samedi 30 mars 2019

Edmond le film

https://www.telerama.fr/cinema/films/edmond,n5831841.php il faut être abonné désormais pour lire les critiques et nous le sommes
Le film adapté de la pièce de théâtre à succès, qui narre la création de “Cyrano de Bergerac” par Edmond Rostand, est une vraie réjouissance. 
Le 28 décembre 1897 avait lieu la première, ovationnée, de la pièce Cyrano de Bergerac, écrite en un temps record par un quasi-inconnu : un certain Edmond Rostand, 29 ans…
L’histoire, quelque peu réinventée, de l’écriture et de la création de ce monument du répertoire français avait déjà valu à Alexis Michalik un triomphe sur les planches et cinq molières en 2017. Le voilà donc qui l’adapte à l’écran en réussissant à éviter tous les écueils du théâtre filmé et en usant à merveille de l’espace, cette fois sans limite, du cinéma. Virtuose, son autoadaptation rend encore plus hommage à la fièvre créatrice avec un jeune auteur qui n’a « pas encore écrit une ligne » de sa pièce et ne croit pas en lui, alors que, déjà, une troupe entière – et des financiers ! – comptent sur son « génie ». Cet hommage aux feux de la rampe et à ceux qui s’y consument devient, donc, une sorte de thriller sur la création – dont on connaît, pourtant, l’heureux dénouement. Thomas Solivérès (parfait dans le rôle-titre, vibrionnant avec une grosse pointe d’angoisse) court, au sens propre du terme, après l’inspiration, de son petit appartement où sa femme, la douce Rosemonde Gérard, le soutient, à la scène, encore vide, du Théâtre de la Porte Saint-Martin, en passant par un bistrot 1900, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Et la mise en scène adopte ce rythme, alerte, de course-poursuite, dans un Paris et des costumes d’époque qui respirent la joie de reconstituer sans naphtaline.
Dans sa constante drôlerie, Edmond est aussi un vaudeville : Alexis Michalik donne à sa genèse de Cyrano la légèreté de Feydeau, cet auteur si en vogue à cette époque où Rostand passait pour un ringard en tenant mordicus aux alexandrins. Petit malin, Michalik s’est d’ailleurs donné dans son film le rôle de l’auteur du Dindon… 
Au rayon « la vie est inspirante », la plus belle scène reste, peut-être, ce moment, au début du film, où, sous un balcon, cet amoureux des mots et des rimes aide son meilleur ami, jeune acteur beau et con à la fois, à séduire une délicieuse costumière. Plus tard, alors que la troupe est constituée, la caméra virevolte autour de cette « famille » constituée en urgence avec son lot de hasard, de caprices d’ego, de catastrophes dignes du meilleur boulevard, et de sauvetages pleins de panache.
Point d’hommage au théâtre sans une belle troupe de cinéma, et celle d’Edmond est éclectique et gourmande. Des plus jeunes – Thomas Solivérès, donc, mais aussi Lucie Boujenah, piquante jeune première, ou Igor Gotesman, épatant en puceau révélé d’un même coup à la chair et au théâtre – aux plus briscards, comme Mathilde Seigner en grande capricieuse pour qui, finalement, rien ne compte que les planches et le sacerdoce de les brûler. Et il y a Olivier Gourmet : inénarrable en Coquelin aîné, l’acteur cabot qui porta le premier le nez de Cyrano, il se régale d’effets de manche et module, sans fin, sa voix de ténor. A travers ce personnage de comédien à la carrière menacée, jouant sa dernière carte et obligé de croire au miracle, il incarne un adage qui pourrait bien être celui de tous les artistes qui osent : à cœur vaillant, rien d’impossible. 
Notre critique d’Edmond, la pièce
Par ses récits sophistiqués et vertigineux, ses histoires folles mais toujours un peu vraies, Alexis Michalik a amené au théâtre un jeune public avide d’émotions et de narrations intrépides. Tant mieux ! Contant cette fois la création du Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand un soir de décembre 1897 à la Porte Saint-Martin, il fait comme d’habitude preuve de virtuosité. Dans ce jeu de théâtre dans le théâtre, il mêle l’authentique et le fictionnel avec une diabolique habileté et un joli sens du mensonge, conviant ici Sarah Bernhardt, Feydeau, Labiche et même Ravel. Les tableaux s’enchaînent avec une rapidité, une efficacité qui coupent le souffle. Pris par l’intrigue, on rit, on s’émeut, on s’exaspère, exactement comme devant le drame de Rostand. Et les acteurs sont tous remarquables, chacun dans son genre. Au final, ce théâtre de foire et de tréteaux, ficelé à la hâte, ne révolutionne pas l’art dramatique – s’en moque même parfois –, mais on s’y est singulièrement réjoui. – Fabienne Pascaud

Je suis allée voir dans mon Ciné club de quartier, Edmond, oui car je ne veux pas non plus ignorer cet artiste du théâtre qui s’adresse au plus grand nombre et qui n’effraie pas les spectateurs, les invite même à découvrir de plus près le Théâtre, mais bon voila comme Shakespeare in love c’est pas tout à fait une entourloupe mais c'est un survol!
C’est un film pour touristes du théâtre, non seulement on connaît le dénouement, mais on en voit toutes les ficelles. Et puis les personnages historiques placés  là comme pour un livre pour enfants, quoique bien joués sont ridicules, les auteurs et Sarah Bernhardt. Pauvre Tchekhov 
Les deux qui mènent la danse et vous emportent avec les personnages de fiction sont Edmond et Coquelin. Pour moi ce film n’a rien du thriller je me suis presqu’endormie.  Il pique bien des choses ça et là, j’ai pensé aux Enfants du Paradis bien plus envoûtant et la scène finale de la pièce Cyrano est tellement empruntée au  film de Rappeneau. Hormis ceux-là (cités ci-dessus),  un autre film que j’ai vraiment toujours aimé sur le théâtre (exceptés ceux aussi d’Orson Welles et de Kurosawa), c’est celui d’Al Pacino sur Richard III : Looking for Richard. 
Christian et l'auteur Edmond Rostand regardent des coulisses la première de Cyrano

Michalik construit sa pièce-film, comme Rostand sa pièce "comédie héroïque" avec Cyrano de Bergerac, le personnage historique, de très loin, vu du ciel. Comme beaucoup d’autres auteurs Shakespeare Racine, Dumas, ils font le grand écart avec l'histoire. Si Feydeau et Rostand se sont fréquentés notamment chez Lucien  Guitry (le père de Sacha) il n’y a pas
traces de critques ou jalousies. Ce n’était pas du tout le même répertoire.   

Ci-dessous rappel des dates importantes de la vie de Feydeau et de Rostand .

Naissance  à Paris en 1862 de Georges Feydeau qui mourra en 1921, à 59 ans, des suites de la syphilis avec troubles psychiques au « Santorium » où il fut interné.  En 1868 à Marseille naissance d’Edmond Rostand qui lui meurt en 1918 de la grippe espagnole à moins de 50 ans.
Leurs grands succès pour Feydeau : la dame de chez Maxim en 1899 et pour Rostand : Cyrano en 1897. 
Tous deux aussi ont reçu la légion d’honneur et se sont intéressés au cinéma Feydeau à Charlot et Rostand à Cecil B de Mille.

Copiright suite et fin : Quoi ? Zut! Zob! Love!

Représentation du 30 mars- 2 ème -
« Il faut que tu ailles voir de toute urgence sinon tu vas vraiment regretter, Nathalie S dans : Quoi ? Zut! Zob! Love! qui atteste du « monde fantastique des gays » qui renverse l’éternel féminin et l’inénarrable que tu sais... Nathalie Savary a tout créé et c’est son grand retour ».Message que je jette à la mer des indifférents à leur figure crispée et prête à tous les retours en arrière. Pour  jouir à la manière de Copi d’imagination, d’amour dingue, de musique, de couleurs, de dessins, de transgenres, de liberté de sexe que diable et sur toute la longueur de nos vies. Liberté d’ondes de  soi qui permettront enfin aux petits garçons de mettre des barrettes pour tenir leurs cheveux et d’avoir envie de poser leur peau nue sur la peau nue d’un autre garçon. De l’émotion en veux tu ? En voilà je suis restée la bouche ouverte grâce à la force des musiques trompette percussions voix et guitare électrique,  les musiciens sont beaux comme des acteurs,  leur jeu a la beauté du dehors et du dedans avec retours. Il y a aussi des chiens de traîneau, des vidéos, des masques, des lumières ça étincelle ; les fumées ne sont pas là pour nous enfumer, mais pour nous laisser en équilibre  au bord du cosmos  de la vie mais de la mort aussi et qui se réinvente, hélas !
Quoi? Zut ? Zob? Love spectacle de Science Fiction théâtrale dernière ce soir le  30 mars  à 19h30 au festival chamboulant Copiright à l’Etoile du Nord.


Via Christophe Sauger [qui ne parle pas lui sur les réseaux habituellement ] Bien sûr il y a chez elle de la Gena R.(Gêna Rowlands) et de l’Hanna S. (Hanna Schygulla)Mais elle, elle ne cherche pas à faire comme. Elle est. Nathalie Savary est là. De retour avec tambour trompette et guitare électrique. A coup de baffe dans ma gueule de con coup de batte de baseball dans mes couilles de tafiolle attirée à bout portant entre ses seins de mama Santa Maria Della Salute dal Dorsoduro.
Ils sont trois, Nathalie, Julien Kosellek, Anne Moret, Cédric Colin, Xavier Hollebecq, la grosse bite, les gros seins, les chiens d’Alaska, Libérett, le rat, les quatre jumelles, l’enfant et la louve. Dieux grecs merci ! Ca n’est pas du théâtre ! C’est la tragôidía des folles !
Ce soir et demain, 19h30, Etoile du Nord
QUOI ZUT ZOB LOVE,
cabaret rock d'après Copi
28, 29, 30 mars 19h30 – Etoile du Nord – 16 rue Georgette Agutte








vendredi 29 mars 2019

Dumbo

Oui j’ai aimé c’est un hymne au dépassement à la bonté envers les différents, chacun se retrouve bloqué dans sa vie, comme derrière une porte alors qu’il a la clé pour l’ouvrir et retrouver ceux qu’on aime tant qu’ils sont en vie. C’est un Bambi inversé....et puis c’est Freaks,



c’est aussi « les temps modernes » et puis j’ai pleuré car j’adore tout cela....C’est une ode à la nature sauvage..... à la libération même des souris blanches. Dumbo est craquant.
Et puis il y a une telle critique de la marchandisation Disney par Tim Burton en sous texte que c’en est jouissif. Un film qui ne donne aucune envie d’aller aux parcs d’animation Disney.
« Le Monde - Le « Dumbo » de Tim Burton, un pied de nez à l’histoire de Disney

Le réalisateur Tim Burton s’est amusé à subvertir l’histoire, avec des artistes en lutte pour échapper à l’emprise de l’argent »



Le cercle en clair sur Canal + à propos de Dumbo l’intervention de Philippe Rouyer et d’autres critiques réveillent le cœur et le regard du spectateur. 

mercredi 27 mars 2019

Copiright suite ... ce mercredi 27 mars Soirée Tango Queer à 21h30 après 2 spectacles pour le prix d'un : Que l'oreille saigne et Cachafaz





 Le papier mural a été dessiné par Virginie Fendler graphiste 

Retourner à l’étoile du Nord pour voir que l’Oreille saigne de et avec Mathieu Mullier-Griffiths et revoir Cachafaz mis en scène par et avec Éram Sobhani dans le festival Copiright  c’était comme une parenthèse partagée avec deux amis véritables que nous avons retrouvés dans ce théâtre rénové contemporain. 
Que l’oreille saigne est envoûtant, beau et fascinant comme une cérémonie mystique qui se décalerait se libérerait de tous ses modes, ses références. Au début le public reste sous la lumière et une bande son de bruits affaiblis quotidiens indiscernables, comme lorsqu’on est invité, on prête une oreille timide, mal à l’aise on se range  ; sur le plateau dans une lumière spectrale qui nous laisse entrevoir en fond de scène un homme presqu’indien avec un seul tambour de chaman et  on voit des objets beaux et blancs en avant scène une tour de Babel ou tour infernale à jardin et une coupe à cour. Après que la lumière public soit éteinte viendront des égouts ? Non du dessous de la scène un jeune couple : un homme une femme qui démonteront la tour d’éléments égaux, comme un  jeu de construction en bois kapla, un acrobate symbole du peuple ayant perdu l’usage de ses jambes et qui se déplace en rampant au sol et qui se jette de la hauteur des cintres, il est en boucle comme Sisyphe, une danseuse chanteuse qui scande du bruit de ses talons la musique. Tous ces éléments, ce théâtre et ses acteurs danseurs musiciens délivrant le crescendo de leurs émotions. nous désaccordent. Après comme avoir lu jour après jour tous les textes, ils se battent et se délivrent par leur corps et leurs sons, bruits, musiques, pour que notre oreille pleure...

Cachafaz c’était hier leur avant-dernière pour ce festival j’espère vraiment que ce spectacle sortira de ce cadre, car il est instructif sur les crises politiques la pauvreté les exclusions en Amérique de Sud : Uruguay Argentine ce spectacle nous pousse à interroger l’Histoire de l’Amérique du sud et notre propre histoire face aux forces d’oppression de dictature et de religion : qui sont les damnés. Et puis on rit aussi car cette pièce, Copi oblige, n’est pas sans transgression, sans humour décapant, grand guignolesque qui juxtapose l’amour fou la douceur d’un tango mêlée à sa force sensuelle de survie de folie. Et puis il y a aussi  une fresque d’un réveil collectif qui par la révolution se condamne à mort.  Revoir un spectacle c’est sentir la différence de communion avec le public : hier la salle était presque pleine et l’échange était total jusqu’aux chants si beaux et à la danse bagarre comme en lui-même de ce jeune homme, quel théâtre élégant disert. Quels acteurs dont cette femme du peuple qui passe d’une extrême à l’autre pour arriver à offrir sa vie avec sa voix du tréfonds. C’était tellement bien qu’en m’éloignant de ce moment j’étais comme incapable de faire un pas... J’en avais marre du temps qui passe. Je voulais que ça s’arrête....

Il vous reste un jour ultime, ce soir, pour les voir ces deux spectacles avant un bal tango queer à 21h30 ce mercredi 27 mars. Une apothéose.


samedi 16 mars 2019

Festival Copiright à L'Étoile du NORD et donc ce week-end : festival du Livre puis dédicaces, printemps du cinéma....Rebelles Et notre Série Outlander/Les gilets jaunes défendus par Pierre Perret

Le Festival Copiright à l'Étoile du NORD a commencé nous irons la semaine prochaine (attention l’éphémère passe...)
mais comment s'y retrouver qu'aller voir ?
du 18 au 27 mars Carte blanche à Stéphane Auvray-Nauroy, (directeur d'une école de formation théâtrale, acteur, metteur en scène, auteur et ami dans cette vie et une autre vie, à chaque tome une autre somme... car il fait partie des rares personnes artistes une sorte de Jacques Copeau qu'on voudrait retrouver au pays d'après la vie...)
"une manifestation pour fêter Copi auteur metteur en scène et dessinateur argentin émigré en France en 1963, artiste iconoclaste et joyeusement désespéré... des artistes de différentes générations présenteront diverses formes théâtrales (lectures, pièces, cabaret) autour de cet auteur.
Nathalie Savary, Sophie Mourousi, Stéphane Mercoyrol, Mathieu Mullier-Griffiths, Florian Pautasso, Philippe Sire, Virginie Fendler et Eram Sobhani ont répondu présent !
 Le prix des places tarif plein 17€
Et sinon tarif réduit 12€ tarif voisin voisine 10€
Et le pass pour toutes ces manifestations artistiques est de 25€ !!!
Ce théâtre même quand il s'appellait encore le 18 Théâtre a toujours pratiqué une certaine idée du théâtre accessible pour tous.
18 Théâtre : Il est trop tard avec de gauche à droite Philippe Person Stéphane Auvray-Nauroy(co-auteur avec JP Sultan et metteur en scène, sur la chaise)Michel Fau Isabelle Hurtin Antoine Fayard Nathalie Feyt Marie Hélène Lentini feu Bruno Colomb et Patrick...



Teaser Copiright ! from L'étoile du nord on Vimeo.
**** de Copi
Une visite inopportune mise en scène de Stéphane Auvray-Nauroy 14,15,16,-21,22,23-28,29,30 mars à 20h30
Belle très belle, vivace  Visite inopportune créée il y a deux ans, elle a été comment dire recréée, améliorées encore plus incisive, plus drôle, plus pertinente comme miroir d’une certaine époque tout en étant visionnaire de notre « éteint » de toute cette fumée dans nos yeux qui pleurent. Ah l’interprétation les chansons les apparitions disparitions les voix, un carnaval, un mélange de solitudes universelles. Ce Copi nous a tout dit....

Photo de Jean Macqueron directeur de ce lieu en partenariat avec l’école Auvray-Nauroy, école professionnelle de théâtre  ou d’« art dramatique » école artistique du corps et de l’imagination  avec de l’esprit aussi et un supplément d’âme. Ce festival est ouvert à la jeunesse qui s’asseoit à tous les rangs de ce théâtre. 

Cachafaz mise en scène de Éram Sobhani 18,19,20,-25,26,27 mars du lundi au mercredi à 20h30. (représentation du 19 mars) Comment dire, dans la continuité de Truddy Loreleï, c’était un crescendo des existences sur un plateau, sous la lumière, dans un décor, des corps, des voix, de la chair qui s’expose, se donne et au delà de la vie de la mort, des genres et qui se révoltent contre tout les établissements : le bien le mal les riches les saints et les damnés. Et puis comment s’aimer au delà de la mort en la partageant, puisque certains s’allient pour tout vous retirer, vous emprisonner vous tuer pour presque rien : le vol d’une saucisse. Il existe  un amour travesti fou... Cachafaz le roi des révoltés a encore du boulot! 
Le texte m’a fait penser à certaines pièces de Shakespeare (Titus Andronicus)dans la dimension et le hors genre : tragédie sanglante Grand guignol et amour poésie. Mais là, la chanson s’élève par deux fois puis la danse qui nous cloue au siège au delà de la vie la mort. C’est beau.

Truddy Loreleï seul en scène : Stéphane Mercoyrol 18,19,20 mars à 20h. exceptionnel j’y suis allée j’avais presque oublié comment faire exister sur un plateau tout ce qu’on dit, quand on sort de la pénombre et qu'on entre en scène, avec cet acteur on voit tous les personnages, comme si on rentrait dans sa tête : la Gare de Lyon, la cabine téléphonique, les violences, le panier à salade, les flics jusqu’à la cour du Palais de justice... bouleversant.
Loretta Strong mise en scène Florian Pautasso avec Stéphanie Affalo 21,22,23 mars à 19h30 ça c’était trop bien, inimaginable, une gageure, en effet à monter ; je n’avais rien lu, je ne connaissais pas. Avec notre nièce, nous avons parlé après pour nous remettre dans la vie, de films, de science-fiction, de 2001, odyssée de l’espace ... Excellente mise en scène et interprétation. Une claque sur la solitude, l’intime dans le cosmique... Une extrapolation ! 
sam. 23 mars - 18h30 intervention scénographe Alexandre de Dardel (annulée) 
Que l'oreille saigne de Mathieu Mullier-Griffiths 25,26,27 à 20h

Quoi ? Zut ! Zob ! Love Cabaret inspiré par et avec Nathalie Savary, Anne Moret, Julien Kosellek, 28,29,30 à 19h30




Stéphane Auvray-Nauroy

Eram Sobhani

Nathalie Savary dans la Reine écartelée  mise en scène Jean Macqueron



Dédicace à la Librairie ce samedi 16 mars à 18h venez pour l'apéro : Au plaisir des yeux 120 rue Raymond Losserand  Paris 14 ème,  d'Olivier Truc : Le cartographe des Indes Boréales
Ma libraire préférée
Olivier Truc l'écrivain
 Et le jeudi 21 mars : Y a de la banane dans le Banania...
le petit mot de la Libraire :
Chers amis, chers clients,

Je vous invite jeudi 21 mars pour une rencontre dédicace avec l'auteur Thierry Montoriol pour la sortie de son livre
Le roi Chocolat
la saga mouvementée et assez atypique de celui qui créa le Banania. Ce spécialiste de l'art lyrique embarqué un peu malgré lui aux frontières mexicaines et gardé en vie grâce à une boisson réservée pour les dieux à base de cacao et de farine de banane. Une peinture des années folles et de leur extravagante liberté ...
L’auteur est bien vivant conteur il raconte cette histoire à tous ceux qui lui demandent comme si c’était la toute première fois qu’il rencontrait un lecteur potentiel... Notre libraire nous a fait lecture d’un extrait : un repas pimenté...Tous après nous avons pris un verre Victor le personnage semblait être là. En tous les cas son fantôme n’est pas méchant...





Pour les dédicaces au Salon du livre https://www.livreparis.com/visiter/auteurs-et-dedicaces/
dont Erri De Luca un des seuls écrivains qui regarde le ciel en marchant....même sous la guerre ; c'est aujourd'hui à la même heure pour son dernier livre : Le tour de l'oie.
https://www.livreparis.com/fr/Contributors/7346638/DE-LUCA-ERRI
Sinon on m'a rapporté un livre pour enfants dédicacé un de mes préférés, le dernier Chien Pourri et son ami Chaplapla


CINÉMA = REBELLES
Cette semaine nous n'avons rien vu au cinéma, les critiques pour les films de Dolan et de mon cher Bertrand Blier ne sont pas incitantes mais bon... un film documentaire sur un jeune renne Aïlo en Laponie me semble le meilleur choix et pas seulement pour les aurores boréales pour Le printemps du cinéma du 17 au 19 mars dans toute la France toutes les places à 4 €. Pour les enfants, oui bon mais s'il n'y a rien pour les adultes.
http://www.fncf.org/online/pid170/le-printemps-du-cinema-2019.html

Pardon, ce 19 mars, nous sommes allés voir le dernier jour, du festival du cinéma avec des acteurs mirifiques Rebelles le réalisateur, c’est celui de la deuxième saison de Kaboul Kitchen, ah ! une vraie place aux femmes et au peuples franco belges, avec un humour à couper au couteau. Il y a du Tarantino et du Petit Quinquin de Bruno Dumont mais si vous voulez des références, car c’est aussi bien sans... ce qu’elles m’ont fait rire  les trois copines d'usine, particulièrement Yolande ma sœur. Les hommes tous les hommes sont très bien loins des critères habituels de physique, de touchant, de cruauté etc.... ils sont presque dans des rôles secondaires. La baston presque finale est très réussie.
critiques internautes de Sens Critique



Extraits de l’interview dans le Monde de Yolande Moreau « j’ai eu envie de raconter les gens » « je ne serais pas arrivée là si je n’avais pas eu mal au monde... » Elle cite la phrase de Roger Blin [metteur en scène 1907-1984] « si j’avais eu les mains coupées, j’aurais joué du piano. » Le Monde 21 janvier 2019










OUTLANDER
À propos d'addiction aux Séries nous avons presque tout vu de la saison 1 d'Outlander sur Netflix série américaine, pour le réalisateur anglaise pour les acteurs,  quels acteurs, quels décors, costumes et surtout quels coups de théâtre sans des paysages à couper le souffle !
Les différences à 200 ans dans notre Europe sont minutieusement évoquées : les gens ne parlent pas la même langue l’utilisation du gaélique pour ne pas être compris de l’héroïne Claire Beauchamp une sassenach(anglaise en gaélique) d’origine française. Tous les passages échanges en gaélique ne sont pas traduits. C’est très juste pour être encore plus immergés dans cette époque. La sensualité la sexualité la perversité la brutalité la violence sont comme mises à plat dans toutes leur inhumanité ; les scènes ne sont pas esquissées mais pas complaisamment tournées, comme si elles étaient ainsi plus compréhensibles et cela les rend comme plus vraies : les violences comme les guérisons, les  soins pour  toutes les blessures dont celles d’amour. Les corps l’incarnation sont très présents à l’écran -comment une mère après avoir accouché se tire le lait elle même- entre autres. 
Les acteurs sont fascinants.

Les gilets jaunes défendus par Pierre Perret dans le Monde du 18 fev 2019


vendredi 15 mars 2019

L'amie prodigieuse, Le nouveau nom II, Celle qui fuit et celle qui reste III, L'enfant perdue IV Elena Ferrante

Pour une lecture en public, pour un coup de coeur, je ne pouvais choisir que la saga de L'amie prodigieuse.
À qui pourrais je donner l'envie de lire ces quatre livres ? aux personnes déjà qui aiment lire la vie des autres et qui n'ont pas trouvé beaucoup de récits quant à l'amitié au fur et à mesure de la vie. Comment l'amitié au même titre que l'éducation, la scolarité puis les études, le sexe, la politique la vie en couple (avec ou sans) peuvent atteindre, changer, influencer jusqu'au goût du voyage... L'une se montre dans son quartier, l'autre dans son pays puis la maturité la vieillesse : toutes deux comment s'effacent-elles, comment vont-elles sortir de notre tête de notre coeur à travers notre époque ici et maintenant ?
C'est un livre historique, c'est genre la biographie de deux personnages ? de bien plus de personnages qui ne nous échappent pas, déjà grâce à l'index des personnages, comme pour une pièce de théâtre placé au début de chaque tome avec au fur et à mesure des tomes le rappel des évènements. Ils prennent corps.

Elles sont deux filles des années 1950 aux années 2005, elles viennent toutes deux d'un quartier pauvre de Naples l'une s'appelle Elena, Lenu et l'autre Lila.
Ces livres ont rétabli ma toute entière gourmandise des livres avec la faim et le goût.
Faut-il aimer l'Italie ? oui et la vie aussi, et vouloir trouver un port fiable pour faire une grande pause, sortir des bribes d'histoires de faits de pensées sur le web internet les réseaux.
Sur l'amitié ce constant dédoublement sentiment d'être en partie soi, en complétude qu'avec l'autre, avec ses rivalités, jalousies, frustrations, destruction de l'une au profit de l'autre, ses séparations, ses retours, ses effacements, sur la complicité à quatre mains, je n'ai choisi aucun extrait, il faut que vous lisiez les livres c'est ce qui les sous-tend... Le dernier tome est pour moi celui qui touche de plus près à la fois notre époque et mon âge dans la vie. La fin est une des fins que je préfère et pour toutes ces raisons de ce tome vous en aurez le moins d'extraits.

La série (Saison 1) que j'ai vue m'a incitée à lire tous les livres pour connaître la suite, et pour redonner à tous ces personnages leur non-dits leurs pensées leurs contradictions.
J'ai demandé à ma libraire celle de mon quartier qui était l'auteur ? Elle m'a répondu qu'en Italie elle a voulu garder un certain anonymat, le milieu du livre étant particulièrement difficile, mais qu'elle est bien connue et depuis longtemps des maisons d'éditions.

Hier mon autre libraire  Au plaisir des Yeux et amie, dans le 14 ème, 120 rue Raymond Losserand, a hébergé l'association du journal local la Page http://www.lapage14.info et c'est à cette occasion que nous avons lu des pages...
Histoire de se rassembler autour d'un verre, de quelques crudités avec une sauce originale au fromage blanc et des chips et quelques gâteaux au miel, au chocolat et un autre aux amandes... je lui ai trouvé à ce dernier comme un goût de noix de coco... la mémoire des goûts avec l'âge se perd-t-elle  ...

Anne Guyot la libraire lisant Le roi chocolat de Thierry Montoriol
https://www.babelio.com/livres/Montoriol-Le-roi-chocolat/1053998
Les spectateurs libres écoutent.... mais avec le portable.


L'amie prodigieuse Tome I
édition poche Folio

p 195 la somme de tous les crimes
"Pascà mais c'est qui les nazis-fascistes ? Et les monarchistes ? Et c'est quoi le marché noir ? »
J'ai du mal à dire quel effet les réponses de Pasquale purent avoir sur Lila, je risque de me tromper, aussi parce qu'à l'époque elles n'eurent aucun effet sur moi. En revanche, et comme toujours, Lila en fut imprégnée et bouleversée au point à la fin de l'été elle devint obsédée par une unique pensée qui m'était assez insupportable. Avec mes mots d'aujourd'hui, je tenterai de la résumer ainsi : il n'existe aucun geste, aucune parole ni soupir qui ne contienne la somme de tous les crimes qu'ont commis et que continuent à commettre les êtres humains.
Naturellement elle le disait d'une autre manière. Mais ce qui compte, c'est qu'elle fut saisie par une frénésie de dévoilement absolu. Elle m'indiquait des gens dans la rue, des objets et des endroits, et elle me disait :
« Celui-ci a fait la guerre et  tué des hommes, celui-là a bastonné et fait boire de l'huile de ricin, celui-ci a dénoncé un tas de gens, celui-là a même affamé sa mère; dans cette maison on a torturé et tué, sur ces pavés on a défilé en faisant le salut romain, au coin de cette rue des gens en ont tabassé d'autres ; l'argent de ceux-ci vient de la faim de ceux-là, cette voiture a été acheté en vendant du pain coupé avec de la poussière de marbre et de la viande avariée au marché noir, cette boucherie est née grâce au cuivre volé et aux trains de marchandises dévalisés, derrière ce bar il y a la camorra, la contrebande et l'usure. »

p 291 l'écriture de Lila (extrait lu à la lecture publique)
Lila savait parler à travers l'écriture. Pas comme moi quand j'écrivais, pas comme Saratorre dans ses articles et poésies, et pas comme de nombreux écrivains que j'avais lu et lisais : elle s'exprimait avec des phrases qui, certes, étaient soignées et sans erreur –bien qu'elle est arrêté ses études– mais en plus chez elle tout semblait parfaitement naturel, on ne sentait jamais l'artifice de la parole écrite. En la lisant je la voyais, je l'entendais. Cette voix sertie dans l'écriture me bouleversa et me ravit encore plus que lorsque nous discutions en tête à tête : elle était totalement purifiée des scories du parler, de la confusion de l'oral, Elle avait la clarté et la vivacité que j'imaginais être celle du discours quand on était assez chanceux pour être nés dans la tête de Zeus et non pas chez les Greco ou les Cerullo.  J'eus honte des pages infantiles que je lui avais écrites, de mes exagérations, mes frivolités, ma joie feinte et ma douleur fabriquée. Qui sait ce que Lila avait pensé de moi !

Le nouveau nom Tome II
édition poche Folio

p 70 la richesse
Quelle douce chaleur ! Ce fut un plaisir inattendu. Bientôt j'essayais de nombreux petits flacons qui envahissaient les coins de la baignoire  et une mousse vaporeuse sembla naître de mon corps, faisant presque déborder la baignoire. Ah Lila possédait tellement de choses merveilleuses ! Il ne s'agissait plus seulement d'avoir un corps propre, c'était un jeu, de l'abandon. Je vais découvrir les rouges à lèvres, le maquillage, le grand miroir qui restituait une image non déformée et le souffle du sèche- cheveux. À la fin je me retrouvai avec une peau lisse comme je n'en avais jamais eu et une chevelure volumineuse, rayonnante et encore plus blonde. C'était peut-être ça, me dis-je la richesse que nous voulions quand nous étions enfants : non pas des coffres pleins de pièces d'argent et de diamants mais une baignoire où on peut rester allongée ainsi tous les jours, et puis manger du pain, du saucisson et du jambon, avoir un espace immense même dans les toilettes, avoir le téléphone, un garde-manger et un réfrigérateur rempli de nourriture, une photo dans un cadre en argent sur le buffet qui te montre en robe de mariée, avoir tout cet appartement avec cuisine, chambre à coucher, salle à manger, deux balcons et la petite pièce où je suis enfermée pour travailler et où, bien que Lila n'en ait jamais parlé, un enfant dormira bientôt, dès qu'il arrivera.

p 175 les journaux
Au début je laissais traîner le journal dans l'appartement, repoussant la lecture à quand j'aurais fini mes devoirs, mais le soir venu le quotidien avait disparu, mon père se l'était approprié et le lisait au lit ou dans les toilettes. Je pris alors l'habitude de le cacher entre mes livres et ne le sortais que la nuit, lorsque tout le monde dormait. C'était parfois L'Unita, parfois Il mattino ou encore le Corriere della Sera, mais je les trouvais tous trois difficiles, c'était comme si j'avais dû me passionner pour des bandes dessinées dont j'avais raté les numéros précédents. Je parcourais les colonnes plus par contrainte que par réel intérêt et en même temps, comme pour toutes mes obligations scolaires, j'espérais qu'à force de persévérance je comprendrais demain ce que je ne comprenais pas aujourd'hui.

p 256 les conflits : comment gouverner.
Mais il (Nino) orienta bientôt la conversation sur le seul terrain qui semblait justifier notre rendez-vous. Il affirma qu'il était content de me voir parce qu'avec son ami, il ne pouvait parler que de football et de sujets universitaires. Il fit mon éloge. Madame Galiani a du flair, dit-il, tu es la seule fille du lycée qui ait un minimum de curiosité pour des questions qui ne servent pas aux examens ni à avoir de bonnes notes. Il se mit alors à aborder des thèmes importants et nous eûmes recours tous deux au bel italien plein de passion, dans lequel nous savions exceller. Il partit du problème de la violence. Il fit allusion à une manifestation pour la paix à Cortona qu'il lia habilement à des affrontements qui avaient eu lieu sur une place de Turin. Il expliqua qu'il voulait étudier le rapport entre immigration et industrie. Je l'approuvai mais que savais-je de tout cela ? Rien du tout. Nino s'en rendit compte et me raconta en détail une émeute de très jeunes gens venus du Sud et la sévère répression policière qui avait suivi. « Ils se font traiter de Napolitains, Marocains, fascistes, provocateurs ou alors anarcho-syndicalistes. Mais ce sont des jeunes dont aucune institution ne s'occupe et qui sont livrés à eux-mêmes : du coup, lorsqu'il s'énervent, il cassent tout. » Je cherchai quoi répondre pour lui faire plaisir, alors je hasardai : « Si on n'a pas une solide connaissance des problèmes et si on ne trouve pas de solution à temps, il est normal que des conflits éclatent. Mais ce n'est pas la faute de ceux qui se rebellent, c'est la faute de ceux qui ne savent pas gouverner. "il me lança un regard admiratif et répondit : « c'est exactement ce que je pense. »

p 271 jouer aux intellectuels
...Oui, des conneries ! » répéta-t-elle. Mais ensuite, avec un brin d'ironie, elle s'excusa (Pinuccia) d'avoir défini ainsi les bavardages qui me plaisaient tant à moi aussi : « Vous aimez étudier, fit-elle, alors vous ne vous comprenez qu'entre vous, c'est logique. Mais vous permettez que nous on trouve ça plutôt rasoir?"
Ces paroles me ravirent. Elle confirmèrent en présence de Lila, témoin muet de cette conversation, qu'entre Nino et moi il y avait une relation pour ainsi dire exclusive, dans laquelle il était très difficile de s'insérer. Mais un autre jour Pinuccia dit à Bruno et Lila sur un ton dédaigneux : « laissons ces deux-là jouer aux intellectuels et allons nous baigner, la mer est belle ! "À l'évidence, jouer aux intellectuels était une manière de dire que le contenu de nos conversations ne nous intéressait pas réellement et que nous adoptions une posture, un rôle.

p 532 les cahiers
J'ignore si cela fut causé par les cahiers(sorte de journal) de Lila. À l'évidence, aussitôt après les avoir lus, et longtemps avant de jeter la boîte qui les contenait, le désenchantement me gagna. Mon impression initiale d'être au cœur d'une bataille intrépide s'évanouit. Je n'eus plus le cœur battant à chaque examen ni la même joie à obtenir la note la plus élevée. Je perdis le plaisir de corriger ma voix, mes gestes et mes façons de m'habiller de marcher, comme si j'étais en compétition pour le prix du meilleur déguisement du meilleur masque - tellement réussi qu'on aurait presque dit un visage.

Celle qui fuit et celle qui reste  Tome III
édition poche Folio
p 82 différente
J'eus l'impression d'être différente, et ma présence me parut illégitime. Je ne me sentais pas le droit de crier de concert, ni de rester dans cette chaleur qui, à présent, me rappelait les odeurs et la chaleur émanant du corps d'Antonio et de son souffle, lorsque nous nous étreignions aux étangs. J'avais été trop misérable et trop écrasée par la nécessité d'exceller dans les études. J'étais très peu allée au cinéma. Je n'avais jamais acheté de disques, comme j'aurais aimé le faire. Je n'étais pas devenue fan de chanteurs et n'avait jamais couru à des concerts. Je n'avais pas collectionné d'autographes, n'avais jamais été ivre, et le peu de fois où j'avais fait l'amour, cela avait été à l'aide de mille subterfuges, mal à l'aise et apeurée. Ces filles au contraire, à un degré ou un autre, devaient avoir grandi dans une certaine aisance, et elles étaient parvenues à leur mue actuelle bien mieux préparées que moi. Elles devaient ressentir leur présence dans ce lieu, dans cette ambiance, non pas comme un déraillement mais comme un choix juste et nécessaire. Maintenant que j'ai un peu d'argent, me dis-je, et que j'en gagnerai peut-être beaucoup plus, je peux essayer de rattraper le temps perdu. À moins que ce soit impossible –qui sait si je ne suis pas désormais trop cultivée, trop ignorante, trop contrôlée, trop habituée à maîtriser la vie en emmagasinant idées et données, trop près du mariage et de l'installation définitive, bref trop satisfaite et obtuse, prisonnière d'un ordre qui paraissait pourtant ici à son crépuscule. Cette dernière pensée m'effraya. Il faut tout de suite que je parte, pensais-je, ici le moindre geste la moindre parole sont autant de claques en réponse à tous mes efforts ! Or j'avançai au contraire à l'intérieur de la salle pleine à craquer.

p 219 avec un homme
Avec un vocabulaire encore plus brutal, elle ajouta qu'elle avait fait –que ce fut parce qu'elle y avait été forcée, par curiosité ou par passion– tout ce qu'un homme pouvait vouloir d'une femme. Or, même avec Nino, lorsqu'elle avait désiré concevoir un enfant puis était tombée enceinte, elle n'avait jamais connu ce plaisir qui, racontait-on, accompagne surtout le grand amour.
Devant tant de franchise, je compris que je ne pouvais rester silencieuse je devais lui faire sentir que j'étais proche d'elle et répondre à ses confidences par mes propres confidences. Mais à l'idée de devoir parler de moi – le dialecte me dégoutait et, malgré ma réputation d'auteure de pages osées, l'italien que j'avais acquis me semblait trop précieux pour le sujet poisseux des expériences sexuelles –, mon malaise augmenta, j'oubliais qu'elle me faisait un aveu difficile et que chacun de ses mots, même les plus grossiers, était serti dans l'épuisement qu'elle portait sur le visage et dans le tremblement de ses mains. Je coupais court :
« Pour moi ce n'est pas comme ça », fis-je
Je ne mentis pas, et pourtant ce n'était pas la vérité. La vérité était plus complexe et, pour lui donner forme, j'aurais eu besoin de mots déjà éprouvés. J'aurais dû lui expliquer qu'à l'époque d'Antonio me frotter contre lui et me laisser toucher m'avaient toujours donné beaucoup de plaisir, et qu'aujourd'hui encore c'était ce plaisir que je recherchais. J'aurais dû avouer qu'être pénétrée m'avait déçue moi aussi, c'était une expérience gâchée par le sentiment de culpabilité, par l'inconfort des conditions de l'étreinte, par la peur d'être surpris et la précipitation qui en découlait, et et par la terreur de tomber enceinte. Cependant j'aurais dû ajouter que Franco –puisque le peu de choses que je savais en matière de sexe, en gros,–, avant d'entrer en moi et après, me laissait me frotter contre l'une de ses jambes et contre son ventre : et ça oui, ça me plaisait, et rendait même parfois la pénétration agréable. Du coup -aurais-je dû lui dire en conclusion–, j'attendais a présent le mariage. Pietro était un homme très attentionné et j'espérais que, dans la paix et la légitimité du lit conjugal, j'aurais le temps et le confort nécessaires pour découvrir le plaisir du coït. Si j'avais été honnête, voilà ce que j'aurais dit. Mais à presque 25 ans, nous n'avions pas l'habitude de nous faire des confidences aussi précises. Il n'y avait eu, entre nous, que quelques évocation vagues et discrètes à l'époque où elle fréquentait Stefano et moi Antonio, mais il ne s'agissait que de propos timides et allusifs. Quant à Donato Sarratore et Franco, je ne lui avais jamais parlé ni de l'un ni de l'autre. C'est pourquoi je me limitai à ces quelques mots –pour moi ce n'est pas comme ça–, qui durent sonner à ses oreilles comme : peut-être que tu n'es pas normale. Et en effet, elle me regarda, perplexe, et dit comme pour se justifier : « Ce n'est pas ce que tu as écrit dans ton livre."
Ainsi donc, elle l'avait lu. Sur la défensive, je murmurais :
« maintenant, je ne sais même plus ce que j'ai mis dedans.
–Ce que t'as mis dedans, c'est des trucs sales, fit-elle, des trucs que les hommes ne veulent pas entendre, et que les femmes connaissent mais ont peur de dire. Mais alors quoi ? Tu te caches maintenant ? »

p 318 quelque chose de grand
J'écrivais avec élégance des formules à la rigueur abstraites, qui visaient à signaler à je ne sais trop qui – surtout dans ce journal – mon adhésion aux critiques les plus dures envers le parti communiste et les syndicats. Aujourd'hui, j'ai du mal à expliquer pourquoi je persistais à écrire ce genre de texte ou, plus exactement, pourquoi je me sentais de plus en plus attirée par des positions extrêmes, malgré ma maigre participation à la vie politique de la ville et malgré ma douceur naturelle. Peut-être était-ce un signe d'insécurité. Ou bien je me méfiais de toute intervention d'intermédiaire –un art que depuis la prime enfance, j'associais aux combines de mon père et à ses ruses pour évoluer au sein de l'inefficacité de la mairie. Peut-être ma connaissance directe de la misère, que je me sentais obligée de ne pas oublier, me poussait-elle du côté de ceux qui étaient restés en bas et luttaient pour tout balancer par la fenêtre. Ou bien le quotidien de la politique et des revendications, sur quoi j'avais pourtant écrit avec zèle, au fond ne m'importait pas tant que ça. Je voulais juste que quelque chose de grand–j'avais utilisé et j'utilisais souvent cette formule– surgisse, et je voulais pouvoir le vivre et le raconter.


L'enfant perdue Tome IV (extrait lu à la lecture publique)
édition poche Folio
p 401 l'écriture informatique
Pendant que les gamines jouaient –dès qu'elles commençaient à se disputer, nous lancions des cris énervés pour les faire taire–, Lila me mit sous les yeux tout le matériel en sa possession et mon expliqua le sens. Nous l'organisâmes et en fîmes le résumé. Cela faisait tellement longtemps que nous n'avions pas travaillé ainsi ensemble ! Elle eu l'air satisfaite, je compris que c'était ce qu'elle voulait et ce qu'elle attendait de moi. À la fin de la journée, elle disparut à nouveau avec son sac et je rentrai chez moi pour étudier nos notes. Les jours suivants, elle voulut que nous nous voyions à la Basic Sight. Nous nous enfermâmes dans son bureau et elle s'installa devant l'ordinateur, une espèce de téléviseur muni d'un clavier, bien différent de l'engin qu'elle nous avait montré aux filles et à moi, longtemps auparavant. Elle appuya sur le bouton d'allumage et inséra des rectangle noirs dans des blocs gris. J'attendis, perplexe. De petits clignotant tressaillirent sur l'écran. Lila commença à taper sur le clavier et j'en restai bouche bée. Rien de comparable avec une machine à écrire, même électrique. Du bout des doigts, elle caressait les touches grises, et l'écriture naissait sur l'écran en silence, verte comme l'herbe sortant de terre. Ce qui se trouvait dans sa tête, accroché je me sais où dans son cortex cérébral, semblait se déverser à l'extérieur comme par miracle, et se fixer sur le néant de l'écran. C'était de la pure puissance qui, tout en passant par un geste, restait de la puissance, un stimulus électrochimique qui se transformait instantanément en lumière. Je me dis que l'écriture de Dieu sur le Sinaï avait dû être ainsi, au temps des commandements, insaisissable terrible, mais avec pour effet une pureté bien concrète. Magnifique ! dis-je. Je vais t'apprendre proposa t-elle. En effet elle m'apprit, et des segments éblouissants, hypnotiques, commencèrent à s'aligner sur l'écran : des phrases que je disais, qu'elle disait, nos discussions volatiles qui allaient s'imprimer sur la flaque noire de l'écran, semblables à des sillons sans écume. Lila écrivait, je corrigeais, alors elle effaçait en appuyant sur une touche, et avec d'autres boutons elle faisait disparaître un bloc de lumière tout entier pour le faire réapparaître plus haut ou plus bas, en une seconde. Mais aussitôt après, c'était Lila qui avait une nouvelle idée et, en un éclair, tout changeait à nouveau : des mouvements magiques, ce qui était là soudain n'y était plus, ou était autre part. Et il n'y a pas besoin de stylo, de crayon, il n'y a pas besoin de changer de feuilles ni d'en mettre une autre dans le rouleau ! La page c'est l'écran, unique, sans jamais la moindre trace de correction, on dirait que c'est toujours la même. Et l'écriture est inaltérable, les lignes sont toutes parfaitement droites, et il émane d'elles un sentiment de propreté, même si nous sommes en train d'additionner les saloperies des Solara aux saloperies de la moitié de la Campanie.

samedi 9 mars 2019

2 films feed good movies : Ce qui nous reste de la révolution et Damien veut changer le monde

Le père des enfants : jeunes adultes restant : séparé ou veuf devient comme le rôle de la mère, anciennement, c’est cela la nouveauté. L’alternative parentale possible...
Comme la série conseillée par une amie infirmière : Outlander(série que nous trouvons passionnante par le choix des acteurs les dialogues le rythme ) atteste que les choses changent en 200 ans mais en 50 ans aussi, les rôles et actions impartis aux hommes et aux femmes s’egalisent par rapport aux enfants.
Bon revenons au cinéma si je mets les deux films dans le même panier,  c’est surtout que nous les avons vus dans le même laps de temps, mais pas dans le même cinéma ; la Révolution... en retard sur la date de sortie, dans notre ciné club St Lambert, comme quoi le film tient et l’autre Damien dans une salle multiplexe 2 jours après  sa sortie l’après-midi il n’y avait pas grand monde mais quand même !
Pascal my dear a été plus déçu que moi pour le premier et moins pour le second. Moi, j’ai aimé les deux car je m’attendais à leur faconné, vous savez ces films tellement scénarisés dans le bon sens qu’ils ressemblent plus à des contes voir du théâtre pour le premier qu’à une immersion dans une réalité. 



La révolution ce qu’il en reste : une recherche de sens et à part l’énergie individuelle, on n’y voit rien d’autre, un collectif peau de chagrin et le film est surtout bien dans les relations mère fille père fille entre sœurs amis échanges débats à 4/5...Les relations  amoureuses sont poetiques et  avec un regard sur des enfants ; l’amoureux est genre directeur d’un centre aéré. Sinon quelquefois les personnages frisent l’absurde plus que la caricature mais n’arrivent pas à nous toucher comme dans Damien.
Par contre le scénario et l’histoire d’amour de Damien tient plus aux acteurs qu’aux mots poétiques qu’ils pourraient échanger. Mais les enfants les femmes la pluralité de tous ces drames ces histoires ces cultures donnent toute la dimension au film. Le petit garçon principal Bahzad des reconnaissances de paternité de Franck Gastambide est formidable.
Les autres pères de fortune la soeur le père ou grand-père interprété par Patrick Chesnais la voisine par Liliane Rouviere donnent au film sourires émotions envie que la Fin soit heureuse même irréaliste. J’ai entendu ce matin Laurent Delmas (France-Inter) se plaindre du film qui le faisait se sentir coupable !? Ah bon ! C’est son problème ce n’est pas dans le propos du film.... Il n’avait pas aimé les Invisibles non plus.
L’avis de mon beau frère cinéphile : Pierre Kandel
J'ai nettement préféré La révolution à Damien.Disons que le premier a toute la subtilité et l'inventivité que le second n'a pas. :-)



mardi 5 mars 2019

« Celle que vous croyez »

Allez- y vite si femme et ou homme qui aiment les femmes de 50 ans (ce n’est pas un film pour Yann Moix, à moins que ce n’était q’un mensonge, celui de dire qu’il n’aimait pas l’enveloppe corporelle des femmes de 50 ans....)si vous avez encore plus besoin de « mots qui donnent à voir » de fiction que d’amour et d’amitié et après lisez sans pouvoir vous arrêter le livre éponyme de Camille Laurens.

Comédien pour rien au monde je voudrais faire autre chose ..... déclaration de Juliette Binoche dans Le Parisien 
Ou de Fabrice Luchini invité chez Augustin Trapenard 

Que vous dire de plus sur cet animal là, l’écouter avec sa mémoire absolue : Fabrice Luchini une sorte d’envahisseur de lui même par les mots des autres qu’il délivre entièrement à sa manière ! Une oreille absolue qui lui permet toutes les imitations masculin féminin, là Fanny Ardant. Il parle si bien au travers de Guitry entre autres du métier de comédien du « naturel » du lyrisme....Raimu Jouvet... du quotidien comment digérer autrui... bref je crois que je l’aime un peu beaucoup passionnément et quelquefois pas du tout...

Élucubration.....
Une de nos amies a refait son visage, elle a quoi 40 ans bien passés, on ne reconnaît plus ses expressions. Il y a comme une masse inerte sous sa peau, sa joie est abandonnée au profit d’une mer lisse sans marée, il faut beaucoup de soleil pour que son visage devienne miroir d’elle même, elle est figée, attachée à une image fixe inconnue de nous jusque là. Heureusement elle n’est pas comédienne elle est l’égérie d’un mari comédien, en vue, riche bien plus âgé qu’elle et qui ne sera jamais retraité.




lundi 4 mars 2019

Politiquement correct à l’Oeuvre....




Ce décor est ce un bloc,  un banc d’accusés présumés coupables.... non c’est concret hyper-réaliste, ce décor représente un bar, lieu unique dans lequel va se dérouler cette pièce,  ou ce film, ce débat puisque c’est dans l’air du temps... La pièce jamais ne nous lâche,  elle nous capture même,  mais je ne me suis pas sentie au théâtre tout le temps. Heureusement pour moi, il y avait un clown un personnage comme j’aime qui ne dit presque rien, mais qui fait rire par sa seule présence, ses entrées, ses sorties, c’est le garçon du bar. Sinon les acteurs sont tous bons.
L'idée, elle a été abordée plus qu'exploitée dans "Au nom des gens"dans le film de Michel Leclerc que j'ai beaucoup aimé et pas oublié avec Sara Forestier et Jacques Gamblin acteur qui n'a jamais modifié son jeu qu'il soit au théâtre ou au cinéma. Ce film est une comédie qui allait plus loin dans le questionnement pourquoi l'engagement à gauche, mais dans l'époque post : Lionel Jospin.
Thibault de Montalembert que j’aime beaucoup au cinéma dans les Saisons de la série 10 % et qui a tout joué au théâtre avec Chéreau, Jean-Luc Boutté est très crédible dans ce rôle d’amoureux, chef de parti frontiste, mais il m’a déçue. On le cantonne à un jeu naturaliste en relation, en rapport, comme en gros plan, avec des petits gestes de la vie presque tocs. Pour moi ce ne sont pas des gestes de théâtre, ce sont des gestes parasites qui empêchent de voir autre chose ou d’entendre ce qui se dit. 
Par exemple on ne se ronge pas les ongles sur scène même si le comédien le fait dans la vie ... on ne se croise pas les bras dès qu'on écoute, on ne reste pas les mains dans ses poches non plus, car ce n’est pas expressif théâtral, ce n’est pas le personnage..... on se dit c’est le comédien qui ressort qui ne sait pas quoi faire ?
Vous me direz les hommes politiques mesurent leurs gestes mais ce sont des gestes de ponctuation de manipulation qui surlignent l’expression et qui ne sont pas non plus du théâtre....une économie de gestes d'accord pour la tragédie mais là....?
C’est quand même du théâtre, Politiquement correct, le tragique et le burlesque ne s'épousent-ils pas? ce n'est pas une série, un débat, un film ; cette confusion des genres, même si c’est très bien fait,  me rend comme superficielle, m’édulcore, me divertit. Certes ce spectacle accroche et fait discuter après mais je l’oublierais, surtout la fin... pour sa symbolique facile, en guise de conclusion, mélodramatique ! mais surtout je ne l'ai pas comprise entendue car le visuel ne correspond pas à ce que l'on entend à la lecture de la lettre d'où ma confusion...Une amie qui connait bien la pièce a du tout me décrypter.
Et si c'est un vaudeville ? la langue le texte n'en est pas. Mais je ne peux que confirmer que c'est du théâtre intelligent;
Allez-y, vous me donnerez votre avis.



« Un vaudeville politique intelligent » Le Canard Enchainé
« Une pièce subtile » Valeurs actuelles
« Cette comédie romantico-politique oscille avec finesse entre rire, émotion et réflexion » Le Parisien
« D’une diabolique justesse » Paris Match
« Une réussite » L’Express
Le choix de l’Obs ***

dimanche 3 mars 2019

Ariane à Naxos au Capitole mis en scène par Michel Fau de Richard Strauss

Tout ce que j’ai pu glaner dans le virtuel même si cela n’a rien à voir avec assister pour de  vrai à une représentation. C’est là où le virtuel prend sa douceur consolatrice comme de regarder un album photos de ses amours naissantes.
Donc quelques vues et une critique très détaillée, technique : Opéra oblige, mais bon déjà comme ça, j’adore la caverne qui clignote et le char tout doré tiré par les félins....








La vidéo sur le site du Capitole oû Michel donne sa véritable pensée « intranquille » sur la vie  et son contraste avec la création artistique, la tragédie, la comédie, ...le faux le vrai... la folie la raison les gentils les méchants le beau le laid.....Ariane Phèdre... ah comme nous sommes « si loins et si proches.... »