lundi 30 novembre 2009
Le Festival du rire de Matignon
C'est un article aussi qui a pris du retard ?
qui un beau matin n'a pu sortir de sa léthargie, droit à la paresse ?!
c'est en Bretagne un petit village, pardon, un bourg, un chef de canton, qui parait ainsi même sous la pluie en Novembre ouvert au monde plein comme une outre de musique de magie et de RIRE
Nous y avons revu Vincent Rocca et vu Pierre Diot
et quelle planète tout à coup de résistance de bouffée d'air....
Le FESTIVAL du RIRE existe depuis 13 ans....
la programmation : vertigineuse...
dimanche 29 novembre 2009
Trahisons de Harold Pinter au Lucernaire et le Soulier de Satin de Claudel par Olivier Py sur Arte (vidéo)
Olivier Py remet en scène le Soulier de Satin de Claudel Planète magie de 11h de spectacle à l'Odéon
Trahisons de Pinter au Lucernaire
Ce sont là des spectacles disparus de l'affiche !
- cela t'amuse d'étirer les plages du temps
- oh ! oui cela me donne l'impression comme un drap de bain bien chaud et doux à l'odeur de sable et de sel, ou de la couche d'herbe verte coupée qui commence à devenir foin, à s'écheveler sous le soleil, cela me donne l'impression de pouvoir m'y étendre, de plonger dans un rêve que je pourrais faire durer à discrétion... Infiniment, c'est cela Internet les blogs à répétitons à discrétion porte ouverte et pas enfoncée, sur l'infini à voir et/ou à revoir, carnet de bord illimité de libre expression, retour possible vers le futur....
28 novembre 2009
Harold Pinter Blog le Monde-à peine traduit-
je suis allé voir la semaine dernière “Trahisons” la pièce d’Harold Pinter au Théâtre du LUCERNAIRE, à Mont parnasse. Cette pièce fut représentée pour la première fois le 15 novembre 1978 au national théâtre de Londres. j’ai vu la pièce à Londres, et j’ai une cassette du film réalisé à Londres par David Jones avec Jeremy Irons dans le rôle de Jerry et la comédienne Patricia Hodge, sublime, vibrante et blessée, comédienne qui ressemble à Virginia Woolf jeune ! et enfin le coupant Ben Kinsgley qui tient le role de Robert. Vraiment un enregistrement unique de sécheresse coupante. à la TV anglaise, d’une violence contrôlée terrible.
L ‘autre soir au Lucernaire, ce n’était pas du même niveau mais pasionnant tout de même à cause du comédien qui joue Robert et dont -je lui demande pardon, j’ai oublié le nom mais qui est vif, sec, bluffant surtout quand il dit cette réplique :
“I’m a bad publisher because I hate books. or to be more precise, prose. Or to be even more precise, modern prose, I mean modern novels, first novels and second novels, all that promise and sensibility it falls upon me to judge, tu put the firm’s money, an then to push for the third novel, see it done, see the dust jacket, see the dinner for the national editors done, see the signing in Hatchards done, see the lucky author cook himself to death, all in the name of littérature. You know what you and Clopine have in common? You love littérature.” I mean you love modern prose litérature.”
Vraiment excellent passage..,vraiment excellent comédien pour balancer ça au Lucernaire..au dessus des deux autres, curieux comme, du Molière des “Femmes savantes” au Pinter, soudain, la vérité crève et persiffle la bulle “culturelle” considérée comme une sorte de comédie sociale un peu fausse, bref, j’adore!!!!!!!!!!!!!!!!!
Je me disais que la pièce “fonctionnait quand même” dans un décor pas terrible et qu’elle dégage dans la sobriété une puissance d’agressivité, d’humour choquant, mat, et une cruauté vraie intacte. Elle gardait sa capacité de toucher loin en nous et de malmener le spectateur à ses expériences affectives enfouies.
Nous savons que la pièce porte une part autobiographique capitale.
Mais là n’est pas le plus intéressant, ce qui fascine c’est la simplicité des répliques,le match simple,l es échanges, les répliques sèches et les moments plus longs de semi épanchements, ou de mensonges purs et compliqués. Ils portent de grandes profondeurs, tous, ajoutez la beauté de la construction chronologique, la capacité, avec les dialogues d’apparence ordinaire, de capter le temps qui passe et la sous- couche de ce qui est suggéré et les meurtrissures et les blessures entre deux êtres et qui affleure sans cesse et les change à chaque instant.
À la question que posait Mel Gussow, (”quelle fut l’image première pour commencer la pièce “trahisons”?) du critique dramatique new yorkais que Pinter appréciait, Harold Pinter répond: ” Deux personnes dans un pub qui parlent du passé..”sur cette proposition si simple, je connais peu de pièces qui développent en spirale, autant de résonances complexes dans les relations entre deux amis, deux vrais hommes, amoureux de la même femme."
L’enchainement des révélations, l’intensité et la cruauté de certains moments, la vulnérabilité des trois personnages, et leur lucidité, l’ensemble donc forme un “bougé” , un mystère et quelque chose qui renvoie le spectateur à des moments très intimes de sa vie.. sous la surface unie des conversations banales,,le trouble, le danger, la mise en scène sociale, ,l’émotion perturbante, le regard de l’autre, la cruauté, l’illusion détruite, en fait un vrai grand texte la manière de faire revivre des morceaux et des épisodes du passé dans l’anxiété du présent, de s’y loger et de s’y cacher ou d’en être dépossédé par le regard de l’autre.. c’est d’un immense auteur. maitre de la construction fuguée son art comme JS. bach le fut dans le sien.
Il manifeste une grande profondeur psychologique et aussi un tombeau et un adieu à la période de la vie la plus délicate entre les couples et les amis, sans compter que l’identité est mise à mal, en présence de l'autre, dans l’insoutenable huis clos avec l'autre. À chaque instant, ce qui me fascine car c’est une vérité pirandellienne qu’en France, pays de Descartes, on oublie facilement, mais pas Harold!.. Harold Pinter qui n’aimait pas beaucoup ni s’expiquer ni se justifier a écrit ceci :
“Nous avons souvent entendu ce vieux cliché usé : ‘le manque de
communication’… et on l’applique avec une certaine insistance à mes
pièces. Moi, je crois le contraire. Je crois que nous ne communiquons
que trop bien, dans notre silence, dans le non-dit, et que ce qui se
passe est une continuelle évasion, un combat désespéré d’arrière garde
pour nous protéger. La communication fait trop peur. Entrer
dans la vie de quelqu’un d’autre est trop effrayant. Révéler aux autres
notre pauvreté intérieure est une possibilité trop terrifiante.”
Harold Pinter, 1962
Par ailleurs, à la sortie du film “accident -en 1966- avec Dirk bogarde, sur un scénario et des dialogues de Pinter d’aprés un roman de Mosley, Harold dit déjà ceci, qui est,je trouve, aussi beau que certaines positions de Flaubert dans sa correspondance:
” Je crois que la simplicité sans détours avec laquelle Joseph
Losey met en scène vous étonnera:pas trop de recherche, pas d’angles curieux, pas de mouvements saccadés. uniquement un regard tranquille, intense, posé sur les gens et les choses”. ça rejoint l’impersonnel de Flaubert dans “madame Bovary.”
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Le soulier de satin
Olivier Py met en scène la célèbre pièce de Claudel. Un spectacle fleuve (onze heures) capté cette année au Théâtre de l'Odéon.
L'oeuvre magistrale de Paul Claudel est rarement représentée du fait de sa longueur (plus de onze heures avec les entractes) et de sa complexité scénique. Après Antoine Vitez, Olivier Py porte à la scène cette épopée lyrique, explorant et réinventant la comédie moliéresque, la farce à la Goldoni, le nô ou encore le drame shakespearien. Vertigineux.
(France, 2009, 80mn)
Réalisateur: Vitold Krysinsky
Acteur: Jeanne Balibar, Miloud Khetib, Philippe Girard
Le soulier de satin
29/11/2009 à 09:55
Réalisé par Vitold Krysinsky
Durée: 1h20min
Théâtre, Spectacles, dimanche 29/11
Lien: http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC=2954372,scheduleId=2927710.html
Flash video (qualité moyenne)
Olivier Py met en scène la célèbre pièce de Claudel.
samedi 28 novembre 2009
Bashung Gainsbourg et Gallotta :Nathalie Feyt la Cie Philippe Person dans Manger.../ VILAIN de DUPONTEL
Quand vous avez des articles dans deux journaux aussi opposés et éloignés que Paris-Match et l'Humanité c'est qu'il y a foule.... Faut-il mourir pour faire ces une(s)....
Pas forcément, je me souviens pour un de ses spectacles où je jouais : MANGER, nous avions eu avec la Compagnie Philippe Person, 2 pages dans Elle et une dans Paris-Match, sans parler bien-sûr alors forcément de tous les autres : Libération, Le Point++++...
il y avait 80 places c'était forcément complet tous les soirs.
En 1995, j'avais 41 ans et j'étais à la fois ronde et grande je jouais Olivia : l'obsédée des Régimes, Anne Priol l'anorexique....
Bon, je radote et un article dans le journal de mon Entreprise... ah ah ah !!!!!!
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Nathalie Feyt : Le théâtre à pleine dents
«Manger», c'est le titre de la pièce que joue Nathalie Feyt, employée au service Laboratoires. A l’Espace Saint Sabin, elle se métamorphose chaque soir en Olivia, une obsédée des régimes, victime des défilés de mode et des magazines féminins.
Entrée en 1974 aux AGF. à la Direction Groupe depuis 1985, Nathalie Feyt vit chaque soir, après sa journée de travail, sa passion sans borne pour le théâtre.
A deux pas de la Bastille, un étrange petit théâtre, tapi dans d'étonnantes caves du XVIIe siècle accueille le «Tout Paris» du spectacle. C'est là que de jeunes acteurs. Nathalie Feyt, Arnaud
Arbessier, Jean Pierre Lebrun, Nathalie Savary et Audrey Schmid dressent avec drôlerie et par le menu la carte complète des pathologies liées à l'alimentation.
Une galèrie d'obsédés de la nourriture défilent sous nos yeux : anorexiques, esclaves du régime, boulimiques, maniaques de la soupe de poireaux...
Nathalie, c'est Olivia, une obsessionnelle des régimes, dont la vie est ponctuée par l'aiguille de sa balance. Pour ce rôle,elle a créé totalement le personnage, pensé ses costumes et retravaillé les
textes pour les adapter au rôle tel qu'elle le sentait.
"Cela s'appelle i'intelligence du rôle. Il n'y a pas d'à priori dans le théâtre. Il faut se glisser dans la peau des personnages, les comprendre pour les interpréter, mais surtout sans jamais faire passer ses propres états d'âme", explique-t-elle.
Grande brune à l'air un peu effacée, Nathalie a une voix profonde, un regard noir et volontaire, une stature qui la prédestine aux rôles de Médée, Marie Tudor, Agrippine, Dona Elvire de «Don Juan», «Phèdre» ou bien encore, ce qu'elle aimerait aussi, de quelques soubrettes délurées de Molière, telle que la pétulante Toinette du «Malade imaginaire», ou Dorine, la servante rusée de «Tartuffe». "C'est une tragédienne. Elle a des tripes. Elle s'engage à fond dans son rôle, mais elle a un tel pouvoir comique qu'elle peut vraiment tout jouer", souligne son metteur en scène Philippe Person.
La tragédie, elle s'y plonge dans «Phèdre» en 1992, puis dans «Il est trop tard» de Stéphane Auvray-Nauroy en 93, où, sur le thème de la vie. l'amour, la mort, elle poursuit de ses déclarations
désespérées un homme qui l'ignore totalement. "C'est sans doute le plus beau personnage qu'il m'ait été donné de jouer : celui de l'amoureuse égoïste qui a tous les courages". déclare-t-elle
enthousiaste.
Elle fait ensuite partie de la troupe de «Pendant que vous dormiez» sur le thème de la guerre d'Algérie. Cinquante représentations sont données dans ce fameux theâtre de l'Œuvre. rue de Clichy à Paris qui résonne encore des voix de Jacques Dufilhot, Harry Baur et Georges Wilson.
Nathalie n'a certes pas choisi la voie facile pour exprimer son art car elle mène de front son travail aux AGF et sa carrière de comédienne.
A 17 ans, au lycée, elle connaît sa première expérience théâtrale avec une pièce de Guy Foissy «Le discours du père». Le temps passe et ce n'est qu'à 29 ans qu'elle renoue les liens avec le monde du spectacle lorsqu'elle décide de suivre les cours du Théâtre d'Aujourd'hui, place Monge.
"Il s'agissait surtout d'un travail sur soi, pas vraiment de théâtre", explique-t-elle. Elle s inscrit donc aux cours de l'Art Studio pour travailler des textes avec Luc Charpentier, puis au théâtre de l'Entreprise sous la houlette de Dominique Chevalier. Elle passe de Shakespeare avec Bernard Ortega à Victor Hugo avec Philippe Honoré et tourne quelques courts métrages pour le cinéma. Dès lors, elle ne cesse de parfaire son jeu et d'acquérir du professionnalisme. C'est la bienheureuse rencontre avec Michel Fau. comédien du Conservatoire, qui débouche sur le rôle de Panope dans «Phèdre» de Racine."Le théâtre c'est le talent mais c'est aussi une question de bonnes rencontres", explique Philippe Person.
De bonnes critiques en bonnes rencontres
Les bonnes rencontres sont aussi le fruit des bonnes critiques. Elles ne manquent
pas pour le dernier spectacle de Nathalie: «Allez en rire avec délices». lit-on dans Elle. «Un catalogue de nos mœurs et de nos troubles alimentaires. ce spectacle est un miroir très efficace», commente Télérama. «On oscille entre le rire et la gêne du voyeur. Pour Libération. «C'est soulevant, remarquablement joué. je vous le conseille » recommande Yolande Je la Bigne sur France Info. Le Point, Cosmopolitan, Politis et Paris-Match leur emboîtent le pas et ne tarissent pas d'éloges.
Encouragée, Nathalie s'attelle déjà à un nouveau texte de Mouza Pavlova, «L'idiot. l'exclu». Elle y interprétera deux personnages totalement différents, une employée d'administration et une gardienne dure "très garde chiourme. Comme dans le théâtre baroque, ce sont des rôles très forts et en même temps très drôles".
Cette pièce sera jouée dès septembre devant les spectateurs nîmois. Nathalie souhaite y consacrer tout son temps et toute son énergie. Aussi a-t-elle demandé un congé sabbatique de six mois.
Gageons qu'il lui permettra de réaliser pleinement sa passion, et comme Ronsard à Cassandre, dédions-lui ces vers quelque peu remaniés et porteurs de tous nos voeux :
- Jouer, si m'en croyez, n'attendez à demain.
- Cueillez dès aujourd'hui les roses du succés !
Régine Barreca
Diagonale 23 - Juillet 1995
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Pour les photos il faut aller dans le menu de droite : Galerie de Photos , il y en a plein de mon jeune temps, si cela inspire un réalisateur par exemple... ALBERT DUPONTEL
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Et surtout courrez le voir au Cinéma, dans la catégorie des films à voir à revoir à rire à "re-rire" pour l'absolue liberté intelligence pour la réalisation les interprètes tous les interprètes : chats, chiens et surtout la Tortue Pénélope, bravo.... sans reproche et mauvaise conscience...
C'était tellement puissant de joie pour moi que j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans la réalite après, faire à manger etc...
courrez le voir dans Le Vilain de et avec Albert Dupontel
une critique des Inrocks
Mais bon cher Albert si singulier Dupontel, je vous pardonne bien-sûr et j'espère surtout que très bientôt quand vous aurez pris le temps de trouver les idées comme vous le faites à chaque fois, quel coeur c'est entre Capra Lubitch et les Marx Brothers et puis c'est rien de tout cela c'est un Objet comme un gros camion noir non identifié qui fonce sur vous et qui passe son chemin parce que vous vous réveillez...
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L'Homme à Tête de Chou
Article paru
le 27 novembre 2009 dans l'Humanité
Un double hommage à deux fantômes aimés
Dans l’Homme à tête de chou, Gallotta fait danser sa troupe sur un Gainsbourg revu et interprété par Bashung.
Jean-Claude Gallotta présente l’Homme à tête de chou au Théâtre du Rond-Point (1), créé récemment à la MC2 de Grenoble. Cette pièce chorégraphique emprunte son titre et son âme à l’album fameux de Serge Gainsbourg qui, étrangement, fut un insuccès à sa sortie en 1976. Gainsbourg y chante l’amour d’un journaliste à la petite semaine pour Marilou, une shampouineuse qui finira sous les coups de l’homme rendu fou, l’arme du meurtre étant un extincteur. Sur proposition du producteur Jean-Marc Ghanassia, qui a obtenu les droits commerciaux de l’album, Gallotta s’empare du fait divers sous-jacent. Restait à trouver l’oiseau rare, propre à incarner ce modèle hors pair. Le nom de Bashung s’est imposé d’emblée.
la voix conservée de Bashung fait merveille
Jean-Claude Gallotta l’avait rencontré à Grenoble, lors de la réouverture de la MC2 en 2004. Bashung y était alors en concert avec Christophe. Gallotta, cette année-là, présentait une création, My Rock, à laquelle Bashung avait pu assister. Les deux hommes font connaissance, le courant passe. Ils deviennent amis. Gallotta s’ouvre de son projet à Bashung, qui accepte aussitôt. En 2006, en deux jours, Bashung enregistre les voix du spectacle d’une seule traite. Il étoffe la partie musicale sans toucher aux textes des douze morceaux de l’album de sorte que la durée musicale passe de trente-deux minutes à une heure dix. Viennent ensuite les arrangements de Denis Clavaizolle et Jean Lamoot. Bashung, à l’origine, devait être sur scène et même, paraît-il, un peu danser, ce qui lui faisait peur. En 2007, Bashung apprend qu’il est atteint d’un cancer. Le projet est reporté. Il enregistre Bleu pétrole, dont le titre n’est pas sans rappeler ce passage du disque de Gainsbourg : « Là-dessus cette Narcisse plonge avec délice / Dans la nuit bleu pétrole de sa paire de Levis. » En 2008, Bashung fait savoir qu’il n’aura pas la force de monter sur scène. Il manque de souffle.
Aujourd’hui, sa voix conservée fait merveille au milieu des danseurs. Pas de décor. Un plateau noir et nu hormis une chaise sur le devant de la scène. Elle est le signe de l’absence, celle de Bashung comme celle de Gainsbourg. Ils sont quatorze. Sept filles, sept garçons. Elles sont en jean et soutien-gorge, eux en costume noir et chemise blanche. Elles seraient sept versions de Marilou tandis qu’ils seraient l’homme à tête de chou doublé de Bashung et de Gainsbourg. Les filles n’hésitent pas à attraper les hommes par la braguette. Marilou, adepte de l’onanisme, est incarnée par une jeune danseuse qui joint le geste à la parole. La voix de Bashung semble parfois l’exacte jumelle de celle de Gainsbourg, sauf dans les instants où elle s’avère plus claire. Les percussions presque vaudoues de Denis Clavaizolle donnent du jus à la danse qu’elles animent. Grâce à cela, la partition dansée ne manque pas de force même si l’on peut regretter un caractère démonstratif trop appuyé, qui tend le plus souvent à illustrer purement et simplement ce que décrit le texte.
Muriel Steinmetz
(1) Du 27 novembre au 19 décembre, à 20 h 30, au Théâtre du Rond-Point. Paris 8e. Tél. 01 44 95 98 00.
et dans Paris-Match
Philippe Noisette - Paris Match
Jean-Claude Gallotta a dû pousser un ouf de soulagement après la première triomphale du 12 novembre à la MC2 de Grenoble. Son projet, un ballet autour de l’album culte de Serge Gainsbourg réenregistré par Alain Bashung, a failli ne jamais voir le jour après la disparition de ce dernier. Au départ, il y a une rencontre avortée en 2004 : dans ce même théâtre grenoblois, Gallotta répète alors un spectacle, « My Rock », et Bashung inaugure la MC2 rénovée avec un autre oiseau rare, Christophe. Le créateur de « Bleu pétrole » se voyait bien sur scène avec des danseurs en invités surprises. Mais l’idée tombe à l’eau. Heureux hasard, deux ans plus tard, le producteur Jean-Marc Ghanassia propose de mettre en mouvement « L’homme à tête de chou ». « J’avais peur d’un truc show-biz, se souvient Gallotta. Alors j’ai placé la barre très haut et on me disait oui à tout. »
« J’AI DOUTÉ, AU POINT DE
VOULOIR TOUT ABANDONNER »
Quand il est question de réenregistrer les tribulations de Marilou, le chorégraphe souffle le nom d’Alain Bashung. Logique puisque avec Gainsbourg il avait enregistré l’album « Play blessures ». Tout s’accélère, Bashung grave des bandes où il reprend les chansons tragiques de l’homme à tête de chou amoureux fou de Marilou. La maladie entrave hélas la suite du projet : voir Bashung sur scène avec des musiciens et des danseurs. « J’ai douté, au point de vouloir tout abandonner, raconte Jean-Claude. C’est Alain qui m’a poussé à aller au bout. » Bashung mourra avant la première.
Gallotta était venu plusieurs fois chez lui pour raconter les pas, les gestes, les tableaux. Dans le spectacle, un fauteuil symbolise la place que Bashung aurait dû occuper. Sans illustrer les paroles, parfois osées, de Serge Gainsbourg, la danse reprend les moments forts. La voix d’Alain Bashung fait des merveilles, grave et suave à la fois.
Denis Clavaizolle a écrit des parties musicales pour prolonger les trente-deux minutes de chansons. « L’homme » devient un long poème symphonique et rock. Pour la chorégraphie, Gallotta opte pour des courses folles, des sauts à l’énergie contagieuse. Et des trios sensuels : une danseuse, les mains dans la braguette de deux garçons, les entraîne dans une folle sarabande et finit nue, « habillée » par ses partenaires qui la pressent entre eux. Il y a des passages dansés plus faibles, comme si le mouvement s’effaçait devant la musique et sa charge émotionnelle. On les oublie vite. Aujourd’hui, « L’homme à tête de chou » entame une autre vie : marqué par l’absence de Gainsbourg comme de Bashung. Mais incroyablement vivant aux yeux du public.
« L’homme à tête de chou », paroles et musique de Serge Gainsbourg, version enregistrée par Alain Bashung, du 27 novembre au 19 décembre à 20 h 30, théâtre du Rond-Point, Paris VIIIe, tél. : 01 44 95 98 21.
Pas forcément, je me souviens pour un de ses spectacles où je jouais : MANGER, nous avions eu avec la Compagnie Philippe Person, 2 pages dans Elle et une dans Paris-Match, sans parler bien-sûr alors forcément de tous les autres : Libération, Le Point++++...
il y avait 80 places c'était forcément complet tous les soirs.
En 1995, j'avais 41 ans et j'étais à la fois ronde et grande je jouais Olivia : l'obsédée des Régimes, Anne Priol l'anorexique....
Bon, je radote et un article dans le journal de mon Entreprise... ah ah ah !!!!!!
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Nathalie Feyt : Le théâtre à pleine dents
«Manger», c'est le titre de la pièce que joue Nathalie Feyt, employée au service Laboratoires. A l’Espace Saint Sabin, elle se métamorphose chaque soir en Olivia, une obsédée des régimes, victime des défilés de mode et des magazines féminins.
Entrée en 1974 aux AGF. à la Direction Groupe depuis 1985, Nathalie Feyt vit chaque soir, après sa journée de travail, sa passion sans borne pour le théâtre.
A deux pas de la Bastille, un étrange petit théâtre, tapi dans d'étonnantes caves du XVIIe siècle accueille le «Tout Paris» du spectacle. C'est là que de jeunes acteurs. Nathalie Feyt, Arnaud
Arbessier, Jean Pierre Lebrun, Nathalie Savary et Audrey Schmid dressent avec drôlerie et par le menu la carte complète des pathologies liées à l'alimentation.
Une galèrie d'obsédés de la nourriture défilent sous nos yeux : anorexiques, esclaves du régime, boulimiques, maniaques de la soupe de poireaux...
Nathalie, c'est Olivia, une obsessionnelle des régimes, dont la vie est ponctuée par l'aiguille de sa balance. Pour ce rôle,elle a créé totalement le personnage, pensé ses costumes et retravaillé les
textes pour les adapter au rôle tel qu'elle le sentait.
"Cela s'appelle i'intelligence du rôle. Il n'y a pas d'à priori dans le théâtre. Il faut se glisser dans la peau des personnages, les comprendre pour les interpréter, mais surtout sans jamais faire passer ses propres états d'âme", explique-t-elle.
Grande brune à l'air un peu effacée, Nathalie a une voix profonde, un regard noir et volontaire, une stature qui la prédestine aux rôles de Médée, Marie Tudor, Agrippine, Dona Elvire de «Don Juan», «Phèdre» ou bien encore, ce qu'elle aimerait aussi, de quelques soubrettes délurées de Molière, telle que la pétulante Toinette du «Malade imaginaire», ou Dorine, la servante rusée de «Tartuffe». "C'est une tragédienne. Elle a des tripes. Elle s'engage à fond dans son rôle, mais elle a un tel pouvoir comique qu'elle peut vraiment tout jouer", souligne son metteur en scène Philippe Person.
La tragédie, elle s'y plonge dans «Phèdre» en 1992, puis dans «Il est trop tard» de Stéphane Auvray-Nauroy en 93, où, sur le thème de la vie. l'amour, la mort, elle poursuit de ses déclarations
désespérées un homme qui l'ignore totalement. "C'est sans doute le plus beau personnage qu'il m'ait été donné de jouer : celui de l'amoureuse égoïste qui a tous les courages". déclare-t-elle
enthousiaste.
Elle fait ensuite partie de la troupe de «Pendant que vous dormiez» sur le thème de la guerre d'Algérie. Cinquante représentations sont données dans ce fameux theâtre de l'Œuvre. rue de Clichy à Paris qui résonne encore des voix de Jacques Dufilhot, Harry Baur et Georges Wilson.
Nathalie n'a certes pas choisi la voie facile pour exprimer son art car elle mène de front son travail aux AGF et sa carrière de comédienne.
A 17 ans, au lycée, elle connaît sa première expérience théâtrale avec une pièce de Guy Foissy «Le discours du père». Le temps passe et ce n'est qu'à 29 ans qu'elle renoue les liens avec le monde du spectacle lorsqu'elle décide de suivre les cours du Théâtre d'Aujourd'hui, place Monge.
"Il s'agissait surtout d'un travail sur soi, pas vraiment de théâtre", explique-t-elle. Elle s inscrit donc aux cours de l'Art Studio pour travailler des textes avec Luc Charpentier, puis au théâtre de l'Entreprise sous la houlette de Dominique Chevalier. Elle passe de Shakespeare avec Bernard Ortega à Victor Hugo avec Philippe Honoré et tourne quelques courts métrages pour le cinéma. Dès lors, elle ne cesse de parfaire son jeu et d'acquérir du professionnalisme. C'est la bienheureuse rencontre avec Michel Fau. comédien du Conservatoire, qui débouche sur le rôle de Panope dans «Phèdre» de Racine."Le théâtre c'est le talent mais c'est aussi une question de bonnes rencontres", explique Philippe Person.
De bonnes critiques en bonnes rencontres
Les bonnes rencontres sont aussi le fruit des bonnes critiques. Elles ne manquent
pas pour le dernier spectacle de Nathalie: «Allez en rire avec délices». lit-on dans Elle. «Un catalogue de nos mœurs et de nos troubles alimentaires. ce spectacle est un miroir très efficace», commente Télérama. «On oscille entre le rire et la gêne du voyeur. Pour Libération. «C'est soulevant, remarquablement joué. je vous le conseille » recommande Yolande Je la Bigne sur France Info. Le Point, Cosmopolitan, Politis et Paris-Match leur emboîtent le pas et ne tarissent pas d'éloges.
Encouragée, Nathalie s'attelle déjà à un nouveau texte de Mouza Pavlova, «L'idiot. l'exclu». Elle y interprétera deux personnages totalement différents, une employée d'administration et une gardienne dure "très garde chiourme. Comme dans le théâtre baroque, ce sont des rôles très forts et en même temps très drôles".
Cette pièce sera jouée dès septembre devant les spectateurs nîmois. Nathalie souhaite y consacrer tout son temps et toute son énergie. Aussi a-t-elle demandé un congé sabbatique de six mois.
Gageons qu'il lui permettra de réaliser pleinement sa passion, et comme Ronsard à Cassandre, dédions-lui ces vers quelque peu remaniés et porteurs de tous nos voeux :
- Jouer, si m'en croyez, n'attendez à demain.
- Cueillez dès aujourd'hui les roses du succés !
Régine Barreca
Diagonale 23 - Juillet 1995
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Pour les photos il faut aller dans le menu de droite : Galerie de Photos , il y en a plein de mon jeune temps, si cela inspire un réalisateur par exemple... ALBERT DUPONTEL
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Et surtout courrez le voir au Cinéma, dans la catégorie des films à voir à revoir à rire à "re-rire" pour l'absolue liberté intelligence pour la réalisation les interprètes tous les interprètes : chats, chiens et surtout la Tortue Pénélope, bravo.... sans reproche et mauvaise conscience...
C'était tellement puissant de joie pour moi que j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans la réalite après, faire à manger etc...
courrez le voir dans Le Vilain de et avec Albert Dupontel
une critique des Inrocks
Mais bon cher Albert si singulier Dupontel, je vous pardonne bien-sûr et j'espère surtout que très bientôt quand vous aurez pris le temps de trouver les idées comme vous le faites à chaque fois, quel coeur c'est entre Capra Lubitch et les Marx Brothers et puis c'est rien de tout cela c'est un Objet comme un gros camion noir non identifié qui fonce sur vous et qui passe son chemin parce que vous vous réveillez...
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L'Homme à Tête de Chou
Article paru
le 27 novembre 2009 dans l'Humanité
Un double hommage à deux fantômes aimés
Dans l’Homme à tête de chou, Gallotta fait danser sa troupe sur un Gainsbourg revu et interprété par Bashung.
Jean-Claude Gallotta présente l’Homme à tête de chou au Théâtre du Rond-Point (1), créé récemment à la MC2 de Grenoble. Cette pièce chorégraphique emprunte son titre et son âme à l’album fameux de Serge Gainsbourg qui, étrangement, fut un insuccès à sa sortie en 1976. Gainsbourg y chante l’amour d’un journaliste à la petite semaine pour Marilou, une shampouineuse qui finira sous les coups de l’homme rendu fou, l’arme du meurtre étant un extincteur. Sur proposition du producteur Jean-Marc Ghanassia, qui a obtenu les droits commerciaux de l’album, Gallotta s’empare du fait divers sous-jacent. Restait à trouver l’oiseau rare, propre à incarner ce modèle hors pair. Le nom de Bashung s’est imposé d’emblée.
la voix conservée de Bashung fait merveille
Jean-Claude Gallotta l’avait rencontré à Grenoble, lors de la réouverture de la MC2 en 2004. Bashung y était alors en concert avec Christophe. Gallotta, cette année-là, présentait une création, My Rock, à laquelle Bashung avait pu assister. Les deux hommes font connaissance, le courant passe. Ils deviennent amis. Gallotta s’ouvre de son projet à Bashung, qui accepte aussitôt. En 2006, en deux jours, Bashung enregistre les voix du spectacle d’une seule traite. Il étoffe la partie musicale sans toucher aux textes des douze morceaux de l’album de sorte que la durée musicale passe de trente-deux minutes à une heure dix. Viennent ensuite les arrangements de Denis Clavaizolle et Jean Lamoot. Bashung, à l’origine, devait être sur scène et même, paraît-il, un peu danser, ce qui lui faisait peur. En 2007, Bashung apprend qu’il est atteint d’un cancer. Le projet est reporté. Il enregistre Bleu pétrole, dont le titre n’est pas sans rappeler ce passage du disque de Gainsbourg : « Là-dessus cette Narcisse plonge avec délice / Dans la nuit bleu pétrole de sa paire de Levis. » En 2008, Bashung fait savoir qu’il n’aura pas la force de monter sur scène. Il manque de souffle.
Aujourd’hui, sa voix conservée fait merveille au milieu des danseurs. Pas de décor. Un plateau noir et nu hormis une chaise sur le devant de la scène. Elle est le signe de l’absence, celle de Bashung comme celle de Gainsbourg. Ils sont quatorze. Sept filles, sept garçons. Elles sont en jean et soutien-gorge, eux en costume noir et chemise blanche. Elles seraient sept versions de Marilou tandis qu’ils seraient l’homme à tête de chou doublé de Bashung et de Gainsbourg. Les filles n’hésitent pas à attraper les hommes par la braguette. Marilou, adepte de l’onanisme, est incarnée par une jeune danseuse qui joint le geste à la parole. La voix de Bashung semble parfois l’exacte jumelle de celle de Gainsbourg, sauf dans les instants où elle s’avère plus claire. Les percussions presque vaudoues de Denis Clavaizolle donnent du jus à la danse qu’elles animent. Grâce à cela, la partition dansée ne manque pas de force même si l’on peut regretter un caractère démonstratif trop appuyé, qui tend le plus souvent à illustrer purement et simplement ce que décrit le texte.
Muriel Steinmetz
(1) Du 27 novembre au 19 décembre, à 20 h 30, au Théâtre du Rond-Point. Paris 8e. Tél. 01 44 95 98 00.
et dans Paris-Match
Philippe Noisette - Paris Match
Jean-Claude Gallotta a dû pousser un ouf de soulagement après la première triomphale du 12 novembre à la MC2 de Grenoble. Son projet, un ballet autour de l’album culte de Serge Gainsbourg réenregistré par Alain Bashung, a failli ne jamais voir le jour après la disparition de ce dernier. Au départ, il y a une rencontre avortée en 2004 : dans ce même théâtre grenoblois, Gallotta répète alors un spectacle, « My Rock », et Bashung inaugure la MC2 rénovée avec un autre oiseau rare, Christophe. Le créateur de « Bleu pétrole » se voyait bien sur scène avec des danseurs en invités surprises. Mais l’idée tombe à l’eau. Heureux hasard, deux ans plus tard, le producteur Jean-Marc Ghanassia propose de mettre en mouvement « L’homme à tête de chou ». « J’avais peur d’un truc show-biz, se souvient Gallotta. Alors j’ai placé la barre très haut et on me disait oui à tout. »
« J’AI DOUTÉ, AU POINT DE
VOULOIR TOUT ABANDONNER »
Quand il est question de réenregistrer les tribulations de Marilou, le chorégraphe souffle le nom d’Alain Bashung. Logique puisque avec Gainsbourg il avait enregistré l’album « Play blessures ». Tout s’accélère, Bashung grave des bandes où il reprend les chansons tragiques de l’homme à tête de chou amoureux fou de Marilou. La maladie entrave hélas la suite du projet : voir Bashung sur scène avec des musiciens et des danseurs. « J’ai douté, au point de vouloir tout abandonner, raconte Jean-Claude. C’est Alain qui m’a poussé à aller au bout. » Bashung mourra avant la première.
Gallotta était venu plusieurs fois chez lui pour raconter les pas, les gestes, les tableaux. Dans le spectacle, un fauteuil symbolise la place que Bashung aurait dû occuper. Sans illustrer les paroles, parfois osées, de Serge Gainsbourg, la danse reprend les moments forts. La voix d’Alain Bashung fait des merveilles, grave et suave à la fois.
Denis Clavaizolle a écrit des parties musicales pour prolonger les trente-deux minutes de chansons. « L’homme » devient un long poème symphonique et rock. Pour la chorégraphie, Gallotta opte pour des courses folles, des sauts à l’énergie contagieuse. Et des trios sensuels : une danseuse, les mains dans la braguette de deux garçons, les entraîne dans une folle sarabande et finit nue, « habillée » par ses partenaires qui la pressent entre eux. Il y a des passages dansés plus faibles, comme si le mouvement s’effaçait devant la musique et sa charge émotionnelle. On les oublie vite. Aujourd’hui, « L’homme à tête de chou » entame une autre vie : marqué par l’absence de Gainsbourg comme de Bashung. Mais incroyablement vivant aux yeux du public.
« L’homme à tête de chou », paroles et musique de Serge Gainsbourg, version enregistrée par Alain Bashung, du 27 novembre au 19 décembre à 20 h 30, théâtre du Rond-Point, Paris VIIIe, tél. : 01 44 95 98 21.
vendredi 27 novembre 2009
Théâtre de Braunschweig : La Colline
La mise en rivalité : l'émulation de la concurrence, le stress positif, les termes de stratégies commerciales : la transparence des coûts... un langage tellement éloigné des réalités humaines,
c'est un peu comme installer une station de ski en plein désert...
J'ai entendu donc dans l'excellent spectacle de Suzanne, une femme remarquable (la dernière dimanche 29 à 15h au Lucernaire*) avec Laurence Février, la parole d'une femme engagée que...
Mitterand président, prenait, bloquait 3 heures par jour pour lire réfléchir...
il ferait bien de s'en inspirer "Zébulon", au lieu lui, de se bloquer seulement une demi-heure de jogging...
et dire que certains artistes n'en sont pas exempts de cette course indécente, quand ils deviennent administrateurs, celle des rivalités, à savoir la comparaison des budgets, sans éléments comptables pour étayer la démonstration, et si les deux maisons n'étaient pas dans les mêmes proportions et alors pourquoi pas mettre un lien avec un rapport de "la cour" des comptes, pour connaitre les chiffres réels....
Stéphane Braunschweig: "Je dois donner au Théâtre de la Colline une identité forte"
Par Laurence Liban, publié le 20/11/2009 à 12:48 - mis à jour le 25/11/2009 à 12:19
Après le TNS, institution ouverte sur l'Europe, vous auriez aimé diriger le Théâtre national de l'Odéon-théâtre de l'Europe. Qu'en est-il aujourd'hui......
Le nouveau directeur du théâtre national parisien, qui présente deux pièces d'Ibsen, détaille sa mission et ses projets.
Quels sont les enjeux auxquels vous devez faire face, au théâtre de la Colline ?
Passant d'une situation de quasi-monopole, à Strasbourg, à un contexte de grande concurrence, à Paris, je dois donner à ce lieu une identité forte, renouvelée du fait de mon arrivée avec mes auteurs et mes metteurs en scène. Et cela en respectant son histoire.
Quelle est la mission du Théâtre national de la Colline ?
Il n'y a pas de cahier des charges. Jorge Lavelli a inauguré cette institution en 1987 en la vouant aux écritures contemporaines. Alain Françon l'a ouverte sur la fin du XIX e siècle. Quant à moi, je m'inscris dans ce cadre.
Vous ne monterez donc plus Molière ?
A priori, non. Mais je ne suis pas rigide. Ayant décidé de consacrer chaque saison à une problématique particulière - cette année, "Rêves d'héroïsme et de radicalité" - je ne me priverai pas de rattacher un spectacle à une oeuvre plus ancienne, de Shakespeare, de Molière ou des Grecs, si cela est nécessaire.
Comment se passe ce début de saison ?
Le public me connaît bien, puisque j'ai déjà présenté six spectacles dans la maison. Et il est très amateur des écritures scéniques nouvelles, comme ce fut le cas avec Sylvain Creuzevault. Nous refusons constamment du monde dans la petite salle.
Après le TNS, institution ouverte sur l'Europe, vous auriez aimé diriger le Théâtre national de l'Odéon-théâtre de l'Europe. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Ici, nous n'avons ni le budget ni la mission européenne de l'Odéon. Mais nous garderons une fenêtre ouverte sur l'étranger avec un focus annuel sur un artiste et des oeuvres d'auteurs, comme Marius von Mayenburg. Nous inviterons aussi le metteur en scène allemand Michael Thalheimer qui présentera pour la première fois à la Colline Combat de nègre et de chiens, de Koltès.
Outre un théâtre, le TNS est aussi une école très réputée. La pédagogie ne va-t-elle pas vous manquer ?
Sans vouloir créer une école ici, je ne veux pas rompre ce fil. Dans le cadre de la formation continue, nous accueillerons des comédiens de toutes les générations et nous proposerons des stages de mise en scène ou de dramaturgie.
Vous présentez cinq heures de spectacle avec Une maison de poupée et Rosmersholm, d'Ibsen. Pourquoi ce tandem ?
J'avais envie de les monter en miroir. On y voit des gens placés devant des choix de vie radicaux et qui ont l'ambition d'être des héros. "Rêves d'héroïsme et de radicalité" : on est au coeur de la problématique. Avec ces questions : peut-on vivre sans idéaux ? Peut-on survivre à la perte des idéaux ?
Une maison de poupée et Rosmersholm, Théâtre national de la Colline, Paris (XXe), du 14 novembre 2009 au 16 janvier 2010.
*
à propos de Suzanne sur ticketac.nouvelobs.com
"SUZANNE OU UNE FEMME REMARQUABLE
THEATRE LUCERNAIRE
Distribution :
Un spectacle écrit, mis en scène et joué par Laurence Février
Descriptif :
Après Ils habitent la Goutte d’Or, Suzanne est une nouvelle page d’un “théâtre d’actualité” qui ouvre la scène au débat public et aux questions de société qui traversent notre vie quotidienne. Suzanne n’est pas un texte de fiction, c’est la parole réelle d’une femme engagée. La comédienne et metteur en scène Laurence Février en est l’interprète.
Ce que dit Suzanne :
“ le droit a perdu sa valeur symbolique, quand on disait : “les hommes naissent libres et égaux en droits…”, ça avait de la gueule quoi, on y croyait, aujourd’hui il y a trop de règles, les codes s’empilent les uns sur les autres, le droit, c’est devenu des règles techniques où plus personne ne met rien…”
“ le système capitaliste est malade quand même, maintenant ils prêtent aux jeunes sur cinquante ans, vous vous rendez compte de ce que ça représente ? Il faut pouvoir le gaspiller l’argent, dans des actes gratuits, si vous ne pouvez plus faire d’actes gratuits parce que vous êtes lié aux banques !”
Evénement :
SUZANNE OU UNE FEMME REMARQUABLE
Adresse :
THEATRE LUCERNAIRE
53, RUE NOTRE DAME DES CHAMPS
75006 PARIS"
jeudi 26 novembre 2009
URGENT, Allez-voir SUZANNE : Rencontre de 2 femmes remarquables... au Lucernaire
Si vous êtes femme et si vous avez passé 50 ans, ce spectacle vous fait monter au Paradis...
par l'exigence la lucidité la mémoire l'acuité du regard critique sur les politiques.
Ce spectacle vous donne un peu plus de résistance, de résilience, surtout si vous êtes consternée bafouée par la réalité et si vous voulez comme garder une distance de réflexion, une lueur d'espoir.
En sortant je me suis vue en rêve continuer à travailler dans une entreprise, défendre mes positions, mes choix, ne pas baisser la garde, ne pas baisser les bras, accroitre ma capacité à dire non à mes supérieurs hiérarchiques. Travailler à l'avenir, écrire pour être relue dans 50 ans (pas sur un blog, un blog ce n'est pas fait pour cela). Militer au moins une fois par semaine. Rester dans ma vie : amateur...
O comme cela m'a touchée emplie convaincue. C'est un témoignage d'une femme qui a existé travaillé à autre chose que sa carrière. La comédienne a repris lapsus suspension hésitations de la langue parlée singulière musique rythmée par l'Afrique l'insularité la parité le Droit la révolte.
"Le Droit ce n'est pas de la justice mais de la justesse...."
Elle parle de sa thèse tout est découpé compréhensible.
Il n'y a aucune affectation, la mise en scène donne un écrin à ce cristal.
Si je n'avais pas aimé ma grand tante et si je n'aimais pas ma petite cousine,j'aurais voulu qu'elles ressemblent à Suzanne. Car voilà d'avoir connu 68 on peut regarder ce qui se passe aujourd'hui sans radoter
Quelle démonstration flamboyante pour dénoncer l'étriqué de la norme actuelle, la non reproduction de la liberté, l'altérité, la créativité, la révolte, la parité.
Cette interview intelligente qui n'est pas un interrogatoire "people" (ce mot m'a toujours glacé comme un gros mot) ou superficiel, c'est un témoignage d'une juriste, d'une universitaire qui n'a pas fait carrière dépourvue d'ambition assassine.
J'adorerai jouer cela demain avec autant de dépourvu de jeu et de miniaturisme.
Quelle beauté ! A la fin la lumière le silence sont d'une intensité à vous couper le souffle, les spectateurs suspendent leurs applaudissements.
Ce soir demain cela finit le 29/11 au Lucernaire, mais ce spectacle part en tournée, je vais acheter le DVD. Comment cela se fait que j'ai attendu si longtemps avant d'y aller, pas le temps, cela finit le 29/11.
Mais après le spectacle va vivre, va aller plus loin, il se rejouera aussi qui sait cette année encore à Avignon. La comédienne à sa façon de saluer de sourire de jouer ne doit pas se lasser de porter ce brassard de deuil et d'espoir à son coeur de porter ce spectacle tout autour de la France de l'Europe des Iles de l'Afrique. Elle apporte tant de dignité.
Je me suis dit si je n'avais pas eu mon expérience du théâtre avec la Compagnie de Philippe Person, de la liberté de vue, de sexe, de création, de ralenti, de partage, de savoir laisser du temps au temps, je crois que j'aurais fini par faire des déclarations comme Madame Marie NDIAYE sur la monstruosité de ce pays, n'en déplaise à ce faux cul de philosophe Finkelkraut !!! je reviendrais là-dessus , j'arrêterai l'écriture automatique..(c'était une émission de la semaine passée avec Tadéï : "ce soir ou jamais" avec en 1ère partie Alain Finkelkraut, la veille nous avions eu Michel Serres, le jour et la nuit.
Si je n'avais pas mon mari qui pense profondément comme moi.
La personne qui m'a dit d'aller voir Suzanne qui m'a incité qui m'a précisé : "toi, tu vas adorer !" c'est un homme, c'est Philippe Person, c'est un artiste, interprète aussi.
Si Gérard Philippe n'avait pas rencontré Jean Vilar...
Je demande la parité pour la répartition chez les spectateurs 2/3 de femmes 1/3 d'hommes dont 1/3 de jeunes de 17ans à 26ans, dans tous les théâtres où l'on annule la représentation; où l'on annule toutes les inscriptions des cours de théâtre, car c'est vrai y en a marre de cette immobilité...
Tiens c'est bizarre au théâtre le public les inscriptions des cours de théâtre sont inversement proportionnels aux sphères du pouvoir de la politique et des entreprises...
70% de femmes 30% d'hommes dont 20% de jeunes....
Artistes debout dans la rue secouez-vous le cocotier, nous sommes en train d'être modifiés momifiés par les crédits à la consommation, "l'accès à la propriété" soit et encore !? mais pas à n'importe quel taux, sinon vous êtes poings et mains liés soumis à toutes les extravagances de votre employeur....des politiques via votre banquier. Dépensez arrêtez d'économiser, vous n'allez pas l'emporter au Paradis....
SUZANNE 21H au LUCERNAIRE par Laurence FEVRIER(elle a joué avec Vitez...) salle : LE PARADIS...
mercredi 25 novembre 2009
Maison de poupées : 5 mises en scène dont celle à venir de Michel FAU
Succès d'Ibsen et de "Nora" personnage principal...
Pourquoi faire taire ma voix ?
ici... recopier seulement,
parce que je me heurte
plante carnivore que le blog ?
Et si au contraire une bête sauvage dans une jungle "déforestée".
qui meurt lentement...
Si je devais lire plus de livres je choisirai au fil de la sélection de Nicolas Demorand (France Inter).
Guide pour la guérilla des femmes... de l'ex-femme de Besson, hier Retour à Reims... et la faillite des médias 2 auteurs....
bientôt je me mettrais à la discipline, étrange compagnon des mémoires fatiguées saturées, du carnet de bord
demain derniers épisodes de la série 24 h chrono saison 7
toujours pas de cinéma depuis Ruban Blanc...
car plus + de théâtre d'assistance à mon cher metteur en scène / Philippe Person.
Il n'y a pas encore beaucoup de monde pour son spectacle MISÉRABLES d'après VICTOR HUGO... serait-ce le titre ?! les critiques sont toutes quasiment excellentes, les spectateurs ravis, j'espionne les gradins...chers spectateurs...
Sarkozy 2012 : Bush double mandat ?!
l'aveugle ambition confondue avec la responsabilité : Besson, campagne contre les mariages gris...
depuis ces 2 dernières semaines je tombe je chute de toute ma hauteur 2 chutes, genoux couronnés...
sur Webthea
Romersholm et Maison de poupée d’Henrik Ibsen
Paris- Théâtre de la colline jusqu’au 16 février 2010
Le metteur en scène Stéphane Braunschweig inaugure sa première mise en scène en tant que nouveau directeur du théâtre de la colline avec deux pièces d’Ibsen présentées en diptyque, Romersholm et Maison de poupée. Après Peer Gynt, Brand et Les Revenants, il poursuit donc son exploration de l’œuvre du dramaturge norvégien. La pertinence du rapprochement de ces deux pièces apparaît rapidement.
Romersholm
Dans Rosmersholm, le pasteur Rosmer (Claude Duparfait) espère s’affranchir du poids mortifère des traditions de la lignée familiale en épousant la cause politique qui enflamme la jeunesse avide d’idéal et de justice. Il est poussé dans cette voie par Rebekka West (Maud Le Grevellec) une étrange et belle jeune femme qui s’est installée au domaine bien avant la mort tragique de son épouse et avec laquelle il entretient une relation amicale ambiguë. Rosmer vit isolé, coupé du monde extérieur, enfermé dans un rêve qui va tourner au cauchemar. Son ami conservateur Kroll (Christophe Brault) et Mortensgard (Marc Susini), son ancien précepteur, ont, eux, le sens des réalités. Le premier tente de raisonner le pasteur au nom des valeurs anciennes, le second, opportuniste, a espéré un moment se refaire une situation sur le dos des idéalistes qui appellent de leur vœu une société meilleure. Mais Rosmer est trop hors du monde pour assumer un destin politique, il se rétracte, se recroqueville sur le sentiment de culpabilité qui l’envahit quand il prend conscience de son désir pour Rebekka. Il a appris que c’est elle qui a poussé sa femme au suicide pour prendre sa place et lui propose pourtant de l’épouser, espérant dans un geste désespéré échapper à son destin. Le poids de la faute les rattrape tous les deux ; ils n’échapperont pas à culpabilité dans laquelle ils iront se noyer.
Maison de poupée
Dans Maison de poupée, Nora (Chloé Réjon), une jeune femme-enfant, papillonne et s’agite, trouve très amusant d’avoir des enfants, ne vit que pour son époux, Torvald Helmer (Eric Caruso), pour qui elle se fait cajoleuse et enjôleuse et qu’il voit comme une poupée ravissante. Nora, pour sauver la vie de son mari malade, a fait un faux et à cause de cette faute se trouve prise au piège d’un chantage sordide qui aurait pu la conduire au suicide. Quand la vérité éclate, son mari est obnubilé par la honte qui ne manquera pas de retomber sur lui sans entrevoir les motifs nobles qui ont motivé sa femme. Comme le pasteur de Romersholm, mais sur un mode tout différent, Nora est absente au monde réel, une société sans idéal qu’elle ne comprend pas, où l’on ne parle que d’argent et d’ambition sociale. Elle se sauve dans l’imaginaire où elle peut modeler le monde selon ses rêves jusqu’à ce que tout s’écroule. Mais, contrairement à Rosmer, Nora ne s’effondre pas, elle s’en sort par le haut en refusant les valeurs de ce monde et en prenant le risque de mener son aventure personnelle, au-delà d’une émancipation féminine sensible. Elle résiste à la culpabilité et respire tout à coup la vitalité qui fait défaut à Torvald qui n’a rien compris et reste enferré dans sa lecture masculine de la société et des relations entre les hommes et les femmes. Le Dr Rank (Philippe Girard) atteint d’une maladie de la moëlle épinière, figure la présence de la mort métaphorique d’un monde vain. Comme dans Romersholm, les personnages extérieurs sont tous plus ou moins compromis ; comme Rosmer vis-à-vis de Rebekka, Nora prend conscience que son mari n’est pas celui qu’elle croyait et c’est cette révélation qui ébranle définitivement leur univers mais contrairement à Rosmer qui ne s’en remet pas, Nora renaît à elle-même. La maison de la poupée Nora s’effondre avec toutes ses fausses valeurs. Il reste à reconstruire joyeusement et courageusement un monde qui lui ressemble.
Un travail élégant de mise en perspective
Braunschweig met en scène les deux pièces dans un large espace épuré dont il signe la scénographie. Tout dans Romersholm semble figé alors que Maison de poupée est traversé par une pulsion de vie. A la galerie de portraits des ancêtres de Romersholm qui auront raison du pasteur s’oppose la porte d’entrée, et sa boîte aux lettres, monumentale de l’appartement de Nora par laquelle le drame éclate pour finalement lui ouvrir la porte de la vraie vie. Dans sa gestuelle étriquée et introvertie, Claude Duparfait interprète un pasteur pétrifié par la rigueur morale et la peur du péché mortel. Chloé Réjon est une Nora frivole et inquiétante, un feu follet, un papillon près de se brûler les ailes, une enfant sortie brutalement de sa chrysalide pour accéder dans la douleur à son statut de femme, d’être humain. Enfantine dans son jean et son pull rouge, tragique dans sa robe de voile noir ou vêtue de la ravissante robe folklorique qu’elle voit comme son linceul. Avec son débit de voix un peu traînant, Eric Caruso crée juste ce qu’il faut de malaise ; il est un Helmer exaspérant de certitudes masculines et touchant de naïveté. Près d’eux, l’ami solitaire et désenchanté, amoureux de Nora, le Dr Rank auquel Philippe Girard donne une belle présence. Sans oublier Annie Mercier, qui était la formidable Dorine du Tartuffe mis en scène par Brauschweig, lien subliminal entre les deux pièces où elle joue encore les domestiques. Stéphane Braunschweig nous offre une intense et longue traversée dans l’univers d’Ibsen qui a la faveur des metteurs en scène puisque sont programmées cette saison pas moins de cinq mises en scène de Maison de poupée dont celle de Michel Fau avec Audrey Tautou, celle de Martinelli avec Marina Foïs ou celle de l’Argentin Daniel Veronese qu’il mettra en regard avec Hedda Gabler dans le cadre du festival Standard idéal à la MC 93 de Bobigny en février 2010.
Romersholm d’Henrik Ibsen, mise en scène et scénographie Stéphane Braunschweig, traduction Eloi Recoing. Avec Christophe Brault, Claude Duparfait, Maud Le Grevellec, Annie Mercier, Marc Susini, Jean-Marie Winling. mercredi à 19h30, vendredi à 17h, samedi à 17h et dimanche à 15h30. Durée : 2h30. Maison de poupée, d’Henrik Ibsen, mise en scène et scénographie Stéphane Braunschweig, traduction Eloi Recoing. Avec Chloé Réjon, Eric Caruso, Philippe Girard, Bénédicte Cerutti, Thierry Paret, Annie Mercier, Yann Leguern et les enfants, en alternance, Esther Denis, Nil dudoignon-valade, Victor Fisbach, Lou Pouillon. mardi à 19h30, jeudi à 20h30, samedi à 20h30 et dimanche à 19h. Durée : 2h30. Les deux spectacles sont joués en alternance en semaine et en intégrale le week-end. Du 14 novembre au 20 décembre 2009 et du 9 janvier au 16 février 2010. Réservation ; 01 44 62 52 52."
© Elisabeth Carecchio
Le mardi 24 novembre 2009
Pourquoi faire taire ma voix ?
ici... recopier seulement,
parce que je me heurte
plante carnivore que le blog ?
Et si au contraire une bête sauvage dans une jungle "déforestée".
qui meurt lentement...
Si je devais lire plus de livres je choisirai au fil de la sélection de Nicolas Demorand (France Inter).
Guide pour la guérilla des femmes... de l'ex-femme de Besson, hier Retour à Reims... et la faillite des médias 2 auteurs....
bientôt je me mettrais à la discipline, étrange compagnon des mémoires fatiguées saturées, du carnet de bord
demain derniers épisodes de la série 24 h chrono saison 7
toujours pas de cinéma depuis Ruban Blanc...
car plus + de théâtre d'assistance à mon cher metteur en scène / Philippe Person.
Il n'y a pas encore beaucoup de monde pour son spectacle MISÉRABLES d'après VICTOR HUGO... serait-ce le titre ?! les critiques sont toutes quasiment excellentes, les spectateurs ravis, j'espionne les gradins...chers spectateurs...
Sarkozy 2012 : Bush double mandat ?!
l'aveugle ambition confondue avec la responsabilité : Besson, campagne contre les mariages gris...
depuis ces 2 dernières semaines je tombe je chute de toute ma hauteur 2 chutes, genoux couronnés...
sur Webthea
Romersholm et Maison de poupée d’Henrik Ibsen
Paris- Théâtre de la colline jusqu’au 16 février 2010
Le metteur en scène Stéphane Braunschweig inaugure sa première mise en scène en tant que nouveau directeur du théâtre de la colline avec deux pièces d’Ibsen présentées en diptyque, Romersholm et Maison de poupée. Après Peer Gynt, Brand et Les Revenants, il poursuit donc son exploration de l’œuvre du dramaturge norvégien. La pertinence du rapprochement de ces deux pièces apparaît rapidement.
Romersholm
Dans Rosmersholm, le pasteur Rosmer (Claude Duparfait) espère s’affranchir du poids mortifère des traditions de la lignée familiale en épousant la cause politique qui enflamme la jeunesse avide d’idéal et de justice. Il est poussé dans cette voie par Rebekka West (Maud Le Grevellec) une étrange et belle jeune femme qui s’est installée au domaine bien avant la mort tragique de son épouse et avec laquelle il entretient une relation amicale ambiguë. Rosmer vit isolé, coupé du monde extérieur, enfermé dans un rêve qui va tourner au cauchemar. Son ami conservateur Kroll (Christophe Brault) et Mortensgard (Marc Susini), son ancien précepteur, ont, eux, le sens des réalités. Le premier tente de raisonner le pasteur au nom des valeurs anciennes, le second, opportuniste, a espéré un moment se refaire une situation sur le dos des idéalistes qui appellent de leur vœu une société meilleure. Mais Rosmer est trop hors du monde pour assumer un destin politique, il se rétracte, se recroqueville sur le sentiment de culpabilité qui l’envahit quand il prend conscience de son désir pour Rebekka. Il a appris que c’est elle qui a poussé sa femme au suicide pour prendre sa place et lui propose pourtant de l’épouser, espérant dans un geste désespéré échapper à son destin. Le poids de la faute les rattrape tous les deux ; ils n’échapperont pas à culpabilité dans laquelle ils iront se noyer.
Maison de poupée
Dans Maison de poupée, Nora (Chloé Réjon), une jeune femme-enfant, papillonne et s’agite, trouve très amusant d’avoir des enfants, ne vit que pour son époux, Torvald Helmer (Eric Caruso), pour qui elle se fait cajoleuse et enjôleuse et qu’il voit comme une poupée ravissante. Nora, pour sauver la vie de son mari malade, a fait un faux et à cause de cette faute se trouve prise au piège d’un chantage sordide qui aurait pu la conduire au suicide. Quand la vérité éclate, son mari est obnubilé par la honte qui ne manquera pas de retomber sur lui sans entrevoir les motifs nobles qui ont motivé sa femme. Comme le pasteur de Romersholm, mais sur un mode tout différent, Nora est absente au monde réel, une société sans idéal qu’elle ne comprend pas, où l’on ne parle que d’argent et d’ambition sociale. Elle se sauve dans l’imaginaire où elle peut modeler le monde selon ses rêves jusqu’à ce que tout s’écroule. Mais, contrairement à Rosmer, Nora ne s’effondre pas, elle s’en sort par le haut en refusant les valeurs de ce monde et en prenant le risque de mener son aventure personnelle, au-delà d’une émancipation féminine sensible. Elle résiste à la culpabilité et respire tout à coup la vitalité qui fait défaut à Torvald qui n’a rien compris et reste enferré dans sa lecture masculine de la société et des relations entre les hommes et les femmes. Le Dr Rank (Philippe Girard) atteint d’une maladie de la moëlle épinière, figure la présence de la mort métaphorique d’un monde vain. Comme dans Romersholm, les personnages extérieurs sont tous plus ou moins compromis ; comme Rosmer vis-à-vis de Rebekka, Nora prend conscience que son mari n’est pas celui qu’elle croyait et c’est cette révélation qui ébranle définitivement leur univers mais contrairement à Rosmer qui ne s’en remet pas, Nora renaît à elle-même. La maison de la poupée Nora s’effondre avec toutes ses fausses valeurs. Il reste à reconstruire joyeusement et courageusement un monde qui lui ressemble.
Un travail élégant de mise en perspective
Braunschweig met en scène les deux pièces dans un large espace épuré dont il signe la scénographie. Tout dans Romersholm semble figé alors que Maison de poupée est traversé par une pulsion de vie. A la galerie de portraits des ancêtres de Romersholm qui auront raison du pasteur s’oppose la porte d’entrée, et sa boîte aux lettres, monumentale de l’appartement de Nora par laquelle le drame éclate pour finalement lui ouvrir la porte de la vraie vie. Dans sa gestuelle étriquée et introvertie, Claude Duparfait interprète un pasteur pétrifié par la rigueur morale et la peur du péché mortel. Chloé Réjon est une Nora frivole et inquiétante, un feu follet, un papillon près de se brûler les ailes, une enfant sortie brutalement de sa chrysalide pour accéder dans la douleur à son statut de femme, d’être humain. Enfantine dans son jean et son pull rouge, tragique dans sa robe de voile noir ou vêtue de la ravissante robe folklorique qu’elle voit comme son linceul. Avec son débit de voix un peu traînant, Eric Caruso crée juste ce qu’il faut de malaise ; il est un Helmer exaspérant de certitudes masculines et touchant de naïveté. Près d’eux, l’ami solitaire et désenchanté, amoureux de Nora, le Dr Rank auquel Philippe Girard donne une belle présence. Sans oublier Annie Mercier, qui était la formidable Dorine du Tartuffe mis en scène par Brauschweig, lien subliminal entre les deux pièces où elle joue encore les domestiques. Stéphane Braunschweig nous offre une intense et longue traversée dans l’univers d’Ibsen qui a la faveur des metteurs en scène puisque sont programmées cette saison pas moins de cinq mises en scène de Maison de poupée dont celle de Michel Fau avec Audrey Tautou, celle de Martinelli avec Marina Foïs ou celle de l’Argentin Daniel Veronese qu’il mettra en regard avec Hedda Gabler dans le cadre du festival Standard idéal à la MC 93 de Bobigny en février 2010.
Romersholm d’Henrik Ibsen, mise en scène et scénographie Stéphane Braunschweig, traduction Eloi Recoing. Avec Christophe Brault, Claude Duparfait, Maud Le Grevellec, Annie Mercier, Marc Susini, Jean-Marie Winling. mercredi à 19h30, vendredi à 17h, samedi à 17h et dimanche à 15h30. Durée : 2h30. Maison de poupée, d’Henrik Ibsen, mise en scène et scénographie Stéphane Braunschweig, traduction Eloi Recoing. Avec Chloé Réjon, Eric Caruso, Philippe Girard, Bénédicte Cerutti, Thierry Paret, Annie Mercier, Yann Leguern et les enfants, en alternance, Esther Denis, Nil dudoignon-valade, Victor Fisbach, Lou Pouillon. mardi à 19h30, jeudi à 20h30, samedi à 20h30 et dimanche à 19h. Durée : 2h30. Les deux spectacles sont joués en alternance en semaine et en intégrale le week-end. Du 14 novembre au 20 décembre 2009 et du 9 janvier au 16 février 2010. Réservation ; 01 44 62 52 52."
© Elisabeth Carecchio
Le mardi 24 novembre 2009
samedi 21 novembre 2009
CANDIDE au THÉÂTRE DE MONTREUIL
Candide au Nouveau Théâtre de Montreuil, un spectacle divertissant
novembre 18, 2009 by Christophe Candoni
La Boîte à sorties
"Le spectacle intitulé « Candide » que nous propose le Nouveau Théâtre de Montreuil est une adaptation d’Yves Laplace fidèle au conte philosophique Candide ou l’optimisme de Voltaire qui parait en 1759.
Au début du spectacle, Candide est un optimiste béat qui suit l’enseignement de son précepteur, le Professeur Pangloss, et croit aveuglément qu’il vit dans le « meilleur des mondes possibles ». Pourtant, son existence ne sera qu’une suite de malheurs. Il devra parcourir le monde et surmonter de nombreux obstacles pour retrouver Cunégonde, la femme qu’il aime.
William Nadylam interprète à merveille le rôle de Candide. Il a une très belle présence. Il est lumineux et fragile. Il joue avec beaucoup de justesse la naïveté et l’insouciance au début puis le désespoir, le dégoût et la colère lorsqu’il observe la méchanceté des hommes. Notons aussi son implication physique remarquable. Juan Antonio Crespillo qui joue son ami Cacambo est drôle et émouvant dans le récit de sa vie sur le bateau. Hubertus Biermann a l’autorité, l’étrangeté et la fantaisie qui convient à Pangloss. Barbara Tobola joue Cunégonde avec beaucoup de tendresse et se révèle parfois très sombre. Les autres acteurs sont plus en force et parfois démonstratifs.
Hervé Loichemol installe ses acteurs dans une scénographie intéressante : le dispositif scénique imaginé par Pierre-André Weitz (on connaît bien son travail et son fidèle compagnonnage avec Olivier Py) n’est pas très novateur mais reste simple et efficace. Par exemple, le bateau est représenté par un mat et une corde sur un praticable auquel on agrafe un rideau rouge pailleté pour en faire un cabaret. Constitué d’éléments mobiles (escaliers, boites, praticables) jouant sur plusieurs niveaux, il suggère les endroits multiples de l’action. De manière fluide et habile, on passe d’un lieu à un autre. Les changements se font à vue.
Hervé Loichemol nous fait bien entendre toutes les interrogations, les réflexions ironiques et les critiques violentes de Voltaire contre sa société. Il y est question de la place de l’homme, son rôle dans la société, la violence et la barbarie de la guerre, la puissance de l’argent, l’intolérance, le fanatisme religieux, le poids des préjugés… Autant de questions provocantes et dérangeantes à l’époque et cependant d’une actualité féroce.
Cependant, le choix de certains costumes folkloriques et carnavalesques (postiches, perruques, faux seins…), de jeux de scènes proches du gag, de l’abondance des musiques donnent un aspect divertissant, léger et festif au spectacle. On évite de justesse le grotesque et la dérision (les travestissements, l’apparition de l’homme en string, les singes qui copulent ou la femme hollandaise qui urine dans un pot). Ici, pas de provocation, peu d’insolence. Pas non plus d’images choc pour questionner le monde et notre société. L’histoire est bien racontée mais elle ne met pas le public en interrogation sur lui-même et ce qui l’entoure. Seul le passage cynique d’une émission de téléréalité « Qui est l’homme le plus malheureux ? » présentée par Pangloss est inquiétant, insolent et féroce puisqu’il nous renvoie l’image de notre société voyeuriste, violente et sans pitié. Les propos virulents de Voltaire sont là mais ne nous dérangent pas car le spectacle n’est pas toujours à la hauteur de la violence et la combativité du philosophe.
La fin du spectacle est très réussie et saisissante car elle prend enfin le public à partie. La lumière se rallume dans la salle, les acteurs sont face au public pour nous inviter à réfléchir comment construire un monde meilleur, qui en sont les héros et pour citer enfin Voltaire : « il faut cultiver notre jardin ».
Candide, jusqu’au 8 décembre, Nouveau Théâtre de Montreuil / Centre dramatique national, salle Jean-Pierre Vernant, Lundi, Vendredi, Samedi à 20h30, Mardi, Jeudi à 19h30,10 place Jean Jaurès 93100 Montreuil, m° Mairie de Montreuil (ligne 9), réservation : 0148704890."
Je connais l'acteur , le Candide...
L'Illusion conjugale au Théâtre de L'Oeuvre
L'Illusion conjugale d'Eric Assous
Par Laurence Liban, publié le 19/11/2009 à 14:35 - mis à jour le 19/11/2009 à 14:47
SUR L'EXPRESS
Pourquoi ? Parce qu'un auteur mâle qui ose mettre sur le même pied l'adultère féminin et masculin, c'est plutôt rare. Les femmes en rient aux éclats. Les hommes, un peu jaune.
Mais encore... Parce que cette fine et piquante comédie sur le sexe-l'amour-l'amitié-le mariage rassemble un séduisant trio : la fine mouche Isabelle Gélinas, le charmeur José Paul et Jean-Luc Moreau, aussi désarmant que désarmé dans le rôle de l'arroseur arrosé.
L'illusion conjugale d'Eric Assous au Théâtre de l'Oeuvre, Paris (IXe).vidéo
-les places sont un peu chères ? Kiosque et sites billet réduction Starter ?
NOTE : BRAVO!
Je me demande qui joue dans les spectateurs les blasés ou les habitués ou les conventionnels...
Là c'est du privé là c'est du "Boulevard" là c'est du rien dont j'ai entendu parler...
je n'y vais que seulement si toute la presse en parle
le théâtre ? dans tout cela
lundi 16 novembre 2009
(A)ppolonia de Warlikowski si vous y êtes allés à Chaillot
(A)ppolonia de Warlikowski à Chaillot
si vous voulez en savoir plus
si vous n'avez pas tout compris car c'est fait aussi pour cela : comprendre, saisir peu à peu...
un spectacle de cette densité n'est pas seulement fait pour les touristes...
mais encore les plus beaux paysages résistent au tourisme et à la démocratie...
pour vous aider à saisir votre fil d'Ariane cet article est bien fait,
nous y sommes allés cet été à Avignon, ce qui me reste c'est l'immensité du temps des acteurs des mélanges... création
Clytemnestre, Iphigénie
sur le site de la Boîte à sorties cet article donc et aussi une vidéo, celle des saluts en Pologne avec le jeune metteur en scène... c'est comme si tout le spectacle mous revenait en flash backs, décor, mannequins au sol... open spaces, bulles...
(A)pollonia de Warlikowski à Chaillot
novembre 13
Après avoir fait beaucoup parler de lui au dernier Festival d’Avignon (voir notre critique), le spectacle de Christophe Warlikowski mêlant textes et contextes pour une réflexion sur la Shoah à travers l’Orestie était toute la semaine sur les planches du Palais de Chaillot. Cinq heures de théâtre en Polonais sous-titré sont une épreuve physique, surtout quand le propos un peu filandreux sur le totalitarisme se perd dans des vrilles écologisantes et des monologues sexuels. Au final : un superbe moment visuel, qui laisse cependant un arrière goût amer dans les yeux de ceux qui ont vu comparé l’incomparable.
L’immense metteur en scène polonais Christophe Warlikowski défraye encore la chronique avec son (A) pollonia. Nouant un réseau dense de textes contemporains (Tagore, Littell, Coetzee…), l’histoire de la juste polonaise déportée pour avoir caché des juifs Apolonia Machcynska, l’Orestie d’Eschyle et l’Iphigénie d’Euripide, Warlikowski présente en 13 scènes et près de cinq heures un spectacle composé et composite. Les fils qui tiennent son méticuleux tissage de textes sont parfois difficiles à saisir. Qu’Iphigénie, Oreste, Alceste et se rencontrent, fort bien, après tout, les deux premiers sont frères et sœurs et tous en un sens se sacrifient. Mais que leur histoire s’entremêle à celle de la juste Apolonia Machcynska, d’une vieille dame vivant à Tel-Aviv qu’elle avait cachée et qu’en final le petit-fils de cette dame se déclare bourreau rend la pièce bien opaque. Et qu’Agamemnon se lance dans une diatribe sur son ressenti sexuel est plutôt cocasse et sonne juste. Mais qu’une pseudo conférencière vienne embolyser une heure de la deuxième partie de la pièce pour nous rappeler la bonne vieille thèse de la « question de la technique » de Martin Heidegger en mettant exactement sur le même plan les souffrances infligées aux animaux et les camps de la mort est bien dérangeant. Surtout qu’on ne sait pas s’il s’agit de lard transgénique ou de cochon élevé en liberté puisque l’ironie semble plutôt absente de cette conférence affligeante. Le patchwork des références entre l’Orestie et la déportation ne colle pas, ou alors dans l’idée vague et générale d’une destinée de l’homme à être – sans aucune différence- soit bourreau, soit sacrifié par un destin qui n’a plus rien de grec. Ce regrettable flou de l’amalgame est très perturbant, mais l’on reste. Parce que ce que Warlikowski et ses immenses comédiens donnent à voir et à entendre quelque chose d’éblouissant. L’économie grandiose des décors, les changements de vêtements sur scène, le mélange de l’intime et du politique, la musique cabaret rock fantastique de Renate Jett et sa troupe, et surtout le choc visuel de la projection vidéo live, mais néanmoins stylisée, des visages des comédiens en gros plan à l’arrière sont autant de chocs esthétiques bouleversants. Mais à la fin de la pièce, le spectateur lessivé se demande si en suivant ainsi ses sens et la beauté du spectacle, n’a pas participé à un grand mélange présenté comme post-moderne et innovant mais masquant une idéologie douteuse. Une expérience, au sens fort du terme.
“(A)pollonia”, de Christophe Warlikowski, dramaturgie de Piotr Gruszczynski, d’après Eschyle, Euripide, Tagore, Littell, Coetzee et bien d’autres, avec Andrzej Chyra, Magdalena Cielecka, Ewa Dalkowska, Malgorzata Hajewska-Krzysztofik, Wojciech Kalarus, Marek Kalita, Zygmunt Malanowicz, Adam Nawojczyk, Monika Niemczyk, Maja Ostaszewska, Jacek Poniedzialek, Magdalena Poplawska, Anna Radwan-Gancarczyk, Maciej Stuhr, Tomasz Tyndyk, 4h45, Théâtre National de Chaillot, du 6 au 12 novembre, 1 Place du Trocadéro (XVIe), métro Trocadéro. 01 53 65 30 00. 20h30, dim 15h, relâche le lundi, 27,50 non abonnés, TR (-26 ans) : 21 euros.
Théâtres Nanterre Bobigny La Colline... ça ne désemplit pas...
Sur BIBLIOBS
Article d'Odile Quirot
16.11.2009
Un siècle, ou vingt après: Ibsen, Müller
"Samedi dernier, 15 novembre, une foule se bousculait à la Colline pour découvrir les deux pièces d’Ibsen montées par Stéphane Braunschweig. Et pendant ce temps là, la MC93 ne désemplit pas d’un public enthousiaste venu célébrer les vingt-cinq ans de répertoire de Lev Dodine et de son théâtre Maly de Saint-Pétersbourg. Et de l’autre coté du mur d’hier, et des tombes d'aujourd'hui, Heiner Müller (sur notre photo) sourit, lui qui a ses fervents, et ils se pressent pour voir son énigmatique « Philoctète » mis en scène par son traducteur français, Jean Jourdheuil, avec Maurice Bénichou. .
Mais qui a dit que le public était frileux, et choisissait la frilosité ? Mais qui a dit, dit et dira que le théâtre était en crise, ou passé de mode ? Et que si une récente enquête du Ministère de la Culture sur les pratiques culturelles des Français indiquait un retour d’amour pour le théâtre, c’est parce que ses statistiques incluaient les one man show, les comiques solo ( théâtre ou non théâtre, là est la question, mais enfin, si on parle de Stéphane Guillon qui passe direct de l’antenne à la salle de spectacle, là, oui, la confusion des genres est totale. Déjà que Claire Chazal elle aussi s’y était collée…On ne l’a pas vue, et on n’ira pas le voir : question de principe. Etre présentateur de télé ou radio, c’est un métier, et un beau métier. Etre comédien en est un autre. Fin de parenthèse)
Donc retour à nos moutons : le théâtre. Rarement je n’aurai vu grandes salles aussi pleines qu’en ce début de mois, et ce pour de grands spectacles, souvent longs, et parfois en langue étrangère sur titrée. C’est assez incroyable, cette simultanéité de la venue sur les scènes du Maly Théâtre de Lev Dodine de retour à la MC93 de Bobigny avec sept spectacles, une grande saga russe (on en a parlé dans le magazine,), d’ »(A)ppolonia » de Warlikowski, crée l’été dernier à Avignon (actuellement à Chaillot), de Jan Klata, autre Polonais, qui même un samedi soir à la Maison des Arts de Créteil ( pour s’y rendre, c’est une expédition !) fait quasi salle pleine avec « Transfer ! », un beau théâtre quasi documentaire sur le déplacement de populations entières suite à la conférence de Yalta…Le théâtre serait-il le plus beau, et le plus humain, livre d’histoire du XXème siècle ?
« Ca a bien changé » constatait une spectatrice en sortant de « Maison de Poupée » d’Ibsen (1879) telle que mise en scène par le nouveau directeur du Théâtre National de la Colline, Stéphane Braunschweig. Oui. La condition des femmes n’est plus la même. Et celle des hommes non plus. Quoique…Courez voir « Maison de Poupée » d’Ibsen, chaque mot y est une claque, chaque acteur resplendit. A voir aussi, pour les plus curieux, « Rosmerholm » du même Ibsen, une pièce plus âpre et lourde, voir lourdingue, moins connue, que Braunschweig monte en diptyque avec ce tube qu’est « Maison de Poupée ». Et c’est tout à son honneur : Rosmer, c’est un ancien pasteur, holm , c’est sa demeure familiale, son héritage. On y voit à l’œuvre une pensée, une réflexion sur la soif, et l’impossibilité de l’innocence, de la pureté amoureuse ou politique. On y voit le chemin d’un génie : Ibsen. On y reviendra dans l’Obs magazine, plus en détail, puisque ces deux spectacles sont à l’affiche jusqu’au 20 décembre.
« Philoctète » de Heiner Müller se joue jusqu’au 15 novembre, ce n’est donc qu’ici qu’on pourra témoigner. Un : de la splendeur fragile de Maurice Bénichou qui interprète ce héros blessé à la jambe puante, abandonné sur son île, réfugié dans sa douleur, et la rectitude de sa révolte. Deux : de l’intelligence tranchante d’une scénographie (Mark Lammert) telle un rectangle creux et abstrait, décalé de tout réalisme, mais formidable point d’appui de jeu, et d’assise de la géométrie mouvante des enjeux de la pièce. Trois : de la limpidité de la farouche et superbe poétique de Heiner Müller, et de la machine de guerre qu’il met ici en œuvre, entre trois figures d’anti-héros, dont Ulysse, le rusé, qui fait du mensonge un art, et une nécessité. Quatre, enfin : de la belle rigueur quasi janséniste, donc pascalienne, du spectacle de Jean Jourdheuil, condensé implacable, mais humain, si humain, de l’irrésolue dialectique entre individu et raison d’état, barbarie et douceur de la langue, ici arme plus importante que les flèches, et l’arc de Philoctète.
« Philoctète » date de 1964. Trois ans avant, Müller( 1929-1995) a été exclu de l’Union des Ecrivains de la RDA. Et déjà, cela semble une autre époque, avec des enjeux à nous étrangers. Voir le « Philoctète » sans dieux de Heiner Müller, et inspiré de Sophocle, c’est, ressentir combien la mer sur le rivage dépose des larmes, et des armes, dont nous sommes faits.
PS: à voir aussi "Médée" de Max Rouquette, haute et autre figure grecque, autre beau spectacle déplacé aux rives d'Afrique par Jean-Louis Martinelli, avec Odile Sankara, superbe sorcière (Nanterre/Amandiers, jusqu'au 13 décembre)."
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Commentaires
Oui, les théâtres sont pleins et le public est enthousiaste et prêt à faire le déplacement. Merci pour ce papier, je ne cesse de constater la même chose...on dirait que certains peinent à reconnaître que le théâtre reste une des sources de plaisir, de création, d'intelligence qui nous restent. Et il n'y a pas que des personnes âgées, les jeunes sont là et le manifestent!
Ecrit par : martine | 16.11.2009
Article d'Odile Quirot
16.11.2009
Un siècle, ou vingt après: Ibsen, Müller
"Samedi dernier, 15 novembre, une foule se bousculait à la Colline pour découvrir les deux pièces d’Ibsen montées par Stéphane Braunschweig. Et pendant ce temps là, la MC93 ne désemplit pas d’un public enthousiaste venu célébrer les vingt-cinq ans de répertoire de Lev Dodine et de son théâtre Maly de Saint-Pétersbourg. Et de l’autre coté du mur d’hier, et des tombes d'aujourd'hui, Heiner Müller (sur notre photo) sourit, lui qui a ses fervents, et ils se pressent pour voir son énigmatique « Philoctète » mis en scène par son traducteur français, Jean Jourdheuil, avec Maurice Bénichou. .
Mais qui a dit que le public était frileux, et choisissait la frilosité ? Mais qui a dit, dit et dira que le théâtre était en crise, ou passé de mode ? Et que si une récente enquête du Ministère de la Culture sur les pratiques culturelles des Français indiquait un retour d’amour pour le théâtre, c’est parce que ses statistiques incluaient les one man show, les comiques solo ( théâtre ou non théâtre, là est la question, mais enfin, si on parle de Stéphane Guillon qui passe direct de l’antenne à la salle de spectacle, là, oui, la confusion des genres est totale. Déjà que Claire Chazal elle aussi s’y était collée…On ne l’a pas vue, et on n’ira pas le voir : question de principe. Etre présentateur de télé ou radio, c’est un métier, et un beau métier. Etre comédien en est un autre. Fin de parenthèse)
Donc retour à nos moutons : le théâtre. Rarement je n’aurai vu grandes salles aussi pleines qu’en ce début de mois, et ce pour de grands spectacles, souvent longs, et parfois en langue étrangère sur titrée. C’est assez incroyable, cette simultanéité de la venue sur les scènes du Maly Théâtre de Lev Dodine de retour à la MC93 de Bobigny avec sept spectacles, une grande saga russe (on en a parlé dans le magazine,), d’ »(A)ppolonia » de Warlikowski, crée l’été dernier à Avignon (actuellement à Chaillot), de Jan Klata, autre Polonais, qui même un samedi soir à la Maison des Arts de Créteil ( pour s’y rendre, c’est une expédition !) fait quasi salle pleine avec « Transfer ! », un beau théâtre quasi documentaire sur le déplacement de populations entières suite à la conférence de Yalta…Le théâtre serait-il le plus beau, et le plus humain, livre d’histoire du XXème siècle ?
« Ca a bien changé » constatait une spectatrice en sortant de « Maison de Poupée » d’Ibsen (1879) telle que mise en scène par le nouveau directeur du Théâtre National de la Colline, Stéphane Braunschweig. Oui. La condition des femmes n’est plus la même. Et celle des hommes non plus. Quoique…Courez voir « Maison de Poupée » d’Ibsen, chaque mot y est une claque, chaque acteur resplendit. A voir aussi, pour les plus curieux, « Rosmerholm » du même Ibsen, une pièce plus âpre et lourde, voir lourdingue, moins connue, que Braunschweig monte en diptyque avec ce tube qu’est « Maison de Poupée ». Et c’est tout à son honneur : Rosmer, c’est un ancien pasteur, holm , c’est sa demeure familiale, son héritage. On y voit à l’œuvre une pensée, une réflexion sur la soif, et l’impossibilité de l’innocence, de la pureté amoureuse ou politique. On y voit le chemin d’un génie : Ibsen. On y reviendra dans l’Obs magazine, plus en détail, puisque ces deux spectacles sont à l’affiche jusqu’au 20 décembre.
« Philoctète » de Heiner Müller se joue jusqu’au 15 novembre, ce n’est donc qu’ici qu’on pourra témoigner. Un : de la splendeur fragile de Maurice Bénichou qui interprète ce héros blessé à la jambe puante, abandonné sur son île, réfugié dans sa douleur, et la rectitude de sa révolte. Deux : de l’intelligence tranchante d’une scénographie (Mark Lammert) telle un rectangle creux et abstrait, décalé de tout réalisme, mais formidable point d’appui de jeu, et d’assise de la géométrie mouvante des enjeux de la pièce. Trois : de la limpidité de la farouche et superbe poétique de Heiner Müller, et de la machine de guerre qu’il met ici en œuvre, entre trois figures d’anti-héros, dont Ulysse, le rusé, qui fait du mensonge un art, et une nécessité. Quatre, enfin : de la belle rigueur quasi janséniste, donc pascalienne, du spectacle de Jean Jourdheuil, condensé implacable, mais humain, si humain, de l’irrésolue dialectique entre individu et raison d’état, barbarie et douceur de la langue, ici arme plus importante que les flèches, et l’arc de Philoctète.
« Philoctète » date de 1964. Trois ans avant, Müller( 1929-1995) a été exclu de l’Union des Ecrivains de la RDA. Et déjà, cela semble une autre époque, avec des enjeux à nous étrangers. Voir le « Philoctète » sans dieux de Heiner Müller, et inspiré de Sophocle, c’est, ressentir combien la mer sur le rivage dépose des larmes, et des armes, dont nous sommes faits.
PS: à voir aussi "Médée" de Max Rouquette, haute et autre figure grecque, autre beau spectacle déplacé aux rives d'Afrique par Jean-Louis Martinelli, avec Odile Sankara, superbe sorcière (Nanterre/Amandiers, jusqu'au 13 décembre)."
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Commentaires
Oui, les théâtres sont pleins et le public est enthousiaste et prêt à faire le déplacement. Merci pour ce papier, je ne cesse de constater la même chose...on dirait que certains peinent à reconnaître que le théâtre reste une des sources de plaisir, de création, d'intelligence qui nous restent. Et il n'y a pas que des personnes âgées, les jeunes sont là et le manifestent!
Ecrit par : martine | 16.11.2009
Dijon Jean-Douchet BARBET-SCHROEDER " La Vierge des tueurs" les cinéphiles si vous passez par là....
La "cinéphilie", c'est pour certains comme une maladie honteuse, du trop bien manger, du trop bien vivre, du trop bien voir, du riche cultivé... et j'entends "oh mais moi je ne suis pas cinéphile..."
comme si on parlait d'une perversité sexuelle comme si toute la sexualité redevenait perversité...
Être connaisseur amateur nécessite qui sait de déborder sur la nuit, de se lever tard et d'exercer un œil un peu critique sur tout y compris la politique....
Donc il est de bon ton de déclarer pour donner le change : je ne suis pas cinéphile, pas théâtreuse, pas œnologue, pas intellectuelle, ça va ! je peux passer....rester dans votre service, en votre compagnie...
Bref ne délirons pas vers un film catastrophe, vers le simplisme voulu et abouti le plus pessimiste mais attention quand même...
Donc je vous disais qu'aller au cinéma soit mais il n'est pas interdit non plus de regarder mieux un film et de demander pour cela à des érudits de vous desciller les yeux comme à Jean Douchet, pour le cinéma, pour la Colombie, y voir mieux... d'après qui sait en plus la création littéraire.
et donc je vous ai trouvé chers habitants de Lyon puis de Besançon car cette manifestation se déplace vers Besançon un RDV d'amoureux du cinéma sur un de mes réalisateurs préférés Barbet Schroeder avec ce grand connaisseur devant l'infini : l'univers cinéma : Jean Douchet. Gracias a la vida de m'avoir fait rencontré des gens comme ceux là...
plutôt que certains "gens" de proximité... de"ces gens-là" chez qui on ne pense pas mais on "lynche"....
Rencontre avec la Cinémathèque Jean Douchet à Dijon
Barbet Schroeder : La fascination de l'interdit...
par Lydie Reversat | dijOnscOpe | sam 14 nov 09 | 09:06
Partager sur : Facebook Twitter del.icio.us digg.com Envoyer à un ami
"Après avoir accueilli André Téchiné et Arnaud Desplechin en 2007, la Cinémathèque de Dijon a reçu le réalisateur Barbet Schroeder, jeudi 12 novembre pour une projection de "La Vierge des tueurs". Rencontre entre ce réalisateur atypique, Jean Douchet (critique et historien du cinéma) et le public dijonnais. Fragments d'une rencontre au sommet du 7e art...
Nouveau vivier de la culture cinématographique, la Cinémathèque de Dijon Jean Douchet, créée en 2007 par l'association dijonnaise AdKamera, a débuté sa rétrospective sur Barbet Schroeder en septembre à Tournus. Elle fait escale à Dijon au cinéma Devosge le temps de quelques projections et d'une rencontre avec un réalisateur atypique : Barbet Schroeder, l'homme de cinéma à multiples casquettes. Dans la salle 1 du Devosge, le public dijonnais est venu nombreux pour découvrir "La Vierge des tueurs" et débattre autour du film en présence de son réalisateur et de Jean Douchet.
Les mots d'ouverture de Nicolas Petiot, directeur de la Cinémathèque de Dijon
"C'est une soirée exceptionnelle, nous avons l'honneur de recevoir Barbet Schroeder, l'un des 10 plus grands réalisateurs au monde aujourd'hui. La rétrospective en son honneur a débuté en septembre 2009 et se déroulera jusqu'en janvier 2010 en Bourgogne et en Franche-Comté (...). Nous voulons faire le maximum pour présenter son travail et qu'il discute avec vous. C'est un réalisateur particulier, à l'œuvre atypique et exigeante. Ses derniers films n'ont pas eu le succès qu'ils méritaient ; nous tenons à présenter son travail pour le réhabiliter".
B. Schroeder et "La Vierge des tueurs"
Barbet Schroeder fait partie de ces réalisateurs à la carrière singulière : étude de philosophie à la Sorbonne, passionné de cinéma, il fait l'expérience de la Nouvelle Vague et devient critique aux Cahiers du Cinéma. En 1963, il fonde sa société de production avec Éric Rohmer : Les Films du Losange. Tour à tour réalisateur, critique, producteur, et scénariste, ce monsieur du cinéma à multiples casquettes devient même parfois acteur, comme dans les comédies de Wes Anderson. Partagé entre la France et les États-Unis, il écrit et réalise pour le cinéma américain en mettant en scène de nombreuses stars hollywoodiennes tels Mickey Rourke, F. Dunaway dans "Barfly" en 1987 ou Jeremy Irons dans "Le Mystère Von Bulow" en 1990 (cité aux Oscars et aux Golden Globes).
Singulière et exigeante, l'œuvre de Barbet Schroeder est tendue par une mise sous tension permanente, par une logique de fascination pour l'interdit. Son cinéma expérimente les limites et traite l'emprise sous toutes ses formes. Réalisée en 2000, "La Vierge des tueurs" raconte l'histoire de l'écrivain Fernando Vallejo qui, après 30 ans d'absence, revient à Medellín. Dans un bordel de garçons, il rencontre Alexis, qui a seize ans. Originaire des quartiers pauvres, l'adolescent tue sur commande.
Le film est un drame dans lequel la violence urbaine, la guerre des gangs et la cocaïne sont omniprésentes. "Jeux de massacres" pour certains, "mélodrame vénéneux" ou "mélopée morbide" pour d'autres, mise en lumière par le réalisateur lui-même et Jean Douchet...
A l'origine, un coup de cœur littéraire
Barbet Schroeder : "Si on fait des films à Hollywood, on n'en sort plus. Je voulais faire connaître le monde et ne pas oublier mes racines. J'ai rencontré l'écrivain Vallejo pour lequel j'ai véritablement eu un coup de foudre, il est l'un des plus grands auteurs colombiens d'aujourd'hui. Ce fut le même coup de foudre avec Buckowsky pour "Barfly" ; j'ai lu ses œuvres et ensuite, je l'ai rencontré pour savoir si on pouvait faire un film ensemble.
Le personnage est là pour des raisons de famille, il est entre deux, il est de passage. Il a des tendances monastiques de par son éducation qui lui a inculqué la simplicité et le dépouillement. Son appartement et ses vêtements, son blouson de journaliste, toujours le même. C'est un des éléments du personnage. J'ai essayé de faire en sorte que les gens qui connaissent Vallejo le reconnaissent tout de suite (...) C'est quelqu'un qui a connu cette ville et qui y revient mais il ne la reconnaît plus. Tout a changé. Il y fait un inventaire. Moi, j'avais le choc de retrouver cette réalité changée car j'y revenais plus souvent. Avec une nouvelle génération de jeunes, les codes sont différents, le milieu aussi et cela devient quelque chose de profondément étranger.
Dans le livre, il part à la fin. Mais là, je tenais à ce qu'il reste. C'est une parabole du reste de la planète, on ne s'en sort pas comme ça. Il tire les rideaux de son appartement. On peut imaginer une dépression, un suicide ou l'espoir qu'il retombe amoureux".
Un tournage en Colombie risqué, le miracle du cinéma ?
"C'est l'entreprise la plus folle au cinéma que j'ai faite. Je ne savais jamais si j'allais pouvoir finir le film ou non. Dès les quinze premiers jours, je devais avoir tous les plans essentiels. Il fallait des gardes du corps, tant pour l'équipe que pour l'équipement. Le film est une version très édulcorée de la réalité. Comme un boléro ou une belle histoire d'amour, il est plus beau que le réel. Pendant le tournage, j'ai tenu un journal dans lequel je notais tous les événements que je voyais, une accumulation d'anecdotes effrayantes. Je voulais témoigner et faire de la ville Medellin, un personnage à part entière. C'est un premier film en haute définition, j'ai pu faire certaines scènes avec 3 caméras. J'avais l'impression de faire un film insensé : sur un auteur colombien, avec une équipe colombienne en étant étranger ! C'est une aventure sur tous les plans, techniques et humains. Mais le miracle s'est produit et c'est un de mes films préférés".
La version hilarante du scenario, le scandale à la sortie en salles
"Pendant le film, j'ai fait au minimum. J'ai dit que je travaillais sur des auteurs colombiens et qu'on recréait certaines scènes de leurs livres. J'avais même une version hilarante du scenario : c'était un prêtre qui demandait à un jeune homme de rentrer dans le droit chemin. Nous avons tourné dans la clandestinité, sans demande d'autorisation. A sa sortie, le scandale a été épouvantable avec un phénomène nouveau : les gens se sont reconnus, le film a eu un succès énorme. D'abord aidé par le scandale, puis reconnu. On est resté le plus loin possible des autorités".
La Colombie, triste miroir de la réalité
"Nous avions peu de moyens avec la caméra vidéo mais les dialogues étaient écrits à la virgule près ; c'est le génie de l'écrivain, les dialogues allaient comme un gant aux comédiens. Je voulais jouer à fond sur ce que l'image apportait, c'est-à-dire que tout était net. On avait toujours la présence de la ville à l'image avec sa géographie particulière, les gens pauvres qui vivent sur des collines, à l'inverse d'Hollywood. J'étais au plus près de la réalité. Pour la dernière scène, j'ai carrément filmé dans une morgue avec des cadavres.
Si vous voyez un film fait par des jeunes gens à Medellin, vous verrez qu'il y a beaucoup de morts au générique. C'est le pourcentage de survie dans ce milieu-là ! C'est comme une guerre là-bas !".
La Colombie, le paradis des cinéastes ?
"Je ne me suis toujours pas remis du tournage. Je retourne là-bas quand je peux. Le film a suscité des réactions intenses et, en Colombie, on peut en mourir. Je ne pouvais pas y revenir tout de suite, mais après 4 ou 5 ans, j'y suis retourné. C'est l'intensité de la vie, une joie qui devient comme une drogue. J'ai d'ailleurs plusieurs scenario déjà prêts. La Colombie est une mine d'or : des conflits en permanence, des sujets de films tous les jours. Pour moi, c'est le paradis des cinéastes".
Le pape, la religion et le cinéma
"L'écrivain Vallejo est comme Luis Bunuel. Élevé dans la religion avec une éducation extrême, puis, il s'est rebellé et est devenu une des personnes qui attaquent le Christianisme, comme dans l'un de ses derniers ouvrages "La Puta de Babilonia", dans lequel il fait une attaque spectaculaire du Christianisme. Il y décrit tous les crimes et les horreurs venus avec l'église catholique.
Le Christ colombien est souvent représenté à quatre pattes, il est effrayant. J'ai d'ailleurs une anecdote amusante lorsque "La Vierge des tueurs" a été présentée à la Mostra de Venise. Vallejo est issu d'une famille de 17 enfants. En Colombie, les familles sont nombreuses et c'est l'un des plus grands pays catholiques du monde, un pays où l'on fabrique des pauvres. A Venise, Vallejo s'est adressé au pape : "C'est à cause de vous qu'il y a tant d'enfants !" et il a défié le pape d'adopter 100 000 colombiens !... "
La dialectique de la vie et de la mort
Barbet Schroeder : "Le film, c'est surtout l'amour ou comment on peut faire jouer le rôle de l'aimé à quelqu'un d'autre.
Jean Douchet : C'est un film technique. La présence d'une mort violente permanente donne une volonté de vivre et un désir profond de vie. C'est un film à catastrophes mais aussi de volonté de vivre. Il n'est pas optimiste mais il donne et transmet le goût de la vie.
Barbet Scroeder : L'idée de la mort est là. L'idée du suicide aussi. Mais il y a aussi l'amour et la vie, il y a les deux éléments. Il est vrai que le personnage avoue ne pas avoir peur de la mort mais le mélange est bien là".
L'homosexualité, encore tabou ?
Jean Douchet : "Il y a une dualité obscure qui traverse le film. Vallejo est issu de la grande bourgeoisie, on retrouve ce côté aristocratique et esthétique dans Mort à Venise de Visconti. A l'inverse, son amant et les jeunes qu'il rencontre viennent du peuple, ils sont pauvres. Vallejo apprend à les découvrir et il est sauvé par eux.
Barbet Schroeder : J'ai abordé son homosexualité de manière très naturelle : simple, honnête et sans arrières pensées. Il y a bon nombre de festivals où j'ai entendu le film taxé de pédophilie, une hystérie d'aujourd'hui. Cette espèce d'angoisse moderne qui vient se superposer. J'étais sur des eaux dangereuses. A Venise, un membre du jury a menacé de démissionner si on me donnait le prix !...
Jean Douchet : Ce que j'aime beaucoup, c'est très simple, que l'on soit homosexuel ou non. On a des rapports avec des êtres vivants".
Un message particulier ?
"Les messages, il vaut mieux les envoyer par Western Union ! Le film est vraiment un film du 21e siècle. Sombre, nihiliste, très désespéré qui annonce la "colombinisation" de la planète. Les groupes de jeunes, l'identification à des marques de vêtements, tout ce qui est une réalité mondiale".
"Inju, la bête dans l'ombre" : "une expérience démente" !
"C'est l'entreprise la plus démente faite. L'idée d'aller tourner au Japon, avec une équipe exclusivement japonaise et un acteur français, Benoît Magimel. C'est quand on croit qu'on est dans l'impossibilité de finir le tournage. C'était le cas dans la Vierge des tueurs. Avec Inju, il était difficile de savoir si nous allions arriver au bout du film. C'est une expérience aussi démente que la Vierge".
Un regard sur la cinémathèque ?
"Pour moi, une cinémathèque est absolument vitale et essentielle, plus qu'un cinéaste ! Toutes les cinémathèques du monde luttent pour une même cause : les compteurs sont toujours remis à zéro, il faut les faire vivre et alimenter ce travail de création et de rencontres".
Infos pratiques :
Pour ceux qui auraient manqué cette rencontre d'exception, la rétrospective se poursuit.
Nouvelle projection d'"Inju, la bête dans l'ombre", mercredi 18 novembre au cinéma Devosge à 20h30.
La rétrospective s'achèvera en janvier 2010, au Théâtre de l'Espace à Besançon.
D'ici là, la cinémathèque de Dijon (future cinémathèque de Bourgogne) poursuit son travail selon 4 pôles d'action : diffusion, conservation, documentation et pédagogie !
Avis à tous les cinéphiles !
comme si on parlait d'une perversité sexuelle comme si toute la sexualité redevenait perversité...
Être connaisseur amateur nécessite qui sait de déborder sur la nuit, de se lever tard et d'exercer un œil un peu critique sur tout y compris la politique....
Donc il est de bon ton de déclarer pour donner le change : je ne suis pas cinéphile, pas théâtreuse, pas œnologue, pas intellectuelle, ça va ! je peux passer....rester dans votre service, en votre compagnie...
Bref ne délirons pas vers un film catastrophe, vers le simplisme voulu et abouti le plus pessimiste mais attention quand même...
Donc je vous disais qu'aller au cinéma soit mais il n'est pas interdit non plus de regarder mieux un film et de demander pour cela à des érudits de vous desciller les yeux comme à Jean Douchet, pour le cinéma, pour la Colombie, y voir mieux... d'après qui sait en plus la création littéraire.
et donc je vous ai trouvé chers habitants de Lyon puis de Besançon car cette manifestation se déplace vers Besançon un RDV d'amoureux du cinéma sur un de mes réalisateurs préférés Barbet Schroeder avec ce grand connaisseur devant l'infini : l'univers cinéma : Jean Douchet. Gracias a la vida de m'avoir fait rencontré des gens comme ceux là...
plutôt que certains "gens" de proximité... de"ces gens-là" chez qui on ne pense pas mais on "lynche"....
Rencontre avec la Cinémathèque Jean Douchet à Dijon
Barbet Schroeder : La fascination de l'interdit...
par Lydie Reversat | dijOnscOpe | sam 14 nov 09 | 09:06
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"Après avoir accueilli André Téchiné et Arnaud Desplechin en 2007, la Cinémathèque de Dijon a reçu le réalisateur Barbet Schroeder, jeudi 12 novembre pour une projection de "La Vierge des tueurs". Rencontre entre ce réalisateur atypique, Jean Douchet (critique et historien du cinéma) et le public dijonnais. Fragments d'une rencontre au sommet du 7e art...
Nouveau vivier de la culture cinématographique, la Cinémathèque de Dijon Jean Douchet, créée en 2007 par l'association dijonnaise AdKamera, a débuté sa rétrospective sur Barbet Schroeder en septembre à Tournus. Elle fait escale à Dijon au cinéma Devosge le temps de quelques projections et d'une rencontre avec un réalisateur atypique : Barbet Schroeder, l'homme de cinéma à multiples casquettes. Dans la salle 1 du Devosge, le public dijonnais est venu nombreux pour découvrir "La Vierge des tueurs" et débattre autour du film en présence de son réalisateur et de Jean Douchet.
Les mots d'ouverture de Nicolas Petiot, directeur de la Cinémathèque de Dijon
"C'est une soirée exceptionnelle, nous avons l'honneur de recevoir Barbet Schroeder, l'un des 10 plus grands réalisateurs au monde aujourd'hui. La rétrospective en son honneur a débuté en septembre 2009 et se déroulera jusqu'en janvier 2010 en Bourgogne et en Franche-Comté (...). Nous voulons faire le maximum pour présenter son travail et qu'il discute avec vous. C'est un réalisateur particulier, à l'œuvre atypique et exigeante. Ses derniers films n'ont pas eu le succès qu'ils méritaient ; nous tenons à présenter son travail pour le réhabiliter".
B. Schroeder et "La Vierge des tueurs"
Barbet Schroeder fait partie de ces réalisateurs à la carrière singulière : étude de philosophie à la Sorbonne, passionné de cinéma, il fait l'expérience de la Nouvelle Vague et devient critique aux Cahiers du Cinéma. En 1963, il fonde sa société de production avec Éric Rohmer : Les Films du Losange. Tour à tour réalisateur, critique, producteur, et scénariste, ce monsieur du cinéma à multiples casquettes devient même parfois acteur, comme dans les comédies de Wes Anderson. Partagé entre la France et les États-Unis, il écrit et réalise pour le cinéma américain en mettant en scène de nombreuses stars hollywoodiennes tels Mickey Rourke, F. Dunaway dans "Barfly" en 1987 ou Jeremy Irons dans "Le Mystère Von Bulow" en 1990 (cité aux Oscars et aux Golden Globes).
Singulière et exigeante, l'œuvre de Barbet Schroeder est tendue par une mise sous tension permanente, par une logique de fascination pour l'interdit. Son cinéma expérimente les limites et traite l'emprise sous toutes ses formes. Réalisée en 2000, "La Vierge des tueurs" raconte l'histoire de l'écrivain Fernando Vallejo qui, après 30 ans d'absence, revient à Medellín. Dans un bordel de garçons, il rencontre Alexis, qui a seize ans. Originaire des quartiers pauvres, l'adolescent tue sur commande.
Le film est un drame dans lequel la violence urbaine, la guerre des gangs et la cocaïne sont omniprésentes. "Jeux de massacres" pour certains, "mélodrame vénéneux" ou "mélopée morbide" pour d'autres, mise en lumière par le réalisateur lui-même et Jean Douchet...
A l'origine, un coup de cœur littéraire
Barbet Schroeder : "Si on fait des films à Hollywood, on n'en sort plus. Je voulais faire connaître le monde et ne pas oublier mes racines. J'ai rencontré l'écrivain Vallejo pour lequel j'ai véritablement eu un coup de foudre, il est l'un des plus grands auteurs colombiens d'aujourd'hui. Ce fut le même coup de foudre avec Buckowsky pour "Barfly" ; j'ai lu ses œuvres et ensuite, je l'ai rencontré pour savoir si on pouvait faire un film ensemble.
Le personnage est là pour des raisons de famille, il est entre deux, il est de passage. Il a des tendances monastiques de par son éducation qui lui a inculqué la simplicité et le dépouillement. Son appartement et ses vêtements, son blouson de journaliste, toujours le même. C'est un des éléments du personnage. J'ai essayé de faire en sorte que les gens qui connaissent Vallejo le reconnaissent tout de suite (...) C'est quelqu'un qui a connu cette ville et qui y revient mais il ne la reconnaît plus. Tout a changé. Il y fait un inventaire. Moi, j'avais le choc de retrouver cette réalité changée car j'y revenais plus souvent. Avec une nouvelle génération de jeunes, les codes sont différents, le milieu aussi et cela devient quelque chose de profondément étranger.
Dans le livre, il part à la fin. Mais là, je tenais à ce qu'il reste. C'est une parabole du reste de la planète, on ne s'en sort pas comme ça. Il tire les rideaux de son appartement. On peut imaginer une dépression, un suicide ou l'espoir qu'il retombe amoureux".
Un tournage en Colombie risqué, le miracle du cinéma ?
"C'est l'entreprise la plus folle au cinéma que j'ai faite. Je ne savais jamais si j'allais pouvoir finir le film ou non. Dès les quinze premiers jours, je devais avoir tous les plans essentiels. Il fallait des gardes du corps, tant pour l'équipe que pour l'équipement. Le film est une version très édulcorée de la réalité. Comme un boléro ou une belle histoire d'amour, il est plus beau que le réel. Pendant le tournage, j'ai tenu un journal dans lequel je notais tous les événements que je voyais, une accumulation d'anecdotes effrayantes. Je voulais témoigner et faire de la ville Medellin, un personnage à part entière. C'est un premier film en haute définition, j'ai pu faire certaines scènes avec 3 caméras. J'avais l'impression de faire un film insensé : sur un auteur colombien, avec une équipe colombienne en étant étranger ! C'est une aventure sur tous les plans, techniques et humains. Mais le miracle s'est produit et c'est un de mes films préférés".
La version hilarante du scenario, le scandale à la sortie en salles
"Pendant le film, j'ai fait au minimum. J'ai dit que je travaillais sur des auteurs colombiens et qu'on recréait certaines scènes de leurs livres. J'avais même une version hilarante du scenario : c'était un prêtre qui demandait à un jeune homme de rentrer dans le droit chemin. Nous avons tourné dans la clandestinité, sans demande d'autorisation. A sa sortie, le scandale a été épouvantable avec un phénomène nouveau : les gens se sont reconnus, le film a eu un succès énorme. D'abord aidé par le scandale, puis reconnu. On est resté le plus loin possible des autorités".
La Colombie, triste miroir de la réalité
"Nous avions peu de moyens avec la caméra vidéo mais les dialogues étaient écrits à la virgule près ; c'est le génie de l'écrivain, les dialogues allaient comme un gant aux comédiens. Je voulais jouer à fond sur ce que l'image apportait, c'est-à-dire que tout était net. On avait toujours la présence de la ville à l'image avec sa géographie particulière, les gens pauvres qui vivent sur des collines, à l'inverse d'Hollywood. J'étais au plus près de la réalité. Pour la dernière scène, j'ai carrément filmé dans une morgue avec des cadavres.
Si vous voyez un film fait par des jeunes gens à Medellin, vous verrez qu'il y a beaucoup de morts au générique. C'est le pourcentage de survie dans ce milieu-là ! C'est comme une guerre là-bas !".
La Colombie, le paradis des cinéastes ?
"Je ne me suis toujours pas remis du tournage. Je retourne là-bas quand je peux. Le film a suscité des réactions intenses et, en Colombie, on peut en mourir. Je ne pouvais pas y revenir tout de suite, mais après 4 ou 5 ans, j'y suis retourné. C'est l'intensité de la vie, une joie qui devient comme une drogue. J'ai d'ailleurs plusieurs scenario déjà prêts. La Colombie est une mine d'or : des conflits en permanence, des sujets de films tous les jours. Pour moi, c'est le paradis des cinéastes".
Le pape, la religion et le cinéma
"L'écrivain Vallejo est comme Luis Bunuel. Élevé dans la religion avec une éducation extrême, puis, il s'est rebellé et est devenu une des personnes qui attaquent le Christianisme, comme dans l'un de ses derniers ouvrages "La Puta de Babilonia", dans lequel il fait une attaque spectaculaire du Christianisme. Il y décrit tous les crimes et les horreurs venus avec l'église catholique.
Le Christ colombien est souvent représenté à quatre pattes, il est effrayant. J'ai d'ailleurs une anecdote amusante lorsque "La Vierge des tueurs" a été présentée à la Mostra de Venise. Vallejo est issu d'une famille de 17 enfants. En Colombie, les familles sont nombreuses et c'est l'un des plus grands pays catholiques du monde, un pays où l'on fabrique des pauvres. A Venise, Vallejo s'est adressé au pape : "C'est à cause de vous qu'il y a tant d'enfants !" et il a défié le pape d'adopter 100 000 colombiens !... "
La dialectique de la vie et de la mort
Barbet Schroeder : "Le film, c'est surtout l'amour ou comment on peut faire jouer le rôle de l'aimé à quelqu'un d'autre.
Jean Douchet : C'est un film technique. La présence d'une mort violente permanente donne une volonté de vivre et un désir profond de vie. C'est un film à catastrophes mais aussi de volonté de vivre. Il n'est pas optimiste mais il donne et transmet le goût de la vie.
Barbet Scroeder : L'idée de la mort est là. L'idée du suicide aussi. Mais il y a aussi l'amour et la vie, il y a les deux éléments. Il est vrai que le personnage avoue ne pas avoir peur de la mort mais le mélange est bien là".
L'homosexualité, encore tabou ?
Jean Douchet : "Il y a une dualité obscure qui traverse le film. Vallejo est issu de la grande bourgeoisie, on retrouve ce côté aristocratique et esthétique dans Mort à Venise de Visconti. A l'inverse, son amant et les jeunes qu'il rencontre viennent du peuple, ils sont pauvres. Vallejo apprend à les découvrir et il est sauvé par eux.
Barbet Schroeder : J'ai abordé son homosexualité de manière très naturelle : simple, honnête et sans arrières pensées. Il y a bon nombre de festivals où j'ai entendu le film taxé de pédophilie, une hystérie d'aujourd'hui. Cette espèce d'angoisse moderne qui vient se superposer. J'étais sur des eaux dangereuses. A Venise, un membre du jury a menacé de démissionner si on me donnait le prix !...
Jean Douchet : Ce que j'aime beaucoup, c'est très simple, que l'on soit homosexuel ou non. On a des rapports avec des êtres vivants".
Un message particulier ?
"Les messages, il vaut mieux les envoyer par Western Union ! Le film est vraiment un film du 21e siècle. Sombre, nihiliste, très désespéré qui annonce la "colombinisation" de la planète. Les groupes de jeunes, l'identification à des marques de vêtements, tout ce qui est une réalité mondiale".
"Inju, la bête dans l'ombre" : "une expérience démente" !
"C'est l'entreprise la plus démente faite. L'idée d'aller tourner au Japon, avec une équipe exclusivement japonaise et un acteur français, Benoît Magimel. C'est quand on croit qu'on est dans l'impossibilité de finir le tournage. C'était le cas dans la Vierge des tueurs. Avec Inju, il était difficile de savoir si nous allions arriver au bout du film. C'est une expérience aussi démente que la Vierge".
Un regard sur la cinémathèque ?
"Pour moi, une cinémathèque est absolument vitale et essentielle, plus qu'un cinéaste ! Toutes les cinémathèques du monde luttent pour une même cause : les compteurs sont toujours remis à zéro, il faut les faire vivre et alimenter ce travail de création et de rencontres".
Infos pratiques :
Pour ceux qui auraient manqué cette rencontre d'exception, la rétrospective se poursuit.
Nouvelle projection d'"Inju, la bête dans l'ombre", mercredi 18 novembre au cinéma Devosge à 20h30.
La rétrospective s'achèvera en janvier 2010, au Théâtre de l'Espace à Besançon.
D'ici là, la cinémathèque de Dijon (future cinémathèque de Bourgogne) poursuit son travail selon 4 pôles d'action : diffusion, conservation, documentation et pédagogie !
Avis à tous les cinéphiles !
vendredi 13 novembre 2009
A propos de cinéma... "Herbes folles" d'Alain Resnais et "L’Imaginarium du Docteur Parnassus" de Terry Gilliam/Bashung : ces 2 art. Blog Grenoble
Tout cela pour répliquer aux gens, voire aux amis,
un peu à l'emporte pièce répartie : à un cliché par un autre cliché,
aux gens qui parlent d'Internet et des Blogs, par là même qui parlent de leurs auteurs, comme des interdits de séjour à la qualité de l'œil critique et du style pour l'information.
Réponse à une facilité, comme si on doutait de l'imagination de certains solitaires effrayés par la lumière et la mise en évidence, la mise en vente de leurs greniers, bibliothèques, souvenirs journal, carnet de bord, tout à trac en vrac.
A l'origine j'aimais écrire des lettres et recueillir des articles de journaux pour les passer, pour entretenir une conversation d'amitié... et puis une fois quelqu'un m'a répondu : "je suis assez grand pour lire le journal... moi-même !"
Le Blog, celui-là, s'il y a quelques cendres... ce sont aussi d'Herbes Folles.
A propos du dernier film d'Alain Resnais que j'ai vu et attendu, j'en aime surtout l'idée et la composition et les références à quelqu'un comme Monsieur François Truffaut, c'est très bien et puis c'est rallongé pour moi, le terme n'est pas beau, mais cela a toujours fait partie de son style justement la cassure les ruptures du temps et des conventions. Oui, surement il faudrait que je le revoie.
Mais dans les monuments de ce cinéma que j'aime par dessus tout et qui me manque quelquefois plus que le théâtre... je vais courir voir aussi le dernier film de Terry GILLIAM, car en plus c’est l’homme qui dort dans notre lit qui me l’a fait découvrir et beaucoup aimer : ce réalisateur américain? !
Voilà donc j'ai trouvé sur internet "un petit bulletin" exigeant de Grenoble auquel je m'abonnerai bien si j'étais des montagnes et de cette région qui m'étreint car écrin de souvenirs et lieu de séjour d'amis en effet pétris d'imagination...vous me direz il est édité !
-aussi, un peu comme "la Terrasse"?!
L’IMAGINAIRE AU POUVOIR
"À l’occasion de la sortie de L’Imaginarium du Docteur Parnassus, portrait du plus obstiné des cinéastes de l’imaginaire, des délires de Monty Python aux galères de Don Quichotte… Christophe Chabert
Publié dans le n°728 - Mise en ligne : 11/2009L’œuvre de Terry Gilliam commence par des dessins découpés et animés sommairement, et s’achève (provisoirement) par un petit théâtre de marionnettes manipulées grossièrement dans la rue. La boucle est bouclée, se dit-on. Lui aussi, d’ailleurs. «Quand j’ai fini L’Imaginarium du Docteur Parnassus, je me demandais vraiment ce que j’allais faire après» dit-il lors de la conférence de presse donnée à Lyon au lendemain de la présentation du film. «Il fallait trouver un projet avec lequel je pouvais avoir autant de plaisir, qui exprimerait aussi bien ma vision du monde. J’ai repris Don Quichotte, et je me demande ce qu’il va être. Le film grandit tout seul, comme quelque chose d’organique, avec sa vie propre…» Gilliam revient donc sur les lieux du crime, ce tournage apocalyptique et ce film inachevé qui a scellé (avec l’aide du documentaire Lost in la mancha, un «unmaking of» stupéfiant) son image de cinéaste maudit. Une étiquette qui l’a poursuivie ensuite, jusque sur le tournage de Tideland (2005) où il en est encore à se lamenter sur les tuiles (pourtant très ordinaires) qui lui tombent dessus. Mais Gilliam a changé, et entend bien le faire savoir : malgré le décès de Heath Ledger pendant le tournage de Parnassus, il affiche un optimisme nouveau : «Les choses n’ont pas forcément tourné comme je l’aurais voulu, mais ce n’est pas une question de mauvais choix ; c’est la main du destin.»
L’imaginarium du cinéaste Terry
La main du destin ? On se souvient que, dans les animations de Sacré Graal (1974), un des films qu’il a tournés avec Monty Python, Dieu vient régulièrement donner un coup de main (et pas mal de coups de pied) aux protagonistes. Sans parler de La Vie de Brian (1979), qui raconte carrément l’enfance d’un Christ anglais aux fraises. Quant au Sens de la vie (1983), le titre même du film dispense de tout commentaire. Gilliam aurait-il des tendances mystiques ? Osons émettre cette hypothèse : ce qui l’intéresse, dans cette vision déterministe de l’existence, c’est l’idée d’un grand ordonnateur qui tirerait nos ficelles et qui ressemblerait beaucoup… à un cinéaste ! Le cinéma de Gilliam est de ce côté-là, celui de l’imaginaire, de la magie et de la poésie ; c’est un enfant de Méliès plutôt que des frères Lumière. Les Aventures du Baron de Munchausen (1988) repartait ainsi de l’origine foraine de son art, débutant dans un théâtre avec des effets spéciaux mécaniques et visibles, pour mieux s’échapper ensuite au grand air vers un spectacle d’illusions purement cinématographiques. Le lien entre les deux ? L’envie de fables et d’histoires extraordinaires. Tous les personnages des films de Gilliam ont ce besoin d’échapper à la réalité, par le rêve (Brazil, 1985), l’idéal (Fisher King, 1991) ou la drogue (Las Vegas Parano, 1998). Dans sa version noire, cette évasion onirique permet de fuir l’horreur, même si elle finit par nous rattraper — c’est ce film malade, insupportable ou fascinant, qu’est Tideland. Au bout du rêve, le cinéma de Gilliam trouve son point de synthèse dans la belle idée d’un «imaginarium» : non pas une machine à produire de l’image, mais la matérialisation d’un imaginaire enfoui que le créateur libère chez ceux qui en franchissent la porte.
Citizen Gilliam
On dit souvent de Gilliam qu’il est un cinéaste «visionnaire». Terme double qui désigne à la fois sa capacité à exprimer sur l’écran ses visions personnelles et de prophétiser l’avenir. Brazil, par quelque sens qu’on le prenne, est un immense film visionnaire. Cette libre adaptation de 1984 transposée dans un futur bureaucratique, totalitaire et rempli de «conduits» pose des questions toujours pertinentes 25 ans après sa réalisation. Gilliam le souligne avec humour : «Quand j’ai fait la promo de Tideland, j’ai promis de faire un procès à George Bush et Dick Cheney pour avoir pillé les droits de Brazil !» Cette angoisse du futur se retrouve dans un autre grand film de Gilliam, L’Armée des 12 singes (1995). Cette fois, c’est La Jetée de Chris Marker qui lui sert de base, mais Gilliam en fait un film sur le danger des utopies collectives. Chez le cinéaste, le futur ne fait pas rêver, et la science-fiction n’est pas son domaine ; il y préfère la fiction intime, quotidienne et personnelle. C’est pourquoi les héros de Gilliam sont des solitaires, en marge du monde dans lequel ils vivent, inadaptés aux codes sociaux qui les entourent. Ce sont tous des Don Quichotte luttant pour conserver le petit bout d’espoir auquel ils s’accrochent. Gilliam choisit de leur donner raison et de leur offrir le salut, que ce soit littéralement (Fisher King, Munchausen, Parnassus) ou plus ironiquement. L’image la plus forte de toute son œuvre est celle qui conclue Brazil : un homme attaché qui chantonne le sourire aux lèvres, entravé par le système mais libéré par l’imagination."
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VERTIGES DE L’AMOUR
"Un Jean-Claude Gallotta inspiré donne forme aux mots de Gainsbourg interprétés par Bashung : rien que pour le plaisir intense qu’il procure, L’homme à tête de chou s’impose déjà comme l’un des spectacles de l’année. François Cau
Impossible de faire abstraction de l’émotion entourant la création. Avec la responsabilité monumentale de devoir faire honneur à l’œuvre posthume d’Alain Bashung, Jean-Claude Gallotta est sous le coup d’une pression que bon nombre d’artistes doivent cela dit lui envier. Il s’en serait fallu de très peu pour que ce magnifique cadeau se transforme en héritage empoisonné, on en connaît qui auraient botté en touche, qui auraient opté pour une transposition littérale de la narration sans se poser plus de questions, s’effaçant derrière la puissance d’évocation sidérante de la bande sonore. Au fil des répétitions ayant suivi la disparition de l’icône, Gallotta a dû réviser de fond en comble ses partis pris de départ, pallier l’absence monstrueusement envahissante de son narrateur, ne pas donner à l’ineffable beauté de son enregistrement une tonalité trop sépulcrale. Gommer les aspérités, les facilités, interroger son propre style pour offrir la chorégraphie la plus harmonieuse possible. On savait le directeur du Centre Chorégraphique National de Grenoble en plein questionnement artistique, comme pouvaient en témoigner les détours théoriques de ses dernières créations, leur rapport très perturbé au corps. Sans tergiverser, Jean-Claude Gallotta a choisi de foncer dans le tas, de vider son plateau, d’assumer l’énergie et la sensualité du texte, de se lover dans ses sublimes excroissances rock avec un culot qui lui sied merveilleusement bien et qui, surtout, respecte formidablement la liberté de l’œuvre originale.
Volutes en fusion
Prenons une première chose pour acquise : l’appropriation de l’album de Serge Gainsbourg par Alain Bashung est une réussite totale. Miracle de cette prise unique, enregistrée d’un bloc et dont les contours instrumentaux ont été retravaillés en aval, elle sonne comme le zénith artistique du chanteur. Sa voix se fait l’écrin parfait de cette romance barrée, aux images fécondes, à la langue aussi malicieuse que sulfureuse. Sur certains passages, Bashung s’aligne même sur le timbre si particulier de Gainsbourg, sans que l’exercice ne passe pour autant pour de la simple parodie – on atteint dès lors une fusion organique entre les deux personnalités artistiques laissant pour le moins pantois. Au sortir d’une intro pudique où le spectre de l’absent, figuré par une chaise vide, est évoqué avec délicatesse, Gallotta élabore un premier tableau survolté, où les quatorze danseurs se déploient en jouant avec grâce sur les perspectives. On retrouve un chorégraphe ludique, respectant sa matière sonore sans en être esclave, en pleine possession de la chose dansée. Ce plaisir chorégraphique instantané couplé à la découverte de la fabuleuse bande son est à même de rassurer illico les plus sceptiques, et de faire se hérisser les poils des plus réceptifs - oui, ce fut notre cas. D’où l’avalanche de superlatifs.
Les amants magnifiés
Le reste du spectacle parvient à garder intact cette vitalité, à empoigner à bras le corps sa poésie pour la transfigurer. Histoire d’amour improbable, vouée à l’exaltation sexuelle et passionnelle en attendant son issue fatalement funeste, L’homme à tête de chou dévoile ici toute la richesse de son univers en une succession de tableaux ne faisant jamais retomber la tension narrative. Jean-Claude Gallotta œuvre dans le suggestif, puis dans l’incarnation lascive des jeux érotiques des deux amants : le passage illustrant l’orgiaque reprise de Variations sur Marilou nous fait littéralement découvrir le chorégraphe sous un nouveau jour, passionné, sensuel, ludique dans sa façon de gérer les interactions entre ses danseurs – sans se renier, bien au contraire, mais en incorporant ses touches personnelles et autres gimmicks à une dynamique plus marquée. Duos et trios se font les reflets naturels de cette liaison forcément déraisonnable dont Bashung nous narre les errements, les moments de grâce. La fluidité de l’ensemble ne laisse aucun moment de répit au spectateur, happé par la cohérence d’un spectacle à voir et à revoir pour en saisir toutes les résonances. On peut aussi, et c’est encore le mieux, se poser dans son siège, laisser l’atmosphère sonore nous étreindre et jouir encore et encore de la saisissante complémentarité des univers artistiques en présence."
L’homme à tête de chou
Du 12 au 15 novembre, au Grand Théâtre de la MC2 Grenoble
un peu à l'emporte pièce répartie : à un cliché par un autre cliché,
aux gens qui parlent d'Internet et des Blogs, par là même qui parlent de leurs auteurs, comme des interdits de séjour à la qualité de l'œil critique et du style pour l'information.
Réponse à une facilité, comme si on doutait de l'imagination de certains solitaires effrayés par la lumière et la mise en évidence, la mise en vente de leurs greniers, bibliothèques, souvenirs journal, carnet de bord, tout à trac en vrac.
A l'origine j'aimais écrire des lettres et recueillir des articles de journaux pour les passer, pour entretenir une conversation d'amitié... et puis une fois quelqu'un m'a répondu : "je suis assez grand pour lire le journal... moi-même !"
Le Blog, celui-là, s'il y a quelques cendres... ce sont aussi d'Herbes Folles.
A propos du dernier film d'Alain Resnais que j'ai vu et attendu, j'en aime surtout l'idée et la composition et les références à quelqu'un comme Monsieur François Truffaut, c'est très bien et puis c'est rallongé pour moi, le terme n'est pas beau, mais cela a toujours fait partie de son style justement la cassure les ruptures du temps et des conventions. Oui, surement il faudrait que je le revoie.
Mais dans les monuments de ce cinéma que j'aime par dessus tout et qui me manque quelquefois plus que le théâtre... je vais courir voir aussi le dernier film de Terry GILLIAM, car en plus c’est l’homme qui dort dans notre lit qui me l’a fait découvrir et beaucoup aimer : ce réalisateur américain? !
Voilà donc j'ai trouvé sur internet "un petit bulletin" exigeant de Grenoble auquel je m'abonnerai bien si j'étais des montagnes et de cette région qui m'étreint car écrin de souvenirs et lieu de séjour d'amis en effet pétris d'imagination...vous me direz il est édité !
-aussi, un peu comme "la Terrasse"?!
L’IMAGINAIRE AU POUVOIR
"À l’occasion de la sortie de L’Imaginarium du Docteur Parnassus, portrait du plus obstiné des cinéastes de l’imaginaire, des délires de Monty Python aux galères de Don Quichotte… Christophe Chabert
Publié dans le n°728 - Mise en ligne : 11/2009L’œuvre de Terry Gilliam commence par des dessins découpés et animés sommairement, et s’achève (provisoirement) par un petit théâtre de marionnettes manipulées grossièrement dans la rue. La boucle est bouclée, se dit-on. Lui aussi, d’ailleurs. «Quand j’ai fini L’Imaginarium du Docteur Parnassus, je me demandais vraiment ce que j’allais faire après» dit-il lors de la conférence de presse donnée à Lyon au lendemain de la présentation du film. «Il fallait trouver un projet avec lequel je pouvais avoir autant de plaisir, qui exprimerait aussi bien ma vision du monde. J’ai repris Don Quichotte, et je me demande ce qu’il va être. Le film grandit tout seul, comme quelque chose d’organique, avec sa vie propre…» Gilliam revient donc sur les lieux du crime, ce tournage apocalyptique et ce film inachevé qui a scellé (avec l’aide du documentaire Lost in la mancha, un «unmaking of» stupéfiant) son image de cinéaste maudit. Une étiquette qui l’a poursuivie ensuite, jusque sur le tournage de Tideland (2005) où il en est encore à se lamenter sur les tuiles (pourtant très ordinaires) qui lui tombent dessus. Mais Gilliam a changé, et entend bien le faire savoir : malgré le décès de Heath Ledger pendant le tournage de Parnassus, il affiche un optimisme nouveau : «Les choses n’ont pas forcément tourné comme je l’aurais voulu, mais ce n’est pas une question de mauvais choix ; c’est la main du destin.»
L’imaginarium du cinéaste Terry
La main du destin ? On se souvient que, dans les animations de Sacré Graal (1974), un des films qu’il a tournés avec Monty Python, Dieu vient régulièrement donner un coup de main (et pas mal de coups de pied) aux protagonistes. Sans parler de La Vie de Brian (1979), qui raconte carrément l’enfance d’un Christ anglais aux fraises. Quant au Sens de la vie (1983), le titre même du film dispense de tout commentaire. Gilliam aurait-il des tendances mystiques ? Osons émettre cette hypothèse : ce qui l’intéresse, dans cette vision déterministe de l’existence, c’est l’idée d’un grand ordonnateur qui tirerait nos ficelles et qui ressemblerait beaucoup… à un cinéaste ! Le cinéma de Gilliam est de ce côté-là, celui de l’imaginaire, de la magie et de la poésie ; c’est un enfant de Méliès plutôt que des frères Lumière. Les Aventures du Baron de Munchausen (1988) repartait ainsi de l’origine foraine de son art, débutant dans un théâtre avec des effets spéciaux mécaniques et visibles, pour mieux s’échapper ensuite au grand air vers un spectacle d’illusions purement cinématographiques. Le lien entre les deux ? L’envie de fables et d’histoires extraordinaires. Tous les personnages des films de Gilliam ont ce besoin d’échapper à la réalité, par le rêve (Brazil, 1985), l’idéal (Fisher King, 1991) ou la drogue (Las Vegas Parano, 1998). Dans sa version noire, cette évasion onirique permet de fuir l’horreur, même si elle finit par nous rattraper — c’est ce film malade, insupportable ou fascinant, qu’est Tideland. Au bout du rêve, le cinéma de Gilliam trouve son point de synthèse dans la belle idée d’un «imaginarium» : non pas une machine à produire de l’image, mais la matérialisation d’un imaginaire enfoui que le créateur libère chez ceux qui en franchissent la porte.
Citizen Gilliam
On dit souvent de Gilliam qu’il est un cinéaste «visionnaire». Terme double qui désigne à la fois sa capacité à exprimer sur l’écran ses visions personnelles et de prophétiser l’avenir. Brazil, par quelque sens qu’on le prenne, est un immense film visionnaire. Cette libre adaptation de 1984 transposée dans un futur bureaucratique, totalitaire et rempli de «conduits» pose des questions toujours pertinentes 25 ans après sa réalisation. Gilliam le souligne avec humour : «Quand j’ai fait la promo de Tideland, j’ai promis de faire un procès à George Bush et Dick Cheney pour avoir pillé les droits de Brazil !» Cette angoisse du futur se retrouve dans un autre grand film de Gilliam, L’Armée des 12 singes (1995). Cette fois, c’est La Jetée de Chris Marker qui lui sert de base, mais Gilliam en fait un film sur le danger des utopies collectives. Chez le cinéaste, le futur ne fait pas rêver, et la science-fiction n’est pas son domaine ; il y préfère la fiction intime, quotidienne et personnelle. C’est pourquoi les héros de Gilliam sont des solitaires, en marge du monde dans lequel ils vivent, inadaptés aux codes sociaux qui les entourent. Ce sont tous des Don Quichotte luttant pour conserver le petit bout d’espoir auquel ils s’accrochent. Gilliam choisit de leur donner raison et de leur offrir le salut, que ce soit littéralement (Fisher King, Munchausen, Parnassus) ou plus ironiquement. L’image la plus forte de toute son œuvre est celle qui conclue Brazil : un homme attaché qui chantonne le sourire aux lèvres, entravé par le système mais libéré par l’imagination."
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VERTIGES DE L’AMOUR
"Un Jean-Claude Gallotta inspiré donne forme aux mots de Gainsbourg interprétés par Bashung : rien que pour le plaisir intense qu’il procure, L’homme à tête de chou s’impose déjà comme l’un des spectacles de l’année. François Cau
Impossible de faire abstraction de l’émotion entourant la création. Avec la responsabilité monumentale de devoir faire honneur à l’œuvre posthume d’Alain Bashung, Jean-Claude Gallotta est sous le coup d’une pression que bon nombre d’artistes doivent cela dit lui envier. Il s’en serait fallu de très peu pour que ce magnifique cadeau se transforme en héritage empoisonné, on en connaît qui auraient botté en touche, qui auraient opté pour une transposition littérale de la narration sans se poser plus de questions, s’effaçant derrière la puissance d’évocation sidérante de la bande sonore. Au fil des répétitions ayant suivi la disparition de l’icône, Gallotta a dû réviser de fond en comble ses partis pris de départ, pallier l’absence monstrueusement envahissante de son narrateur, ne pas donner à l’ineffable beauté de son enregistrement une tonalité trop sépulcrale. Gommer les aspérités, les facilités, interroger son propre style pour offrir la chorégraphie la plus harmonieuse possible. On savait le directeur du Centre Chorégraphique National de Grenoble en plein questionnement artistique, comme pouvaient en témoigner les détours théoriques de ses dernières créations, leur rapport très perturbé au corps. Sans tergiverser, Jean-Claude Gallotta a choisi de foncer dans le tas, de vider son plateau, d’assumer l’énergie et la sensualité du texte, de se lover dans ses sublimes excroissances rock avec un culot qui lui sied merveilleusement bien et qui, surtout, respecte formidablement la liberté de l’œuvre originale.
Volutes en fusion
Prenons une première chose pour acquise : l’appropriation de l’album de Serge Gainsbourg par Alain Bashung est une réussite totale. Miracle de cette prise unique, enregistrée d’un bloc et dont les contours instrumentaux ont été retravaillés en aval, elle sonne comme le zénith artistique du chanteur. Sa voix se fait l’écrin parfait de cette romance barrée, aux images fécondes, à la langue aussi malicieuse que sulfureuse. Sur certains passages, Bashung s’aligne même sur le timbre si particulier de Gainsbourg, sans que l’exercice ne passe pour autant pour de la simple parodie – on atteint dès lors une fusion organique entre les deux personnalités artistiques laissant pour le moins pantois. Au sortir d’une intro pudique où le spectre de l’absent, figuré par une chaise vide, est évoqué avec délicatesse, Gallotta élabore un premier tableau survolté, où les quatorze danseurs se déploient en jouant avec grâce sur les perspectives. On retrouve un chorégraphe ludique, respectant sa matière sonore sans en être esclave, en pleine possession de la chose dansée. Ce plaisir chorégraphique instantané couplé à la découverte de la fabuleuse bande son est à même de rassurer illico les plus sceptiques, et de faire se hérisser les poils des plus réceptifs - oui, ce fut notre cas. D’où l’avalanche de superlatifs.
Les amants magnifiés
Le reste du spectacle parvient à garder intact cette vitalité, à empoigner à bras le corps sa poésie pour la transfigurer. Histoire d’amour improbable, vouée à l’exaltation sexuelle et passionnelle en attendant son issue fatalement funeste, L’homme à tête de chou dévoile ici toute la richesse de son univers en une succession de tableaux ne faisant jamais retomber la tension narrative. Jean-Claude Gallotta œuvre dans le suggestif, puis dans l’incarnation lascive des jeux érotiques des deux amants : le passage illustrant l’orgiaque reprise de Variations sur Marilou nous fait littéralement découvrir le chorégraphe sous un nouveau jour, passionné, sensuel, ludique dans sa façon de gérer les interactions entre ses danseurs – sans se renier, bien au contraire, mais en incorporant ses touches personnelles et autres gimmicks à une dynamique plus marquée. Duos et trios se font les reflets naturels de cette liaison forcément déraisonnable dont Bashung nous narre les errements, les moments de grâce. La fluidité de l’ensemble ne laisse aucun moment de répit au spectateur, happé par la cohérence d’un spectacle à voir et à revoir pour en saisir toutes les résonances. On peut aussi, et c’est encore le mieux, se poser dans son siège, laisser l’atmosphère sonore nous étreindre et jouir encore et encore de la saisissante complémentarité des univers artistiques en présence."
L’homme à tête de chou
Du 12 au 15 novembre, au Grand Théâtre de la MC2 Grenoble