Lire Depardieu ou ce que ses éditeurs ont accepté d’accoucher de lui est « fulgurant » dès les premières pages, en force et en lévitation avec ses retours sur son passé d’enfant, immanent, il a survécu à un avortement raté.... Cela m’a fait penser à la libération de Cioran quand sa mère lui avait dit : « j’aurais du t’avorter.... »
Le chamane de l’émotion, immense acteur, sait en parler, distribuer des petits cailloux, du jeu...pour mettre dans la chaussure, comme pour ouvrir le chemin vers ailleurs. Rien ne nous empêche de partir ailleurs.....
Déjà savoir qu’il aime et déteste les mots et préfère lire les livres d’histoire, et partir ailleurs pour lire les regards et dessous les mots d’une langue étrangère.....il aime pas
La vieille France qui vit dans ses écrans et ne se rencontre plus.... et qui nous fait tous et chacun mourrir seul et oui, mais libre quelquefois des conseils projections infantilisations des enfants comme un vieil écrivain un Jim Harrison devant la vallée de la mort. Le désir l’amour ne peut pas durer si l’on se veut gourou sans fans.
P 24
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J’étais un enfant très joyeux. Attentif disponible, à l’écoute.
À l’écoute de tout.
C’est curiosité et cette joie ne m’ont depuis jamais quitté.
Cette foi en la vie.
Quand on me foutait à la porte de l’école, je ne le prenais pas mal. Il y avait toujours un chien qui arrivait, qui me suivait partout. Et j’étais plus à l’aise avec lui qu’avec les professeurs. Au moins, il était reconnaissant, il voyait que je ne lui voulais pas de mal, je le caressais, il bougeait la queue. On était heureux, tous les deux. Et ça me suffisait.
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P 51
Elle est bien loin, l’époque des grands explorateurs.
L’uniformité qui gagne le monde a aussi gagné le voyage.
Aujourd’hui, tout le monde ou presque va au même endroit.
On suit le guide, la mode, les agences de voyage ou les médias.
Leur planète se réduit ainsi à cinq ou six destinations, bien confortables, avec juste ce qu’il faut d’exotisme.
Mais la planète est bien plus grande que ça, bien plus vaste que tout ce que l’on peut nous vendre.
J’ai parcouru des immensités, où mis à part ceux qui y vivent, personne ne met jamais les pieds.
Des immensités dont on ne sait rien, où tout est surprise.
C’est souvent là où j’ai vécu les instants les plus beaux, où j’ai rencontré les gens les plus émouvants.
Ce n’est pas toujours confortable, c’est vrai, mais pourquoi faudrait-il que le voyage soit confortable ?
Le voyage ne doit pas être confortable.
C’est en perdant tous tes repères que tu peux vraiment commencer à vivre un pays.
Parce qu’un pays, il ne faut pas le voir, il faut le vivre.
Sans plan, sans programme.
C’est important, la façon dont on l’habite personnellement, cette planète
Comment on profite ou non de tout ce qu’elle a à nous offrir.
Notre rapport à l’Ailleurs est bien souvent la meilleure mesure de notre volonté d’être. Et de notre liberté.
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P 53
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Je n’ai besoin d’aucune langue pour m’exprimer, je préfère les regards.
J’aime observer quelqu’un dont je ne comprends pas la langue, être complètement attentif à lui, à tout ce qu’il dégage, à tout ce qu’il est. Voir comment son histoire et sa géographie vivent en lui.
Je lui souris, je l’imite, et très vite je vois qu’il me regarde comme si je parlais sa langue.
C’est ce regard là, que je vois et que je vis dans ses yeux, qui fait que d’un seul coup on est en connexion.
C’est ce que d’aucuns appellent une communion.
À l’état pur.
J’étais à chaque fois aussi soudain et surprenant qu’un prophète qui te dit : « lève-toi et marche ! », Et tu te mets à marcher.
C’est la foi en la vie tout simplement.
L’ailleurs qui est dans le regard de l’autre devient alors ce qui t’est le plus proche.
Ce qui s’exprime ici, c’est l’humanité dans toute sa richesse.
C’est humanité qui est là depuis l’aube des temps et qui soudain ressurgit à travers ce regard.
Cet instant d’éternité, c’est ce que je préfère au monde.
P 107-108
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Pour continuer.
Continuer à aimer.
Ce n’est jamais en allant vers soi que l’on peut trouver l’Ailleurs, c’est toujours en allant vers les autres, vers la vie.
Il faut commencer par se délester de soi-même.
Ce qui est toujours un grand soulagement tellement on s’encombre en permanence.
Et surtout enlever toutes ses barrières.
On en revient alors à son regard d’enfant, cette innocence qui seule peut soigner.
Mais cela ne peut s’obtenir que sans mensonge, dans une franchise totale.
Ce qui est tout sauf paisible.
Ça peut même être destructeur, parce qu’il faut tuer beaucoup de choses en soi pour pouvoir s’alléger. Toutes ces choses qui, au quotidien, nous tuent à petit feu.
Il faut tout nettoyer.
Avoir le courage de s’extirper de soi-même.
C’est la seule façon de retrouver son état d’enfance.
Son infinie fraîcheur.
Ouvrir large les vannes, larguer les amarres, se laisser emmener par le courant et oublier tous les retours possibles.
P 113-114
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Prends n’importe quel condamné à mort. Si on l’amène à la culture, la violence disparaît.
La violence, c’est toujours un malentendu avec soi-même, une frustration, quelque chose qu’on arrive pas à exprimer. Si l’on arrive à donner une forme à cette expression, on se calme tout de suite. La culture adoucit. Il y a toujours un livre où on trouve non pas la vérité, mais sa propre vérité.
La culture, c’est un Ailleurs qui n’en finit jamais. C’est comme l’histoire d’Abraham qui s’allonge pour compter les étoiles, ça n’en finit jamais.
Il y a ce très beau film avec Burt Lancaster, le prisonnier d’Alcatraz. L’histoire d’un condamné à perpétuité qui trouve un oiseau blessé dans la cour de la prison. Il le soigne, l’apprivoise, devient peu à peu un brillant ornithologue. Cet oiseau lui a fait découvrir son Ailleurs.
Alors tu peux trouver tous les mensonges intérieurs que tu veux pour ne pas passer le pas. Tous les alibis. Mais, ou que tu sois quelque soit ta condition, il ne faut pas avoir peur de vivre.
Ni d’aimer.
C’est la même chose.
P 128
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Quand je reviens de Russie, d’Algérie, d’Éthiopie, d’Ouzbékistan, j’ai l’impression qu’en mon absence une bombe a explosé.
Je suis stupéfait par le vide qui règne.
Dans les rues, dans les regards, dans les esprits.
Par ce silence inquiétant.
Je n’ai jamais vu un pays où les gens s’arrêtaient si peu dans la rue pour se parler. Il court d’un endroit à un autre et rentrent bien vite chez eux.
P 210
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Nos peurs sont nos morts.
Mais la mort ne me fait pas peur.
J’écris ça, mais je ne sais pas comment je vais réagir le jour venu.
J’ai un peu comme les mecs qui te disent :
« Si j’avais eu 20 ans pendant la guerre, j’aurais résister. »
Tu parles…
On ne sait rien de soi à l’avance.
Allez- y vers l’Ailleurs des migrants par exemple dans nos rues...
pour reprendre le chemin de mes Élucubrations... et de nos discussions avec mon Chéri à propos de mes lectures, Pascal a conclu : c’est sûr que lui l’Ailleurs, il ne peut pas le trouver en prenant le métro ou chez son boulanger ou au Franprix du coin...
L’ autre jour j’étais à la vie Claire -comme tous les bobos qui se respectent à Paris !, je m’y sens bien, l’équipe est très sympathique ; et dans les rayons un petit garçon à vélo de deux ans et demi était venu avec sa mère rejoindre son père, il était tellement content de pouvoir lui faire peur, bien après je l’ai entendu sortir tous les paquets de gâteaux secs au chocolat et dire si fort « chocolat »que je lui ai parlé en répétant « chocolat » tu le dis bien « chocolat » son père riait si franchement ; j’ai payé à la caisse proche du présentoir à « chocolat »... et en sortant j’ai salué la compagnie, au revoir messieurs, et mesdames, je me suis retournée sur le petit garçon qui en me faisant signe au revoir, en me regardant me disait : « chocolat, chocolat ! » J’en ai eu pour ma journée de cet Ailleurs là, j’espère le retrouver pour lui dire bonjour : Chocolat... tu te souviens et je le lui raconterais....
cette histoire je l’ai racontée aussi bien-sûr à Pascal et à un ami qui lui me téléphone encore....comme quoi même en cas de 2ème confinement, on a encore des choses à se raconter...
1 commentaire:
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