mardi 10 septembre 2019

Au cinéma Roubaix, une lumière/ Sur Canal + Paul Sanchez est revenu et la Série sur Bette Davis et Joan Crawford Feud.../ Le Cercle est revenu et j'aime cette émission sur le cinéma

Que dire d'autre que pour moi c'est un des meilleurs films français que je n'ai jamais vu sur Roubaix et sur l'homme et quand même, malgré la misère "tout s'illumine". Ce film est un film qui nous fait regarder l'humain malgré tout... au delà de la catégorie sociale de la beauté et de l'inculture convenue au delà de l'amour convenu : le couple dans un genre qui ramasse tout sur son passage le policier : on ne voit plus que cela à la télévision, chez les libraires...Nous étions dans notre cinéma préféré à Convention, et comme le film est sorti depuis plusieurs semaines mais il tient, il était projeté dans une des petites salles du bas et il y avait à 16h45 que quelques couples de retraités... de vieux dont certains proches de l'âge de la victime, je les ai sentis comme choqués en colère de découvrir au travers de ce film que rien ne les protège plus de la mort. J'avais tellement envie de leur dire que ce n'était pas là le seul thème suggéré car il n'y a pas un soupçon de jugement malgré l'abomination du crime. Enfin quand aux acteurs, Léa Seydoux n'est pas que belle, et j'ai tout compris de ce qu'elle disait et de ce qu'elle ne disait pas.  Quant à Roschdy Zem (exceptionnel)
c'est exact qu'il tient d'un seul acteur français : Lino Ventura.

ABONNÉE critique de Louis Guichard
Un assassinat, un couple de marginales accusé, un commissaire rayonnant de sagesse… Et un remarquable changement de registre pour le cinéaste.
Voilà un meurtre que Marguerite Duras aurait pu qualifier mystérieusement, en toute inconséquence, de « sublime ». Une histoire où se mêlent l’amour et l’ignominie, la trahison et la folie. Une vieille dame esseulée a été cambriolée et assassinée dans son lit pendant les fêtes de fin d’année. Les suspectes sont deux voisines, encore jeunes, sans revenu, alcooliques et en couple. Le fait divers, authentique, restitué naguère dans un documentaire (lire ci-contre), a impressionné Arnaud Desplechin au point que le cinéaste a délaissé les intellectuels en crise, héros coutumiers de ses autofictions présumées. Changement de registre, donc.
Desplechin est pourtant chez lui : comme annoncé dans le titre, le lieu du crime (et de la totalité de l’action) se situe à Roubaix, où le réalisateur est né, a grandi et a déjà tourné Un conte de Noël (2008), Trois Souvenirs de ma jeunesse (2015) et une partie des Fantômes d’Ismaël (2017). Dans un prologue dense, aux ramifications multiples, il brosse le tableau émouvant d’une ville autrefois prospère, gardant « le sentiment blessé d’avoir compté et de n’être plus rien ». Les images de Roubaix, « classée aux trois quarts en zone urbaine sensible », installent dans un écrin de nuit et de cendre les grandes scènes de garde à vue et de confrontations qui seront le cœur du film.
Une figure inédite chez Desplechin veille sur cette ville : un commissaire viril, minéral, inflexible et bienveillant, qui sait d’emblée si un suspect est coupable ou innocent, et s’abstient cependant de le juger. Il y a quarante ans, Lino Ventura aurait peut-être joué ce rôle. Qu’il s’agisse aujourd’hui de Roschdy Zem (exceptionnel) est tout sauf anodin : le policier Daoud, fils d’immigrés maghrébins, s’est identifié à la France et à ses lois plus que tout autre, alors que sa famille est retournée en Afrique et que son neveu, emprisonné à Roubaix, le hait d’être devenu flic. Sa ferveur singulière fait aimer le personnage et accepter jusqu’à son paternalisme désuet.





Autour de ce sage à l’écoute, la parole s’impose comme la grande affaire. Si le jeune lieutenant tout juste arrivé (Antoine Reinartz), volubile, épris de philosophie et de théologie, s’égare dans son bouleversant monologue intérieur, les mots des suspectes provoquent une suite continuelle de déflagrations. Il y a ce qu’elles concèdent avant et après les premières preuves. Ce qu’elles disent séparément, puis confrontées l’une à l’autre. Ce qu’elles avouent avec une froideur glaçante ou dans les larmes. Ce qu’elles révèlent l’une sur l’autre et sur leur couple… Dans la lumière crue des interrogatoires où les vies basculent, ces deux marginales, qui croient à la persistance de la guillotine, auraient pu faire trébucher bien des actrices, avec un metteur en scène moins exigeant. Mais Léa Seydoux et Sara Forestier sont toutes deux intenses, dans l’opacité pour la première et dans l’abandon pour la seconde.
Par ce déferlement de mots, de versions successives d’une même et sordide réalité, le polar dépasse son ancrage réaliste pour atteindre une dimension métaphysique, une compassion universelle. Les suspectes apparaissent peu à peu comme deux somnambules, avec toutes les excuses sociales du monde, encore plus effarées par la vérité que leurs interrogateurs. Du fond de leur obscurité, elles deviennent nos sœurs, nos filles, nos doubles. Et derrière la tragédie, le film recèle une profusion d’histoires cachées, parallèles, qui éclairent celle-là ou y ramènent directement. On entrevoit la plus déchirante vers la fin : au moment de l’incarcération, de la séparation, la demande éperdue d’un dernier regard par l’amoureuse à sa compagne, de loin, raconte toute une vie et ressemble à une prière. Non exaucée.

Paul Sanchez est revenu avec Philippe Girard dans le rôle du commandant film pour moi aussi, exceptionnel sur comment fuir sa vie, la normalité de sa vie, entre autres... mais sinon c'est aussi un film très réaliste en plein soleil dans le Sud-Est et pas du tout en clairs obscurs. Lors de sa sortie je l'ai raté et je le regrette car j'aurais voulu le voir sur grand écran. Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé au retour de Martin Guerre. J'aime beaucoup au théâtre Philippe Girard et là il joue le rôle du commandant de police et j'y ai cru alors qu'au théâtre c'est pour moi l'un des plus grands lyriques capable avant tout de donner vie et mystère aux textes tragiques et là... il m'a fait rire tout le temps... par contraste il paraît si stupide, rire en demi-teinte...   Le rôle titre est tenu par Laurent Lafitte 
Sur Télérama critique de Louis Guichard
Bette Davis et Joan Crawford se livrèrent longtemps une guerre sans merci. Une série la raconte, pilonnant au passage Hollywood et sa misogynie. Le dimanche à 22h15 sur Canal+ Séries. 
La rivalité légendaire, et néanmoins fort mesquine, entre Bette Davis et Joan Crawford sur le tournage de Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? fait l'objet d'une série par le créateur de Nip/Tuck et de Glee. A priori, le doute était permis : les coulisses du drame grand-guignolesque de Robert Aldrich, réalisé en 1962, suffisent-elles à alimenter huit épisodes d'une heure ? La réponse est oui : Feud : Bette et Joan amuse, puis captive, a fortiori pour qui aurait oublié, ou ignore encore, les détails historiques, souvent inouïs, de la guerre Davis/Crawford. En résumé, c'est Joan Crawford, star déclinante, sans rôle, qui enclenche le film d'Aldrich, non sans mal, et convainc sa vieille meilleure ennemie, désœuvrée elle aussi, d'en partager l'affiche avec elle. Mais plusieurs mois après, c'est Bette Davis qui tire profit de l'opération, devenue, contre toute attente, un immense succès en salles : elle décroche, seule, la nomination à l'oscar dont les deux actrices rêvaient éperdument. Et pour finir, Crawford, machiavélique, se débrouille pour recevoir, au nom de la lauréate effective Anne Bancroft, retenue à Broadway, la statuette tant désirée (obtenue pour Miracle en Alabama)...
Au-delà du folklore, la série suscite des jeux de miroirs entre le cinéma et la télévision, comme entre le passé et le présent. Hollywood au début des années 1960, tel qu'il est montré dans Feud, empeste la misogynie. Malgré leur statut et leur carrière, Crawford et Davis s'entendent sans cesse, et sans aucun ménagement, rappeler leur âge — proche de la soixantaine. « Pour que quelque chose se passe, on doit le faire arriver nous-mêmes », dit Joan à Bette. Non seulement Baby Jane est tourné avec le budget d'une série B, mais son triomphe commercial ne suffit pas à relancer la carrière des deux divas, considérées par les studios comme hors d'usage : « Personne de moins de 35 ans ne connaît ces femmes », dit un producteur. Bette Davis passe ironiquement une petite annonce, restée célèbre, dans un hebdomadaire pour trouver de nouveaux rôles...
Feud invite à la mise en abyme entre ces monstres sacrés issus de l'âge d'or et leurs formidables interprètes : Susan Sarandon (Bette Davis) et Jessica Lange (Joan Crawford), toutes deux oscarisées dans les années 1990, souvent en mal de grands rôles depuis. Ce qui a indéniablement changé, aujourd'hui, c'est le pouvoir de ces actrices de lancer elles-mêmes des fictions dans lesquelles jouer : la série est coproduite par Sarandon et Lange, tout comme une autre série récente, encore plus ouvertement féministe, Big Little Lies, est coproduite par Nicole Kidman et Reese Witherspoon, retrouvant au passage des partitions dignes de leur talent. Or ces opportunités ne tiennent pas au cinéma mais à la télévision.
C'est l'autre sous-texte de Feud, qui ne cesse de revenir sur les relations complexes entre le grand et le petit écran. Le patron des studios Warner s'adresse ainsi à Robert Aldrich : « Vous venez d'encaisser trois bides : vous risquez de devoir retourner à la télé. » Plus tard, c'est Aldrich qui tente, sans y croire, de rassurer Bette Davis, surprise en train de jouer dans un téléfilm : « Il n'y a pas de honte, Bette... » Ryan Murphy, créateur de séries illustres, savoure implicitement, à travers ces dialogues ironiques, le renversement survenu depuis une bonne dizaine d'années. L'élite du cinéma américain se bouscule désormais pour travailler à la télévision, la série de qualité ayant ouvert un espace de créativité comme Hollywood n'en offre plus guère. D'ailleurs, les séries prestigieuses flirtent de plus en plus avec le grand écran : Feud a été projeté, partiellement, au récent festival Séries Mania. Quant aux deux nouveaux épisodes de la série Twin Peaks, tournés par David Lynch en personne, leur dévoilement sera l'un des événements du prochain festival de Cannes... 




mon avis sur
Bon je conclus effectivement que cette série est exceptionnelle, du jeu de grandes...et  peut-être comme d'autres je garde un souvenir horrifique du film à l'origine sur l'effarante solitude sur l'effroyable rapport indélébile sado-masochiste des deux femmes. Cette série pour moi est douloureuse... j'ai encore trois épisodes à regarder mais je la regarderais.




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