dimanche 12 mai 2019

Hommage à Jean-Claude Brisseau

Controversé, mais pourtant dans ses films tout est dit de sa profonde humanité et de son amour des corps et de l’âme à chacun et à chacune et de la beauté au cinéma ne pas l’assimiler... revoir ses films car lui savait dénicher des acteurs à l’origine assistant de Rohmer 
Mes films préférés de Jean-Claude Brisseau/ 1988 De bruit et de fureur/ 1989 Noce Blanche/ 2000 Les savates du bon Dieu/ 2006 Les Anges exterminateurs/ 2013 La fille de nulle part 

Extrait de l’art du Monde 

« La banlieue, Brisseau la connaissait puisque celui qui se présentait comme « le fils d’une femme de ménage ayant vécu dans un rêve de cinéma », commença d’abord par enseigner le français en collège, près de Paris. Dans les années 1970, il rejoint l’Institut national de l’audiovisuel (INA), et passe de cinéaste amateur à professionnel avec un premier film d’abord prévu pour la télévision, La vie comme ça. Eric Rohmer repère un de ses films d’amateur et sa société, le Losange, décide de le produire.
Avec De bruit et de fureur« on a cru qu’il était un grand poète de la banlieue, c’était plus compliqué : son sujet c’était cette recherche de pureté dans la violence du monde », dit à l’AFP Philippe Rouyer, historien du cinéma, pour qui il laissera « une trace unique dans l’histoire du cinéma ».

« Un lyrisme extraordinaire »

Ses thèmes récurrents : la femme, la violence, la pureté, la quête d’absolu, la transmission du savoir. « Il osait un lyrisme extraordinaire, c’était inédit dans le cinéma », poursuit le critique. « C’était un autodidacte, d’une grande culture littéraire et cinématographique. Il a donné des cours à la Femis – l’École nationale supérieure des métiers de l’image et du son – pendant longtemps et il était adoré de ses élèves : il savait vous parler de Ford, d’Hitchcock, de Bresson, et c’était communicatif ».
En 2005, Jean-Claude Brisseau est condamné à un an de prison avec sursis pour le harcèlement sexuel de deux jeunes actrices qui espéraient décrocher un premier rôle dans son long-métrage, Choses secrètes (2002). Ses démêlés ne l’empêchent pas de tourner. En 2012, La fille de nulle part lui valut le Léopard d’Or du Festival du film de Locarno. Que le diable nous emporte est son dernier film, sorti début 2018, avec Fabienne Babe.
Mais « ça a pourri la fin de sa vie, la sortie de son dernier film, il a payé pour tout le monde, c’est devenu une sorte d’exemple », regrette Philippe Rouyer. Dans Paris Match, en 2018, l’intéressé déplorait ne plus pouvoir tourner avec des vedettes. « Enfin, j’espère que j’arriverai à tourner à nouveau », disait-il. »
Son dernier film : Que le diable nous emporte ! 
Note d'intention
Avec Que le diable nous emporteJean-Claude Brisseau aborde l'un de ses thèmes de prédilection, la sexualité. Le cinéaste déclare rechercher la beauté et sublimer les corps qu'il filme. Il souhaite également "aller un peu plus loin que dans mes films précédents. J’avais deux objectifs: d’abord renvoyer à la réalité et montrer les effets traumatisants de certains excès à travers le personnage interprété par Fabienne Babe, en utilisant le sexe comme élément dramatique. Ensuite je voulais exprimer davantage de compassion pour mes personnages féminins."
Génèse
Jean-Claude Brisseau s'est inspiré de plusieurs témoignages pour écrire Que le diable nous emporte, dont celui d'une jeune femme qui lui a confié envoyer des images intimes à ses petits amis par portable : "J’ignorais que ces pratiques existaient. Je me suis dit que cela devait modifier la vie des gens. Je pense que s’il y avait eu des ordinateurs du temps de ma jeunesse je serais moins allé au cinéma. Ces petites machines miniaturisées se sont immiscées dans notre vie privée et ouvrent de nombreuses perspectives."
Le titre
Jean-Claude Brisseau explique l'origine du titre, qui provient d'une citation de Pouchkine : "Nous ne savons pas où nous allons, alors laissons le diable nous emporter. C’est ce que raconte le film. Il met en scène des gens un peu paumés, qui n’ont plus de guide. Les guides sont en train de disparaître. (...) Avant nous lisions les journaux. Maintenant les gens se fient à des avis sur internet. C’est souvent n’importe quoi, ce qui personnellement me choque. Il n’y a plus de guides de l’opinion réellement sérieux."
La 3D
Le réalisateur souhaitait s'essayer à un travail de stylisation en utilisant la 3D et le mélange des images : "J’ai eu beaucoup de satisfaction en faisant pour la première fois l’expérience de la 3D dans un court métrage, Des jeunes femmes disparaissent, en 2014. J’y utilisais le relief pour créer de la peur, en dramatisant du vide. Avec la 3D la notion de cadre est modifiée, c’est comme si vous pénétriez dans la vie réelle, alors que le cadre du cinéma vous renvoie quand même à un spectacle. J’aurai aimé aller plus loin avec le relief."
En petit comité
Depuis A l'aventure en 2007, Jean-Claude Brisseau a la particularité de tourner ses films dans son domicile en équipe réduite. L'actrice Fabienne Babe témoigne : "J’étais préoccupée à l’idée de tourner chez lui car il venait de le faire avec La Fille de nulle part. J’avais peur qu’on reconnaisse un peu trop son appartement et je lui ai demandé de faire quelques aménagements, de changer les rideaux ! (rires). On sent qu’on est chez lui. (…) Il va à l’essentiel, il tourne vite, fait très peu de prises. Il n’est pas du genre à faire beaucoup de commentaires sur le plateau. Il est très concentré, avec son côté bourru et ses angoisses."

vidéo Ina Bouillon de Culture pour le film Céline : ...les mots sur les images...

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