dimanche 27 janvier 2008

La Tosca à Dijon mise en scène par Michel Fau/Phèdre 1992 /un mot sur 24h Chrono




Les mises en scènes d'Opéra durent perdurent s'exportent voyagent le chant sublime le tragique et accompagne longtemps en soi les meilleurs souvenirs.
Cette mise en scène je l'ai vue dans une de ses premières moutures il y a 4 ans et elle m'accompagne comme la mise en scène que je rêvais secrètement pour cet Opéra.

J'aime l'Opéra en "amateur(e)", en midinette, ma grand-mère boulangère me les faisait écouter à la radio. Plus c'était dramatique, plus c'était beau.
Donc cette Tosca mise en scène par Michel Fau correspond à la démesure auquelle enfant j'aspirais et que je n'osais pas m'avouer.
Adulte, j'en mesure la perversité.

Mes deux préférées d'histoires c'était je crois la Tosca et Turandot(tirée d'une légende chinoise : "la Princesse aux Enigmes").
C'est très violent, corruption torture chantage et Art s'y côtoient.

24h Chrono à côté surtout la dernière saison c'est rien ! (en fait je le concède cette dernière saison est assez décevante les zones de remplissage sont faciles et délitent la tension. Le temps devient concret et ce n'est pas non plus du Chantal Ackerman. Les acteurs sont toujours très bons, le conseiller Thomas Lennox et le mari de Chloé Morris O'Brian particulièrement).

Revenons à notre Scène Lyrique...
La Prière de la Tosca, je me l'écoutais avant de jouer, quand je jouais,
juste avant de quitter tremblante ma maison,
alors que dans mon premier rôle je jouais Panope dans Phèdre .

Panope elle a une dizaines de vers et une des dernières phrases de la pièce puisqu'elle annonce à Thésée la mort de Phèdre ; je tombais à genoux en larmes et je disais en fond de scène chaque soir : "elle expire, Seigneur".
Philippe Person était assistant de Stéphane Auvray-Nauroy. Michel Fau jouait Théramène, Catherine Piétri Aricie. Je les faisais tous un peu sourire avec mon sens "lyrique". Cette Panope je la jouais comme le chœur, le Peuple, entre "Voici" et"Gala" esclave mais digne.
On ne m'en demandait pas tant mais Stéphane Auvray-Nauroy voulait qu'on soit tous incarnés.
Et nous l'étions à part Phèdre...

Phèdre jouée par Armande Altaï, oui vous avez bien lu, personne ne s'en souvient car elle a été très décue et donc a été très décevante aussi, pour nous tous et surtout pour sa partenaire principale qui interprétait magistralement Oenone

: Yveline Ailhaud Pensionnaire
Entrée à la Comédie-Française
en 1984 départ en 1988

Et c'était plein tous les soirs.
c'était en 1992 du 7 janvier au 19 février
c'était ma presque première fois

et ma dernière fois c'était il y a 3 ans dans une mise en scène d'une amie aussi comédienne et ex-assistante de Philippe Person : Sophie Balazard "Je suis ta mémoire". Je jouais en quelque sorte le rôle de sa Grand-Mère malade et morte de la maladie d'Alzheimer.

Ceci dit pour les personnes qui me demandent si je joue, si je fais partie d'une Compagnie....
quand j'assiste Philippe Person dans ses cours à des comédiens de grand talent et qui progressent à la vitesse de leur amour du théâtre, des comédiens amateurs... assistante depuis cinq ans.

Scène Lyrique
Tosca
[Dijon] Le tyran et la diva



Dijon. Auditorium. 20-I-2008. Giacomo Puccini (1858-1924) : Tosca, opéra en trois actes sur un livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica d’après Victorien Sardou, créé à Rome en 1900. Mise en scène : Michel Fau. Décors : Bernard Fau. Costumes : David Belugou. Lumières : Joël Fabing. Avec : Cécile Perrin, Floria Tosca ; Juan Carlos Valls, Mario Cavaradossi ; Alain Fondary, Baron Scarpia ; Eric Demarteau, Cesare Angelotti ; Christophe Lacassagne, le sacristain ; Christophe Hudeley, Spoletta ; Pierre Marti, Sciarrone ; Dragana Serbanovic, l’archange. Chœur d’enfants de CNR de Dijon (chef de chœur : Yves Klein), chœur et orchestre du Duo Dijon, direction : Claude Schnitzler.

Tosca nous apparaît toujours parmi les œuvres lyriques du siècle précédent comme une des plus percutantes et sans faiblesses. Le scénario organisé autour de trois personnages obéit presque à la règle des trois unités, sans temps morts ; la progression dramatique se déroule inexorablement et la psychologie des personnages est plus subtile qu’il n’y paraît. La musique de Puccini est absolument admirable, par ses suggestions, par sa fausse simplicité, et elle laisse la voix maîtresse du jeu. Michel Fau nous présente cet ouvrage comme « une étrange cérémonie macabre, fiévreuse, perverse, sensuelle, sanglante et sauvage » et il nous fait participer à ce rituel par sa mise en scène.

Scarpia est en fait le personnage principal, comme nous l’avaient laissé deviner Illica et Giacosa. Il est un tyran qui use et abuse de son pouvoir, mais il n’est en rien une simple allégorie du mal : il avoue des appétits sensuels pervers et en même temps il sait parfaitement se servir des nobles sentiments de Tosca pour parvenir à ses fins. Ses rapports troubles avec la religion, qui est le fondement même du pouvoir à Rome sont traduits symboliquement par les deux couleurs de ses costumes, le noir des prêtres et la pourpre des prélats. Un portique à pilastres permet d’évoquer la splendeur écrasante des palais romains et une descente de croix peinte par ou à la manière de Véronèse ou de Tintoret évoque la sensualité de l’art baroque. La Piéta de ce tableau est réemployée au dessus d’un autel latéral et elle devient alors une statue de déesse menaçante.

Alain Fondary, qui a mené une brillante carrière de baryton à travers le monde, est époustouflant : une présence scénique presque écrasante s’allie chez lui à des qualités vocales de puissance et de souplesse. Il montre Scarpia comme un homme de pouvoir impitoyable dans le premier acte, et dans le second comme un fauve cruel qui joue avec délectation de sa victime. Cécile Perrin nous a fait vivre un grand moment d’émotion avec Vissi d’arte, que le public a applaudi sans réserve. Juan Carlos Valls possède une voix ronde et puissante, qui s’épanouit avec une grande sensibilité dans le très célèbre air E luce van le stelle. Son jeu de scène peut cependant parfois sembler un peu conventionnel. Les rôles secondaires sont bien assurés et donnent à l’ensemble de la distribution un caractère d’homogénéité. Nous avons aussi bien apprécié les interventions des chœurs, et en particulier des chœurs d’enfants.

Claude Schnitzler est décidément un magicien et depuis 2006 il revient régulièrement à Dijon pour notre plus grand plaisir. C’est la deuxième fois qu’il dirige ici une œuvre de Puccini et il sait faire chatoyer les sonorités si particulières de cet auteur : il fait ressortir la transparence de son orchestration, mais il met aussi en valeur les couleurs sombres des cuivres, en particulier dans le leitmotiv de Scarpia. En somme, même si beaucoup de spectateurs connaissaient déjà cette œuvre, le public n’a en aucun cas été déçu par cette version à la fois originale et brillante.

Crédit photographique : © DR

par Joelle Farenc (21/01/2008)

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