mercredi 28 février 2024

9 eme promotion des élèves du Lucernaire : À LA CROISÉE DES DESTINS, LES CANCANS, CLASSIQUE X 13

À la croisée des destins, des cancans,  de la vie  et du classique, j’ai vu et bien vu un
spectacle inouï des élèves de 1 ère année du Lucernaire école professionnelle. C’était comme si surtout à la première partie, après avoir recherché les dieux, les héros, il fallait regarder à travers la vie et le théâtre mais de toutes ses forces pour trouver avant tout la paix la civilisation l’art du théâtre et la dignité. Toutes les dignités oubliées sur scène  sont enfin regardées. Au théâtre on peut supprimer toutes les injustices et rire rire rire cancaner et aimer… au delà de toutes les guerres cad des vengeances et de la haine. 
La scène est leur terrain de jeu avec costumes quels costumes inoubliable Diane Athena 
Les acteurs sont nombreux 23 quel travail en si peu de temps quel ressort.  Marie Montegani et Nathalie Boutefeu leur ont donné toutes les occasions d’être des amoureux des déesses des héros à jamais repoussés tel Ulysse Orphée et puis iels se retrouvent dans les fils de marionnettes sous les masques de la comédie italienne entre médisances ordinaires, serviteurs farfadets et amoureux enfin alertes de toutes leurs forces, leurs corps. Le dernier pan « classique » de Philippe Person mêlait humour et grandiloquence des Feydeau Molière Hugo… 13 auteurs,  pour sortir enfin de toutes les ombres, les fantômes, les obsessions, les imitations, les répétitions, pour surgir dans la lumière et aimer infiniment et passer le relais pour que s’exprime la force de la jeunesse. Bravo Bravo Bravo !!! à la 9eme promotion de l’Ecole d’art dramatique du Lucernaire,

Avec l'ensemble de la Promotion 9

@FAIROUZOUANLI, @BENEDETTAANTONELLO, @ELÉONOREARRAS, @JULIENBOTTINELLI, @ALICIABRUDEY, @MARIEBROCQUEHAYE, @NINABARD-BONNET, @THÉOBRUGNANS, @SOLUNACHAFFARD, @ALEXANDRECHAPELON, @SOPHIECHASSELAT, @ALBACHATELIER, @APRILCIVICO, @DUSHANDELIC-ILLIEN, @ADRIENGAUDIN, @SELMAHUBERT, @ALEXANDREJABOULAY, @ALICEMACE, @AURÉLIE MANIER, @YOHANMARGUIER, @CONSTANCEROCHER, @SACHAROYSAINTE-MARIE, @JEANNETRINITÉ

J’ai mis la photo du plus vieil arbre du square d’à côté, (square St Lambert) parce que pour vivre et passer les hivers et la séparation d’avec toutes ses feuilles et attendre l’éclosion de ce nouveau printemps, il a besoin d’entendre ou de sentir rire jouer les enfants chanter les oiseaux impatients des amours printanières et qu’on le regarde un peu aussi dans toute sa nudité. 
Car « les nouvelles sont mauvaises » et c’est difficile « de déjeuner en paix » tout autour de la planète… 












lundi 26 février 2024

Les César 2024

Le Monde abonnée 
Discours de Judith Godreche aux Césars 

« C'est compliqué de me retrouver devant vous tous ce soir.
Vous êtes si nombreux.
Mais, dans le fond, j'imagine qu'il fallait que ça arrive.
Nos visages face à face, les yeux dans les yeux.
Beaucoup d'entre vous m'ont vue grandir.
C'est impressionnant, ça marque.
Dans le fond, je n'ai rien connu d'autre que le cinéma.
Alors, pour me rassurer, en chemin, je me suis inventé une petite berceuse.
« Mes bras serrés, c'est vous, toutes les petites filles dans le silence,
Mon cou, ma nuque penchée, c'est vous, tous les enfants dans le silence,
Mes jambes bancales, c'est vous, les jeunes hommes qui n'ont pas pu se défendre.
Ma bouche tremblante mais qui sourit aussi, c'est vous, mes sœurs inconnues. 
Après tout, moi aussi, je suis une foule.
Une foule face à vous.
Une foule qui vous regarde dans les yeux ce soir.
C'est un drôle de moment pour nous, non ?
Une revenante des Amériques vient donner des coups de pied dans la porte blindée.
Qui l'eût cru ?
Depuis quelque temps, la parole se délie, l'image de nos pairs idéalisés s'écorche, le pouvoir semble presque tanguer, serait-il possible que nous puissions regarder la vérité en face ?
Prendre nos responsabilités ? Etre les acteurs, les actrices d'un univers qui se remet en question ?
Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine. Où êtes-vous? Que dites-vous ? Un chuchotement. Un demi-mot.
« Ça serait déjà ça », dit le Petit Chaperon rouge.
Je sais que ça fait peur.
Perdre des subventions.
Perdre des rôles.
Perdre son travail.
Moi aussi.
Moi aussi, j'ai peur.
J'ai arrêté l'école à 15 ans, j'ai pas le bac, rien.
Ça serait compliqué d'être blacklistée de tout.
Ça serait pas drôle.
Errer dans les rues de Paris dans mon costume
de hamster.
Me rêvant une Icon of French cinema...
Dans ma rébellion, je pensais à ces termes qu'on utilise sur un plateau. Silence.
Moteur demandé.
Ça fait maintenant trente ans que le silence est mon moteur.
J'imagine pourtant l'incroyable mélodie que nous pourrions composer ensemble.
Faite de vérité.
Ça ne ferait pas si mal. Je vous promet.
Juste une égratignure sur la carcasse de notre curieuse famille.
C'est tellement rien comparé à un coup de poing dans le nez.
A une enfant prise d'assaut comme une ville assiégée par un adulte tout-puissant, sous le regard silencieux d'une équipe.
A un réalisateur qui, tout en chuchotant, m'entraine sur son lit sous prétexte de devoir
comprendre qui je suis vraiment.
C'est tellement rien comparé à 45 prises, avec deux mains dégueulasses sur mes seins de 15 ans.
Le cinéma est fait de notre désir de vérité.
Les films nous regardent autant que nous les regardons.
Il est également fait de notre besoin d'humanité. Non ?
Alors, pourquoi ?
Pourquoi accepter que cet art que nous aimons tant, cet art qui nous lie soit utilisé comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles ?
Parce que vous savez que cette solitude, c'est la mienne mais également celle de milliers dans notre société.
Elle est entre vos mains.
Nous sommes sur le devant de la scène.
A l'aube d'un jour nouveau.
Nous pouvons décider que des hommes accusés de viol ne puissent pas faire la pluie et
le beau temps dans le cinéma.
Ça, ça donne le ton, comme on dit.
On ne peut pas ignorer la vérité parce qu'il ne s'agit pas de notre enfant, de notre fils, notre fille.
On ne peut pas être à un tel niveau d'impunité, de déni et de privilège qui fait que la morale nous passe par-dessus la tête.
Nous devons donner l'exemple.
Nous aussi.
Ne croyez pas que je vous parle de mon passé, de mon passé qui ne passe pas.
Mon passé, c'est aussi le présent des deux mille personnes qui m'ont envoyé leur témoignage en quatre jours... C'est aussi l'avenir de tous ceux qui n'ont pas encore eu la force de devenir leur propre témoin.
Vous savez, pour se croire, faut-il encore être
cru.
Le monde nous regarde, nous voyageons avec nos films, nous avons la chance d'être dans un pays où il paraît que la liberté existe.
Alors, avec la même force morale que nous utilisons pour créer,
Ayons le courage de dire tout haut ce que nous savons tout bas.
N'incarnons pas des héroïnes à l'écran, pour nous retrouver cachées dans les bois dans la vraie vie ; n'incarnons pas des héros révolutionnaires ou humanistes, pour nous lever le matin en sachant qu'un réalisateur a abusé une jeune actrice, et ne rien dire.
Merci de m'avoir donné la possibilité de mettre ma cape ce soir et de vous envahir un peu.
Il faut se méfier des petites filles.
Elles touchent le fond de la piscine, se cognent, se blessent, mais rebondissent.
Les petites filles sont des punks qui reviennent déguisées en hamster.
Et, pour rêver à une possible révolution,
Elles aiment se repasser ce dialogue de Céline et Julie vont en bateau [film de Jacques Rivette, sorti en 1974] :

Céline : « Il était une fois.

Julie : Il était deux fois. Il était trois fois.

Céline : Il était que, cette fois, ça ne se passera pas comme ça, pas comme les autres fois. »

Judith


Seuls détails, elle n’est pas très punk sur cette photo, certes apparemment, puisse t-on aussi regarder à travers le Monde et comment sont traitées les femmes dans le reste de ce monde plutôt qu’entre nous et notre consensuelle condescendance, notre tutoiement d’affranchis et de nantis. 
Et puis ici on s’est battus, non ? contre le retour moral-bienséant de la sexualité cadenassée, ily a quelques années, non dizaines d’années les années 70 étaient -elles impossibles : anarchie peace and love ?
et puis la lame de fond puritaine revient c’est tout bénéfice que de traiter la moitié du problème. 
Les violeurs pour la plupart l’ont été eux-mêmes violés, abusés, quel enfant n’a pas poussé à bout son entourage ; l’accompagnement l’écoute de ces soit disant bourreaux mais parents aussi, n’est plus de mise en psychiatrie….
Sur l’Adamant, merveille de documentaire méthode sans tri d’être et de vivre avec tous les soit disant cinglés en de belles conditions à été relégué aux oubliettes 
La folie le déni sont en tous et un chacun l’art en est la transcendance mais faut arriver à s’écouter entre les lignes.
Lorsque j’étais enfant j’avais une dizaine d’années un monsieur de l’âge de mon père m’emmenait faire la sieste avec attouchements quelques tripotages comme un peu un jeu… c’était sa vision de la libération il n’y connaissait rien. 
Yourcenar a écrit aussi qu’un oncle l’avait rejoint ado dans la sa salle de bain pour la faire frissonner au travers des voiles appelés peignoirs, elle n’a ni crié ni fermé la porte. On ne va pas déterrer l’homme de Neandertal pour lui passer les menottes.
Surtout que celui là était un doux,  mon tonton du Béarn,  plutôt qu’un violeur…
Et a t’on donné les recettes du bonheur ? Les mises en scène les retours à une violence contrôlée 
sont sources de jeux sexuels ça l’a été la strangulation dosée etc ne serait elle pas due à la naissance avec le cordon ombilical autour du cou….

-Maman comment fait-on les bébés !?
-T’as qu’à regarder les animaux !? 
-Les chattes traumatisées tu crois qu’elles dorment plus longtemps chaque jour ?
-Oui sûrement pour en faire des rêves plus réparateurs

Voilà mais contrairement à certains hommes de mes amis mais pas mon compagnon, je considère que Judith Godreche a besoin d’être entendue et qu’elle a le courage de le faire. Savez-vous qu’il en faut plus que du courage pour parler sincèrement même en lisant un texte devant une salle pleine et éclairée dont on voit tous les visages… Ce n’est pas une imposture ni une recette de retour à la hune des infos. 
Les autres meilleurs moments du cinéma via Canal + Bolloré et au travers de cette remise de César 2024, 49 ème cérémonie.
En notre pays à force de se protéger on oublierait qu’il y a des murs ou des guerres ailleurs. 
Les ponts c’est de penser qu’il faut surtout réagir renaître après les traumatismes et ne pas rester autocentrés avec le risque de s’autodétruire.
Cela me fait penser à ce livre de Boris Vian, le dernier ou une mère mettait ses enfants sous cloche dans une bulle…l’arrache-cœur. 

Parenthèses ce film Chien de la casse que nous avons vu avec mon compagnon à la maison sur Canal + nous a beaucoup touché et redonné foi et courage en la réparation des cabossés. 

Dans ce film comme dans Anatomie d’une chute (celle de l’homme genre) il y a un chien notamment symbolique. 
 
Les Animaux ne doivent pas
être maltraités ; je suis pour certains (je le sais) trop sensible aux bestioles mais bon je considère que ce n’est pas au dessus de nos forces et il faudra des décennies encore pour en arriver là et quand on regarde autour du monde par d’autres civilisations touaregs ou amazonienne on vit ensemble et on respecte la vie depuis l’origine. 

Jacques Jean Sicard, sur ce film césarisé en passe d’être oscarisé : Anatomie d’une chute, 
a écrit sur son mur FB et je l’ai republié en écrivant-disant : Magnifique coup de théâtre que cet angle de vue  ! Il est vrai que Samuel 
par la déclaration de l’actrice Sandra qui joue le rôle de Sandra sa femme, 
forcément sous « l’emprise » de sa réalisatrice et qui a enfin obtenu le rôle principal,   dans sa déclaration très vivante (car c’est une bonne comédienne) n’a t’elle pas dit qu’elle ne s’attendait pas à ce que la France la prenne dans ses bras (Cannes et Césars). 
Merci JJS avec vous on n’arrête pas de réfléchir et c’est à notre portée.



Les deux meilleurs moments de cette soirée 







vendredi 23 février 2024

Le dernier des Juifs


Allez-voir ce film il faudrait que tout le monde et surtout les pas-cons y aillent, les autres ne vont pas lever le pied dans la descente de leurs opinions et ça va leur faire mal et ils ne vont pas vraiment essayer d’avoir un espoir…un rire réparateur 
Dépêchez il n’est plus dans trop de salles…



https://youtu.be/0kcREJRuTiY?si=QKDeDmBblQzqsdui

Nous étions aux 7 Parnassiens un des cinémas indépendants dont la programmation est encore mieux qu’au Chaplin St Lambert. Le dernier des juifs est très touchant en plus d’être intelligent mais pas appuyé. J’aime le personnage principal sa mère mais aussi son cousin et cette indécision si compréhensible.  Le passage où il essaie de placer des pompes à chaleurs est extra comme Agnès Jaoui Officiel tout au long du film. On y croit tellement à eux deux. Le combat d’initiation à je ne sais quelle lutte fait penser à Charlot boxeur…. Et sa maîtresse !? Que de tendresse et de sincérité dans leurs jeux…

Le post de mon amie Catherine Piétri 
Au cinéma le 24 JANVIER  « Le dernier des Juifs » 
Ou le dernier des Mohicans ou le dernier des Justes!
Magnifique film de Noé Debré
Si sensible, intelligent et poétique, poignant et tellement tellement drôle! 
Magnifiques acteurs
Longue vie à ce film nécessaire et qui fait un bien fou! 
MERCI Noé S Debré #michaelzindel Agnès Jaoui Officiel
#ledernierdesjuifs  Ad Vitam Cinéma Le Méliès

Et aussi je vous mets l’échange pour ceux qui adorent 
#lepirestagiaire @gregguillotin par texto à propos de ce film avec mon amie 

-moi
À quoi reconnaît-on un poulet casher d’un poulet Halal !?
Ah j’ai bien ri et encore plus
Aujourd’hui 
Merci,  pour moi le personnage principal et son cousin dans la voiture puis chez le premier client m’ont fait penser à Greg GUILLOTIN (et un peu aussi aux Tontons  flingueurs -rajouté)
Je t’enverrai mon avis sur blog en premier. 
😘
-elle
Contente que tu aies ri
En effet le réalisateur a raconté que toute la scène dans la voiture (qui durait plus d’une heure) était une impro!


Allez-y go les ceux qui aiment toutes les vidéos cachées de Gregguillotin du pire stagiaire du pire gendre… et les premiers qui n’ont pas encore vu à ce moment recherchez le : la vraie vie de Bengui à l’hippopotamus
Je vous donne le meilleur un des meilleurs moments parce que j’y suis un peu. Mais il y en a d’autres… en Auvergne chez Lacoste les mots fléchés l’arbitre à la pétanque…@bengui @leo @lamamandeBengui


jeudi 15 février 2024

La Bête, Past Lives, Bonnard Pierre et Marthe

La Bête je ne mettrais pas d’étoiles même pas une sur cinq si je m’écoutais ce film n’est vraiment pas indispensable le trop d’intelligence cinéphile face au trop d’intelligence artificielle avec l’exercice appliqué de reconstitution historique de la grande inondation de Paris en 1910, seul moment d’action selon mon compagnon qui à force de voir des films pensum n’a plus vraiment envie d’y aller. Mes derniers choix May December et La Bête l’ont véritablement ennuyé avec un détour par le film coréen Past Lives. 3 films d’amour tiens donc…j’arrête pas de lui dire depuis on ira voir DUNE…mais c’est à la fin du mois…
Donc en deux mots la Bête ce n’est pas Allien et des films sur la romance c’est le plus mauvais des trois sans oublier Pierre et Marthe. 

Past Lives film américain-coréen 
Après plusieurs jours (plus d’une semaine) ce film me reste. Les acteurs les silences c’est tellement crédible et aussi imprégné pour moi du film de Wong Kar Wai in the mood for love(le film qui m’a fait aimer les arbres peut-être. 
Il me hante réparateur après avoir vu cette aberration du Cinéma français La Bête 


Bonnard Pierre et Marthe sur Instagram


feytnath 

Le générique pour attester des travailleurs du décor des décorateurs assistants qui ont fait un travail magique on y vivait avec les personnages. Tiens j'ai même dit si on retournait à la campagne... pour éviter la vie bobo....bourgeoise. Le film Pierre et Marthe est une superbe histoire d'amour tous les personnages y sont à part entière. Et on rayonne avec eux André Marcon dans Monnet, quand à Cécile de France et Vincent Macaigne y sont à peindre. Dans les films de ce réalisateur la vraie vie vient de la peinture...

Il y a 2 jours  Aimé par tavrain92



vendredi 9 février 2024

La Zone d’intérêt

https://theconversation.com/dans-la-zone-dinteret-une-allemagne-nazie-toute-a-sa-jouissance-materielle-222686
Voilà j’y suis allée et cette critique en lien,  n’en est pas une c’est l’analyse historique philosophique du film, mais ce film ne m’a rien apporté sensiblement et voir même à la matière, à la manière de faire du cinéma.  Je suis sortie du film dans les premières,  l’écran gris pigmenté qui nous scinde de la réalité mais qui est le champ vide de tous les remplissages possibles….cet écran vide (au début comme à la fin) n’est pas une erreur mais une volonté du cinéaste.  Le déroulé du générique venait de s’animer. La dernière scène et les scènes oniriques pigmentées en noir et blanc sont pour moi des exercices de style sans aucun souffle d’espoir certes mais denuées de justesse beauté sensibilité humaine, elles ne sont qu’une construction de pigments agités et ce n’est pas cela pour moi le cinéma, c’est laid comme un sac de plastique vide qui vole au travers de nos vies désormais. Ah j’oubliais c’est original…. Les acteurs illustrent le propos. 
En sortant du cinéma un monsieur assez jeune m’a attendue et souriant alors je lui ai dit : « on en est enfin sortis » et il m’a répondu… « je crois oui mais c’était long. » 
Si tout est suggéré hors champ grisé rien n’a de vie mais ce n’est pas cela car on en est sortis momentanément peut-être, mais on en est sortis, non ?



Qu’en a pensé le Masque et la Plume ? Pour une fois je suis d’accord avec Xavier Leherpeur et Pierre Murat ensemble…

Je vous mets le commentaire érudit en copié-collé de Jacques Jean Sicard écrivain cinéphile que j’apprécie pour dissiper certaines de mes illusions amateures autodidactes de « spectactrice ». Mais je n’aime pas plus le film car pour moi il s’agit d’aimer le cinéma et de le savoir…qu’on cherche dans les films une entrée de secours ! Comme cette
Par exemple je n’avais pas compris que c’était le rêve de la fille du couple qui attend son père. 
Et cette conclusion généralité sur le couple comme prison pour tous les couples n’est aussi qu’une autre interprétation… et rejette le doute…


"La Zone d’intérêt" (2024) de Jonathan Glazer. 

Glazer est précédemment l’auteur d’"Under the Skin", qu’on peut traduire par Sous la Peau. Immédiatement, j’ai rapproché son dernier travail de "Jeanne Dielman", film où Chantal Akerman passe « sous la peau » de l’existence apparente de son personnage par le moyen de la vie quotidienne, pour accéder au final à la prostitution qui la soutient, au plaisir et au meurtre. "Zone d’intérêt" ménage le même passage sous l'épiderme à partir de la douce aliénation ménagère, jusqu’à la tuerie de masse. Deux mondes en un seul, qui coexistent sans échange. Le concept de « banalité du mal » formulé par Hannah Arendt à l’occasion du procès d’Adolph Eichmann, retombe toujours sur ses pieds, jamais pris en défaut depuis, en dépit des chicaneries intellectuelles. Jonathan Glazer le reprend en lui donnant un tour esthétique : la dischromie de l’image. Il décolore la peau du réel, entre les deux mondes mitoyens et jumeaux, le gris de l’univers concentrationnaire et le pastel de la vie domestique. Sans que le voisinage produise un choc, une réaction émotionnelle. La décoloration est représentée et vécue comme un paradoxe depuis longtemps socialisé, une contradiction anciennement apaisée. Originelle ? La ligne fade de la décoloration est réhaussée par le rêve-cauchemar d’une des enfants du couple Höss. Dans une atmosphère de négatif photographique, elle y devient une glaneuse de fruits et de légumes, une marchande des quatre-saisons onirique, qui dépose son butin et ses bouquets au pied des outils dont se servent les détenus, qui les trouveront peut-être au matin, un fois l’aube et l’épouvante revenues. Ce rêve n’est que la manifestation d’une impuissance morale ; ce cauchemar, presqu'un assentiment à ce contre quoi on ne peut rien. Le film s’achève sur ce qu’il est, une description de la vie quotidienne : dans notre présent de 2023, des femmes de service font le ménage dans les salles et les couloirs du musée d’Auschwitz-Birkenau, parallèlement Rudolph Höss, dans les escaliers d’un bâtiment officiel de 1944 a la prémonition de ce qui l’attend (en 1947, il sera pendu par le cou à l'intérieur de l'enceinte du camp d'extermination dont il fut le commandant). Imperturbable, presque surpris du désagrément, il ne comprend pas.

Plus je reviens sur "La Zone d’intérêt", plus son rêve devient central. Le rêve-cauchemar puisqu’il est l’intrication des deux. Celui-ci fait directement allusion au conte "Hansel & Gretel" des frères Grimm, mentionné au cours de l’histoire, je ne me rappelle plus s’il accompagne ou non une des scènes oniriques. La « maison de sucre » du conte, érigée par la vieille ogresse, destinée à piéger les enfants, est le modèle du merveilleux dévorant ou de la dévoration merveilleuse. Le profond tissage du film, du rêve et du conte me renvoie à celui du poème et de la prose chez Baudelaire, c’est le même prosaïsme lyrique, si je puis m’exprimer ainsi. Le tissage déploie une puissante ambiguïté propre à l’enfance revisitée par un esprit adulte. Je finis par me demander si Glazer y voit moins la conséquence du couple vie quotidienne-tuerie, que son origine.

Le rêve-cauchemar est d’abord suscité par l’une des filles du couple Höss. Il est précédé par une courte scène où cette enfant est à l’intérieur de la maison, assise sur la marche d’un escalier, de trois-quarts face à la porte d’entrée, vue de dos, son père s’inquiète de son attente, la prend dans ses bras et l’emporte. Puis le rêve essaime dans la campagne polonaise, sautant les demeures, d’une cuisine à un piano, passant d’un jeune cerveau à un autre jeune cerveau, résistance infantile, bientôt vaine.

Et puis l’univers de Höss est la proie du son, cette terreur moderne. Le silence, traditionnellement associé à la chambre et au vœu qu’on en fait, est le lieu de l’exaspération assourdie d’un bruit indéfinissable, une hantise dont l’entier du monde serait possédé. "La Zone d’intérêt" ne distingue plus le recueillement intime d’un peuplement de voix infâmes. Car c’est bien de l’intérieur que vient la rumeur, on y entend le spongieux de la tumeur qui grossit sous la peau. La femme n'est pas exempte. Edwige Höss partage avec son mari la pourriture conjugale et celle de la tuerie comme elle a partagé leurs amours adolescentes. Un couple ça partage tout, jusqu'à l'absurde, jusqu'à la lie. Putain de vie, on ne sait jamais ce quelle nous réserve !
 
Commentaire d’un autre des ses familiers :Éric Wahlmore
qui confirme que c’est une interprétation que de penser que les scènes oniriques sont le rêve d’une des filles du couple 
« Daniel Airam pour moi, c'est un film aussi important que La dernière étape de Jakubowska, Shoah de Lanzmann et Le Fils de Saul de Nemes. Ce que Jacques Jean Sicard omet de dire, c'est que le film oscille génialement entre réalisme (je cite Dielman également pour La zone d'intérêt) et installation d'art contemporain, comme dans Under the skin, ce qui est injustement reproché au film sur un camp d'extermination. C'est précisément ce qui en fait l'intérêt. Dire que le rêve provient d'un des enfants de Höss est une interprétation, c'est beaucoup plus ouvert. De façon générale, marre de l'expression de "banalité du mal" (Arendt), expression sortie du contexte conceptuel et, en général, mal comprise, soit ressortie à chaque fois qu'un film sur le Shoah sort. Cela devient, malheureusement, un poncif journalistique et dénature le propos précis d'Arendt. Je ne dis pas que c'est le cas ici mais ce n'est pas assez développé. »

vendredi 2 février 2024

Edmont oncle Georges Georges Edmont

Voilà ça faisait longtemps que je ne m’étais pas laissée piéger par ce putain de machin à éditer avant de poster, de FB… ah ça va mieux en le disant !
Il a disparu mon article d’une page format Smartphone … c’est presque poétique comme la trace des absents sur nos écrans 

C’est vertigineux quand on va au théâtre la sortie l’absence de toute cette vie embrassée après un spectacle 

J’aurais du faire des selfies avec ceux que je connaissais : @nicolasmartel @jeanmichelrabeux @georgesedmont 
Et surtout mais c’est ce soir la dernière et c’était déjà complet 23 places au maxi la jauge est petite 
Et nous spectateurs après, il ne nous reste rien de cette étreinte sans contrainte !?
C’est le premier spectacle aussi désarmant et désarmé qui nous relie complètement les uns les autres. Normalement en appartement on ne s’y sent pas si bien entouré (j’ai déjà vu d’autres spectacles) 
d’art d’aimer et de délicatesse avec rappel des périodes où tout semblait perdu : Guerre la 2 eme et les années « Sidamour sida mort » comme chantait Barbara 
Pourquoi j’ai perdu l’article que j’essayais de publier sur FB parce qu’entre temps j’ai lu tout le petit livre : Georges d’une traite et FB chez ces gens-là on n’attend pas on compte ….comme chantait Jacques Brel….donc c’est avec Nicolas Martel toujours aussi fondant, dans le rôle de son double à Georges son double jeune car on reste toujours jeune quand on aime aimer et Georges Edmont dans le rôle muet de celui qui s’asseoit et regarde de l’intérieur et qui basta n’a plus les mots mais il chante et justement quand on est redevenu muet comme à son adolescence et encore longtemps après on sourit.
Mais il chante et quelles chansons : l’amour nous fait faire des folies….
Leur complicité à eux deux acteurs est palpable on respire ou pas, au même rythme.
À la mise en scène Jean-Michel Rabeux est assisté de Santiago Montequin un gage d’élégance, je l’ai déjà vu jouer. Et s’il devient metteur en scène il reprendra la flamme…..sa flamme intérieure… Flamme comme une mer intérieure quel travail à tous mature, comme un bon vin 




ƒƒƒ article de Denis Sanglard

Georges, une vie de pédé. On peut le dire ce vilain, ce sale mot homophobe, un crachat porté ici haut, en sautoir par Georges. Car c’est sa vie à lui, Georges. Une vie de pédé qui commence par le désamour d’une mère bonniche. Georges, un bâtard chié et de père inconnu. Ça commence d’ailleurs comme ça ce formidable et délicat récit, par la mort de la mère qui vous délivre et si l’on chiale c’est de joie, d’être enfin libre à 36 ans. On ne tue pas sa mère, mais c’est tout comme. Georges raconte sa vie. Ces premiers émois homosexuels. Sans rien y comprendre. Est-ce normal ? Sa réussite professionnelle, à 20 ans plus jeune sommelier de France à La Tour d’argent, et l’apprentissage de l’hypocrisie qui va avec. Le sourire qu’on affiche en toute circonstance. Le sourire vrai-faux comme un rictus. Mentir, se mentir. Comme dans la vie, puisqu’être pédé t’oblige à te planquer, nous sommes dans les années cinquante ne l’oublions pas. Amours furtives, amours d’un soir, amours de square… Le dégoût de soi. L’hôpital psychiatrique, je suis pédé, suis-je malade docteur ? La famille encore, la mort de la mère donc, la recherche du père. Se trouver un demi-frère, une demi-belle-sœur, empuantis de crasse, de violence et de bêtise. Alors au sortir de cette rencontre catastrophique, le corps qui vous lâche, la pluie qui vous nettoie mais il suffit de la poigne d’un camionneur pour naître, enfin. « Je suis Georges Edmont ».  Aller sur la tombe du père inconnu, au carré des indigents, et régler ses comptes, en « un geste à la con » qui délie les liens, déchirer son acte de naissance. Les années 80, Jérôme le grand amour et le SIDA. La mort collée aux basques, défiée, à qui le tour, quand mon tour ? C’est comme ça aussi qu’on est pédé, par le sang contaminé. Jérôme est mort, Georges aussi. Enfin le croyait-il. Mais il suffit d’un sourire, sur un trottoir un jour de juillet 2000, pour revivre, vaille que vivre. Sans rien oublier, jamais. « C’est des bouffes la vie, les pédés ». Georges est un phénix.

Voilà, c’est la traversée d’une vie, une vie de pédé. On songe à Didier Eribon, à Annie Ernaux. L’invention de soi qui ne va pas sans ce foutu sentiment de honte, de déclassement social et sexuel, qui ne vous lâche pas mais ne vous empêche pas d’avancer, quand même. Question de survie. L’humour en plus, cet humour cinglant de pédé lucide qui cautérise les écorchures toujours à vif, la difficulté d’être, la violence homophobe, familiale ou sociale. Gorges a 80 ans aujourd’hui et il est là qui nous reçoit dans son appartement, rue de Jarente. Lui et son double, Nicolas Martel. Qui est Georges, plus jeune. Et ces deux-là qui n’en font qu’un dialoguent, monologuent, ce qui est du pareil au même. Nous racontent cette vie singulière, cette traversée tragi-comique, oui ça peut être drôle une vie de pédé. Et il ne faut pas manquer d’observer le visage de Gorges le vieux, sculpté par les ans, écouter le récit de sa vie… des ombres y passent qui en disent fort long. Georges le jeune mène le récit, Georges le vieux précise quelques détails. On y chante aussi. Complices, ils ne font qu’un, oui, que scelle un baiser final, poings sérrés, qui vous foudroie, où la vieillesse apaisée, espére-t-on, de Georges se réconcilie avec sa jeunesse tourmentée. Tous deux sont formidables, un jeu dépouillé de toutes scories théâtrales pour atteindre une franche épure qui brouille la frontière entre théâtre et réalité. C’est autobiographique mais la vie est un théâtre aussi. Jean Michel Rabeux, qui les connaît bien tous deux, compagnons théâtraux au long cours, met cela en scène avec simplicité, avec la même pudeur et délicatesse que ce récit tout en retenue. Et parce que dans cette pièce où nous sommes conviés, au milieu de cet élégant appartement dépouillé, la proximité devient vite intimité, le ton tient de la confidence, du secret partagé autour d’un excellent verre de blanc ou de rouge, au choix. C’est bouleversant de vérité chuchotée.

 

Georges, de Georges Edmont

Mise en scène de Jean-Michel Rabeux

Assisté de Santiago Montequin

Avec : Georges Edmont et Nicolas Martel

 

du 22 janvier au 2 février 2024 

du Lundi au vendredi à 20h30