jeudi 6 avril 2017

The lost city of Z de James Gray "il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre.";/Photo de ma petite enfance...

Quel film ! j'ai peur désormais de tout mesurer à l'aune de cette vision toujours transcendée 2 jours après. C'est un fil invisible tissé pour chaque spectateur que de vouloir pendant 2h20  à travers un récit d'aventures tout à fait maîtrisé, distiller ce désir d'ailleurs, d'au delà, de compassion ultime, de fidélité  à un foyer toujours déchiré mais existant malgré tout. J'ai pensé aussi à un moment que les enfants qu'on giflait étaient pour les pères leurs préférés. C'était pour l'anniversaire de mon chéri et nous sommes restés sans voix après mais nous avons aimé tous les deux. Certes c'était le soir du débat des 11 pour les présidentielles et donc il n'y avait que quelques jeunes gens dans la grande salle du Gaumont Convention rénové.  Il nous fallait un grand écran pour ces 2h20 de lévitation.
La photo est presque peinte tout le temps délavée par les verts saturée par les ocres contrastée par le noir des costumes de tous ces hommes en assemblée alors que la femme est bouleversante lumineuse même dans un coin de l'image.
J'ai pensé aussi que la guerre,
se réduirait jusqu'à devenir peau de chagrin, paléontologie, comme le cannibalisme, à
condition de regarder l'autre comme cet explorateur...

Je voudrais aussi remercier ces enfants de cinéma, tous ne deviendront pas acteurs une fois adultes, certains ne le veulent, mais ainsi ils sauront qu'ils l'étaient le plus naturellement au monde, enfants.
Les enfants aiment toujours poser, même sur ces petites photos que prenaient déjà nos parents au temps de nos grands parents disparus, car on vit peu de temps..
Comme image je ne mettrais que l'affiche -superbe- car elle est introductive au sombre de nos cavernes où nous retournons inexorablement....

Et comme dirait Pascal c'est qui le chef opérateur car c'est le plus important dans un film.
Darius Khondji
"Après The Immigrant (2013), James Gray poursuit sa collaboration avec le grand chef opérateur franco-iranien Darius Khondji, au style pictural. L'homme a façonné l'image de certains films illustres de David Fincher, Michael Haneke, Woody Allen... Il a toujours revendiqué sa passion pour les acteurs et leurs visages, qu'il rend opalescents et fascinants. En ce sens, James Gray est son partenaire idéal. Dans The Immigrant, la lumière de Khondji donnait à Marion Cotillard l'aura d'une Lillian Gish. Dans The Lost City of Z, trois acteurs semblent, eux aussi, transfigurés. Charlie Hunnam, jusque-là bellâtre parmi d'autres, semble dévoré de l'intérieur. Sienna Miller, avec un rôle analogue à celui qu'elle tenait dans le film de Clint Eastwood American Sniper (l'épouse qui attend), acquiert une dignité inédite. Robert Pattinson se défait, pour la première fois, de son magnétisme érotique, au profit d'une humble humanité."



"il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre"
la musique est présente comme il faut, entre autres : Daphnis et Chloé - Ravel




Mon grand père maternel pris en photo par mon père surement, en contre-plongée, semble fumer sa cigarette roulée, ma mère m'a dit mais non, il ne fumait que la pipe, comme perché sur des échasses. Je devais avoir 6 ans. Il avait dit à mes parents vous ne donnerez pas de fessée à ma petite fille chez moi. J'aimais déjà les fleurs et les bestioles. Et il y en a toujours eu chez mes grands parents. J'ai oublié de dire que ma mère m'avait fait cette robe blanche avec le col marin des costumes pour enfants de mes oncles et grand père paternels, trouvés chez mon arrière grand-mère, des costumes, de 1900...
J'ai volé mon grand-père, sans le savoir, à cet âge, à ses autres petits enfants, essentiellement mon cousin Jean. Ma grand-mère à cette période ne voulait pas encore les voir ses premiers enfants, d'un premier mariage. Mon père a oeuvré avec diplomatie à la réconciliation, mais plus tard après la mort de mon grand-père. C'est à dire à peine deux ans plus tard. En regardant cette photo, je me dis que je me souviens de ses mains et d'une odeur de tabac quand j'entrais dans son garage sombre où il avait installé l'établi, l'armoire aux bouteilles, la chaudière du chauffage central et au centre sa voiture... Mon grand père était boulanger et portait souvent le béret.

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