lundi 9 mars 2020

Lecture : Le roi des cons : Idi Nouhou et 80 étés : Jeanne Herry Théâtre : Derniers jours au Rond Point :

Le bois brut ne prend pas la poussière, ma mère m'avait conseillé de mettre de la toile plastifiée dans mes placards sur les planches et alors pourquoi, n'en y avait-il pas dans son buffet de la salle à manger? J'ai tout retiré chez moi après quelques années... plus de 40 ans et 4 ans après la mort de mon père... Les plastiques empêchent surtout la poussière de se retirer...

On demandait à Tolstoi vous lisez des livres ? Il répondit : non, j'en écris !

Je lis comme je me promène sans aucune obligation comme les recommandations d'un nombre de 10000 pas par jour... qui aurait pu prévoir qu'on en serait arrivé à devenir le comptable de son puits intérieur de son coeur qui bat????....
Je comprends tellement cette phrase attribuée à Tolstoï qui selon Tchekhov notait sur un carnet toute la journée ses pensées : images, réflexions voir La Mouette : personnage de Trigorine...

Le roi des cons : Idi Nouhou éditions CONTINENTS NOIRS nrf Gallimard, fait partie pour moi des livres qui ôtent l'envie d'écrire parce que tout y est...

par exemple :

sur la transparence, passer inaperçu...
p 14
Rakki… Comment la décrire ? Élancée et affichant une fausse maigreur qui occultait d’appréciables rondeurs… Un genre de beauté qui vous révèle votre soif d’amour, ou vous la crée… Une beauté qu’un sourire facile rendait plus irrésistible encore… Un teint inclassable parmi les teints, et que vous jureriez clair au prime abord, rehaussé par les couleurs toujours vives de l’habillement… des couleurs toujours les mêmes, à quelques nuances près : rouge et noir… Un corps, animé par une gracieuse aisance dans les moindres gestes, et éclatant de charme…
Et je l’intéressais, moi, le petit canard boiteux de la séduction masculine ? Moi un homme commun ? Presque invisible au milieu d’un groupe de deux personnes… Ne brillant ni par le teint, ni par la taille… Encore moins par le charme… Je n’étais pas laid ; non ! Une laideur trop criarde est voyante. Trop voyante même. On pouvait en parler après avoir croisé une telle « chose ». Et il y a des laideurs qui sont sublimes à force de relever de l’horreur. Dans un tel cas, on finit souvent par attirer l’attention d’une femme fatale, belle à la diablesse, crainte par les autres hommes, et qui se serait contentée d’une telle horreur. Mais être commun sur toutes les coutures ? Passer inaperçu à force d’être terne et quelconque ? C’est encore plus insupportable… Pire que d’être mort… Un mort ne vit pas. Il est mort. Mais un vivant qui ne vit pas aux yeux des autres, qui est comme transparent, qui est transparent, c’est une première mort pendant la vie…
Et j’intéressais Rakki, moi… ?

Un livre qui nous donne à ressentir plus jeune que soi.... 
 80 étés Jeanne Herry éditions Folio
P31.....38
Je suis brune. J’ai même les cheveux très noirs. Plutôt grande et bien bâtie. Ce n’est pas une belle expression, mais c’est vrai. Je suis solide. Je ne suis pas fine. Il m’arrive de le regretter. Quand j’étais enfant, on m’aurait demandé de choisir entre « fine » et « bien bâtie », j’aurais coché la première case. Pour être plus jolie. Mais je suis contente quand même, il faut plus d’un coup de vent pour me faire tomber. Et personne ne m’a demandé de cocher la moindre case. J’ai le corps de ma vie.
Il y a quelques temps, j’ai retrouvé mon carnet de santé dans un tiroir. En feuilletant les premières pages, je me suis arrêtée sur un graphique où le pédiatre reportait  chaque année ma taille et mon poids. La ligne horizontale désignait les centimètres, la verticale les kilos. Au stylo bleu il plaçait des points et les reliait pour former la courbe : la courbe de mon poids.
De 0 à 10 ans tout va bien. La courbe est régulière, harmonieuse. On voit qu’une enfant a grandi, Et qu’elle a pris tous les ans, en passant, les grammes et les centimètres qu’il fallait. En s’allongeant, elle s’est alourdie. On imagine qu’elle a dû rassurer beaucoup sa famille : Jeanne ne serait ni trop petite ni trop grande, et charpentée mais pas trop. « Jeanne n’aura pas ces soucis-là », pensait le pédiatre ; il serrait la main de maman, il serait celle de papa en opinant du chef, en clignant fermement des yeux. Et ce clignement signifiait pas de problème.
.....
Théâtre 

Les derniers jours à voir absolument pour désengorger les abcès de l’hypocrisie ambiante pour apprendre à mourir pour accéder au sublime malgré tout...
Ma critique sur Billet Reduc 

A quels moments on a le plus besoin d’amour quand l’extrême maladie fait rendre l’âme ? Oui mais au théâtre comment le dire comment faire part des derniers jours ? En sublimant en époussetant toutes les surfaces en ayant des comédiens aguerris comme chez eux dans l’apesanteur. Notamment celui au corps jeune et frêle fascinant de blancheur, à l’homme vieillissant à la crinière blanche qui époussette tout pour y mettre de la légèreté, un peu des cieux sur le noir plateau mais qui par le théâtre fait tout exister. Comment faire pour accompagner, pour apprendre à mourir, personne ne vous le dit, ce théâtre là, il purifie le sujet. Il va falloir reparler d’euthanasie, on n’est donc pire que des chiens...Tous nos chers fantômes resurgissent, mais on chante on danse aussi. Une jeune femme à la cithare comme Orphée chante si bien et Pénélope elle fait le récit du concret de tout ce qui nous rend si faible à la fin de corps et d’esprit. Elle nous tient la main sur son cœur. Jamais je n’ai vu cela encore au théâtre ?! -mais si, dans les tragédies grecques ! -Oui mais là c’est dans une autre langue ! -oui mais ça a la même dimension, grâce à la beauté de la mise en scène, légère comme  »les ailes du désir«  Si on pleure ? Oui car la beauté surtout en ce moment, ça re-afflue... Et merci d’être si fidèle aux comédiens par delà la mort. Merci d’avoir réanimé mes chers fantômes !


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