lundi 8 octobre 2007

Un beau match/ rien fait par rapport aux désiratas sauf Fragonard et "la question humaine"+++ La THÉBAÏDE

Le Rugby ça y est j'ai tout compris et pourtant j'ai préparé à manger mais un moment en entendant par les fenêtres ouvertes et par la grande pièce les réactions, je me suis assise tout simplement j'ai regardé : les touches, les passes en arrière, les fautes et les essais transformés (j'adore cette expression, je ne m'en lasse pas...)

Après, nous aurions du sortir participer nous balader comme prévu et puis nous avons commencé à regarder sur Arte : La retransmission de la Nuit Blanche, avec aussi d'autres Nuit Blanches à Bruxelles à Riga et voilà... Vivre c'est forcément dehors que l'on rencontre retrouve mais voilà...

Donc Dimanche j'ai réagi le vélo, pour aller au Musée Jacquemart-André voir Fragonard : Les Plaisirs d'un siècle. Et la Révolution ? ai-je pensé.

Mais je n'ai rencontré aucun jeune, cette expo est riche chère dans une maison luxueuse, avec une caissière presque mannequin presque désagréable "dire que cela va être comme cela jusqu'à la fin". Le monde la désarçonne d'autant que rien n'est prévu pour, la circulation dans les pièces, les salles... le café : un salon de thé sur les jardins de cette luxueuse demeure
C'est un musée un peu à l'aune des palais russes des tsars... on y pourrait vivre mais ce n'est pas fait pour nous et ce n'est pas Versailles non plus...
Et alors les vandales du Musée d'Orsay c'est innommable on va prendre des mesures de protection renforcées et coercitives... mais ne préféraient-ils pas la "Nuit Blanche"tous les coups de poings toutes les révoltes devront être réprimées et les richesses quelles qu'elles soient de + en + chères et gardées derrière des miradors.
Certes on ne doit pas laisser ouvert à tout venant, les musées mais y-a-t-il des vandales les journées d'affluence où ils sont laissés au libre accès, gratuits.

C'est extrêmement cher la culture, certes il y a des bons plans. Mais cela aussi est un leurre...

Et la Révolution ?

Je me suis dit malgré la joie, la chaleur moussante des couleurs, la sensualité, l'éclat nacré des toiles de Fragonard, la joie de découvrir aussi ses dessins, ses BD sur les chevaliers épiques tel Don Quichotte... On en était aux mêmes contrastes au déni, pour entrer ou pour sortir de l'expo, il faut passer par la boutique où l'on vend de plus en plus n'importe quoi et de moins en moins de livres et de reproduction d'art. Dans les phrases exergues biographiques on élude la période de la Révolution : il était à Grasse...


Allez tous voir La Thébaïde les comédiens sont extraordinaires, la mise en scène est une épure on est chaviré par les mélopées de la guitare solo pink-floydienne qui rejoint les voix la poésie.


Les lumières découpent la chair des dos des épaules de ces femmes qui n'arrivent pas à infléchir ni le destin ni la folie meurtrière de ces hommes en quête des illusions de puissance dues au pouvoir. Miroir. Quelle pièce qui nous entraine de la tendresse jusqu'au sublime.

Madame Alvaro voyez la, ses mains sont des grands oiseaux qui battent une dernière mesure comme délivrée au désespoir. Hagarde et drôle comme malgré elle dans la tragédie, il faut la voir et revoir.

Les hommes nous clouent au sol, nous hypnotisent, les deux frères Polynice : Vincent Macaigne et Étéocle : Nâzim Boudjenah, jusqu'à pactiser avec leur folie. Sélim Clayssen dans Hémon est toujours aussi concret, son corps musculeux dans ces costumes de lanières et de peau, ressort comme une violence apprivoisée, il est le personnage du fiancé qu'on ne connaitra jamais. Bruno Blairet dans Créon est tellement ignominieux démesuré qu'on vole contre lui dans les ailes de la fragile Antigone plus forte et résolue que tous, visionnaire presqu'épousée, perdue et pardonnée. J'ai dit à la comédienne : Mélanie Couillaud, qu'elle nous avait emportée au 9 ème ciel. Elle nous a dit : " le 7ème c'est déjà très bien."
Je vous ai parlé des lumières de Xavier Hollebecq, elles sont comme filigrane à la mise en scène. Elles font tout exister. Comme l'arc en ciel : la couleur à l'invisible.

Et si on en a vraiment marre du manque d'amour, des retombées égoïstes il faut aller voir l'un des plus beaux personnages de théâtre que j'ai rencontrées : Olympe dans la Thébaïde ou plus exactement Mélanie Menu dans le rôle d'Olympe, elle a une grande robe presque blanche elle a le visage blanchi tel un fantôme ou une marionnette, elle est la résistance, le peuple, le chœur, elle sera la seule à observer servir, annoncer, être la confidente, le confident. Elle est l’accoucheuse la laveuse des morts…
Elle vous réconcilie aux maux de la lucidité, telle la piété ; se tenir là et ressentir déjà le frôlement des âmes du sacré au profane et les inextinguibles désarrois, malentendus, elle est de la famille des anges de Wenders.

Dans la salle il y avait des enfants, deux classes de première et de terminale, ils riaient certains jusqu’au fou rire un peu contenu, c’est pas parce qu’ils sont jeunes…
Et puis ils faisaient silence et applaudissaient aux saluts à tout rompre.
Merci Sandrine Lanno Xavier Hollebecq, au musicien, aux comédiens...



Et le film la question humaine ? c'est indispensable aussi, ça vous étrangle et vous permet de détecter tous les mensonges de la langue au service de l'industrialisation, des technologies, des objectifs du libéralisme etc... au quotidien. Les psychologies d'entreprise qui n'en ont plus que le nom y sont enfin disséquées. Le casting y est acéré étonnant de justesse. Amalric et Lonsdale sont mieux que jamais. C'est un film lent et intelligent, excusez... cela va bientôt devenir passéiste comme le Noir et Blanc en photo ou au cinéma, un champ réservé à quelques fous, quelques alibis de plus... (y en a qui en font déjà, alors à quoi bon... et puis c'est trop cher).

Comme disait un ami, une chose que soit disant tout le monde connait : il faut être lent avant de pouvoir aller vite. C'était une recommandation pour l'apprentissage du théâtre pour travailler Feydeau. Mais c'est valable pour l'éducation, la formation, l'amour tout simplement... Et avec l'âge qui s'allonge va falloir multiplier vos quotas....


Je vais me coucher, il est très tard. Pardon, si je me suis étalée échappée, je me suis sentie midinette, comme au théâtre. Racine c'est pour nous tous. Même je puis vous dire quand j'ai eu l'occasion de travailler des textes de Racine, ce fut les seules fois où mon chat venait se coucher à mes pieds pendant que je répétais. Racine hypnotise t-il, calme et révèle t-il l'animal qui peut devenir civilisé en nous...

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