dimanche 11 mars 2012

"Bohème", ma dernière histoire d'amour ? jusqu'à la mort de Danton MC93 Bobigny


Le public comme disait Barbara, "ma plus belle histoire d'amour", l'amour (c'est moins sûr au théâtre qu'au Music-hall...) "c'est vous".  Mais bon ça s'est arrêté, car j'ai toujours été désireuse de la vie encore, du bonheur, du partage, du collectif véritable et de la belle promenade en solitaire...et de l'amour en histoire enroulée un long temps à vivre à deux, "apprendre de soi" j'écris en écoutant Moebius chez Rebecca Manzoni : quel bon homme, quel bel homme) et puis le couple cela s'écroule et repart ailleurs.... ou ça se reconstruit avec plein de choses l'amitié les idées l'engagement les goûts.
Et donc ma dernière histoire d'amour c'est la rencontre d'Olivier Steiner, en toute amitié et j'allais dire littérature....
Pour me retrouver à lire, relire toute une après-midi, le manuscrit de son roman, dans le jardin du Luxembourg. Quel beau moment. Je ne vous dirais qu'un mot, c'était Bohème. Et retrouver cette sensation intacte que j'éprouvais adolescente à la toute première lecture d'un grand roman : tous les mots se lisaient sur mon visage.
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Bon alors à la Fémis juste avant la sortie officielle chez Gallimard dans la collection blanche, il y a une soirée de rencontre entre le cinéma et la littérature 4 courts métrages choisis réalisés de concert avec l'aide d'Emmanuel Lagarrigue, sur ce qui le constitue ses doutes et ses enchantements : la littérature, Duras, l'Amitié, le cinéma, Jean-Yves Noël Genod........


Programme 2012

Olivier Steiner
son blog : le mot et la chose

Mercredi 21 mars 2012 à 20h
La fémis, 6 rue Francœur - 75018 Paris

Cette soirée est organisée à l'occasion de la parution du roman d'Olivier Steiner intitulé Bonhème, Éditions Gallimard, Collection Blanche.

Je ne suis pas cinéaste. Je ne suis pas réalisateur de films. Je tiens à le dire car j'ai trop de respect pour ceux qui le sont. Je crois qu'il y a une façon de penser - ou de rêver - qui est purement cinématographique. Mon rapport à l'image est littéraire. Je fais des vidéos littéraires. Peut-être que ce n'est pas du cinéma, peut-être que c'est un sous-genre du cinéma, une forme impure. Peu m'importe. Quand on écrit aujourd'hui en 2012, on ne peut plus le faire comme Balzac ou Proust. Je veux dire par là qu'on ne peut pas faire l'économie du cinéma ou du phénomène des séries. Même un écrivain doit avoir un rapport à l'image. Car l'image mouvement a un pouvoir insensé. Récemment j'ai vu la série Homeland et le film Drive. Je me suis dit que la littérature était incapable "de faire la même chose". Sur le moment j'ai presque douté de la littérature. Puis je me suis rappelé certaines lectures (Ravel de Jean Echenoz, Des Hommes de Laurent Mauvignier, Vies Potentielles de Camille de Toledo) et j'ai réalisé avec bonheur que le cinéma n'aurait pas pu "faire la même chose". C'est une très bonne nouvelle. Le cinéma a son chemin particulier, sa spécificité, la littérature aussi, l'un n'empêche pas l'autre et quand ils se croisent, je dis que c'est merveilleux.

Cette soirée est aussi et avant tout une histoire d'amitié et de complicité artistique. Je vais montrer quatre films courts, inédits, dont trois sont le résultat de ma collaboration avec Emmanuel Lagarrigue. Pour être encore plus précis, sans lui cette soirée ne serait pas possible. Et c'est pour travailler avec lui, pour sortir d'une certaine solitude que j'ai eu envie de "faire des films".

 Lola Valérie Stein

Olivier Steiner, 2009, vidéo, 16 min

À l'origine il y a cette émission que j'ai produite en 2010 pour France Culture, sorte de documentaire littéraire construit dans le prisme du Ravissement de Lol V. Stein, roman de Marguerite Duras. Ma première idée a été de proposer à Patrice Chéreau de lire (dire) l'avant-dernier chapitre du roman. Pour mon plus grand plaisir il a accepté. Le narrateur du Ravissement est masculin, il s'appelle Jacques Hold, il est l'amant de Lol, il raconte et enquête, c'est un aspect du roman qui est souvent oublié. J'avais entendu aux Gémeaux, scène nationale de Sceaux, une lecture de La Douleur par Dominique Blanc et Patrice Chéreau. Moi qui suis un durassien invétéré, j'avais été surpris, touché par la précision de Chéreau, sa présence, sa façon si peu durassienne de dire Duras, si juste. Après la diffusion de l'émission j'ai eu envie de prolonger cette lecture enregistrée par un film. Sans production, comment faire pour incarner, évoquer Lol ? Comment faire pour mettre des images sans tomber dans l'illustration simpliste ? J'ai fait le rapprochement avec une autre de mes fascinations, celle de Marilyn Monroe et pour être plus précis la Marilyn des Désaxés.


 

 



L'Écorce

Olivier Steiner, 2010, vidéo, 5 min

Filmer le visage d'Andy Gillet. Ne pas se poser de question. Filmer ce visage comme un paysage. Se faire plaisir. Telle a été l'idée - l'envie - première. Filmer la peau, toucher du regard, jusqu'à l'abstraction. Comme une évidence, donner à entendre quelques passages d'Ecorces, le magnifique livre de Georges Didi-Huberman. Car certains mots font matière. Il n'y a rien à comprendre.










Je peux / - Oui

Yves-Noël Genod, 2012, vidéo, 15 min

Un des plus beaux spectacles que j'aurais vu en 2011, le Je Peux / - Oui, d'Yves-Noël Genod au Théâtre de la Cité Internationale. Irrévérencieux, inventif, libre, poétique, frais, neuf, romantique, crash, sexy, girly, grave et léger, il faudrait compléter la liste... Généralement le théâtre filmé n'a aucun intérêt, c'est même souvent une hérésie. Mais là, avec cette vidéo, nous sommes ailleurs, comme emportés. Filmé par César Vayssié, c'est un voyage dans l'univers de Genod qui est proposé, au plus près des acteurs.








Je serai un siècle puis une seconde où tout s'achève

Emmanuel Lagarrigue, 2012, vidéo, 35 min

"Je crois qu'il n'y a pas d'idées, pas de thème, de sujet, d'objet, d'espace privé, ça n'existe pas. Il n'y a que des personnes et des choses, des faits, des grands et des petits, il y a vous, il y a moi, de la vie qui passe au travers, nos actes, qui irriguent tout, discrètement, des regards, des gestes, des intentions à travers le tamis des petits riens si petits qu'on ne peut rien en dire."

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-Alors cette deuxième soirée Point Ligne Plan, de comment dire du cinéma littéraire,  y a t'il une influence ? Si ce cinoche pose question, s'il n'exclut pas le grand public : le cinéma "populaire"?

-Ce cinéma inspiré n'est pas du tout illustrant, il est contre point, influences, moi je pense à Godard et à Madame Ackerman, et Wenders mais je ne suis pas une spécialiste. La dernière fois c'était Rohmer et Eustache. Ce qui me plait le plus c'est qu'après je me pose des tas de questions et je peux aller au troquet d'à côté discuter avec tous, on ne va pas me repousser... Ceci pour ceux à qui les intellos littéraires font peur. IL, Emmanuel Lagarrigue est le réalisateur créateur au carrefour des arts le plus cinéaste, créateur abstrait que je connaisse mais pas seulement. Il explore tout en même temps et ne méconnait rien, voilà ! Ce qui me touche le plus c'est comme, si sorti des arts plastiques amoureux du cinéma de la danse du théâtre de la musique contemporaine et puis de la bande son et de l'image hyperréaliste, il n'avait rien envie de démêler, de ne pas tirer un fil plutôt qu'un autre et ça dure le temps que cela dure. Et avec les acteurs ? j'attends comme s'il irait, il ira toujours plus loin en respectant les acteurs comme des artistes potentiels de toutes les variations respirations de leur instrument.
-Le texte il s'en fout comme Caslellucci alors ?
-pas du tout : le texte il est off, tel quel quand il y est comme un grain de peau à la photo.
Par exemple la vidéo d'Olivier Steiner sur Andy Gilet et le texte de Georges Didi-Huberman : L'Écorce, en sont le comment dire, grain de peau, grain de papier, grain de photo.... : les deux restent intacts dans le souvenir le texte et le film....Ah et puis sur ce film on est comme déçu quand on voit son visage en entier : il est beau !
et surtout ce choix de films courts, ont laissé intacte la dédicace du début à Olivier Steiner, c'était sa soirée sa lecture et ce n'était pas plus appuyé, que le reste, comme une aile de papillon de nuit qui se consume dans la flamme d'une bougie. Sa lecture des quelques pages de son 1er roman : Bohème, est là dans ma tête comme un souvenir entier :" renard"  "son père peintre en bâtiment""un pseudo : Jérôme Léon" "un texto : parlez moi de vous ?" "Une nuit consacrée à l'écoute du disque de Tristan et Isolde : l'Opéra de Wagner........""Pierre"
et le dernier titre des films : "Je serai un siècle puis une seconde où tout s'achève" : avec deux actrices et un danseur : Iréne Jacob et la très belle aussi mais pas seulement, leur pudeur d'actrice comme leur grain de peau comme leur chevelure sont différentes et respectées comme les lèvres entrouvertes d'une bouche attendant un baiser.
L'émotion de ette soirée se diffuse encore longtemps après, malgré le temps les évènements la campagne électorale les fils la télé la pièce de théâtre que j'ai vue hier soir(quoi? je vous le dis la Mort de Danton de Buchner mis en scène par Lavaudant avec les 2 excellents comédiens Pineau et Constant, tous sont très bien, et là aussi -m.e.s initiale d'il y a 10 ans- on perçoit diffusément malgré le lyrisme du texte, du propos historique politique, comme un effort insensible pour le spectateur de sobriété). 


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