

Je vous narre l'anecdote qu'invitée à la célèbre émission de José Arthur : le Pop Club enregistrée au Fouquet's qui réclamait toujours des extraits, paniquée, j'ai demandé, à mon metteur en scène : c'est quoi le début ?... La pièce, une création, c'était "Manger" et mon metteur en scène : Philippe Person.

Mais à quel moment, cette quotidienne répétition du texte est le + profitable ? après le petit déjeuner pour moi.
Juste avant de jouer, ce n'est pas bon pour tous. Alors si c'est le cas, essayez de trouver un coin discret
Ou alors sur scène en "Allemande" (c'est à dire une italienne avec en + les déplacements) répéter sur scène c'est très bien, mais faites-le, si possible en sourdine ou forte, pendant que tous les autres sont en coulisses ou pas encore arrivés.

Et puis il faut laisser du temps au temps et à l'expérience de jouer en public, à la mise en acte.
Car faire du théâtre, ce n'est pas seulement pour connaitre des gens, rencontrer des partenaires, boire un pot, faire rire les autres sur ses manques, ses difficultés, c'est donner, se donner, se mettre en état d'abandon et de maitrise, de rupture, d'accueil et de séparation sans ressentiment. Et même si nous ne sommes pas des danseurs ni des chanteurs lyriques, il faut s'entrainer.

Mais ne vous y trompez pas, je suis très "pot" et discussions à n'en plus finir, petite bouffe ou grosse, courses ensemble pour choisir accessoires et costumes... moderato quand je suis trop fatiguée.

Exhibitionnistes, oui, mais pour se dépasser, ne plus s'écouter, se regarder, tout faire pour se mettre en état de donner. S'apercevoir que l'on n'éprouve pas forcément du plaisir à jouer et pourtant on en donne parce qu'on a lâché prise, on est vivant et sur scène, on joue bien et le public vous suit de tout leur être.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire