lundi 21 juin 2010

FILM JLG SOCIALISME : "leçon de liberté et de cinéma...."






 sur TADAH BLOG Mardi 15 juin 2010
Film Socialisme : des choses

UN FILM DE JEAN-LUC GODARD

"Des choses, des choses comme ça…Des idées, des images, des sons, des réflexions…C’est évident (et c'est malheureux ou pas) : Film Socialisme ne peut rassembler tout le monde. Car c’est un film loin des standards de tout ce qui peut se faire dans un cinéma dit « traditionnel », car ce sont DES histoires, qu’il n’y a pas vraiment de scénario établi. On se croirait face à un docu-fiction ou bien face à une vidéo de musée d’art contemporain. Jean-Luc Godard ne cherche jamais à se rendre accessible, il s’amuse plutôt à nous perdre, à nous emporter dans une immense soupe d’images. A chacun d’y trouver ce qu’il veut, il y a suffisamment de pistes à explorer. Certains accepteront le voyage, passeront volontiers du rire aux réflexions profondes. Les autres auront le sentiment d’être face à une énorme purge, ils seront libres de quitter la salle et de crier au grand n’importe quoi. Je ne peux donc vous conseiller Film Socialisme les yeux fermés. Vous m’en voudriez peut-être. Mais je peux vous dire que c’est un film que j’ai adoré, une expérience de cinéma, un regard sur le monde comme je n’en avais pas vu depuis un bon moment.

Certains partiront sans doute mieux lotis que d’autres dans cette aventure. Film Socialisme étant un film exigeant, faisant appel à de nombreuses connaissances. Je suis ainsi persuadé d’être passé à côté de pleins de choses, convaincu de ne pas avoir tout compris. Et pourtant, en ressortant de la salle, je ne me sentais pas frustré. Car j’ai toujours trouvé une image, une pensée, quelque chose à quoi me raccrocher. « Mais de quoi ça parle ? » me demanderez-vous. Un peu de tout à vrai dire. Il y a trois parties distinctes : une croisière en Méditerranée, une escale près d’un garage où une famille parle « liberté, égalité, fraternité » et une brève partie sur « nos humanités » avec des lieux de vraies/fausses légendes.

 La première partie impressionne : une véritable soupe d’images où tout se mélange. Beauté sidérante du numérique, archives, vidéos volées, pixels de vidéos prises avec un téléphone portable, caméra DV. Le son perturbe, se fait de plus en plus malicieux. Le cinéaste semble s’amuser comme un gosse avec le montage, les effets, le bruit, le rythme. On fait difficilement plus contemporain : aujourd’hui tout le monde veut s’exprimer, par n’importe quel moyen. Chacun peut filmer, faire du contenu. Nous sommes noyés sous une incroyable masse de contenu. Fait-on vraiment le tri ? La tête tourne, la caméra tremble, les silhouettes deviennent floues. Brouhaha. Plus d’histoires, plus de sens. Que des fragments. On entend des conversations, elles sont interrompues, on passe à autre chose. On passe de l’audible à l’inaudible. Qu’il est compliqué de se concentrer aujourd’hui, de garder bien en mémoire des pensées, même des images. Ne reste plus que ces maudits fragments, des bribes.

Certains sujets reviennent. La seconde guerre mondiale, les guerres en général. Toujours des guerres. A-t-on déjà vécu dans un monde dans lequel il n’y avait aucune guerre, où on avait la paix ? Avant d’embarquer pour la croisière on nous dit « l’argent est un bien public » puis quelqu’un rétorque « comme l’eau ». En pleine mer, les passagers évoluent dans des espaces luxueux. Entre deux cocktails, on prie devant un autel de pacotille aménagé. Un homme proche de la cinquantaine à côté d’une bimbo, une fille qui fait « miaou », des enfants qui dansent dans une ambiance « Club Med ». Ca fait peur mais on rit. La société de consommation dans toute sa splendeur. Des traitres, des salauds, pas de justice. L’horreur : les salauds aujourd’hui seraient sincères. On est à deux doigts de saturer, de débrancher, mais on reste. Le sublime côtoie constamment l’éprouvant.


Deuxième partie , une famille, un garage. La fille lit Balzac. Le petit garçon ajoute des couleurs flashys à un Renoir. On dit qu’il ne faut pas employer « être » mais « avoir ». Les parents sont politiques. Des journalistes attendent. Ce passage est sans aucun doute le plus philosophique, le plus politique, celui qui justifie le titre du film. Famille blasée ou ouverte ? Chacun assume ses désillusions et continue de s’interroger. Monde individualiste, on se voile la face, on sait qu’il y a des guerres, on compatit. Puis on passe à autre chose. C’est humain. C’est ça être humain aujourd’hui. Désolidarisés, on cherche à faire sa route, à éviter la casse, tant pis pour les plus faibles. Beaucoup d’interactions, beaucoup d’idées, tout s’enchaine : on aimerait bien tout noter sur un petit bout de papier pour pouvoir revenir dessus, se donner le temps de la réflexion. Mais Godard avance, balance de nouvelles pistes. « Liberté, Egalité, Fraternité » : quand on y pense une minute, quelle bonne blague quand même !

Dernière partie. Des lieux, des légendes, toujours des guerres. De l’injustice. Des extraits de films, des bouts de réflexion, des images qui nous traversent encore et encore. Ca se termine. Carton : « No comment ». Dès qu’on sort de la salle pourtant on a envie que de ça : de commenter ce commentaire sur notre monde, de s’exprimer sur les multiples sujets abordés. Certains crient au génie, ont trouvé l’expérience incroyablement dense, profonde. D’autres crient à l’imposture. Je ressors du cinéma, je retrouve le réel. Je me dis juste que je viens de vivre un moment de liberté et de cinéma. J’ai reçu une vraie proposition de cinéma. Ce genre de choses, c’est rare. Ce genre de choses ça ne devrait pas avoir besoin d’une appréciation. Mais bon quand même…"

Film sorti le 19 mai 2010



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Je n'y suis pas allé et je vous conseille de patienter pour tout et de passer par chez moi ou chez d'autres, pauvre blog, le mien ... je glane sans semer à cause....

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