mardi 14 août 2007

Comment jouer la folie... à ce propos deux pièces "ce serait un samedi soir...de juin" et "Illusions comiques" les 2 vont se rejouer. Cinoche à 3 €


Comment jouer la folie...le délire du chagrin, l'ivresse, la peur, la colère.... ces états, ces excès, qui font froid dans le dos, qui suggèrent que si l'on s'y colle... on risque d'y rester...

On risque quoi ?

Déjà, se rappeler que l'on n'est pas seul, on est dans le corps, on est ce corps, on est là pour jouer, pour entrer et sortir de scène; pour rejouer cet état, ce texte, ces gestes, ces déplacements, alors la règle c'est le jeu, les maîtres : les mots.

Lucides restons et notre garde fou sera la maîtrise du plaisir... plaisir à jouer, partager avec le public. Ne jamais oublier le public, on ne joue pas pour soi, entre soi, ou pour un"private-joke" avec les collègues...

J'ai vu un spectacle en chantier, puisque c'est une ébauche qui sera reprise ultérieurement en forme longue. C'était une ébauche, un monologue, une adaptation d'un délire mis en écriture, et non pas mis en paroles. Ce texte est à plusieurs temps : futur, présent, passé ; les superpositions sont très belles, et tout cela se complique car c'est en fait au conditionnel : une rencontre, celle d'un fou et d'une prostituée...
Comme c'est une ébauche, il y a trois beaux néons bleus, un costume à la mode comme un peu pour les danseurs : costard juste en noir et direct sur la peau donc pieds nus, seul avec une poupée de chiffon grandeur nature...

Vous en dis-je trop déjà ? Eh ! bien je continue...
ces prémices m'ont déplu, car cette mise en espace repose seulement sur la mise à nu de la fragilité de l'acteur -on pourrait dire de la sincérité de l'acteur- et ce n'est pas cela jouer la folie devant un public. Cela c'est mettre le spectateur en position de voyeur et risquer que l'acteur n'ait plus de garde fou.

Résumé de ce spectacle présenté à l'Étoile du Nord

Ce serait un samedi soir au commencement de juin
Récit tragique et drôle...

... d'une rencontre entre une prostituée et « le jeune homme malade mentalement » , « le schizophrène » , « le psychotique » , ainsi que l'auteur du récit s'intitule lui-même.
L'écriture de Wolfson est une machine de guerre contre l'ordre établi, le pouvoir, qu'il soit politique familial ou linguistique et nous permet, espérons-le, de questionner et d'affronter, avec une salutaire folie et souvent une jubilante ironie, la déraison d'une angoisse universelle.

Auteur: d'après Le Schizo et les langues de Louis Wolfson
Mise en scène: Sylvie Reteuna
Artistes: Michel Jurowicz
En contraste je veux vous reparler du jeu de MICHEL FAU, dans Illusions Comiques d'OLIVIER PY. Vous pourrez revoir cette pièce à la rentrée de l'ODÉON.


et vous pourrez aller le voir ensuite jouer dans une pièce de Thomas Bernhard :
L'Ignorant et le Fou mis en scène par Emmanuel Daumas au THÉÂTRE DE L'ATHÉNÉE

Car c'est exactement ce qu'il sait faire dans tout son jeu tout sauf cela, ce jeu qui tient du figuratif à la peinture, du naturalisme à la photo. Lui, il joue, il crée, il fait des ruptures, use de tous les changements de costumes possibles, il se masque, il est tous les masques que nous n'osons pas. Et ce n'est pas un cabotin car il a la justesse de tout son corps, par le plaisir qu'il donne et qu'il se donne, c'est un grand et c'est tous les petits. Il excellait dans les rôles dits de méchants. Il passe instantanément le mur d'un état extrême à un autre, il devient ange, femme ou amoureux-fou, car comment peut-on être amoureux autrement. Il s'est tellement battu avec lui-même qu'il est vainqueur de tous ses combats et fâché avec tous les réducteurs de ses autres lui-mêmes. Ce serait un extraordinaire Cyrano et aussi un inoubliable Malvolio dans la Nuit des Rois ou comme mauvais fils, le bâtard Edmond dans le Roi Lear et sans oublier Richard III.

Mais pour moi il reste mystérieux entre l'Aiglon, Lolo la terrine, le Fou Tiroir, Le méchant frère des Brigands de Schiller ou le Diable ou L'Ange du Soulier de Satin. Et une certaine filiation avec Buster Keaton (c'est Olivier Py qui le dit) donc vous comprenez bien qu'il dérange autant qu'on le jalouse.

Revenons au cinéma très vite car la batterie de mon cerveau réduite à la petite fenêtre de ce blog va exploser, nous avons vu en DVD des films exceptionnels dans un style très différent en haut de mon coeur : BAMAKO de Abderrahmane Sissako et BLOOD DIAMOND de Edward Zwick.

BAMAKO c'est un OVNI, beau et intelligent, original dans le mélange des genres et qui laisse dans l'esthétique des images sur les gens tout leur mystère.
L'AFRIQUE
dans une cour de maison c'est beau comme des femmes qui lavent et teignent les toiles des couleurs de l'Afrique, une enfant qui dort près d'un ventilateur, comme un fermier Grio qui chante sans sous titres et traduction, on comprend tout c'est un des passages les plus émouvants.
BLOOD DIAMOND c'est un film américain c'est donc un condensé très efficace de toutes les recettes : séducteur aventurier, violence affichée, émotion sur le sort des victimes, les yeux bleus de la journaliste idéaliste, la beauté des enfants femmes héros africains. C'est un film engagé dénonciateur des abus des trafics mondialistes un peu comme LORD OF THE WAR, et moins fort que THE CONSTANT GARDENER.



Après DÉJÀ VU de Tony Scott.

C'est de la très bonne science fiction auquelle on ne s'attend pas et qui vous attend dans vos rêves comme dans la Littérature poétique, le livre de sable de Borgès, mais là aussi c'est un film américain très bien mené avec des acteurs une bande son de très haute tenue.

Après JE VAIS BIEN NE T'EN FAIS PAS de Philippe Lioret


Après DANS PARIS de Christophe Honoré, LA TOURNEUSE DE PAGES de Denis Dercourt, LE SERPENT d'Éric Barbier.
Avec FILS DE PERSONNE de Guillaume Canet(dont j'ai déjà parlé) je me dis qu'une nouvelle veine du cinéma français s'affiche innove irrigue nos rêves et nos cauchemars, nous délivre, nous vole, nous entend, nous comprend et nous fait sortir du carcan de la norme, règlement, pas fumer, pas manger, pas arriver en retard, être riche ou looser .....
Et bravo, aux acteurs...

Après TRISTAN et ISOLDE de Kevin Reynolds

Bien après mais dans ma sélection : MON MEILLEUR AMI de Patrice Leconte


Et puis au cinoche dans les derniers films, au cinoche vu le festival à Paris avec surtout un tarif à 3 euros ne vous privez pas du dernier Chabrol : LA FILLE COUPÉE EN DEUX, ça se déguste en plein écran.

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