lundi 14 décembre 2009

Et Misérables ? au Lucernaire, vous y allez quand... Ils le méritent


Je l'ai vu 3 fois et je vais y retourner avant Noël, foi d'animal, de midinette, de comédienne, d'amoureuse du théâtre et de la Littérature, d'amie, je vais y replonger... avec volupté...

Comme lorsqu'on revoie un film qu'on a adoré et qu'on est jamais déçu, on redécouvre, on rit à l'avance, on est en connivence.

Au Théâtre c'est encore mieux, on est en complicité et à quelques détails on remarque les infimes différences liées à l'humain, au public différent pour chaque représentation d'autant plus que cela paraît difficile, élégant et léger... le jeu, le rôle, la pièce, la mise en scène....

Jouer plusieurs personnages dans un même spectacle expose trois fois plus et constitue un jeu tout en ruptures qui frise le somnambulisme, intrusion dans l'inconscient, surtout Anne Priol, car elle passe par toutes les émotions et tous les âges, les humiliations, les morts....

C'est le total inconfort du fil d'Ariane, elle est si frêle, malade, misérable, morte, repoussée, amoureuse... Comment en ressortir ?

Les amoureuses sont des extrêmes vénéneuses à elles-mêmes graciles (même quand elles sont grosse masquées d'autant...) et toujours fragiles, attachées au moindre battement de cil de leur sujet... Paradoxe s'il en est un, que passer de l'objet au sujet et par tous les affres, joies et vertiges de l'aléa permanent.

La mort : sa propre mort et celle de son père : Jean Valjean, quand elle est dans le rôle de Cosette ; Jean Valjean qui est interprété par nul autre pareil ; nul autre dans la vie que son compagnon, son époux (comme dirait Brassens, nul besoin de mettre son nom au bas d'un parchemin) son metteur en scène et son partenaire de jeu.

Tous ces mélis-mélos, c'est le vrai jeu des saltimbanques, Molière, Hugo, Guitry, Fassbinder, Chéreau, Gainsbourg... ils compliquent élargissent aident à sertir le sujet et à prendre de la distance ! Ils remettent sous la loupe, créent ainsi comme une distorsion de l'imagination affective. On a beau être aguerrie et aimer à jouer, à faire rire, à faire pleurer, à danser entre tous ces mondes, auprès des siens proches. C'est de l'équilibre incertain qui évite les malentendus mais accentuent les non-dits, "c'est un mensonge qui dit la vérité" Cocteau.

Il faut du calme et de la protection, quand l'intérieur se retrouve à 360° sous les projecteurs. Marius interprété à l'excellence par Emmanuel Barrouyer, c'est le meilleur ami d'Anne Priol depuis le cours de théâtre où ils se sont rencontrés.

Et par ailleurs vous pouvez faire confiance à l'auteur Victor Hugo, il les a aimé les femmes, les a porté à l'avant-scène pour leur époque et vous pouvez faire confiance au metteur en scène à Philippe Person, il les aime toujours au "plus loin plus proche" auscultant leur mystère.

Intime exposé avec élégance pudeur mais aussi flamboyance... équivaut au Romantisme.
Il faut arriver à ce point là, c'est le plus délicat et le plus vertigineux. Expiation et Rédemption.

Alors donc je laisse la plume à la belle critique et à Dimitri Denorme sur Pariscope : Première.fr
Misérables
Théâtre critiques

à partir du 21/10/2009

La critique de la rédaction
Original, enlevé et intelligent… Voilà les adjectifs qui nous viennent à l'esprit pour qualifier le travail réalisé par les deux Philippe, Honoré à l'adaptation et Person à la mise en scène, sur l'œuvre monumentale de Victor Hugo. Ici, on n'a pas cherché l'effet pour l'effet. Tout a été pensé avec simplicité, humilité et générosité. Et quand le noir final se fait et que les applaudissements nourris retentissent, on est assuré que chacun des spectateurs présents est arrivé à cette conclusion. Il faut dire que, déjà sur papier, la proposition est intrigante. Condenser en un peu plus d'une heure la fresque d'Hugo sans la dénaturer peut paraître bien ambitieux. Emmener un patrimoine de la littérature française vers quelque chose d'autre… Comme on dit, ça reste à voir… Et on a vu ! C'est dans un décor évoquant le cirque et le cabaret que Fantine, Cosette, Marius, Monsieur Gillenormand, Javert, les Thénardier et Jean Valjean viennent cette fois à notre rencontre. Pour les camper, ils ne sont que trois sur scène. L'exquise Anne Priol, tel un funambule en tutu noir, se joue des mots et des émotions avec un immense talent pour donner vie aux personnages féminins de l'histoire. A ses côtés, Philippe Person s'octroie avec tact le rôle du narrateur et oscille entre gravité et burlesque pour prêter vie à Jean Valjean et Gillenormand. Enfin, Emmanuel Barrouyer nous ravit tant dans le rôle de la Thénardier dans son costume vert fluo, que dans celui de l'implacable Javert ou encore du Marius tendrement amoureux. La mise en scène de Philippe Person regorge de petits trésors et de merveilleuses trouvailles. Mais pour ne pas entamer le plaisir de les découvrir, nous n'en dirons pas plus. On le remerciera par contre d'avoir su adroitement et judicieusement faire ressortir tout l'engagement politique et social d'Hugo. Humour, émotion, réflexion, tout est décidément bien là !"

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