lundi 26 février 2024

Les César 2024

Le Monde abonnée 
Discours de Judith Godreche aux Césars 

« C'est compliqué de me retrouver devant vous tous ce soir.
Vous êtes si nombreux.
Mais, dans le fond, j'imagine qu'il fallait que ça arrive.
Nos visages face à face, les yeux dans les yeux.
Beaucoup d'entre vous m'ont vue grandir.
C'est impressionnant, ça marque.
Dans le fond, je n'ai rien connu d'autre que le cinéma.
Alors, pour me rassurer, en chemin, je me suis inventé une petite berceuse.
« Mes bras serrés, c'est vous, toutes les petites filles dans le silence,
Mon cou, ma nuque penchée, c'est vous, tous les enfants dans le silence,
Mes jambes bancales, c'est vous, les jeunes hommes qui n'ont pas pu se défendre.
Ma bouche tremblante mais qui sourit aussi, c'est vous, mes sœurs inconnues. 
Après tout, moi aussi, je suis une foule.
Une foule face à vous.
Une foule qui vous regarde dans les yeux ce soir.
C'est un drôle de moment pour nous, non ?
Une revenante des Amériques vient donner des coups de pied dans la porte blindée.
Qui l'eût cru ?
Depuis quelque temps, la parole se délie, l'image de nos pairs idéalisés s'écorche, le pouvoir semble presque tanguer, serait-il possible que nous puissions regarder la vérité en face ?
Prendre nos responsabilités ? Etre les acteurs, les actrices d'un univers qui se remet en question ?
Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine. Où êtes-vous? Que dites-vous ? Un chuchotement. Un demi-mot.
« Ça serait déjà ça », dit le Petit Chaperon rouge.
Je sais que ça fait peur.
Perdre des subventions.
Perdre des rôles.
Perdre son travail.
Moi aussi.
Moi aussi, j'ai peur.
J'ai arrêté l'école à 15 ans, j'ai pas le bac, rien.
Ça serait compliqué d'être blacklistée de tout.
Ça serait pas drôle.
Errer dans les rues de Paris dans mon costume
de hamster.
Me rêvant une Icon of French cinema...
Dans ma rébellion, je pensais à ces termes qu'on utilise sur un plateau. Silence.
Moteur demandé.
Ça fait maintenant trente ans que le silence est mon moteur.
J'imagine pourtant l'incroyable mélodie que nous pourrions composer ensemble.
Faite de vérité.
Ça ne ferait pas si mal. Je vous promet.
Juste une égratignure sur la carcasse de notre curieuse famille.
C'est tellement rien comparé à un coup de poing dans le nez.
A une enfant prise d'assaut comme une ville assiégée par un adulte tout-puissant, sous le regard silencieux d'une équipe.
A un réalisateur qui, tout en chuchotant, m'entraine sur son lit sous prétexte de devoir
comprendre qui je suis vraiment.
C'est tellement rien comparé à 45 prises, avec deux mains dégueulasses sur mes seins de 15 ans.
Le cinéma est fait de notre désir de vérité.
Les films nous regardent autant que nous les regardons.
Il est également fait de notre besoin d'humanité. Non ?
Alors, pourquoi ?
Pourquoi accepter que cet art que nous aimons tant, cet art qui nous lie soit utilisé comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles ?
Parce que vous savez que cette solitude, c'est la mienne mais également celle de milliers dans notre société.
Elle est entre vos mains.
Nous sommes sur le devant de la scène.
A l'aube d'un jour nouveau.
Nous pouvons décider que des hommes accusés de viol ne puissent pas faire la pluie et
le beau temps dans le cinéma.
Ça, ça donne le ton, comme on dit.
On ne peut pas ignorer la vérité parce qu'il ne s'agit pas de notre enfant, de notre fils, notre fille.
On ne peut pas être à un tel niveau d'impunité, de déni et de privilège qui fait que la morale nous passe par-dessus la tête.
Nous devons donner l'exemple.
Nous aussi.
Ne croyez pas que je vous parle de mon passé, de mon passé qui ne passe pas.
Mon passé, c'est aussi le présent des deux mille personnes qui m'ont envoyé leur témoignage en quatre jours... C'est aussi l'avenir de tous ceux qui n'ont pas encore eu la force de devenir leur propre témoin.
Vous savez, pour se croire, faut-il encore être
cru.
Le monde nous regarde, nous voyageons avec nos films, nous avons la chance d'être dans un pays où il paraît que la liberté existe.
Alors, avec la même force morale que nous utilisons pour créer,
Ayons le courage de dire tout haut ce que nous savons tout bas.
N'incarnons pas des héroïnes à l'écran, pour nous retrouver cachées dans les bois dans la vraie vie ; n'incarnons pas des héros révolutionnaires ou humanistes, pour nous lever le matin en sachant qu'un réalisateur a abusé une jeune actrice, et ne rien dire.
Merci de m'avoir donné la possibilité de mettre ma cape ce soir et de vous envahir un peu.
Il faut se méfier des petites filles.
Elles touchent le fond de la piscine, se cognent, se blessent, mais rebondissent.
Les petites filles sont des punks qui reviennent déguisées en hamster.
Et, pour rêver à une possible révolution,
Elles aiment se repasser ce dialogue de Céline et Julie vont en bateau [film de Jacques Rivette, sorti en 1974] :

Céline : « Il était une fois.

Julie : Il était deux fois. Il était trois fois.

Céline : Il était que, cette fois, ça ne se passera pas comme ça, pas comme les autres fois. »

Judith


Seuls détails, elle n’est pas très punk sur cette photo, certes apparemment, puisse t-on aussi regarder à travers le Monde et comment sont traitées les femmes dans le reste de ce monde plutôt qu’entre nous et notre consensuelle condescendance, notre tutoiement d’affranchis et de nantis. 
Et puis ici on s’est battus, non ? contre le retour moral-bienséant de la sexualité cadenassée, ily a quelques années, non dizaines d’années les années 70 étaient -elles impossibles : anarchie peace and love ?
et puis la lame de fond puritaine revient c’est tout bénéfice que de traiter la moitié du problème. 
Les violeurs pour la plupart l’ont été eux-mêmes violés, abusés, quel enfant n’a pas poussé à bout son entourage ; l’accompagnement l’écoute de ces soit disant bourreaux mais parents aussi, n’est plus de mise en psychiatrie….
Sur l’Adamant, merveille de documentaire méthode sans tri d’être et de vivre avec tous les soit disant cinglés en de belles conditions à été relégué aux oubliettes 
La folie le déni sont en tous et un chacun l’art en est la transcendance mais faut arriver à s’écouter entre les lignes.
Lorsque j’étais enfant j’avais une dizaine d’années un monsieur de l’âge de mon père m’emmenait faire la sieste avec attouchements quelques tripotages comme un peu un jeu… c’était sa vision de la libération il n’y connaissait rien. 
Yourcenar a écrit aussi qu’un oncle l’avait rejoint ado dans la sa salle de bain pour la faire frissonner au travers des voiles appelés peignoirs, elle n’a ni crié ni fermé la porte. On ne va pas déterrer l’homme de Neandertal pour lui passer les menottes.
Surtout que celui là était un doux,  mon tonton du Béarn,  plutôt qu’un violeur…
Et a t’on donné les recettes du bonheur ? Les mises en scène les retours à une violence contrôlée 
sont sources de jeux sexuels ça l’a été la strangulation dosée etc ne serait elle pas due à la naissance avec le cordon ombilical autour du cou….

-Maman comment fait-on les bébés !?
-T’as qu’à regarder les animaux !? 
-Les chattes traumatisées tu crois qu’elles dorment plus longtemps chaque jour ?
-Oui sûrement pour en faire des rêves plus réparateurs

Voilà mais contrairement à certains hommes de mes amis mais pas mon compagnon, je considère que Judith Godreche a besoin d’être entendue et qu’elle a le courage de le faire. Savez-vous qu’il en faut plus que du courage pour parler sincèrement même en lisant un texte devant une salle pleine et éclairée dont on voit tous les visages… Ce n’est pas une imposture ni une recette de retour à la hune des infos. 
Les autres meilleurs moments du cinéma via Canal + Bolloré et au travers de cette remise de César 2024, 49 ème cérémonie.
En notre pays à force de se protéger on oublierait qu’il y a des murs ou des guerres ailleurs. 
Les ponts c’est de penser qu’il faut surtout réagir renaître après les traumatismes et ne pas rester autocentrés avec le risque de s’autodétruire.
Cela me fait penser à ce livre de Boris Vian, le dernier ou une mère mettait ses enfants sous cloche dans une bulle…l’arrache-cœur. 

Parenthèses ce film Chien de la casse que nous avons vu avec mon compagnon à la maison sur Canal + nous a beaucoup touché et redonné foi et courage en la réparation des cabossés. 

Dans ce film comme dans Anatomie d’une chute (celle de l’homme genre) il y a un chien notamment symbolique. 
 
Les Animaux ne doivent pas
être maltraités ; je suis pour certains (je le sais) trop sensible aux bestioles mais bon je considère que ce n’est pas au dessus de nos forces et il faudra des décennies encore pour en arriver là et quand on regarde autour du monde par d’autres civilisations touaregs ou amazonienne on vit ensemble et on respecte la vie depuis l’origine. 

Jacques Jean Sicard, sur ce film césarisé en passe d’être oscarisé : Anatomie d’une chute, 
a écrit sur son mur FB et je l’ai republié en écrivant-disant : Magnifique coup de théâtre que cet angle de vue  ! Il est vrai que Samuel 
par la déclaration de l’actrice Sandra qui joue le rôle de Sandra sa femme, 
forcément sous « l’emprise » de sa réalisatrice et qui a enfin obtenu le rôle principal,   dans sa déclaration très vivante (car c’est une bonne comédienne) n’a t’elle pas dit qu’elle ne s’attendait pas à ce que la France la prenne dans ses bras (Cannes et Césars). 
Merci JJS avec vous on n’arrête pas de réfléchir et c’est à notre portée.



Les deux meilleurs moments de cette soirée 







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