Festival d’Avignon : un mélange de genre
À longueur de festival, dans les rues d’Avignon, on entend : “C’est dans le IN ? ah non dans le OFF !”, “ Tu te rends compte, il jouait dans le IN et le voilà dans le OFF”, c’est quoi exactement la différence entre IN et OFF ?
Le Festival d’Avignon, cette grande fête du théâtre qui a lieu en juillet dans la ville célèbre pour son pont et son Palais des Papes, on connait, d’accord. Le plus grand festival de théâtre au monde, d’accord. Mais à longueur de festival, dans les rues d’Avignon, on entend : « C’est dans le IN ? ah non dans le OFF ! » ; « Tu te rends compte, il jouait dans le IN et le voilà dans le OFF ».
C’est quoi exactement la différence entre IN et OFF ?
Le IN et le OFF dans le spectacle
Le IN, c’est avant tout l’histoire d’une idée, d’une volonté de renouveler la création artistique, loin de celle qui se pratiquait à Paris, d’un désir de partir à la rencontre d’un public jeune et nouveau.
Le OFF, c’est l’histoire d’un combat, celui des plus petits, des moins célèbres, des non-invités, des moins subventionnés. C’est une opportunité saisie par les artistes pour se faire voir, entendre et partager leur art. Un moyen pour les Compagnies de participer à ce qui est devenue la grande fête estivale du théâtre.
Le IN et le OFF sont historiquement liés, le IN et le OFF sont fondamentalement indissociables.
La beauté du festival c’est que les spectateurs du IN, attirés par les grands noms du théâtre – les Jean Vilar, Wajdi Mouawad, Olivier Py, Stanislas Nordey, Thomas Ostermeier, et bien d’autres – ces metteurs en scène, ces auteurs qui font régulièrement le plein, qui n’ont besoin d’aucun média, d’aucune pub pour attirer les foules, se laissent tenter par les spectacles du OFF, par les artistes dont on ne parle jamais, qui ne sont ni connus, ni récompensés, qui doivent tracter, afficher, parader pour séduire la presse, conquérir les programmateurs et remplir leur salle.
La beauté du festival, c’est la porosité entre ces deux mondes. Mais si cela avait un sens dans les années 1950, 1960, 1970, 1980, 1990. Aujourd’hui, la donne a changé, beaucoup changé.
Aujourd’hui IN remplit toujours, il est toujours très prisé mais de moins en moins du grand public, mais des connaisseurs, souvent taxés d’intello, de théâtreux.
Et, aujourd’hui les spectateurs du IN ne vont plus dans le OFF. On le voit dans les queues avant les spectacles lorsqu’ils sont tractés par les petites compagnies : « Non merci je ne vais que dans le IN, moi. »
Et je peux les comprendre. Oui, moi qui ne vais pourtant quasiment que dans le OFF j’avoue que je les comprends. En effet, les spectacles du OFF en 2022 (et c’est le cas depuis plusieurs années) sont composés à 60 % de stand-up, de café-théâtre, de comédies, des spectacles de clowns, de spectacles légers, tout l’inverse des spectacles du IN.
Il est compréhensible que ceux qui vont voir 3 heures du Moine Noir n’aillent pas voir Elle ne suce pas que de la glace, que ceux qui assistent à 10 heures de Ma jeunesse exaltéen’aillent pas voir Mon cul sur la commode.
Aujourd’hui, les spectateurs du IN ne sont plus ceux du OFF. Quand j’étais plus jeune – j’avais 7 ans lors de mon premier Avignon – je pensais que le IN était rempli non pas par des vrais spectateurs mais uniquement par les comédiens, les metteurs en scène, les régisseurs, les troupes qui jouaient dans le OFF tant le décalage est grand entre ce qu’on offre au public dans le OFF et le IN.
Je m’interroge sur ce lien historique entre le OFF et le IN, sur cette porosité synonyme de découverte, d’ouverture, de rencontre ? Tout cela existe-il encore ?
Au-delà de ce déséquilibre flagrant, qui se creuse chaque année un peu plus, qu’en est-il des 40 % restant de théâtre contemporain plus dramatique ?
Que deviennent les spectateurs de cet Avignon-là ? Les irréductibles amoureux du théâtre.
Perdus souvent devant les multitudes de « guguserie », ne pouvant trop se risquer à l’aveugle comme cela se faisait à l’époque, le prix du billet en constante augmentation rendant cela impossible, ils se fient à la presse.
Et de qui parle la presse ? De ces spectacles inconnus mais à ne pas manquer ? De ces découvertes rendues possible par le festival ? De ses trouvailles, de ses coups de cœur, elle qui peut prendre des risques et aller voir, grâce à cette formidable vitrine qu’est le OFF, ce qu’elle ne connait pas ?
Non. La presse parlent des spectacles qui marchent déjà, qui tournent dans toute la France depuis plusieurs années, des spectacles qui se jouent encore et encore dans les théâtres parisiens, les spectacles des fils ou des filles de, des pièces nommées, récompensées aux Molières.
Alors, que deviennent les spectacles qui ne sont pas encore reconnus, qui n’ont ni Molière ni article dans Télérama ? Cachés, écrasés, noyés parmi les autres ?
La rupture entre le IN et le OFF est consommée depuis bien longtemps. La rupture entre le théâtre avec un grand T et les salles de spectacle est radicale.
Aujourd’hui, au lieu d’être un lieu de rencontres, de mélanges et de mixité artistique, le festival encourage le communautarisme des goûts.
Quelques rares exceptions
J’ai rencontré des spectateurs qui profitent encore du festival pour découvrir des pépites, certains avaient vibré avec Du silence à l’explosion, pleurés avec Après le Chaos, milités avec Paying for it, fiers et heureux d’avoir su trouver des spectacles aboutis et exigeants parmi les trop drôles, trop politiquement corrects, trop dans l’air du temps pour essayer de remplir les salles.
Bien sûr, il reste quelques rares exceptions, dernières passerelles entre ces deux mondes, entre ses deux univers pourtant frères de lait. Et ce sont les médias qui devraient permettre cette passerelle.
Je rêve d’un festival où le mur entre ces deux mondes serait plus poreux, plus fluide. Je rêve d’un monde où l’on irait chercher les pépites cachées au fond du programme et dont personne n’a encore parlé. Je rêve d’un festival où les gens pourraient encore se permettre de risquer d’aller voir une pièce au pif parce que les tarifs le lui permettent, je rêve d’un festival où les acteurs du IN iraient voir du OFF et conseilleraient des pièces au public, je rêve d’un festival où les pièces avec plusieurs Molière laisseraient la place à d’autres, je rêve d’un festival où les théâtres ne serait pas là pour faire de l’argent sur le dos des compagnies, à coup de 6000, 10 000 euros, 15 000 euros de location pour le mois.
Des théâtres comme le Théâtre des Barriques ou la Chapelle du Verbe Incarnée qui profitent de leur statut pour faire de la co-prod avec les compagnies, pour accueillir des spectacles qu’ils aiment et qu’ils veulent défendre. Mais ils sont rares, trop rares.
Les nouvelles salles pullulent et se spécialisent quasiment toutes dans du comique, de l’humour, du stand up, du café-théâtre, du facile.
Alors que faire ? Que va devenir le festival d’Avignon ?
Un festival à plusieurs vitesses ? Le comique d’un côté, le IN de l’autre, les pièces validées par la presse parisienne et les autres. Les restes.
Ne voulons-nous pas autre chose ? Ne sommes-nous pas là pour faire honneur à Jean Vilar et rendre le théâtre accessible, universel, populaire ?
J’ai récemment entendu l’expression qu’à Avignon on faisait du nivellement par l’humour. C’est si vrai.
Y a-t-il encore la place pour un théâtre plus exigeant, plus percutant, plus engagé, plus ambitieux ?
Je l’espère, je l’espère de tout cœur. Et je sais que je ne suis pas la seule. Je croise des compagnies, des artistes qui partagent ce point de vue.
Et si vous aussi vous l’espérez je vous encourage à éplucher le programme du OFF et à aller chercher les spectacles aux thèmes compliqués, aux thèmes peut-être lourds, excentriques, farfelus, les spectacles qui font réfléchir, qui sortent des sentiers battus, d’auteurs que vous ne connaissez pas. Parce que c’est à cela que sert à l’art : interroger, émouvoir, remettre en question, secouer, interpeller.
Si vous aussi vous l’espérez je vous encourage à aller voir ces pièces dont vous n’avez sans doute pas entendu parler mais qui font partie des derniers exemples du festival que souhaitaient Vilar, Benedetto ou Gérard Philipe.
Nathalie FEYT en revenant d’Avignon le 19 juillet
2022 c’est une première fois ou j’ai eu le regret de ne pas avoir vu une seule manifestation exposition représentation du IN car j’ai éprouvé sous la direction aussi d’Olivier Py (que j’ai reconnu applaudi bien avant sa nomination à la direction d’Avignon par exemple dans la Servante ou l’Apocalypse Joyeuse) de belles émotions rencontres dont celles aussi de Pierre Guillois et toujours avant sa nomination à Avignon Jean-Francois Sivadier Kristian Lupa Roméo Castellucci Jan Fabre….
A propos de sa lettre publiée pour son successeur Tiago Rodrigues je dirais qu’il n’y a pas plus de cœur pur que de cœur battant que pour briller séduire profiter et rester inscrit pour la postérité……
Mais cette lettre donne une note profonde de lyrisme qui caractérise le ton du théâtre poétique d’Olivier Py celle du rêve de sa « jeunesse exaltée » et ressassée…
Oui comme pour beaucoup d’entre nous mais était ce la peine de l’écrire….et de la faire jouer durant 9h.
Festival d’Avignon : la bouleversante lettre d’adieu d’Olivier Py
5 minutes à lire
Publié le 24/07/22 mis à jour le 25/07/22
Olivier Py lors de l’ouverture du Festival d’Avignon, en 2021.
Olivier Py lors de l’ouverture du Festival d’Avignon, en 2021.
Nicolas Tucat / AFP
Après neuf ans à la tête du Festival d’Avignon, Olivier Py s’apprête à céder sa place au metteur en scène Tiago Rodrigues. Ce dimanche 24 juillet, en guise de passage de relais, il a lu devant son successeur une lettre bouleversante, que nous publions en exclusivité.
La scène s’est déroulée ce dimanche 24 juillet, lors de la conférence de presse de clôture de la 76e édition du Festival d’Avignon (qui se referme officiellement le 26 juillet) : l’actuel directeur de la manifestation, Olivier Py, en poste depuis 2013, a tiré sa révérence, comme prévu, devant Tiago Rodrigues – dramaturge, metteur en scène et comédien portugais. Et il l’a fait en lisant une lettre aussi belle que forte. Une lettre en forme de bilan, parfois douloureux, toujours passionné, empreint d’une indéfectible foi dans le théâtre, la création, mais aussi et surtout dans cet événement unique qu’est le Festival d’Avignon. En exclusivité, Olivier Py a bien voulu nous la confier.
« Mon très cher Tiago,
Le festival n’était pas un moment de ma vie, c’était ma vie.
Être libéré de sa vie est une véritable grâce, et je n’en aurais pas été libéré tout à fait sans la confiance que je mets en toi.
Je suis nu comme un nouveau-né, et c’est une véritable béatitude. De cette nudité, puisque je ne suis revêtu à ce jour d’aucun projet d’avenir institutionnel, je voulais t’adresser ce viatique. Il est modeste, mais la nudité n’a pas de poches.
Tu vas vivre des heures difficiles, et je serai l’un des rares à le savoir, tandis qu’une foule de jaloux et de fâcheux qui te croient dans l’Olympe s’autoriseront à dire tout et n’importe quoi et à faire de leur ressentiment un argument. Tu seras bien seul.
J’ai confiance car tu auras, au festival, une équipe qui te soutiendra, comme cela a été mon cas, des compagnons merveilleux, comme j’en ai eu. Cela, malgré tout, ne pourra empêcher des moments de solitude effrayants. Car au festival, tout le monde est dans sa tranchée et s’efforce de tenir son poste sous les bombes.
J’aimerais te donner des conseils, mais la situation où je suis, la page blanche où je vole n’est pas propice aux conseils.
J’en sais de moins en moins, sur l’état du monde, de la culture, de l’avenir, du théâtre, de la jeunesse, du festival et de moi-même. Je n’ai plus aucune certitude, je deviens un peu agnostique. Je ne sais pas, j’essaie d’écouter.
Donner des conseils comme faire des critiques, je trouve cela trop avilissant. Ce n’est donc pas un conseil professionnel que je pourrais te donner mais un secret d’amitié. Le voici….
Olivier Py : “Le Festival d’Avignon aura été la grande passion de ma vie”
Garde la pureté de ton cœur. Le cœur est le lieu du désir et les désirs ne sont pas toujours purs. Garde alors la pure impureté de ton désir. Garde la pureté dans ton cœur car tu seras sommé, par des gens qui en savent toujours plus que nous, de l’abdiquer. On te demandera de programmer ceci et cela au nom de ceci et de cela. On te conseillera tout, on t’intimera l’ordre de faire cela et ceci et tout et son contraire, au nom de toutes sortes de choses, de toutes sortes de bonnes raisons politiques, esthétiques ou éthiques, mais surtout au nom de choses qui n’ont qu’indirectement à voir avec le théâtre. N’écoute pas la raison raisonnable et la prudence professionnelle. N’espère pas dans les stratégies politiques, ne mise rien sur de l’intérêt ou la ruse. Écoute ton cœur pur.
Garde dans le plus pur de ton cœur qu’il y a des choses qu’il faut faire parce qu’il faut les faire même quand il ne faut pas les faire. Et c’est tout.
Garde la pureté de ton cœur quand le festival sera attaqué par des gens qui n’ont pas lu le programme et ne sont jamais venus.
Garde la pureté de ton cœur quand les sempiternelles bêtises sur l’art élitiste, l’entre-soi, l’intellectualisme ou l’institution te seront crachées au visage. La plupart du temps ; ils ne savent pas ce qu’ils disent et ils ne savent pas ce qu’ils font.
Garde la pureté de ton cœur et, au contraire de moi, souvent, garde ton calme.
Garde l’amour pur du théâtre, de l’art, de la pensée, de l’absolu littéraire, comme une pureté plus pure que l’impureté des obligations mondaines. Les jeux de pouvoir sont publiés et reste le souvenir de la pureté de l’acte artistique.
Garde pur en toi celui qui aime le festival même quand tout va mal au festival, c’est-à-dire un jour sur deux en juillet.
Garde la pureté de l’émerveillement devant notre Cour d’honneur sous les étoiles, devant l’espoir métaphysique des jeunesses, devant la passion de ce public unique au monde.
Garde la pureté de ton cœur, elle est le centre de tout. Elle est le véritable message. Et si tu penses que rien n’est plus beau au monde que cette folie de juillet dans la ville des papes, alors rien ne pourra t’atteindre…
Dis-toi que tu ne peux pas tout faire même en travaillant vingt-cinq heures par jour. Mais si tu perds la pureté de ton cœur tu auras perdu le festival, et toi avec.
C’est ce combat spirituel que personne ne verra, que personne ne saura, et qui sera parfois le plus terrible. Ne laisse entrer dans ce cœur pur et purifié par le travail ni remords, ni envie, ni ressentiment, ni colère. Le festival est plus beau que tout, et ton espoir d’un plus beau festival encore est le plus grand mystère de ton cœur et tu ne le partageras avec personne.
Ce n’est pas très difficile. Il suffit de ne pas oublier celui qui est venu ici pour la première fois et qui y a découvert un monde meilleur. Moi, j’y ai rencontré, l’année de mes 20 ans, l’art, l’engagement, le théâtre et mon destin.
« Les journées du directeur sont faites de dix compliments pour une bassesse. On retient plus facilement les bassesses par vanité, on oublie trop facilement les compliments. »
Garde la pureté dans ton cœur aussi sous les splendeurs papales, les obligations protocolaires, les cirages de pompes et les courtisaneries et les honneurs. Traite les grands comme des petits et les petits comme des grands. Quand tu seras humilié par les marquis,
il y aura toujours une femme de ménage pour te dire qu’il faut te reposer et prendre soin de toi. Une femme de ménage, ou un détenu, ou un adolescent, ou une spectatrice pressée.
Les journées du directeur sont faites de dix compliments pour une bassesse. On retient plus facilement les bassesses par vanité, on oublie trop facilement les compliments.
Des bénédictions faites par des anonymes qui ne vous demandent rien et vous disent merci du fond de leur cœur pur.
Dis-toi que leurs cœurs purs de festivaliers émerveillés et le tien ne sont qu’un. Tout est là et le reste n’existe pas et passera avec le mois d’août.
Qu’est-ce qu’il y a de plus beau sur cette terre que notre festival ?
Et pourtant, que de critiques ? N’y a-t-il pas des choses plus critiquables en ce monde que notre festival ?
On lui demande tout, de sauver la planète, d’arrêter la guerre, de reconstruire le contrat social ; et comme il ne le peut pas absolument, on dit qu’il ment, qu’il se paie de mots. Mais combien de justes causes trouvent ici sa parole ? Et la cause des causes qui est celle de l’émergence du sens ? Et tant qu’on lui demande tout, c’est la preuve qu’il ne sert pas à rien. Et c’est vrai. Nous ne pouvons pas tout mais nous ne pouvons pas rien, et cela suffit à séparer la nuit du jour.
Notre festival est fragile, financièrement, médiatiquement, politiquement. On le croit puissant, établi, institutionnel, léonin. Le public n’a pas à connaître nos problèmes, lui qui vient ici pour trouver un sens à une vie souvent plus difficile que la nôtre.
À tous les cynismes, à tous les découragements, il te faudra opposer la pureté de ton cœur ; l’amour d’Avignon, du public et de l’art. Et c’est comme cela que tu désarmeras les malveillances, et surtout que tu inventeras l’impossible. Et je t’en sais capable.
Ce qui se passe ici pendant le mois de juillet n’a lieu nulle part ailleurs dans le monde. Ce n’est ni consensuel, ni préécrit, ni inoffensif. C’est un miracle et une utopie, c’est la fête de l’Espérance. Ici, demain, certains adolescents vont fabriquer les outils de leur dignité, et c’est eux qui doivent nous juger.
L’année prochaine, je vais vivre enfin un festival de pure jouissance, de pure béatitude, sachant que tu veilles sur nous. Oui, sur nous, il y a un nous.
Merci à ceux qui partagent ce rêve, et longue vie au Festival d’Avignon ! »
Olivier Py,
Je partage bien sûr car j’en veux à Olivier Py comme à moi-même de ne pas m’avoir fait croire aux anges clowns comme Wenders et ou de se les réserver en les intimant aux seconds rôles dans la servante : Michel Fau Elizabeth Mazev et Antoine Fayard.
Mon commentaire est le suivant après avoir lu la si belle lettre laissée par elle à Olivier Py
Oh comme je te comprends Elizabeth Masev actrice autrice au sourire si large , cette manie « de vouloir tout sentir » à travers toi ne date pas d’hier. Je t’ai écris aussi pour te témoigner mon admiration. Mais toi par toi tu m’as répondu toujours accueilli et du coup on se connaissait mieux. Je me souviens bien sûr de Bruno Sermonne que je prenais pour « un visiteur du Soir » et de Flipotte… Comme dit Céline Milliat-B tu as été à partir de la Servante avec Michel et d’autres je pense à l’angeclown Toto qui m’invitait à la cantine (et Michel et Stéphane qui me cherchaient des hébergements) vous avez été des phares, des étoiles qui ouvraient la portée poétique du théâtre à tous. Quant à Olivier certes je voulais en être de sa troupe, de cette troupe, je lui avais écrit 4 pages et vous étiez venus voir la Vierge Folle que j’étais dans Il est trop tard de Stéphane Auvray-Nauroy , et donc j’y croyais à la suite de mes rencontres mais « le poète acteur dramaturge »m’avait répondu que je pouvais être bénévole.habilleuse. A l’époque j’avais tout plaqué pour changer, être comédienne à part entière, je dormais ici ou là pendant Avignon j’avais peur de n’être que bénévole….
Maintenant je choisis de l’être, bénévole, et de payer mes places au théâtre, bénévole pour assister aux premières et avec qui je veux cad des amateurs, et des hommes de théâtre élégants car les pros comme lui m’ont déçue tellement dans mon innocence de non professionnelle….
j’avais joué avec plusieurs metteurs en scène tout en travaillant à côté, tragédie, comédie, créations… j’ai rencontré d’autres gens à partir de mes rôles et puis tout s’est figé….,
J’aurais compris qu’il me dise je n’ai pas de rôle pour toi pour ce projet, mais pas de me proposer d’être bénévole habilleuse…..
C’était un projet fou et moi n’étais je pas folle et drôle et triste mélancolique sur scène….mais avant tout Vierge Folle.
Avec Gregory GUILLOTIN pour une vidéo prank du pire stagiaire 2019. Un élève qui m’a beaucoup appris….. à rajouter dans mon CV….
Lettre ouverte à Monsieur le directeur du festival d’Avignon In
Monsieur le directeur
De même que vos propos d’homme public finissent toujours, que je le veuille ou non, par me parvenir, j’espère bien que vous lirez tôt ou tard cette lettre.
En cueillant des cassis une bouffée de colère m est montée ce matin. comme Claudel lâchant son sécateur et disant: « je viens de penser aux surréalistes », je viens de penser, sans vouloir me comparer au grand Paul, que vous étiez un sacré ingrat, ce qui justifiera ces lignes.
J en ai plus qu’assez de lire ou d’entendre ici ou là que votre « jeunesse exaltée » est portée par une troupe exceptionnelle « comme (vous)n en avez jamais eue. »
Permettez moi en mon nom propre et en l’honneur de mes vingt quatre camarades, de Flipotte le chien et des bénévoles qui les accompagnaient, qui ne m’ont rien demandé et dont certains ne sont plus de ce monde, de m insurger!
Si si, vous avez eu, si ce n’est une meilleure, je ne suis là ni pour une compétition ni pour un jugement, au moins une aussi belle troupe pour jouer « la Servante » au siècle dernier, et d’autres encore des éléments marquants de votre œuvre.
Et cette troupe vous a porté vous et votre œuvre, haut et fort.
Vous souvenez vous de ce pauvre conseiller culturel d’alors pris amicalement en otage dans les loges des Amandiers de Nanterre, auquel nous avions gentiment mais fermement demandé pour vous et votre troupe donc, un lieu où exercer votre art? Lieu que vous avez obtenu. Et les lieux et les postes qui s’en suivent.
Vous souvenez vous des 24 heures exaltantes oui mais aussi harassantes épuisantes où certains d entre nous ont laissé quelques plumes? Et de la reprise à la manufacture des Oeillets, payée une poignée de figues, et avec le sourire encore, et les corvées de chiotte à tour de rôle (auxquelles les plus malins ou les plus clairvoyants ont échappé) et l’accueil du public et le standard des réservation (oui les fous rires et les batailles de serpillère bien sûr, mais aussi le travail bénévole et disons-le, une forme d’exploitation de la masse salariale et pas toujours payée d un sourire et jamais d un merci)
Et je ne parle pas du talent de la ferveur de l’enthousiasme au kilomètre carré, ce serait faire offense à mes camarades et à moi- même.
Alors que votre nouvelle troupe, plus jeune que nous ne le sommes tous maintenant, certes, mais à peine plus que nous ne l’étions à l’époque, que cette nouvelle troupe donc soit talentueuse et formidable, je n’en doute pas, mais par pitié, et au moins en mémoire de ceux qui ne sont plus, dont Bruno Sermonne que vous revendiquez comme votre seul maître de théâtre, ne dites pas qu’elle l’est « comme jamais »
Sans cette troupe d’alors, vous ne seriez sans doute pas où vous êtes maintenant, et nous vous devons de belles heures, certes, mais vous, vous nous devez bien plus, car les poètes talentueux ne manquent pas, mais les poètes qui accèdent au succès de leur vivant sont nettement moins nombreux et ne goûtent à la notoriété et aux facilités qui en découlent, que portés par d’autres. Seul on va vite, mais accompagné on va loin.
Tout le monde n a pas l’élégance d un Pommerat, qui promet du travail pendant 40 ans à celles qui l accompagnent depuis les débuts dans l ombre, ou la fidélité d un Sivadier. Ils me pardonneront de les citer, eux non plus ne m’ont rien demandé.
Il reste deux éléments de cette troupe historique dans votre distribution, gardez et honorez mademoiselle Chéenne et monsieur Weitz qui vous sont resté fidèles.
Les autres ont été bannis ou sont partis de leur propre chef, il y a sûrement une raison à ça.
Vous êtes un ingrat monsieur le directeur, et un âne bâté, même si j’aime beaucoup les ânes.
En mon nom et en l’honneur de mes vingt quatre camarades, du chien Flipotte et des bénévoles qui les ont accompagnés, qui ne m’ont toujours rien demandé, je vous retire ce qu’il me restait d’estime pour votre personne. Ça ne va pas changer la face du monde, j’en suis hélas! consciente, mais ça me fait du bien de le dire ici.
Le poète -vous je crois bien- a dit « le theâtre c’est l’art de transformer le plomb en or »
Vous, vous transformez l’or en cendres, et c’est bien moche .»
Un seul des commentaires je livre en sus de la lettre d’Elizabeth Mazev celui de Samuel Churin, à cette lettre si bien écrite comme de plus haut d’où volent et crient les hirondelles.
« Ma Lili, ma très chère, ma sœur, c’est à toi que je m’adresse et non à monsieur le directeur qui n’en vaut pas la peine. Je découvre ton texte et effectivement tu n’as demandé la permission à personne et tu as bien fait. Je confirme évidemment tout ce que tu écris, faisant partie des 24 en question et de nombreux spectacles suivants et de son film. Nous avons beaucoup aimé Olivier, c’est son talent, savoir se faire désirer. Il éblouit et nous avions toutes et tous la ferme intention de le suivre jusqu’à la mort. Il est vrai que l’aventure de la Servante nous a soudés, il le fallait bien car ce n’était pas que du plaisir. Olivier nous a bien servi, il faut le reconnaître et nous lui avons rendu au centuple. Effectivement, il nous doit beaucoup, y compris la direction des lieux qu’il a dirigés, mais je ne m’attarderai pas sur cette question. Je n’aurais pas écrit ce que tu as écrit parce que cela fait des années que je ne l’écoute plus et ne suis plus du tout affecté par ses propos. La résilience on appelle ça n’est-ce pas ? Un ami prêtre m’avait mis la puce à l’oreille lorsqu’il l’avait entendu il y a longtemps parler de religion : « Il parle de religion comme quelqu’un qui écrirait de merveilleuses lignes sur la montagne sans jamais avoir monté un col de sa vie ». Oui c’est un peu beaucoup cela. Il y a la fiction et les belles intentions humanistes et la réalité glaçante de l’homme de pouvoir profondément inhumain. Il est aussi le reflet de la magnifique scène entre le père (Bruno Sermonne) et le fils (moi) dans la Panoplie du Squelette. Le père reprochant au fils de n’être que théorie sans « salir ses petites mains blanches pour porter la soupe aux miséreux ». Lors de sa première année de direction du festival d’Avignon, en juillet 2014, les intermittents en lutte avaient décidé de perturber le festival pour protester contre une nouvelle réforme d’assurance chômage qui allait impacter leurs indemnités. Lutte qui allait s’avérer gagnante. Le nouveau directeur était devenu fou, voulant que je dénonce ce mouvement de grève, me reprochant ma lâcheté de ne pas être sur place pour arrêter les hordes de sauvages (je répétais un spectacle pour la Suisse) et me traitant de civitas donc de nazi. Je lui ai proposé qu’on ne se parle plus. Et on ne s’est plus parlé. Je n’avais jamais raconté cela, je m’en foutais un peu, même s’il n’est jamais simple pour un acteur d’être grillé avec un homme aussi puissant, mais ta lettre m’a fait ressurgir cet évènement enfoui qui m’a tant blessé. Oui il est très violent d’être « remercié » de la sorte après tant de services rendus. Pour m’en sortir, je me suis accroché au souvenir de l’homme que j’avais rencontré au début, celui qui nous a fait croire que le théâtre était une immense et belle aventure, à la vie à la mort. Je le remercie d’avoir réuni ce groupe de la Servante. Sans lui je n’aurais pas rencontré les nombreux amis avec qui je suis lié pour la vie, et sans lui je ne te connaitrais pas, toi qui m’accompagne depuis toujours. Je t’aime. »
…
André Canessa
"On demande Michel Fau à l'accueil !" Je répète : "On demande Michel Fau à l'accueil !" :D :D :D
Samuel Churin
André Canessa Oui Michel faisait partie des 24 tocards qui ont servi le maître !
Pour la fin
l’article du Monde de Fabienne Darge qui récapitule très bien le règne d’´Olivier Py à Avignon ses choix et aussi ce qu’est devenue son œuvre d’auteur dramatique qui a l’origine entraînait une traînée de paillettes mais aussi de poudre et de souffre….
Article du Monde plus exhaustif : abonnée
A Avignon, le règne d’Olivier Py s’achève sur une édition en demi-teinte
Le public a répondu présent, avec un taux de fréquentation global à 92 %, pour un festival un peu fourre-tout, sans grand choc esthétique.
Par Fabienne Darge (Avignon (Vaucluse),
Le 27 juillet 2022 à 01h26 - Mis à jour le 27 juillet 2022 à 15h11.Lecture 6 min
Olivier Py lors de la conférence de presse de clôture du Festival d’Avignon 2022, accompagné de son successeur, Tiago Rodrigues (à gauche), à Avignon, le 24 juillet 2022.
Olivier Py a tiré sa révérence, et le Festival d’Avignon, édition 2022, avec lui, mardi 26 juillet au soir. Le pape Py s’est glissé pour l’occasion dans le fourreau en satin noir et le manteau en fourrure rouge de Miss Knife, cette chanteuse de cabaret qu’il s’est inventée comme son double, son alter ego superlatif et transgenre qui en dit beaucoup sur lui et ses capacités à endosser des rôles multiples.
Diva, encore et toujours. Mais Py a aussi partagé la soirée avec les formidables chanteuses ukrainiennes du groupe Dakh Daughters, et ce fut un moment d’émotion qui a fait se lever la salle comme un seul homme. Sa manière à lui, à la fois festive et engagée, de tirer le rideau sur ses neuf années à la tête du Festival, dont il a pris les rênes en 2013. Le 1er septembre, il laissera les clés à l’auteur et metteur en scène portugais Tiago Rodrigues, premier artiste étranger à être sacré.
Tout le monde, sans doute, rêvait que cette ultime édition sous le sceau de Py soit particulièrement flamboyante, ce qu’elle ne fut pas. Sans démériter pour autant. Le public a été là et bien là, ce qui est une première bonne nouvelle, à l’heure de la sortie de crise du Covid-19, où s’expriment de fortes inquiétudes sur le retour des spectateurs dans les salles. On n’avait jamais vu autant de monde dans les rues d’Avignon que cette année, et le taux de fréquentation global du Festival « in » s’établit à 92 % – ce qui n’est que légèrement inférieur à ce qu’il était avant la pandémie, et ne donne pas forcément une idée de l’avidité avec laquelle les places se sont arrachées pour la plupart des spectacles programmés.
Une édition tenue et variée
Sur le plan artistique, ce fut une édition tenue et variée, pour ne pas dire un peu fourre-tout, où l’on a pu voir nombre de spectacles réussis. Mais de grand choc esthétique, de ceux qui lavent de tout par l’évidence de leur beauté, il n’y eut pas, dans ce millésime 2022. Le Moine noir, la création d’ouverture dans la Cour d’honneur du Palais des papes, signée par l’artiste russe dissident Kirill Serebrennikov, aurait pu jouer ce rôle. Mais la puissance opératique incontestable du spectacle, son talent à investir cet espace difficile qu’est la Cour se sont noyés dans un final mystico-grandiloquent.
Le chorégraphe anversois Jan Martens a, lui aussi, séduit avec son Futur proche, deuxième spectacle programmé dans la Cour d’honneur, qui déploie une écriture chorégraphique collective et humaniste. Mais sans qu’il s’agisse là non plus d’un de ces électrochocs dont on sait qu’on les gardera en mémoire toute sa vie. On rangera au rayon des souvenirs heureux de ce Festival En transit, de l’Iranien Amir Reza Koohestani, le délicieux Sans tambour de Samuel Achache, deux spectacles pour enfants, Gretel, Hansel et les autres et Le Petit Chaperon rouge, Anima, du trio de choc formé par Noémie Goudal, Maëlle Poésy et Chloé Moglia, ou encore le Richard II signé par Christophe Rauck avec un Micha Lescot en grande forme.
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Et l’on gardera au cœur de belles découvertes : l’artiste belge Miet Warlop, qui a signé le petit spectacle qui a fait le buzz de cet Avignon, One Song ; du côté de la danse, Emmanuel Eggermont et la sophistication réjouissante de All Over Nymphéas ; du côté du théâtre, le jeune auteur Simon Falguières, 33 ans, qui a emballé le public au fil de son épopée de treize heures, Le Nid de cendres.
La démocratisation, plutôt l’acuité des choix esthétiques
Il n’y a donc pas de quoi crier au ratage. Même si cette édition est à l’image de l’ensemble de la double mandature d’Olivier Py, laissant l’impression que sous sa conduite le Festival a réussi plus par son ouverture sur les changements du monde, et par le formidable travail poursuivi, après Vincent Baudriller et Hortense Archambault, pour sa démocratisation, que par l’acuité de ses choix esthétiques.
Ce sentiment d’insatisfaction repose principalement sur deux frustrations. D’abord, les amateurs de théâtre et de danse regrettent l’absence à Avignon, depuis neuf ans, des grands créateurs européens, ceux à même d’offrir ces chocs inoubliables que l’on espère toujours vivre au festival.
A l’instar de Simon McBurney, qui a signé en ouverture du Printemps des comédiens de Montpellier, en mai, un Michael Kohlhaas magistral, où sont passés les Thomas Ostermeier, Krystian Lupa, Krzysztof Warlikowski, Anne Teresa De Keersmaeker, Alain Platel, Romeo Castellucci et autres Christoph Marthaler ? Le fait qu’ils aient été fortement liés à la direction précédente d’Avignon, celle de Vincent Baudriller et Hortense Archambault, était-il une raison suffisante pour les écarter de la principale vitrine mondiale en matière de création scénique ?
Certes, la direction d’Avignon argue qu’elle a contribué à faire émerger d’autres créateurs internationaux, comme le Japonais Satoshi Miyagi, la Brésilienne Christiane Jatahy ou… le Portugais Tiago Rodrigues. Tandis que certains, comme Angélica Liddell, Emma Dante, Israel Galvan ou Amir Reza Koohestani, ont continué à être conviés. On glissera en revanche rapidement sur la « découverte », avec beaucoup de guillemets, du Chinois Meng Jinghui et de son esthétique pesante et datée.
En voulant se démarquer de la mandature précédente, l’équipe Py s’est privée d’artistes importants
Quant à la jeune et talentueuse garde française, elle a eu toute sa place à Avignon pendant les années Py : de Julien Gosselin à Caroline Guiela Nguyen, de Thomas Jolly à Maëlle Poésy, de Jean Bellorini à Baptiste Amann. Sans compter des « indisciplinaires » de haut vol comme Phia Ménard, Nathalie Béasse ou Alice Laloy.
Il n’empêche : en voulant se démarquer à tout prix de la mandature précédente, l’équipe Py s’est privée d’artistes importants, et de spectacles mémorables. Mais si ce règne laisse à beaucoup un goût d’insatisfaction, c’est d’abord et avant tout à cause des créations d’Olivier Py lui-même : celui-ci a été pendant ces années d’une prolixité inversement proportionnelle à son talent, qui a semblé au fil des spectacles s’embourber dans une ornière artistique, à coups de textes pompeux et désincarnés à la fois, et d’un jeu d’acteurs outré et sans nuances.
Il en est quelque peu sorti cette année, avec son marathon de dix heures, Ma jeunesse exaltée, moins catastrophique et surtout moins empreint d’aigreur que les précédents opus, mais trop long au regard des éternelles obsessions ressassées par Py – la vie, la mort, le diable, le sexe entre hommes, la religion, les turpitudes du pouvoir (surtout quand elles visent sa propre personne), la souillure et la grâce… Autant de motifs désormais bien connus du public.
Olivier Py qui – on ne se refait pas – n’a pas pu s’empêcher de faire théâtre de son émotion, lors de la conférence de presse de clôture du Festival dimanche 24 juillet. A 57 ans, chemise largement ouverte sur une étincelante croix, le directeur sortant a clamé que le Festival d’Avignon « était [sa] vie », avant de se mettre à pleurer en lisant une lettre à son successeur. Il a plus sérieusement rappelé quelques vérités importantes, à savoir que le Festival est un miracle toujours fragile, à la fois politiquement, économiquement, médiatiquement. Et, désormais, écologiquement : la canicule qui a sévi pendant deux semaines a porté le travail des équipes de montage jusqu’aux limites de l’impossible.
Avec Tiago Rodrigues, âgé de 45 ans, et qui est lui aussi un artiste, à la fois auteur et metteur en scène, viendra peut-être l’heure de la synthèse entre l’ambition artistique et les enjeux démocratiques et civiques qu’incarne aussi Avignon. Une synthèse, aussi, concernant des enjeux plus profonds, relatifs à notre évolution civilisationnelle, où l’image semble gagner peu à peu sur les mots.
Tiago Rodrigues est un auteur subtil, qui travaille les anciens mythes en profondeur pour leur faire rendre gorge de ce qu’ils peuvent avoir de délétère sous leurs dehors sublimes, comme il l’a montré avec sa version d’Iphigénie, mise en scène dans ce Festival par Anne Théron. Il n’y a pas chez lui cette croyance un peu naïve qui existe chez Olivier Py, que les vieux récits peuvent parler d’eux-mêmes, dans un monde qui n’est plus celui des dieux grecs ni de la catholicité triomphante.
Tiago Rodrigues n’a rien dévoilé de ce que sera sa première édition, en 2023. Mais l’on sait déjà que c’est la metteuse en scène Julie Deliquet qui devrait faire l’ouverture dans la Cour d’honneur, en adaptant un ou plusieurs des films du grand documentariste américain Frederick Wiseman consacrés aux systèmes de santé et de sécurité sociale en souffrance dans nos pays occidentaux. Avec le nouveau directeur d’Avignon, c’est une autre pensée sur le réel et sur l’art qui va se déployer, et on a hâte de la découvrir.
Mais puisque je ne raconte pas tout ou presque rien de moi… dans ce blog qui ne pourrait être une pièce à conviction du théâtre d’hier et d’aujourd’hui de 1993-94 à 2005 puis jusqu’à cette période d’après le confinement….
Les photos de ceux qui m’on aidée l’année de la Servante, excepté la photo de Toto…que je n’ai pas ici
Un homme qui sauve des vies ….Stéphane-Auvray Nauroy et sinon qui a ouvert à Saint-Denis une école de théâtre et à ouvert au sein du lieu un lokal de représentations : entre autres puisqu’il est auteur acteur et surtout aussi metteur en scène le tout premier metteur en scène qui m’a confié deux rôles Panope dans Phèdre et La Vierge folle dans Il est trop tard…..mais vous le savez déjà et qui m’a permis de rencontrer Philippe Person mon second metteur en scène
Photo souvenir proposée par FB de 11 ans
3 août 2011: Michel Fau lors d'une lecture publique et gratuite de la Dame de pique de Pouchkine, place des Ecritures toujours dans le cadre du Festival de Figeac.
« Ah Michel Fau je voudrais le voir le revoir mon cœur saute dans mon corps que je sens petit par rapport quand j’entends sa voix qui comme le bruit des vagues passe par tous les accents les soupirs et le silence peuplé de fantômes d’émotions de frémissements neufs et vieux, et la rupture brutale avant la tempête qui surgit d’abord dans ses yeux, son visage, puis sa voix….. »
La bonne nouvelle c’est que des Septembre je pourrais le voir…..et dans un vrai boulevard et ça ç’aurait été une révolution dans le In d’Avignon un théâtre populaire qu’on ne va pas voir en relevant le col de son manteau ou comme mosque se jouait la Cage aux folles on préférait ne pas dire qu’on y était allé….
Enfant, il avait déjà une imagination débridée. Aujourd'hui, toujours inclassable, François Berléand peut à la fois faire le gugusse ou générer le trouble. A la manière de Michel Serrault, son “idole” de toujours.
François Berléand a la barbe en bataille. Il la laisse pousser pour un prochain tournage, une histoire située au lendemain de la Première Guerre mondiale. Le poil doit croître encore un peu, et puis on le taillera selon les canons capillaires de l’époque. En attendant, dans la pénombre de sa loge au Théâtre Montparnasse, ce collier blanc qui lui entoure le visage lui donne des faux airs de Michel Serrault.
Une inquiétante étrangeté
La ressemblance n’est pas pour lui déplaire. « Il était mon idole, mon phare, dès que j’ai décidé d’être acteur. Au tout début des années 1970, comme j’ai commencé dans le théâtre subventionné, j’ai dû me cacher pour aller voir La Cage aux folles. J’ai tellement ri que j’y suis retourné trois fois. Serrault était l’acteur le plus doué de sa génération. Dès ce triomphe comique, j’ai senti qu’il avait en lui une fracture, une dimension tragique, sinon comment aurait-il pu aller si loin dans la folie ? Sa liberté totale me sidérait.