Je suis allée voir Michel Fau au Théâtre Rond Point du grand Fau... j'en suis ressortie médusée, incapable d'en parler, parce que je m'y étais totalement retrouvée et puis le bascul d'inconscient à soi vous laisse sans voix.... et puis après quelques minutes de silence en soi, comme il y a du désopilant, on en parle bien avec tous, alors c'est quoi cette chanson ? t'as vu les danseurs et le strip-tease, et puis le travail du comédien, acteur, artiste, danseur chanteur... travesti transformiste qui passe dans tous ces costards ?!
Après... il y a un coup de chapeau à l'intime comme si chacun pouvait sortir de tous les mimétismes et se sculpter femme et homme, élégant tout en rendant la "vulgarité" belle,
cocasserie à la taille d'un enfant devenu grand arrogant.
Un homme torse nu en veste croisée de smoking avec des bas résille des chaussures folles de meneuse de revue et des cheveux mi-longs et de vraies larmes.
Cet acteur là il peut faire un one man show demain ce sera plus facile que ces grands écarts dans tout... il donne quelques commentaires, quelques phrases de lui-même. Il y a des textes aussi un de Ribes et un d'OLIVIER PY.
Au travers des chansons pathétiques, j'y ai laissé quelques plumes et dans "les chansons cons" "Loana, Lara Fabian" comme dirait Philippe Meyer, aussi bien-sûr. Ce n'est pas un miroir déformant c'est un miroir qui embrasse le grand écart de la solitude jusqu'à l'amour fou.
Aucune démagogie, vous n'imaginez pas comment c'est...
Alors sinon c'est complet dans la petite salle et ça se termine samedi.
Le théâtre c'est le plaisir du dérangement...
"On est tous moches tellement qu'on attend..."
Aucune démagogie vous n'imaginez pas comment c'est... du grand art, un funambule sans grande barre, avec des plumes...
c'est tout sauf politiquement correct
c'est un mutant à la démesure infinie : Michel Fau
Fabienne Pascaud y est allée enfin de sa reconnaissance...
Tout Fau tout flamme
LA CHRONIQUE DE FABIENNE PASCAUD
Il est des comédiens qui exultent, et dont la joie, l'enthousiasme d'être en scène communiquent au public une étonnante jubilation, réveillent et revitalisent. Michel Fau est de ceux-là, qui après avoir royalement interprété Shakespeare, Genet, Claudel ou Thomas Bernhard se lance dans un cabaret sentimental décadent, tout ensemble sordide et sublime, L'Impardonnable Revue pathétique et dégradante de monsieur Fau. Accompagné de deux danseurs qu'on croirait sortis du Crazy Horse ou du Paradis Latin (Joël Lancelot, Delphine Beaulieu), le plus souvent à moitié nu, talons hauts, bas noirs et trucs en plumes (fuchsia), l'habituel complice du patron de l'Odéon, Olivier Py, se jette dans l'arène musicale avec une violence de tragédien. Qu'il reprenne de vieux tubes de Zizi Jeanmaire, Dalida ou Sabine Paturel, il évoque irrésistiblement la Phèdre de feu Marie Bell, mais mâtinée des rodomontades ronchon d'une Josiane Balasko qui aurait cousiné avec la chanteuse Régine... Etrange comme la palette de cet homme-là est composée de femmes, de toutes les femmes : mystère de la féminité de l'acteur, de la bisexualité ou de l'androgynie de tout grand acteur. Michel Fau est-il jamais si drôle que lorsqu'il incarne, en perruque et robe pseudo-haute couture, Quelqu'un m'a dit, de Carla Bruni ? Là, le comédien virtuose, avec des allures de maître de théâtre nô, fait un sort à chaque phrase, en démonte la niaiserie jusqu'au vertige. Et une drôlerie irrésistible. Les décors pourtant sont minimalistes. Mais l'espèce de boîte noire sur laquelle courent deux, trois lignes de néon multicolores, le petit escalier noir central, suffisent à faire la blague, à susciter la mémoire de tous les shows. Surtout les plus lamentables. Ceux des artistes qui crèvent d'exister sur un plateau, d'y vibrer et de s'y donner corps et âme, jusqu'à devenir magnifiques par leurs outrances mêmes. Michel Fau n'a pas peur, et c'est cela qui est beau. Il ose tout. La dérision comme la passion forcenée (comment l'entendre chanter Ne reviens pas sans verser sa larme en cachette ?), la tendresse comme la cruauté. C'est un comédien hybride, métissé, impur : un pied dans l'excès, l'autre dans la délicatesse et la litote. Un grand interprète comme devait l'être Frédérick Lemaître sur le Boulevard du Crime des Enfants du paradis, et qui ne renie rien de ses goûts de haute et populaire culture, qui avoue aimer autant Maria Pacôme que la Callas, Au théâtre ce soir, d'ORTF mémoire, que le TNP de Jean Vilar. Ce mélange, cet éclectisme lui donnent une puissance, une richesse de palette infinie. Pourquoi si peu de comédiens ont-ils encore cette démesure, cette folie ? Pour un Gérard Depardieu chaque fois saisissant dans les apparitions les plus minables au cinéma, un Michel Bouquet qui, à 85 ans, fait toujours le bouffon avec génie, combien d'entre eux sortent du bon chic bon genre, d'une morosité bien-pensante et grise, artistiquement correcte, tendance intériorité trash. Est-ce la multiplication des écrans qui a banalisé le jeu d'acteur désormais omniprésent ? Est-ce notre société du spectacle où tout le monde joue, jusqu'au sommet de l'Etat, qui réduit et minore l'art du comédien, puisque tout le monde l'est ? Est-ce, dans nos périodes de disettes économico-culturelles, la crainte d'être un artiste trop différent ? A lire pourtant les savoureuses et toniques confessions artistiques du grand professeur et passeur de théâtre Jean-Laurent Cochet (1), on aura compris qu'il n'est de digne interprète que porté par la passion. Et Cochet de citer Cocteau à qui on avait demandé : « La maison brûle. Qu'est-ce que vous emportez ? - Le Feu », avait répondu Cocteau."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire