mercredi 15 juillet 2009
Le cinéma au service du THÉÂTRE : Péléas et Mélisande mise en scène d'OLIVIER PY
Le cinéma au service de l'Opéra : Péléas et Mélisande
Un film susceptible d’éveiller la passion de l’opéra, non pas un “opéra filmé” (il y a eu un temps où cette mode a donné quelques films remarquables:”Don Giovanni” de Joseph Losey, “La flute enchantée” de Bergman), mais un film qui permet une sorte d‘introspection d’une oeuvre, dans tous les sens du terme, il s’agit de “Pelléas et Mélisande- Le chant des aveugles” de Philippe Béziat.
Tournage des séances de répétition au Théatre musical Stanilavski de Moscou en juin 2007, le film a surtout l’extraordinaire mérite de nous donner quelques clés de l’opéra de Claude Debussy, composé sur un livret de Maeterlinck (poète et dramarurge belge, mort en 1949) mais il donne aussi à réfléchir à l’importance de la mise en scène d’Olivier Py (Directeur du Théâtre de l’Odéon)..créateur extrêmement original et contesté par certains esprits plus “classiques”.
En fait, le film (confidentiel et rare) a été remis à l’affiche à AIX en PROVENCE, à l’occasion de la représentation de l’opéra de Mozart “Idoménée”, dans une mise en scène totalement décoiffante du même Py, déjà connu par des mises en scène hors du commun, telles le “Tristan et Ysolde” de Wagner(présenté en février 2005 au Grand Théatre de Genève), “Les contes d’Hoffman” d’Offenbach (créé en 2001). Ce qui est captivant, c’est l’existence de films (maintenant en DVD) qui nous donnent une vision très physique, très suggestive et parfois très érotique du jeu des acteurs. C’est le cas ici, et l’on peut affirmer que c’est aussi une oeuvre pédagogique.La mise en scène est, au plan du matériel scénique, composée de grandes masses métalliques, d’acier et de verre, qui sont constamment en mouvement, et où les acteurs se meuvent, apparaissent et disparaissent. Il est clair qu’au cinéma nous n’avons pas la perspective générale du dispositif, mais nous avons le privilège de vivre très proches des protagonistes. Grâce aux interviews et aux questions pertinentes posées à Olivier Py, Marc Minkowski,les chanteurs russes et français, il nous est possible de se faire une idée de cette oeuvre romantique et envoûtante, et cela de l’intérieur, si je peux dire... C’est une traversée qui nous conduit à une sorte d’hypnose, de rêverie suscitant notre imagination, invoquant même nos propres souvenirs de relations amoureuses, vécues ou imaginées! Le montage est musical, la caméra se déplace sans bruit et scrute les créateurs au travail: le chef d’orchestre expliquant à son orchestre russe comment il entend la divine musique de Debussy; une violoniste russe qui exprime son enthousiasme; un chanteur russe (magnifique voix de basse) qui trouve que l’oeuvre n’est pas assez vivante et émotive (comme l’attendrait le public moscovite); Olivier Py qui développe sa conception de l’oeuvre : “Quelle est donc la clé de Pelléas et Mélisande? la clé? c’est l’énigme”.Le mystère de l’amour, de la vie et des passions humaines…
Ainsi, les moyens du cinéma sont au service de la musique, des interprètes (comme les visages des solistes sous la baguette de Minkowski sont beaux et expressifs!) et de l’ aventure unique du metteur en scène, qui nous déroule sa conception de l’oeuvre, ses réflexions personnelles sur Mélisande, Pelléas, Golaud, Arkel... Ah! la chevelure de Mélisande, les mouvements passionnés de Pelléas, l’oeil sinistre de Golaud, la forêt de tubulures et de clair-obscurs, la lancinante mélodie debussyte, la vie, l’amour fou, la mort. Après la projection,en me promenant sur le Cours Mirabeau, je me sentais flotter dans un monde indéfinissable…Alliance de l’opéra et du cinéma, de la mise en scène et de sa représentation cinématographique, n’est ce pas le comble du bonheur, quand on aime les deux, avec la même passion?
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