vendredi 4 février 2011

Klaus Mann Aujourd'hui et demain : Jean Cocteau La Machine Infernale

 Le livre Aujourd'hui et demain est un recueil, il était posé négligemment sur une des grandes tables d'exposition d'une librairie : Longtemps....
 1925-1949 L'esprit Européen, Klaus Mann fils de Thomas Mann s'est suicidé en 1949, réfugié amoureux de la France il est considéré comme l'un des auteurs allemands les plus importants. Son œuvre Méphisto fut créée par Mnouchkine en 1979.

Article paru dans Die Sammlung Amsterdam, 1ère année, cahier 10




Le théâtre est mort. Vive le théâtre ! C'est à dire celui qui subsistera quand le film aura réservé au théâtre de pur divertissement le sort qu'il mérite : l'anéantissement. Alors, ô surprise, sera restaurée -phénix renaissant de ces cendres - le vrai théâtre, le théâtre légitime, qui en aura fini avec un processus de prise de conscience tout juste engagé à l'heure actuelle. De quoi doit-il donc prendre conscience ? De lui-même ; de ses "privilèges" -selon la formule de Cocteau ; de son caractère sérieux et ludique  ; de la tragédie et du guignol ; de sa diversité, de sa naïveté, de sa profondeur. Ses "privilèges" incluent la mascarade, la rigolade enfantine ; et ils vont jusqu'au pathétique jusqu'à la solennité, dans leurs dimension morale. Cocteau, fanatique des formes artistiques pures, ne veut faire ni "théâtre filmique", ni théâtre "littéraire". Ce qu'il veut, c'est faire du théâtre tout simplement. Il prend l'impérissable matériau tragique et il prend le burlesque ; il écrit des monologues -comme celui du Sphinx au second acte- qui vibrent et étincellent et s'élèvent, une fusée, une fontaine de mots ; mais derrière le monologue qui est poésie, il place généralement un effet d'éclairage, celui-ci rayonne comme un opéra féerique pour enfants, c'est une auréole colorée, animée cerclant la tête du destin qui parle, conjure, tempête, séduit.
Cela fait des années que le théâtre ne m'avait pas procuré une impression aussi forte que celle causée par La Machine Infernale  à la Comédie des Champs Élysées. Voilà réfutée l'absurde croyance selon laquelle le théâtre intellectuel serait forcément ennuyeux : la pièce poétique, le théâtre de la poésie devient un spectacle enthousiasmant. C'est une représentation splendide ; les décors de Christian Bérard y contribuent pour une grande part ; les comédiens sous la direction de Louis Jouvet sont tous excellents Pierre Renoir joue Tirésias..... 

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