vendredi 30 avril 2010

Au Lucernaire : Stabat Mater

Mes deux chapeau bas, à Annie Mercier et à la Programmation artistique du Lucernaire.
Hier soir je suis donc allée au Lucernaire voir Stabat Mater à 21h30 malgré la fatigue qui m'a fait fermer les yeux (comme d'hab très peu de temps) j'ai tout ressenti j'ai tout pris dans le caisson.
Comme dit un de mes amis, "une vraie leçon de théâtre".

Dans l'escalier pour la file d'attente, j'ai vu Karine qui descendait d'Attila Reine des belges, faut dire qu'en ce moment les belges ...
Elle était avec une copine, elles étaient ravies, elles vont battre le rappel : "c'est excellent !"

J'ai vu Thibault à la Caisse bien-sûr j'ai encore oublié de lui demander son adresse mail.

Stabat Mater, Antonio Tarantino, le texte peut décontenancer, la mise en scène  trop réaliste aussi n'aide pas toujours, on n'est pas au cinéma on est au théâtre, mais le jeu..
l'hyper réalisme ce serait de l'entendre en italien surtitré !

Bon les filles vous êtes assez nombreuses dans le cours, il faut aller voir jouer Annie Mercier, son déplacement chaloupé, sa démesure, ses petits gestes : les cheveux qu'elle rejette en arrière, comment elle boit à la bouteille, comment elle prend le public à témoin, comment elle s'avance sur lui, comment elle change de registre : voix grave, cri, voix émouvante, ruptures, toujours très audible...
Et pourtant dans la salle il n'y avait que 25 personnes.

Qu'est que foutent les gens, ils ont besoin d'espoir... ou de mensonge ?
certes mais au lieu d'attendre une place illusoire puisque c'est complet à la Cartoucherie : Les Naufragés du Fol Espoir, allez-voir ce décapant là.

L'espoir  j'en prendrais bien aussi, certes mais pas sur une base de mièvrerie, alors car c'est vite fait, il faut entretenir la  lucidité par le CRU d'une Brigitte Fontaine et pour cela relever les bras de chemise, il faut se colter avec la violence :
"L'intelligence c'est pas un cadeau pour les pauvres..." c'est dans cette pièce.

Le théâtre faut laisser infuser, décanter, parfois on sort de là en colère contre ce qu'on imagine être les Autres, alors que c'est contre soi, la vie, la mort, qu'on en a, on a repêché de l'âpreté dans le regard et dans le cœur.
C'est ce matin juste que j'ai reconstitué le puzzle, que je l'ai décollé de mes habitudes comme celle d'écouter en ce moment les textes de Guitry ou de Tchekhof..
Tiens aujourd'hui justement dans le métro j'ai raté ma correspondance en en lisant une de pièce de Guitry, entièrement, La Prise de Berg-op-Zoom.
Ce qui m'a fait de la peine hier là sur le coup, c'est que la comédienne elle s'est donnée seulement à 25 personnes dans la salle qui étaient contentes, qui applaudissaient à tout rompre, surtout le silence des absents.
Mais la comédienne elle n'est pas revenue au troisième rappel... Trop triste.

Il faut y aller ou sinon vous n'apprendrez jamais ce qu'est aussi ce théâtre là.
Et en tous cas Chapeau au choix de cette programmation exigeante et déconcertante.

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