lundi 19 février 2018

Une soirée au théâtre de l'Oeuvre : 12mm et Justice/ une promenade aux Tuileries entre les photos de Susan Meiselas et Raoul Hausmann/ Phantom Thread, quel film quels acteurs !

au théâtre de l'Oeuvre : 12mm et Justice
Je suis tellement contente de ressortir, d'aller au théâtre, au Théâtre de l'Oeuvre tout particulièrement et donc cet enthousiasme ne suffit pas ou qui sait fait-il déteindre les couleurs des spectacles pour me laisser un peu perplexe après avoir vu à la suite ces deux créations.
J'ai même attendu plusieurs jours avant de vous donner ici mon ressenti. Le 12mm avec Julien Boisselier reste plus présent par son originalité, absurde ; par moments on reste en suspends : doit on en rire ? Une mise en abîme de la recette de ces émissions culinaires de télévision, qui ont comme en elles le pouvoir de vous dégouter de l'art culinaire. Oui il me reste ce spectacle, parce que les vidéos cinéma sont bien présentes mais à bon escient, parce que le jeu de Julien Boisselier ne se laisse jamais aller à la facilité, il est face à son public et il a quelque chose de tragique comme un Buster Keaton.
Justice m'a moins plu, parce que c'est du cinéma documentaire, des témoignages hyper- réalistes mis en scène, réadaptés comme l'ont déjà fait  Zabou Breitman ou Laurence Février, mais leur façon de jouer comme à la télé m'a au fur et à mesure comme endormi, comme si plus rien n'en ressortait, même ponctué par le lourd décor et les lumières. Les actrices multiplient chacune à leur tour les partis pris, elles le font trop bien, jouent les présumés coupables, le juge d'instruction, les victimes, les avocates, le procureur avec le même costume celui des régisseurs quand ils passent dans la pénombre pour placer accessoires et décor... Elles deviennent accessoires et décor... 
Dans la salle pleine il y avait beaucoup de jeunes étudiants comme heureux de ces formes qu'ils considèrent peut-être comme limpides, manifestes, engagées, comme des "formes nouvelles". Je me suis revue lycéennne aller à la Cartoucherie voir l'Âge d'Or, d' Ariane Mnouchkine enthousiaste et convaincue et me suis posée la question, que pensaient mes aînés de cette forme là, la considéraient-ils comme une "forme nouvelle" ou de la manipulation... N''est ce pas le thème d'entrée de la Mouette de Tchekhov?

http://www.theatredeloeuvre.com/12-millimetres-julien-boisselier/
http://www.theatredeloeuvre.com/justice/

Expo Photos de Suzan Meiselas et Raoul Hausmann au Jeu de Paume
http://www.jeudepaume.org/?page=liste&sousmenu=10
Promenade jusqu’aux Tuileries, expo de photos noir et blanc surtout, blessantes pour le regard sur la cruauté, la disparition ; comment filmer la violence : par quelques gouttes de sang au Nicaragua, par des masques ; la solitude par les appartements, avec leur seul locataire entouré de ses objets ; la pauvreté : par la dignité et le sourire. 
Étonnante Grande dame Susan Meiselas et aussi ce poète surréaliste de la composition d'images : Raoul Hausmann les corps les objets les paysages même matières de même manière...
Comme il faisait beau au jardin des Tuileries, comme ils sont élégants ces corbeaux.


le coin « sauvage » des boulistes, le long de la salle du Jeu de Paume, pour moi des philosophes. J’ai voulu respecter leur anonymat j’ai remarqué là que ces groupes deux ou trois, étaient composés d’hommes et de femmes dans nos âges.

Mon ombre devant moi avec le béret de mon papa, nous étions dans les premiers  visiteurs du dimanche après-midi.

Self portrait 1971 [autoportrait] Série 44 Irving Street Susan Meiselas

Susan Meiselas, j'aime infiniment cette photo et pas seulement pour ce masque de tête de poupée écrasé et cette porte entrouverte et ces ombres. Je l'ai volée cette photo de la photo, car ils ne voulaient pas qu'on prenne ces photos...

Susan Meiselas l’industrie du sexe

L’acteur 1949 Raoul Hausmann


Deux nus féminins allongés sur une plage 1931-34


Elfriede Stegemeyer



Phantom Thread
Depuis que j'y suis allée voir ce film j'y suis restée dans ce film... Je me le repasse...
J'ai associé : Autant en emporte le vent, Rebecca, Violence et Passion, le Guépard, Hitchcock et Visconti et à travers Daniel Day Lewis, toujours son rôle dans l'Insoutenable légèreté de l'être. Cet acteur c'est un exemple du devoir de l'acteur par rapport à ses rôles et à son jeu. La réalisation aussi est du grand art, qui passe par les corps et aussi par l'extrême superfétatoire de la mode. 
Ah l'actrice qui joue la soeur entre Catherine Frot et Madame Denvers, la gouvernante de Rebecca. Et le poids de la Maison, pourtant bien plus petite que celle de Rebecca ; mais a t-on mieux filmé, les déambulations dans un escalier et les bruits aux petits déjeuners ? 
Daniel Day Lewis est toujours aussi bel homme, un peu comme Clint Eastwood dans la Route Madison. Ce film, nous étions cinq à le voir, 3 femmes et deux hommes et ce fut l'unanimité chez les dames.
La jeune actrice luxembourgeoise est étonnante : entre une Isabelle Huppert jeune... et une Jessica Chastain toute neuve ou naïve.
Mon ami était beaucoup plus nuancé mais comme il a sommeillé un peu, il n'a pas trop parlé du film, pour ne pas déconstruire ma joie. 
Ce film est aussi très important pour jeter aux oubliettes tous les à priori d'égalité : que doit-on faire en cas d'abus de pouvoir, si c'est un génie ?! et quel pouvoir a-t-il vraiment entre sa soeur et sa femme ? 
Je pense à un ami qui connait très bien le milieu de la mode et qui aime vraiment la mode et qui a écrit : les robes sont moches ! Bien-sûr elles sont moches avec notre regard d'aujourd'hui puisqu'elles sont de fiction mais avant tout passéistes surannées comme la cour d'Angleterre mais avec malgré tout un quelque chose qui en impose de tenue et de sensualité dans ces robes par le soin du "patron",  le choix des tissus, des couleurs, des dentelles.... le choix de la tradition des "belles robes" toujours re-visitées contre le chic et la provocation... l'amour fou n'a t'il pas quelque chose de suranné??? 





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