samedi 13 novembre 2010

LA PASSION CORSETÉE, LE SPECTACLE... au Lucernaire par Suzanne pardon ! Laurence Février

Je n'ai pas bien dormi cette nuit car après cette Princesse de Clèves, un miracle de haute voltige, j'ai re-regardé La Pianiste et là vous voyez de la passion retenue du XVII e siècle à celle contemporaine filmée par Monsieur Michael Haneke, il y a la même recherche d'absolu.
Je me suis dit plein de choses dont une, Madame Laurence Février l'actrice est vraiment une femme remarquable....
entre autres choses que certaines mères aussi ont cette recherche d'absolu dans l'amour de leurs enfants comme celle de la mère de la Princesse de Clèves retenue et comme celle du personnage de la mère jouée par Madame Girardot complètement folle et inconsciente.Ce spectacle est o combien indispensable pour la force de croire au sublime et le bascul du jardin semé d'orties et de chardons qu'on a laissé pour nous en nous modelant de plus en plus à un confort consommable comme l'addiction au portable (voir la vidéo)

Je suis une inconditionnelle de cette actrice créatrice conceptrice de spectacles indépendante et au jeu au corps tellement incarné et métamorphosé selon les rôles.
 Laurence Février biographie filmographie théâtre sur Théâtre on Line.
Je la préfère à Philippe Caubére  (quelle comparaison...)
car elle épouse et nous offre un texte... Elle a autant de talent et en plus si lui a fréquenté une grande dame, Ariane Mnouchkine, elle a fréquenté un grand Monsieur qui a rendu au théâtre toute son élégance et sa chair et qui a imposé un certain élitisme un théâtre "élitaire pour tous" : Monsieur Antoine Vitez
Rendre accessible le sublime pour tous. Merci Beaucoup  Madame vous êtes un rêve...

Et on a tellement parlé à mauvaise escient de ce chef d'œuvre littéraire, que c'est par "désir" passionné de réhabilitation de la littérature de toute la littérature notamment féminine celle-là de Madame de Lafayette...
-corseté n'a jamais été ampoulé et ou désuet-

que vous devez y aller si vous aimer aimer.... les amoureuses les émouvantes.... les sensitives
machos s'abstenir...
je vous invite, vous ouvre l'appétit littéraire, en vous offrant en avant-première le programme que j'ai scanné pour vous.
où se cachent les amoureux, pardon les fous d'amour....


Il y a du fantastique dans le labyrinthe de passions qui se reflètent en miroir dans la Princesse de Clèves, les passions y sont érigées et tenues par un texte classique corseté, et elles y sont déclinées à l'infini, de la plus passagère à la plus fatale.
C'est l'aspect le plus absolu et le plus violent de cette émotion qui a été choisi pour le spectacle, en mettant le plan focal sur les trois personnages principaux de l'œuvre : le Prince de Clèves, le Duc de Nemours, la Princesse de Clèves.

Une passion littéraire secrète

Quand je faisais des recherches sur le XVII e siècle, pour la création du spectacle, j'ai appris que ce siècle avait développé l'art du secret, et j'ai trouvé surprenant ce parallèle avec ma propre lecture de La Princesse de Clèves, lecture-passion qui est toujours restée secrète... Je suis  « tombée » dans La Princesse de Clèves quand j'étais gamine et que je l'étudiais à l'école. J'ai continué à porter ce roman, en secret, comme un de ceux qu'on emporterait sur une île déserte... Ma prédilection pour ce texte, je n'en parlais donc pas, mais à cause, ou grâce, à des événements récents, je me suis dit qu'il fallait passer du secret à la révélation. Je me suis dit qu'il y allait de ma responsabilité d'artiste, de mon travail d'artiste, de proposer au public d'entendre ce chef-d'œuvre, que les gens l'aient lu ou pas. Je veux aussi témoigner de l'influence que ce texte a eu sur moi, en témoigner grâce à ce que je sais faire, du théâtre, pour tisser un lien, non plus secret mais partagé avec le public, avec cette communauté vivante de spectateurs qui est là, chaque soir. C'est l'angle premier de mon projet : dire et redire cette langue magnifique, notre patrimoine littéraire, et éviter par tous les moyens qu'on ne mette ce chef-d'œuvre aux oubliettes.

La Princesse de Clèves, la langue du XVIIe siècle
Je trouve beau de dire aujourd'hui, à mes contemporains, cette langue du XVIIe siècle. Le titre qui s'est imposé : La passion corsetée, vient évidemment de ce qui se passe entre les héros mais aussi de la langue. Cette langue, on ne peut pas la dire avachie, elle est athlétique, il faut être corseté, tenu. C'est une langue profondément articulée, comme un vers racinien.

Le retour du sublime

Avec La Princesse de Clèves l'objectif sous-tendu, c'est la grandeur et le dépassement de soi. Cette langue « corsetée », ces sentiments extrêmes, cette façon d'appréhender le monde, toutes ces valeurs « sublimées » devraient-elles  basculer dans l'oubli parce qu'elles ne sont pas confortables? Même quand les personnages de La Princesse de Clèves s'aveuglent et se mentent à eux-mêmes, dans une acmé de raffinement et de subtilité, ils ne sont jamais médiocres. C'est une œuvre qui tire les individus vers le haut.

Des mondes de femmes

C'est l'angle de vue de Madame de Lafayette qui m'intéresse. Quand elle écrit, c'est toujours pour parler d'une femme à qui elle donne le premier rôle, mais c'est elle-même qui apparaît en creux et de façon magistrale. Ses héros sont très jeunes, ils se débattent au premier plan dans les affres de leur passion, mais elle leur donne une maturité d'analyse qui est bien au-dessus de leur âge, et c'est sa conception du monde à elle, qui apparaît. C'est elle qui nous donne accès à un ailleurs, par une construction romanesque vertigineuse, elle nous fait respirer un autre éther, respirer l'air d'un autre paysage. Elle nous montre une femme forte, qui n'a rien de médiocre mais surtout qui est libre. Libre de choisir l'absolu, quitte à le payer d'un prix exorbitant. Madame de Lafayette établie une césure nette entre amour profane et amour sacré. Cette conception de l'amour, qui met en avant un amour quasi mystique, m'apparaît comme subversive aujourd'hui.

Laurence Février

TRAME DU SPECTACLE... les passages choisis pour l'adaptation
Première partie
L'apparition de Mlle de Chartres à la cour d'Henri second
« II parut alors une beauté à la cour... »
La première rencontre avec M. de Clèves, chez l'Italien
« Le lendemain qu'elle fut arrivée, elle alla pour assortir des pierreries... »
La demande en mariage de M. de Clèves et les reproches d'un mari amoureux
« II trouva les moyens de lui parler de son dessein et de sa passion avec tout le
respect imaginable... »
L'arrivée de M. de Nemours et la rencontre au bal
« II alla ensuite chez les reines. Madame de Clèves n'y était pas, de sorte qu'elle ne le vit point. »
M. de Nemours sous le joug de la passion, sa métamorphose
« La passion de M. de Nemours pour Mme de Clèves fut d'abord si violente qu'elle lui ôta le goût et même le souvenir de toutes les personnes qu'il avait aimées... »
Les « louanges empoisonnées » de Mme de Chartres à sa fille
« Mme de Chartres n'avait pas voulu laisser voir à sa fille qu'elle connaissait ses sentiments pour ce prince... »
La mort de Mme de Chartres
« Mais elle trouva que Mme de Chartres avait un peu de fièvre... »

Deuxième partie
Première entrevue et confession d'une passion, à demi-mot
« M. de Nemours, qui avait attendu son retour avec une extrême impatience et qui souhaitait ardemment de lui pouvoir parler sans témoins ... "
Mme de Clèves prend conscience de sa passion, elle décide de la garder secrète
« Quand elle fut seule et en liberté de rêver... »
Le vol du portrait
« La reine dauphine faisait faire des portraits en petit de toutes les belles personnes de la cour...»

Troisième partie
La lettre, les affres de la jalousie et l'extase de la réconciliation
« Le roi fit une partie de paume avec M. de Nemours... "
Un aveu que l'on n'a jamais fait à un mari
« M. de Nemours avait bien de la douleur de n'avoir point revu Mme de Clèves... »

Quatrième partie
La jalousie de M. de Clèves
« M. de Nemours sut bientôt que Mme de Clèves ne devait pas suivre la cour, il ne put se résoudre à partir sans la voir.....
La nuit de Coulommiers
« M. de Clèves résolut de ne pas demeurer dans une cruelle incertitude... »
La mort de M. de Clèves
« Le gentilhomme de M. de Clèves revint à Paris, son maître attendait son retour... »
La dernière conversation
« L'on ne peut exprimer ce que sentirent M. de Nemours et Mme de Clèves de se trouver seuls et en état de se parler pour la première fois. »

Actualité de la Compagnie Chimène
Suzanne, une femme remarquable de Laurence Février, spectacle présenté en
2009 au Lucernaire est en tournée :

·      Le 17 mai 2011, au Théâtre de Chelles (77)
·      les 19, 21 et 23 mai 2011, à l'Apostrophe- Théâtre des Arts, Cergy Pontoise (95)

LES COMPAGNIES EN RESIDENCE
Tout en gardant l'indépendance de nos projets artistiques, nous voulons :

1 - Affirmer que la pratique théâtrale est une démarche collective qui repose sur un dialogue actif avec tous les publics et suppose un ancrage durable dans un territoire commun.
2 - Revendiquer notre diversité plutôt que la dissimuler, en faisant de celle-ci le moteur même de notre association.
3 - Mutualiser nos efforts pour aller à la rencontre de nouveaux publics, en partageant dans cette perspective nos expériences et nos pratiques.
4 - Soutenir la démarche artistique du théâtre du Lucernaire dont la vitalité repose essentiellement sur l'accueil d'un très grand nombre de compagnies et sur la fréquentation d'un large public.
5 - Dénoncer l'isolement grandissant dans lequel les compagnies indépendantes sont aujourd'hui maintenues, au risque de perdre peu à peu leur identité et leur rôle pourtant indispensable dans le renouvellement des formes et des pratiques théâtrales.
6 - Refuser l'actuel clivage entre un théâtre institutionnel et la diversité des compagnies dont l'avenir est remis en cause chaque jour davantage
7 - Réfléchir ensemble aux droits et aux devoirs de l'artiste dans la société d'aujourd'hui »

Vincent Colin, Laurence Février, Sarah Gabrielle, Philippe Person"

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