"Je vais revenir à ma vie d'avant, avec quelques changements. J'ai moi-même changé, je suis un peu plus autonome et moins remplie d'illusions. J'ai pris conscience cet été, que je ne suis pas femme à savoir rester seule. En dehors des éternels soucis d'argent, c'est précisément ma liberté qui me donnerait l'envie de me détacher de moi." En septembre 1906 lettre à Clara Rilke-Westhoff
Pas de photo, Madame !
Ô juste celui là...
J'ai fait une peinture à la gouache une fois adulte une copie de ce tableau pour un ami malade du Sida, il est mort 2/3 ans après que nous ayons joué ensemble lui Bruno Colomb dans le rôle du fils et moi dans celui de la Vierge Folle. Le titre de la pièce Il est trop tard, de Stéphane Auvray-Nauroy et Jean-Paul Sultan dans une mise en scène de Stéphane Auvray-Nauroy. Tous les souvenirs s'étiolent mais pas celui là, même s'il était déjà trop tard.
Ce qui est sensible dans cette œuvre pour moi, c'est que c'est un garçon et qu'enfin toutes les barrières convenues ont fondu. Il ne suffit pas d'avoir un seul enfant pour que la relation soit unique.
Je fais souvent ce geste. les enfants ne sont pas chez ce peintre Paula Modersohn-Becker gais ou trop souriants ils sont totalement absorbés par leur solitude et c'est tellement aussi ça l'enfance, c'est pour autant que l'on s'absorbe aussi intensément et que l'on s'engage dans des passions, pour ne plus être si seul.
Paula Modersohn-Becker, une des premiers femmes peintres elle est morte à 30 ans presque 20 jours après la naissance de sa 1ère fille Mathilde en novembre 1907.
Pourquoi cette femme peintre me plait autant, pourquoi l'ai-je découverte jeune en achetant un petit livre chez un bouquiniste d'art ? parce qu'elle sait peindre les corps et la mélancolie des enfants, qui déteint sur leur environnement. Parce qu'elle était amie avec Rilke ?
Il faut aller voir cette exposition : Paula Modersohn-Becker toute entière. Elle a tout de suite aimé Rodin Cézanne, elle a fait 3,4 séjours à Paris. Elle était une amie de Rilke, ils se sont écris. C'est à cause de cela que j'ai cherché à l'époque à mieux la connaître, cette peintre, pour leur amitié que j'imaginais amoureuse mais Rilke avec le recul a été un grossier personnage à son égard, il a mésestimé son œuvre alors qu'il a été un des premiers à la voir, à la ressentir. Il a parlé de tous les autres peintres de la colonie artistique de Worpswede, sauf d'elle. Son amitié cachait "une jalousie artistique". Il lui a acheté un tableau petit qui était facilement transportable. Pour savoir tout cela j'ai acheté le livre de Marie Darrieussecq et le gros catalogue de l'exposition pas si cher et extrêmement bien commenté interprèté. La poésie seule par larmes ou éclaircies en peu de mots par lampées se relie à l'observation de la peinture. Et puis je crois que la répétition fait vivre et exister les choses dont le plus de livres ou l'œuvre entière. Je ne peux pas acheter tous les tableaux et les afficher dans un aérogare ou une aire d'autoroute. Ce musée là, s'il est dans le 16 eme, est un palais moderne comme Chaillot, à large terrasse ouverte sur l'extérieur et où l'on peut passer l'AM avec un plat, une boisson pas chers comme à Beaubourg sur son toit. Pour redonner un peu de vie à tous ceux qui partent meurent en nous donnant des informations honnêtes sur leurs états d'âmes par leur art qui suscite tant de digressions, autres mots refuges et inspirations à peindre, s'habiller ou composer un décor dans lequel passent et parlent des personnages, des intentions, des rapports, des omissions et des sentiments. Dans la peinture de cette femme on ressent tellement le hors cadre et la Vie. Le livre de Marie Darireussecq s'appelle "Être ici est une splendeur" Vie de Paula M. Becker. Le M. -M Majuscule point- 1 place pour l'expo de Paula M. Becker, je l'ai dit au guichet en prenant un billet, car Modersohn est le nom de son mari.
"Car il est une chose que tu connaissais les fruits pleins. Tu les posais devant toi. Dans une coupe et soulevait leur poids avec les couleurs. De même tu voyais femmes et enfants de l'intérieur juque dans les formes apparentes de leur existence. Et si tu t'es toi-même vue comme un fruit, tu es sortie de ton vêtement, t'es mise face à ton miroir pour te laisser le pénétrer jusqu'à ton regard ; dans sa grandeur, cela ne disait point : c'est moi, non c'est."
Bibliothèque visuelle 27 Paula Modersohn-Becker - Tableaux texte d'introduction de Brigitte Uhde-Stahl traduit par Franck Stratschitz
"Car à cela tu t'entendais : les fruits dans leur plénitude.
Tu les pesais sur des coupes devant toi,
tu en évaluais le poids par les couleurs.
Et comme des fruits aussi tu regardais les femmes
et les enfants de même modelés par une poussée intérieure
jusqu'aux formes de leur existence.
Et pour finir, toi-même tu te vis comme un fruit,
tu te dépouillas de tes vêtements, tu allas te placer devant le miroir et tu t'y enfonças
jusqu'à y perdre ton regard : lequel gardant courage,
s'abstint de dire : c'est moi. Non : ceci est".
Traduction de Jean-Yves Masson choisie par Marie Darrieussecq "Être ici est une splendeur" édité chez P.O.L
Requiem pour une amie." Rilke, 1908 après la mort de Paula Modersohn-Becker
"C'est l'autoportrait d'une femme qui peint.
C'est cet autoportrait que les nazis ont choisi, avec un autre autoportrait nu en pied, pour exposer Paula comme "dégénérée, entartet." ....
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