mercredi 30 mars 2022

Seule la terre est éternelle : doc Jim Harrisson

Les livres c’est un peu comme dans les Deschiens sur le sujet, « des livres des livres, il a que ça des livres, partout, tu sais combien ça coûte ». Moi c’était ma mère qui n’aimait pas me voir lire,  j’en ai beaucoup lu du programme à l’école et ceux de Jim Harrison hors programme bien plus tard m’ont donné envie de partir et de me perdre en autrui pour renaître…. Si tu n’aimes pas la poésie lis Jim Harrison ses poèmes tu verras ils s’imbriquent en toi non pas en ta mémoire mais en ton inconscient qui croit aux autres possibles et qui accorde aux paysages plus d’effet buvard qu’on ne leur accorde qu’au premier regard… là, dans le Montana on apprend qu’il est mort en écrivant un poème…. C’est donc comme cela au milieu des serpents tueurs de sa chienne avec un bidon de répulsif à serpents et son fusil qu’il les a décimés pour venger sa chienne une de ses chiens. Sa canne représente une tête de serpent pourtant, sûrement un cadeau, il a glané tant d’objets offerts par des indiens…. Il est épicurien, il a besoin de réconfort et de baisers tendres car c’est par ce seul radeau que les oubliés remontent à la surface…
Ce film je l’ai vu seule aux 7 parnassiens il n’y a que des vieux dans cette grande salle du rez de chaussée (pour pas qu’ils n’aient d’interminables escaliers à monter ou à descendre ou comme ceux intestinaux étroits et à paliers des autres salles.







Article du Monde abonné (e)Jim Harrison dans « Seule la terre est éternelle »,  de François Busnel et Adrien Soland. NOUR FILMS

L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Le visage nous est instantanément familier. Un vieillard que l’on souhaiterait avoir pour grand-père. Attendrissant et amusant, selon le détail auquel on prête attention : les rides creusées comme des sillons, l’œil malicieux, les cheveux rares et hirsutes ou la moustache jaunie par la nicotine. Et puis cette allure dont on devine qu’elle fut puissante, devenue plus fragile, chancelante. Les mains qui tremblent, le gros ventre débordant du tee-shirt. Jim Harrison, géant de la littérature contemporaine américaine, nous apparaît abîmé, et néanmoins joyeux.

Poète philosophe un peu clochard, vieil épicurien goguenard usé par les excès et les accidents de la vie, dont le souffle rauque de la voix s’est éteint en mars 2015. Soit six mois après la première partie du tournage de Seule la terre est éternelle, et deux semaines avant sa mort. 

Pour autant, c’est un film parfaitement achevé, intense et apaisé que le journaliste et producteur François Busnel (qui présente sur France 5 le magazine littéraire « La Grande Librairie ») et le réalisateur Adrien Soland ont rapporté de leur séjour passé avec l’écrivain. Trois semaines de discussions, de repas, de parties de pêche sur Yellowstone River, de trajets à travers les paysages majestueux de l’Amérique durant lesquels, jour et nuit, Jim Harrison n’a cessé de parler.

A l’aise et en confiance, chez lui, dans sa maison du Montana, en compagnie d’un journaliste et d’un réalisateur qu’il avait déjà rencontrés – notamment en 2011, pour un numéro de « Carnets de route » (France 5). L’écrivain n’a pas rechigné. Il a laissé la caméra le suivre tel qu’il était, au lever comme au coucher du soleil, longuement immobile face aux grands espaces, patient sur sa barque à attendre que ça morde, rigolard dès lors qu’il s’agit de piéger les serpents. Silencieux parfois devant la beauté du monde.

Indissociables

Car l’auteur de Wolf. Mémoires fictifs, deLégendes d’automne, de Nord-Michigan, de Dalva garde intact son émerveillement face à la nature. Il ne s’est jamais lassé des rivières, des champs, des chaînes montagneuses, des étendues désertes – ces endroits isolés où il a choisi de vivre. Et cette Amérique sauvage que décrit chacun de ses romans, Jim Harrison la raconte comme personne. « Le paysage peut emporter tous les chagrins », dit-il au début du film. Et Dieu sait s’il en eut des chagrins, en connut des drames. La perte de son œil gauche, alors qu’il était tout gamin, à cause d’un méchant coup de bâton assené par une fillette. La disparition, alors qu’il n’avait que 20 ans, de son père et de sa sœur dans un accident de voiture. La chute d’une falaise qui lui bloqua le dos. La dépression et les excès.

Revenu de tout, Jim Harrison est resté debout, soutenu par deux béquilles : l’écriture et la nature

Revenu de tout, Jim Harrison est resté debout, soutenu par deux béquilles : l’écriture et la nature. Ses mots le disent, l’expriment avec une rare clarté. Le film le montre, jusqu’à nous le faire ressentir, qui, en alternant plans rapprochés et plans très larges en « scope », parvient à rendre indissociables l’homme et les paysages. Au volant de sa voiture qui nous mène du Montana en Arizona, où il possède un ranch, l’écrivain déroule sa vie comme il l’entend, s’agace d’avoir parfois été comparé à Hemingway (« je n’ai rien en commun avec ses inepties viriles, et puis il était tout le temps bourré »), s’attarde sur la cupidité, la haine et la soif de pouvoir qui ont conduit l’Amérique aux pires atrocités : le massacre des Indiens, les guerres du Vietnam, d’Irak et d’Afghanistan.

En cette fin d’été 2015, Jim Harrison se tient en paix dans le monde sauvage et ne craint plus rien. Pas même la mort, dont il se fiche :

« Ça arrive à tout le monde. Et puis il existe 90 milliards de galaxies, donc tout est possible. Ça ne me tracasse pas. »

Il y a bien longtemps que l’accompagne cette phrase qu’il a citée dans ses mémoire.

En marge

« Seule la terre est éternelle. » 

Elle vient des Sioux et donne son titre au film de François Busnel et Adrien Soland. Un film sans voix off ni archives, sans autre présence à l’image que celles de l’écrivain, de quelques amis de passage et de ces vastes horizons auxquels Jim Harrison offre, ici, son dernier souffle. Comme un ultime hommage à ce qu’il a tant aimé.

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