dimanche 21 septembre 2008
Rentrée critiques théâtre au JDD
Claude Duparfait et Clément Bresson excellent dans Tartuffe . (Agathe Poupeney/Fedephoto)
Les critiques du 13 septembre
Tartuffe * * *
Il cache derrière ses déclarations de foi de la violence et beaucoup de ressentiment. Il ne s'agit pas du faux dévot qui n'est après tout qu'un hypocrite au talent médiocre mais d'Orgon, ce bourgeois qui ne demande qu'à être tartuffié. Claude Duparfait incarne avec un trouble contagieux les glissements du personnage qui finit par ne plus être mu que par l'envie de faire "enrager". Stéphane Braunschweig le met subtilement en scène, entre comique et inquiétude, dans une descente aux tréfonds de lui-même. Là où ses frustrations se cristallisent en une posture religieuse et intransigeante dont la modernité nous offre des échos parfois tragiques. Un très beau Molière.
Jean-Luc Bertet
Théâtre de l'Odéon, Place de l'Odéon, 6e. 01 44 85 40 40. Jusqu'au 25 octobre.
Elle t'attend °
La scène éclate de lumière, celle qui aveugle, celle de la Méditerranée, de l'amour. Sous le soleil d'un été corse, la belle Anna attend le retour de son compagnon, parti dans la montagne. Pièce sur l'attente, la fuite, l'abandon et ses conséquences, la dernière production de Florian Zeller met en scène un couple fragile, évanescent, presque irréel, nimbé de références (l'Odyssée, Le Mépris,...). L'auteur a beau passer les vitesses du temps, effleurer les inégalités du sentiment, ses intentions, trop volatiles, s'évaporent et le vide s'installe sur la scène. Dommage pour les interprètes, Laetitia Casta, engagée et sincère, Bruno Todeschini, Nicolas Vaude, Thierry Bosc et Michèle Moretti.
Annie Chénieux
Théâtre de la Madeleine, 19 rue de Surène, 8e. 01 45 65 07 09.
La divine Miss V. *
La mode était son univers. Pendant neuf années, Diana Vreeland, rédactrice en chef du Vogue américain, a fait trembler un petit monde dominé par la frivolité. Licenciée de son poste, reine tombée de son piédestal, c'est sur son entourage qu'elle exerce son ironie mordante. Adaptée par Jean-Marie Besset, la pièce de Mark Hampton et Mary Louise Wilson donne la parole à cette figure sophistiquée au snobisme religieux, en décalage avec son époque, rattrapée par la réalité sociale. Le maquillage en guise de masque, Claire Nadeau lui prête une allure impeccable et un humour froid, en laissant transparaître les failles en filigrane.
A.C.
Théâtre du Rond-Point, 2bis, av. Franklin D. Roosevelt, 8e. 01 44 95 98 21.
Jusqu'au 26 octobre.
Les deux canards *
Ecrivain parisien et dandy, Gélidon qui est venu s'installer en province n'est pas habité par les convictions. De gauche le matin, de droite, le soir. Amoureux de Léontine, la femme du propriétaire d'un journal de gauche, il écrit au vitriol contre les gens du château. Mais il rencontre justement la fille du châtelain dont il s'éprend également et devient, pour être plus près d'elle, l'éditorialiste du journal de droite que lance le baron, le père de sa jeune conquête. S'ensuivent quiproquos et situations vaudevillesques. Yvan Le Bolloc'h et Isabelle Nanty campent de manière un peu convenue, mais convenablement, les deux personnages principaux. Au total un divertissement au parfum quelque peu désuet.
Florence Muracciole
Théâtre Antoine. 14 bd de Strasbourg, 10e. 01 42 08 77 71.
L'ombre orchestre * *
Le jeune homme joue de l'accordéon. Précédé d'une sonnerie importune, un téléphone portable vient se poser sur l'instrument, tel un papillon.
Quelques téléphones-papillons plus tard, le musicien voit son ombre se démultiplier sur un écran tendu derrière lui, jusqu'à composer un quatuor instrumental. Mime et magicien, Xavier Mortimer affiche une candeur souriante et exécute une série de numéros au style délicat et original. Sans paroles, ce spectacle pour tout public associe la prestidigitation, des tableaux visuels et musicaux séduisants.
A. C.
Théâtre des Mathurins, 36 rue des Mathurins, 8e. 01 42 65 90 00.
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