Je vous réannonce le vendredi 24 novembre 2017 à 19h, Friday rouge et non noir, couleur de la passion amoureuse, il y a lecture à la librairie : Au Plaisir des Yeux, avec Anne Guyot, Nathalie Guyot, Anne Sophie, Anabel Gomez, Jeremie Droulers, Lucile Gubler, Florence Forsythe, Françoise....entres autres lecteurs et avec votre servante Nathalie Feyt
C'était encore mieux que l'an passé... et c'est... un comment dit-on un euphémisme, une litote, les mots ont laissé passer l'émotion auprès du public. presque tous debouts dans les travées avec nous ensemble, parce que les mots, ils étaient lus à voix haute et que nous étions réunis avec cette folle envie toujours neuve, d'être amoureux, de lire, et aussi de danser sur les deux chansons si justement choisies.... de rencontrer des nouvelles vies... d’écouter d’autres les observer jusqu’à oublier notre âge qu’on a des douleurs aux genoux, aux jambes, aux coudes, au cœur
Le premier extrait : Le sein de Philip Roth, que j'ai choisi et lu en numéro huit :
ah nota bene : Philip Roth n’est pas plus misogyne que Molière ou Guitry il va falloir arrêter avec ce magistral mensonge anachronique, je suis d’accord avec Alain Finkelkraut pour une fois, ce gardien intempestif de la culture, de l’histoire de la littérature il n’a pas peur de se mettre le dos au vent. Tous les hommes à femmes les amoureux des femmes ne sont pas des harceleurs, misogynes et violents. Milan Kundera aussi ferait partie de la corporation...(entendu à l’émission tant décriée « on n’est pas couché » du 25/11... autre question soulevée pourquoi les français aiment la france et détestent les français....
j’arrête mes digressions.
Mes textes étaient très chauds, et donc j'ai essayé de les porter avec brio et générosité, gourmande et vivante. Oui, c'est cela rester vivants...
https://public.message-business.com/emailing/47506/1671/emailing.aspx
https://twitter.com/recoing1/status/924414763962167296
merci à Aurélien Recoing pour son partage sur Twitter
« ŒNONE
C'était encore mieux que l'an passé... et c'est... un comment dit-on un euphémisme, une litote, les mots ont laissé passer l'émotion auprès du public. presque tous debouts dans les travées avec nous ensemble, parce que les mots, ils étaient lus à voix haute et que nous étions réunis avec cette folle envie toujours neuve, d'être amoureux, de lire, et aussi de danser sur les deux chansons si justement choisies.... de rencontrer des nouvelles vies... d’écouter d’autres les observer jusqu’à oublier notre âge qu’on a des douleurs aux genoux, aux jambes, aux coudes, au cœur
Le premier extrait : Le sein de Philip Roth, que j'ai choisi et lu en numéro huit :
ah nota bene : Philip Roth n’est pas plus misogyne que Molière ou Guitry il va falloir arrêter avec ce magistral mensonge anachronique, je suis d’accord avec Alain Finkelkraut pour une fois, ce gardien intempestif de la culture, de l’histoire de la littérature il n’a pas peur de se mettre le dos au vent. Tous les hommes à femmes les amoureux des femmes ne sont pas des harceleurs, misogynes et violents. Milan Kundera aussi ferait partie de la corporation...(entendu à l’émission tant décriée « on n’est pas couché » du 25/11... autre question soulevée pourquoi les français aiment la france et détestent les français....
j’arrête mes digressions.
"C’est quelque chose de voir Claire sur une plage : une
blonde aux yeux verts, grande et mince, avec une forte poitrine. En fait, même
pendant la période où mon désir était sur le déclin, je n’aimais rien tant que
d’être étendu sur le lit à la regarder s’habiller le matin et se déshabiller le
soir. Dans le creux des dunes, je détachai le haut de son bikini et le
regardais choir. « Tu imagines , dit-elle, comment ils seront quand
j’aurais cinquante ans, s’ils pendent déjà comme ça à vingt cinq. –Impossible,
dis-je, ils ne tomberont jamais », et la tirant par la main pour la faire
mettre à genoux, je me renverse sur le dos dans le sable chaud, je creuse le
sable de mes talons , je ferme les yeux et j’attends, bouche ouverte, qu’elle
fasse descendre un de ses seins dans ma bouche. Oh, quelle sensation, là, avec
la mer mugissante au dessous de nous ! Comme si c’avait été le globe
lui-même –quel globe suave et moelleux ! – et si moi j’avais été Poséidon
ou Zeus ! Oh, rien ne surpasse les plaisirs d’un dieu anthropomorphe.
« Nous irons passer tout l’été prochain au bord de la mer, dis-je, comme
font les gens le premier jour des vacances.…"
pour lire à voix haute, m'a t'on demandé, ce que j'aurais du dire de manière plus développée et assurée comme ici : s'adresser au public, ne pas se cacher derrière ses feuilles parler fort s'amuser, se laisser emporter par la passion, la laisser venir et en garder l'intensité, sans baisser, jusqu'au bout du texte de l'extrait, ne pas jouer les mots, ou forcer le trait, offrir son regard... le passage qui a le plus emballé les gens dont le plus jeune homme fut celui à deux voix, l'une en espagnol l'autre la traduction du poème de Neruda en français... mes indications pour ce duo, ne pas se regarder l'une l'autre mais s'écouter, en offrant vos yeux au public : face public (pour qu'il lise sur vos visages...) et sinon comme l'a toujours demandé Anne-So, donner le nom de l'auteur en fin de texte et surtout pas au début. Activer le mouvement pour ne pas casser le rythme aux enchainements. Les incidents : langue qui fourche, erreur de ligne, c'est la vie et il faut lui donner écho à la vie, sans se laisser déstabiliser. Pour lire à voix haute parler aux autres avec tout son corps debout ou assis, comme l'on se sent le mieux...Mes textes étaient très chauds, et donc j'ai essayé de les porter avec brio et générosité, gourmande et vivante. Oui, c'est cela rester vivants...
L'ordre des passages, mise en ordre Anne-Sophie Derôme et Nathalie Guyot |
Tous resserrés dans cette librairie toujours en fête de reflets couleurs livres et gens.. |
les musiciens sont dans le fond |
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https://twitter.com/recoing1/status/924414763962167296
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« ŒNONE
Aimez-vous ?
PHÈDRE
De l’amour j’ai toutes les fureurs.
ŒNONE
Pour qui ?
PHÈDRE
Tu vas ouïr le comble des horreurs.
J’aime… À ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
J’aime…
ŒNONE
Qui ?
PHÈDRE
Tu connais ce fils de l’Amazone,
Ce prince si longtemps par moi-même opprimé ?
ŒNONE
Hippolyte ? Grands Dieux !
PHÈDRE
C’est toi qui l’as nommé !
ŒNONE
Juste Ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace.
Ô désespoir ! ô crime ! ô déplorable race !
Voyage infortuné ! Rivage malheureux,
Fallait-il approcher de tes bords dangereux ?
PHÈDRE
Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’Égée
Sous les lois de l’hymen je m’étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi ;
Athènes me montra mon superbe ennemi.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps et transir, et brûler ;
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables.
Par des vœux assidus je crus les détourner :
Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ;
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée.
D’un incurable amour remèdes impuissants !
En vain sur les autels ma main brûlait l’encens :
Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,
J’adorais Hippolyte ; et, le voyant sans cesse,
Même au pied des autels que je faisais fumer,
J’offrais tout à ce dieu que je n’osais nommer.
Je l’évitais partout. Ô comble de misère !
Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père.
Contre moi-même enfin j’osai me révolter :
J’excitai mon courage à le persécuter.
Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre,
J’affectai les chagrins d’une injuste marâtre ;
Je pressai son exil, et mes cris éternels
L’arrachèrent du sein et des bras paternels.
Je respirais, Œnone ; et, depuis son absence,
Mes jours moins agités coulaient dans l’innocence :
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.
Vaines précautions ! Cruelle destinée !
Par mon époux lui-même à Trézène amenée,
J’ai revu l’ennemi que j’avais éloigné :
Ma blessure, trop vive, aussitôt a saigné.
Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée :
C’est Vénus tout entière à sa proie attachée.
J’ai conçu pour mon crime une juste terreur ;
J’ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur.
Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire,
Et dérober au jour une flamme si noire :
Je n’ai pu soutenir tes larmes, tes combats ;
Je t’ai tout avoué ; je ne m’en repens pas,
Pourvu que, de ma mort respectant les approches,
Tu ne m’affliges plus par d’injustes reproches,
Et que tes vains secours cessent de rappeler
Un reste de chaleur, tout prêt à s’exhaler. »
Jean Racine, Phèdre, Acte I, scène 3 (1677)
sublime passage merci à la littérature, dont le théâtre si peu présent aux étagères des livres à vendre dans les librairies sauf pour la dernière parution de Patrick Modiano : "Nos débuts dans la vie", inspirée de la Mouette de Tchekhov, éditée dans la collection blanche, en même temps que son dernier roman et quand tu l’achètes le libraire te dit dans un sourire pour acter la complicité : c’est la pièce de théâtre !!!
Photo de Vincent Josse Patrick Modiano rue Madame |
2017 Patrick Modiano : Nos débuts dans la vie :
C'est une pièce qui parle de cette nostalgie que l'on ressent dans les théâtres vides ou même un peu avant qu'on y voie un spectacle, là donc dans la salle éclairée, ou bien encore aux périodes de répétition dans un théâtre, que sont devenus les personnages et les interprétations différentes successives des rôles Phèdre Oenone Panope Thésée et Théramène...
Quand les théâtres sont hauts dans les cintres automatiquement on lève les yeux, comme dehors vers le ciel.
Cette pièce les mêle, les enmêle à nos souvenirs réels amoureux, réels ?
P14
Pourtant le théâtre c'est le théâtre ... Et les pièces qu'on y joue peuvent être différentes, mais c'est toujours les mêmes coulisses, les mêmes loges, le même vieux velours rouge, et la même angoisse avant d'entrer en scène...
P48
Maintenant, je comprends... Tous ces murs, cette scène et ces balcons sont imprégnés par les voix de ceux qui ont joué ici, depuis le début...comme dans une caisse de résonance. Il suffirait d'appuyer sur un bouton qui se trouve peut-être quelque part dans les coulisses et l'on entendrait toutes ces voix, toutes ces pièces, depuis cinquante ans...
...
Est-ce que tu penses vraiment que la salle est toujours vide à deux heures du matin ? Moi, je suis sûre qu'à cette heure là les anciens spectateurs reviennent pour assister aux anciennes pièces... un peu comme l'éternel retour... mais on ne les voit pas.... on ne fait pas assez attention...
P60-61
Quand nous sommes nous rencontrés pour la première fois? Très tard place Blanche, dans le café avant la pharmacie... Elle était assise, seule, à la table voisine de la mienne... Moi aussi j'étais seul... Elle m'a dit : "Je joue un petit rôle au théâtre de la rue Blanche..." J'allais la chercher, le soir...
...
(Un temps)Quel bel automne c'était... une saison qui ne m'a jamais semblé triste... elle marque souvent le début de quelque chose...Je l'attendais sur le trottoir, au bas de la rue devant le théâtre... Quelquefois, j'ai l'impression que depuis cet automne là nous montons la pente de la rue Blanche jusqu'à la fin des temps...
P83-84
...Elle sort du théâtre elle s'agrippe à mon bras... Elle me dit que le metteur en scène, Savelsberg est venu à l'entracte dans sa loge pour lui proposer rôle de Nina dans la Mouette, la saison prochaine... Elle ne comprend pas... Savelsberg se déplaçant pour la voir, elle, une débutante, dans une reprise de Noix de coco et lui proposant de jouer Tchekhov... Nous montons la rue Blanche sous cette couche de neige... comme dans un rêve...