dimanche 6 mai 2012

COUP DE COEUR SI CA VA BRAVO au Lucernaire

SI ÇA VA, BRAVO au Lucernaire, un grand panard..... 20h 

Du mardi au samedi à 20h
Dimanche 17h
Du 18 avril au 23 juin
Relâches les 4 mai et 8 juin


J'ai passé au Lucernaire en allant voir : SI CA VA BRAVO, une soirée inoubliable, une mise en scène ciselée qui réserve de très belles surprises dont une danse...
un grand hip hip hip hourra……(ni merci ni bravo)
à un moment j'ai pensé  :  les comédiens quand ils jouent comme cela avec un aussi bon texte sont mes seuls amis…..
dans la vie ils sont l'enfer…. on ne peut jamais les voir, leur parler normalement, parce que déjà, on les admire …
on reste sans voix on se sent extérieur et stupide.

En fait j"étais déprimée que cela s'arrête, comme une enfant quand son jouet est cassé et qu'il se retrouve si seul, qu'il ne peut plus rien imaginer à partir de ce support : sa poupée,
qu'elle soit poupon lego play-mobil
ou Woody le cow-boy de Toy Story ou Action-Joe.
on oublie ce que c'est aussi pour le spectateur l'après spectacle !!!!! ;-)

Mais là encore au Lucernaire on a la chance d'aller boire un verre sur place
et de pouvoir le faire avec le comédien qu'on chope tout seul en train de rentrer chez lui, ou peut-être d'aller ailleurs, avec son petit sac,  avant d'enfourcher sa moto…. 

une critique s/rue du théâtre auquel je n'ai rien à rajouter ni à retirer et en plus, CRITIQUER c'est aussi aimer quelquefois..... trop rares fois.....  

http://www.ruedutheatre.eu/article/1735/si-ca-va-bravo/?symfony=d2db7c7bf93610c400f1b1206c750595#.T6ZNlxxp608.facebook


Paris LUCERNAIRE

Si ça va, bravo

Une fête de l'esprit

Par Corinne DENAILLES
Coup de coeur
Publié le 5 mai 2012
Jean-Claude Grumberg qui a plus d’une corde à son stylo nous offre une poignée de saynètes savoureuses qui ont la vivacité et l’humour des "Diablogues" de Dubillard et l’absurdité des jeux sur les mots et les quiproquos qu’affectionnaient Les Frères ennemis. Grumberg, qui s’était déjà essayé à ce genre de texte avec "ça va ?" et "Moi je crois pas" (mis en scène par Charles Tordjman avec Catherine Hiégel et Pierre Arditi), dit de son texte qu'il "est une tentative moderne de réduction de 'La Comédie humaine' de Balzac pour SMS et smartphone rédigée virtuellement par un auteur borgne, vulgaire et inculte ».

Construites sur le principe oulipien de la contrainte formelle, les scènes brèves commencent par un « ça va » ou par un « bravo » qui conditionnent des exercices de style virtuoses sur les thèmes et les situations les plus variés. On y rencontre un président de république pour de faux qui s’y croit pour de vrai, un médecin spécial, spécialiste de la « gigite », qui dit de la recherche médicale « On tâtonne, on farfouille, on espère, on prie », un directeur de cours de théâtre ringard qui s’emploie à démontrer à un spectateur, professeur de SVT, qu’il est le grand acteur du monde, un réalisateur de série télé qui démolit un metteur en scène après une représentation, non sans avoir commencé par le féliciter.

Dans « bravo et merci », un type reproche à un autre de manquer de savoir-vivre parce qu’il ne lui a pas tenu la porte, l’autre lui déclare qu’il n’ont pas la même culture, lui est un « nègre andalou » et il va lui bouffer l’oreille comme c’est la coutume. Au passage, quelques unes des obsessions de Grumberg se glissent discrètement comme ces types qui changent de prénom pour cacher qu’ils sont juifs mais s’appellent toujours Rosenbaum, ou cet autre qui entend « étoile » à la place de « et toi ».

Chez Grumberg, rien de gratuit et derrière l’humour et la dérision sont embusquées les questions essentielles de la vie et de la mort, de la peur et de tout ce qui nous pourrit la vie. Mais aucune citation ne peut traduire ce qui fait la réussite de ce court opus qui révèle toutes ses qualités à l’épreuve de la scène.

C’est ce qu’ont bien compris et le metteur en scène Johanna Nizard, et les deux acteurs Etienne Coquereau et Renaud Danner qui n’incarnent aucun personnage mais sont d’extraordinaires porte-parole au sens propre du terme. En écho du principe de la contrainte d’écriture, Othello Vilgard a imaginé une scénographie qui contraint les acteurs. Un panneau en fond de scène avance vers l’avant-scène, réduisant l’espace de jeu délimité au sol par des lignes blanches. Comme sur un ring, dont ils outrepassent sans cesse les limites, les acteurs lancent les phrases qui rebondissent, s’échappent, reviennent en boomrang, éclatent en plein vol, épuisent acteurs et spectateurs de leur danse virtuose sur un tempo étourdissant tantôt filé, tantôt syncopé, toujours d’une précision saisissante.

En guise d’intermède, un numéro d’acteurs drôlissime sur la chanson "The shadow of your smile". Le spectacle triomphe de l’apparente simplicité de ces petits textes truffés de fausses pistes de mise en scène et en délivre tout le suc dans un feu d’artifice crépitant d’intelligence et d’humour. Un régal.

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