dimanche 17 novembre 2013

Bruno Sermonne est mort : Oraison et dialogue pour lui d'Olivier Py et avec et grâce à Bruno Blairet/ Eclectik : Étienne Daho/ Denis Dailleux : photo expo/ fait divers : jugement / voyage en Inde de trois amis, l'Afrique par deux pigeons... / Heinmat : 1ère partie vue à l'Arlequin / la fin de Dexter et si c'était Debra L'héroïne

-on pourrait écrire une pièce ou un roman sur cette femme là... un film avec Yolande Moreau ?
-mais c'est un monstre ?
-justement....
http://www.leprogres.fr/fr/images/E58437DE-2CCB-48D7-8CF0-D09713E90611/LPR_03/dessin-benoit-peyrucq-afp.jpg
Bruno Sermonne est mort...

Il m'a toujours tenu compagnie,  sa voix pour moi : c'était le lyrisme, il marchait avec ses bras comme certaines statues semblent le faire dès qu'on leur tourne le dos....
son sourire était enjôleur et nous permettait de nous raconter des histoires d'amour à nous les filles. 
Avec Olivier Py avec Michel Fau....
Il avait un cou de minotaure pour donner son à toutes les obscurités les rires autant que les poésies des chants d'oiseau il sautait à cloche pied du Soulier de satin à Britannicus.
C'était un acteur beaucoup plus large et fascinant qu'Alain Cuny même s'il avait comme un  timbre de cette même famille.

Voici l'oraison funèbre à Bruno Sermonne précédée de notre dialogue la veille de sa mort.
Olivier Py grâce à Bruno Blairet, un autre léger...
C'est un dialogue entre les 2 : le Sermonne et le Py, c'est plus qu'une pièce, un dialogue... c'est un au revoir à la vie : à lire et à relire autant de fois qu'on regrette quelque chose ou quelqu'un dans la vie...., de préférence à haute voix s'il traine dans les limbes...

LUI: J'aurais voulu mourir dans ma cabane pimpante mais ça aussi m'a été enlevé. Il faut bien finir, il faut finir bien. Il faut faire avec les vagues.

MOI: Tu as fait du surf ?

LUI: Non je n'aime pas le surf, j'étais trop lourd, je suis allé trop profond. J'aurais voulu être léger comme toi.

MOI: Il faut des légers pour porter les lourds.

LUI: Nous sommes dans un temps où les hommes ne savent plus lutter pour leur gloire.

MOI: Une vie héroïque?

LUI: Il n'y en a pas d'autre. La gloire ce n'est pas juste une plume au chapeau. C'est notre véritable virilité. Rien n'est plus triste qu'un peintre raté...qui attendait une gloire.
MOI: Cette gloire nous l'avons eue comme des acteurs, pendant une heure.

LUI: Elle était vraie
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Le théâtre comme combat spirituel et non pas comme alibi culturel, nous a conduits à cette extrémité du siècle, dans l’inquiétude, dans une inquiétude voisine de la grâce.
Il était venu donner à notre génération les outils nécessaires de sa dignité, et il y a aujourd'hui deux générations d'orphelins de sa parole, car cette parole était faite d'un martèlement dans l'opacité du temps et pas d'une somme d'idées que l'on pourrait avoir sans en payer le prix. La liberté n'est pas un droit, elle est un devoir. Il frappait à la porte de Dieu avec sa grande voix effrayante, et il avait fait du théâtre une sorte de heurtoir pour frapper encore et toujours.

Et nous avons vécu avec dignité c'est à dire avec un amour passionné de la question et pas seulement de la question, de la réponse aussi. Cette force qui parfois s'empare de l'acteur, cette éloquence et ce lyrisme qui dans une inflexion seule, peut témoigner de l'invisible; elle est une réponse. Nous ne pouvons pas nous contenter d'hypothèses, nous ne pouvons vivre seulement par les questions des livres, nous ne pouvons pas considérer que la vie n'est qu'une énigme dont nous serions exclus, parce que cette énigme est faite de notre chair, et que nous désirons bien plus que la sagesse des livres, une expérience.

Et il humiliait les tourments du siècle en imposant un tourment plus grand. Hamlet dit: « des mots, des mots, des mots » parce qu'il voit dans les livres toutes les questions et toutes les inquiétudes, mais pas l'Ethique qui est la réponse personnelle au silence de dieu. Nous savons que l'acteur, en entrant en scène, en prenant la parole répond à cet au-delà des mots à cet au-delà de l'énigme et apporte une réponse de joie dans le sacrifice de son art. Mais notre réponse a lieu sous les lustres, pour un temps donné, elle est mortelle, et possible seulement par l'allégeance de la salle, de son silence assoiffé. L'acteur se tient droit avec à ses côtés un ange obscur et un ange lumineux et il les regarde tour à tour avec la même soif d'absolu. Il cesse d'avoir un corps, il est un corps; et ce corps trouve une liberté prodigieuse dans l'obéissance. C'est par amour de la Vérité que la liberté devient un devoir, un devoir dévorant.

Pour entrer en scène comme on entre dans la grâce, il ne faut pas se contenter d'interprétation, il faut plonger dans le vide, se perdre tout à fait, abandonner sa dignité, traverser la folie, accepter sa mort, ne plus appartenir qu'à l'écoute de la foule qui espère dans l'ombre, ne plus appartenir qu'à l'attente de la communauté qui s'interroge dans l'ombre. Il faut pécher en eau profonde, toujours plus loin et toujours plus profond, loin des définitions et des certitudes, dans la grande mer des paradoxes, au large des discours, dans les tourbillons de la vérité vivante, dans la profondeur de la liberté de Dieu.
Le public parfois entend, et parfois refuse d'entendre. Ainsi sont les hommes, mais il faut leur pardonner parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils veulent. C’est l'acteur qui leur montre que leur plus grand désir n'est pas de se construire une identité avec des objets de consolation, mais au contraire d'être dépossédé de tout ce qui est superflu. Et nos tristesses sont superflues. Tout ce qui n'appartient pas à la douleur commune est superflu. Tout ce qui est pour soi est mortel. Et la parole n'est parole que lorsque qu'elle surgit de la bouche commune des morts et des vivants.

Quand il entrait en scène, avec cette intime lourdeur, ce poids de chaque pas et aussi cette façon de marcher dans l'obscurité comme poussant des montagnes invisibles, il semblait proche des gouffres. Et il fondait la vie de l'acteur comme danger spirituel. Et il inventait une vie nouvelle faite de combat et de gloire. Il rendait possible encore ce combat spirituel dont aujourd'hui l'adversaire est introuvable. Car l'adversaire, c'est le mal, et c'est pour cela qu'il est nécessaire, mais il a déserté le monde quand il est devenu une faute morale. Et comme nous ne savons plus ce qu'est le mal, nous avons perdu aussi le sel du combat spirituel, et nous nous ennuyons.
Il est aussi mesquin et sordide de se battre contre soi-même que de ne vivre que pour soi-même. Alors qu'il faut se battre pour que les générations futures aient encore un espace d'idéal, et encore le droit d'aller furieux dans les mystères de la vie intérieure. Le mal c'est de ne plus voir la matière que comme une misère inerte alors qu'elle est le cri de l'être pétrifié.

Quand il entrait en scène on n'apprenait pas à jouer la comédie, on apprenait à vivre. Le son des mots dans son corps, changeait notre destin, agrandissait notre devenir, nous frappait d'une responsabilité sans bord. L'aventure de la parole reprenait, et les vocables encore comme des armes claires, brillaient dans la nuit fermée.

Il était trop lourd pour certaines danses mondaines. Il était trop raide pour des compromis avec les idéologies. Il était trop aveugle pour regarder autre chose que l'indécente lumière. Il était trop grand pour un monde où l'honneur et la gloire on été remplacés par l'argent et le pouvoir. Il nous a appris que cette inquiétude, si peu répandue dans notre génération, était une force, et que nous pouvions la tourner vers l'avenir et en faire en quelque sorte une impatience. Qu'il ne fallait pas désespérer de la réponse, car la réponse vient au moment où l'on accepte de ne plus avoir de visage, de ne plus avoir de masque, de ne plus rien avoir que cette impatience. Comme lui nous marchons dans les ténèbres en comptant nos pas, mais nous ne savons pas toujours comme lui, enflammer le présent et en faire une aventure sacrée.

Je veux voir encore la hideur ensoleillée des pirates, les armures balancées sur les chevaux écumants, les duels plein d'amour et de larmes, toute les histoires saintes écrites le soir même dans la fébrilité des flammes, tous les combats contre tous les dragons, toutes la batailles navales et les naufrages des vaisseaux armoriés, toutes les flammes et les embrassements des guerriers épuisés, les étendards qui claquent dans l'azur exagéré des chapelles, les cérémonies et l'arroi des moments historiques et le héros immolé qui brûle sur sa barque funèbre au large de tous les accomplissements, tous les heaumes et toutes les parures, toutes les médailles et tous les caparaçons d'or, tous les habits de parades et toutes les trompettes, tous les triomphes de l'enfance et toutes les enfances de la gloire...mais en rêve car je n'aime pas la mort. Dans le merveilleux champ de bataille de la vie intérieure, là où se battre veut toujours dire s'offrir, là où l'argent et l'or ne sont que décoration pour mourir en gloire et symboliquement, là où la réalité rugueuse est transformée en réel rugissant.

Voilà ce qu'il nous a appris de plus fondamental : ce que nous vivons vaut la peine d'être vécu, rien n'est vanité, à la condition, que nous ayons pour nous-même une exigence de lumière. A la condition que nous ayons pour nous-même un plus grand rêve abouché à un plus grand silence. A la condition que notre balance soit plus subtile que celle qui mesure les objets du temps, et notre horloge plus exacte que la ponctualité des carrières. Quand on dit que plus rien ne peut être atteint c'est mensonge. Quand on dit que les sentiers sont effacés, que les temples sont effondrés, que les splendeurs sont humiliées, que les destins sont défigurés, c'est mensonge.

Il faut en finir avec cet art qui est un aveu d'échec, avec cette esthétique qui est l'ornementation du découragement, avec le relativisme qui annule la vérité, avec la tiédeur au nom de la neutralité, avec le sérieux qui fait office de gravité, le manque d'espoir comme élégance supérieure, le doute comme excuse à toutes les lâchetés, en finir avec l'ironie comme intelligence indépassable.

Quand on le voyait entrer en scène et oser jusqu'à la grandiloquence les arpèges du lyrisme, on comprenait que aucune route n'est fermée, aucun combat spirituel démodé, qu'aucun héroïsme n'est inaccessible. C'est nous qui collaborons toujours avec notre détresse, c'est nous qui mettons un collier de chien à notre destinée. C'est nous qui sommes passionnés de vide et d'ennuis, c'est nous qui bâillonnons notre amour de la gloire.

Ce n'est pas par sa force qu'il nous a appris l'essentiel mais par ses faiblesses. Par sa mauvaise vue, ce danger qu'il a toujours connu d'être définitivement dans l'ombre, il ne cessait de témoigner pour la vérité de la vie intérieure. Il nous ramenait à notre devoir de témoigner de l'invisible. Par ce grand corps, cette lourdeur, cette lenteur, il donnait au temps une scansion plus lourde, il charruait le ciel, il ralentissait la course effrénée vers le vide. Par son incapacité à pactiser avec les idées reçues et la bêtise, il nous apprenait que vivre dans la vérité n'est pas plus difficile que vivre dans l'imposture. Par ses colères aussi, il nous rappelait que l'on ne peut pas tout accepter et certainement pas de vivre dans l'oubli de son destin.
Il disait parfois qu'il entendait son nom, son véritable nom, qu'il entendait ce nom dit par un père, un père présent dans son absence, un père qui ne juge pas, un père qui sait aussi être un fils. Un nom murmuré, dans le brouhaha du siècle, dans le désordre de ses désirs, dans le tintamarre des idées, un nom que l'on entend clairement qu’à la fin. Se sentir appelé, et pourtant ne pouvoir répondre à cet appel qu'imparfaitement. Être plein d'impatience d'amour, et pourtant ne se donner à cet amour impatient que trop lentement. Désirer la joie et pourtant tout mettre en œuvre pour l'empêcher. Nous sommes une forêt, nous sommes un labyrinthe, nous sommes une nuit turbulente, nous ne sommes plus des enfants. Pour trouver en nous ce point de silence d'où peut encore naitre la Joie, il n'y a peut-être pas d'autre solution que d'être aveugle et lourd et solitaire et d'entrer comme un acteur lourd, solitaire et aveugle, sur une scène que l'on sait être au cœur du monde, au cœur du monde et pourtant dont les bords touchent les rêves enfuis, dont le lointain est peint de noirs soleils et le ciel d'étoiles effacées.

Il disait chercher l'amande du monde, et parfois, pour une heure, il atteignait ce cœur d'un bond, d'une joie effarée, mais lui-même avait trop d'humilité pour y croire. Alors il se présentait comme un homme qui essaie d'apprendre à voler en attendant que lui poussent des ailes, il prétendait être lourd et aveugle, et il nous laissait lui faire la courte échelle mais en réalité, c'est lui qui nous portait. Il nous portait sur ses épaules puissantes et nous goûtions un air un peu plus rare, une lumière un peu plus éloquente.

Il disait que le mot de la langue française qu'il préférait c'était le mot Miséricorde, je pense qu'il a rencontré la Miséricorde, et qu'il a su l'assoir à notre table, et qu'il a su nous inviter à la rencontrer, par ce que la Miséricorde n'est pas extravagante comme la grâce, elle est simple et présente, elle est humble et souriante.

Nous ne cheminons pas vers la Miséricorde, nous cheminons avec la Miséricorde.
Et nous ne savons pas où nous allons. Mais l'acteur qui va entrer en scène ne peut pas entrer en scène sans lui tenir la main.


Olivier Py


Y a quelqu'un qui a dit de mon écriture ici,  y a quelqu'une qui m'a dit que mes critiques étaient dithyrambiques et mes hommages alors ! mais ce que je lui réponds à cette personne que je ne nommerais pas, c'est que j'écris que par devoir d'admiration, et c'est que c'est plutôt sexy l'admiration.
(Etienne Daho avec Rebecca Manzoni) mes dimanches matin éclectiks seule avec la radio, Pascal dort encore et le chat toujours à cette heure là. La semaine prochaine c'est ma not'Yolande.(rectification ce sera le 15/12 et à propos d'hommage, ce dimanche 24/11 c'était la rediffusion de Bernadette Lafont
http://www.franceinter.fr/emission-eclectik-bernadette-lafont-1

 



EXPO PHOTO
Informations pratiques
Mère et Fils de Denis Dailleux
Du 6 novembre au 11 décembre 2013
Du mardi au samedi de 11h à 19h

Galerie du Passage
22-26 galerie Véro-Dodat
75001 Paris

Lien : www.galeriedupassage.com







ce sont trois jeunes gens qui partent au travers de l'Inde, d'Ouest en Est, 6 mois, quel beau projet, je les aime bien... 
lhimalayaadosdepanda.wordpress. com

et voilà bien d'autres nouvelles de nos autres pigeons voyageurs, en Afrique, mais ces deux là s'aiment d'amour tendre. Ça y est ils sont en Mauritanie ! c'est quoi la différence entre la Mauritanie et le Maroc ?

Mauritanie

« Mauritanie » défini et expliqué aux enfants par les enfants.
La Mauritanie (nom officiel : République islamique de Mauritanie) est unpays d'Afrique de l'Ouest, entouré au nord par l'Algérie, à l'est et au sud-est par le Mali, au sud-ouest par le Sénégal, et au nord-ouest par le Sahara occidental. Sa côte ouest donne sur l'océan Atlantique.
Fiche d'identité de la Mauritanie
Superficie :1 080 000 km²
Drapeau de la Mauritanie

Drapeau de la Mauritanie
Population :3 291 000 (2009)
Gentilé :Mauritaniens
Capitale :Nouakchott
Langue :arabe
Monnaie :ouguiya

Maroc

« Maroc » défini et expliqué aux enfants par les enfants.
Le Maroc (nom officiel : Royaume du Maroc) est un pays d'Afrique du Nordfaisant partie du Maghreb. Sa capitale politique est Rabat et sa capitale économique Casablanca.
Fiche d'identité du Maroc
Superficie :710 000 km²
Drapeau du Maroc

Drapeau du Maroc
Population :31 993 000 (2009)
Gentilé :Marocains
Capitale :Rabat
Langue :arabe, tamazight (berbère)
Monnaie :dirham marocain
ces voyages les voyages de mes amis sont un peu mes voyages.... comme dans un film... d'ailleurs tous ces jeunes gens y vont pour faire un film

Je ne sais pour quelle raison mais mon blog lui aussi chute dans les sondages, même si je ne m'en fous pas qu'y puis-je ? forcément si tous mes fidèles lecteurs partent en voyage.... Ah ces deux là vous pouvez les aider, financièrement. Ils sont partis mais avec pas assez...
https://www.lepotcommun.fr/pot/ZehtIfzQ
https://www.facebook.com/pages/un-film-en-Afrique-des-films-en-Afrique/519390264800183

Heimat : je ne sais pas si j'ai pas préféré la salle au film mais à un moment je suis restée tenue par le personnage de Jakob quand il arrive chez sa sœur, on dirait du Dreyer(ça fait drôle) mais je préfère Haneke : Ruban blanc...



Dexter : J'ai aimé la fin , car j'ai aimé comme une fille unique leur histoire d'amour frère sœur qui se termine mal et les acteurs sont excellentissimes... c'est une relation mythologique, il préfère sa sœur à son enfant, la toute fin m'a fait penser à Breaking the Waves. Qu'y a t-il d'autre à voir en film et en série : "que les rêves qu'on a fait mais dont on ne se souvient pas". Pasolini.

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