mercredi 28 février 2024
9 eme promotion des élèves du Lucernaire : À LA CROISÉE DES DESTINS, LES CANCANS, CLASSIQUE X 13
lundi 26 février 2024
Les César 2024
Seuls détails, elle n’est pas très punk sur cette photo, certes apparemment, puisse t-on aussi regarder à travers le Monde et comment sont traitées les femmes dans le reste de ce monde plutôt qu’entre nous et notre consensuelle condescendance, notre tutoiement d’affranchis et de nantis.
Les deux meilleurs moments de cette soirée
vendredi 23 février 2024
Le dernier des Juifs
jeudi 15 février 2024
La Bête, Past Lives, Bonnard Pierre et Marthe
feytnath
Le générique pour attester des travailleurs du décor des décorateurs assistants qui ont fait un travail magique on y vivait avec les personnages. Tiens j'ai même dit si on retournait à la campagne... pour éviter la vie bobo....bourgeoise. Le film Pierre et Marthe est une superbe histoire d'amour tous les personnages y sont à part entière. Et on rayonne avec eux André Marcon dans Monnet, quand à Cécile de France et Vincent Macaigne y sont à peindre. Dans les films de ce réalisateur la vraie vie vient de la peinture...
Il y a 2 jours Aimé par tavrain92
vendredi 9 février 2024
La Zone d’intérêt
Qu’en a pensé le Masque et la Plume ? Pour une fois je suis d’accord avec Xavier Leherpeur et Pierre Murat ensemble…
vendredi 2 février 2024
Edmont oncle Georges Georges Edmont
ƒƒƒ article de Denis Sanglard
Georges, une vie de pédé. On peut le dire ce vilain, ce sale mot homophobe, un crachat porté ici haut, en sautoir par Georges. Car c’est sa vie à lui, Georges. Une vie de pédé qui commence par le désamour d’une mère bonniche. Georges, un bâtard chié et de père inconnu. Ça commence d’ailleurs comme ça ce formidable et délicat récit, par la mort de la mère qui vous délivre et si l’on chiale c’est de joie, d’être enfin libre à 36 ans. On ne tue pas sa mère, mais c’est tout comme. Georges raconte sa vie. Ces premiers émois homosexuels. Sans rien y comprendre. Est-ce normal ? Sa réussite professionnelle, à 20 ans plus jeune sommelier de France à La Tour d’argent, et l’apprentissage de l’hypocrisie qui va avec. Le sourire qu’on affiche en toute circonstance. Le sourire vrai-faux comme un rictus. Mentir, se mentir. Comme dans la vie, puisqu’être pédé t’oblige à te planquer, nous sommes dans les années cinquante ne l’oublions pas. Amours furtives, amours d’un soir, amours de square… Le dégoût de soi. L’hôpital psychiatrique, je suis pédé, suis-je malade docteur ? La famille encore, la mort de la mère donc, la recherche du père. Se trouver un demi-frère, une demi-belle-sœur, empuantis de crasse, de violence et de bêtise. Alors au sortir de cette rencontre catastrophique, le corps qui vous lâche, la pluie qui vous nettoie mais il suffit de la poigne d’un camionneur pour naître, enfin. « Je suis Georges Edmont ». Aller sur la tombe du père inconnu, au carré des indigents, et régler ses comptes, en « un geste à la con » qui délie les liens, déchirer son acte de naissance. Les années 80, Jérôme le grand amour et le SIDA. La mort collée aux basques, défiée, à qui le tour, quand mon tour ? C’est comme ça aussi qu’on est pédé, par le sang contaminé. Jérôme est mort, Georges aussi. Enfin le croyait-il. Mais il suffit d’un sourire, sur un trottoir un jour de juillet 2000, pour revivre, vaille que vivre. Sans rien oublier, jamais. « C’est des bouffes la vie, les pédés ». Georges est un phénix.
Voilà, c’est la traversée d’une vie, une vie de pédé. On songe à Didier Eribon, à Annie Ernaux. L’invention de soi qui ne va pas sans ce foutu sentiment de honte, de déclassement social et sexuel, qui ne vous lâche pas mais ne vous empêche pas d’avancer, quand même. Question de survie. L’humour en plus, cet humour cinglant de pédé lucide qui cautérise les écorchures toujours à vif, la difficulté d’être, la violence homophobe, familiale ou sociale. Gorges a 80 ans aujourd’hui et il est là qui nous reçoit dans son appartement, rue de Jarente. Lui et son double, Nicolas Martel. Qui est Georges, plus jeune. Et ces deux-là qui n’en font qu’un dialoguent, monologuent, ce qui est du pareil au même. Nous racontent cette vie singulière, cette traversée tragi-comique, oui ça peut être drôle une vie de pédé. Et il ne faut pas manquer d’observer le visage de Gorges le vieux, sculpté par les ans, écouter le récit de sa vie… des ombres y passent qui en disent fort long. Georges le jeune mène le récit, Georges le vieux précise quelques détails. On y chante aussi. Complices, ils ne font qu’un, oui, que scelle un baiser final, poings sérrés, qui vous foudroie, où la vieillesse apaisée, espére-t-on, de Georges se réconcilie avec sa jeunesse tourmentée. Tous deux sont formidables, un jeu dépouillé de toutes scories théâtrales pour atteindre une franche épure qui brouille la frontière entre théâtre et réalité. C’est autobiographique mais la vie est un théâtre aussi. Jean Michel Rabeux, qui les connaît bien tous deux, compagnons théâtraux au long cours, met cela en scène avec simplicité, avec la même pudeur et délicatesse que ce récit tout en retenue. Et parce que dans cette pièce où nous sommes conviés, au milieu de cet élégant appartement dépouillé, la proximité devient vite intimité, le ton tient de la confidence, du secret partagé autour d’un excellent verre de blanc ou de rouge, au choix. C’est bouleversant de vérité chuchotée.
Georges, de Georges Edmont
Mise en scène de Jean-Michel Rabeux
Assisté de Santiago Montequin
Avec : Georges Edmont et Nicolas Martel
du 22 janvier au 2 février 2024
du Lundi au vendredi à 20h30