samedi 20 janvier 2018

Douce-amère avec Mélanie Doutey et Michel Fau ...dernières critiques

Mon tweet de ce matin le 5 mars 2018, car j’y suis retournée hier, un dimanche à 15h en matinée, comme c’est bien de revoir les pièces qu’on aime quand elles ont grandi... c’est mieux que de revoir un film ou de relire un livre car ce n’est pas seulement vous qui avez changé, c’est la pièce avec tous les interprètes qui ont mûri, sont devenus matures, ont éclos.
Je crois que je vais regarder ce quotidien au quotidien même si c’est sur TF1 mais avant de visionner cet excellent moment de télévision je suis allée hier soir voir la pièce Douce-amère avec Mélanie Doutey et Michel Fau et trois autres cavaliers séducteurs impertinents et acteurs pertinemment choisis : David Kammenos, Christophe Paou et Rémy Laquittant. Ah c’est tellement fort, intelligent, ciselé, dans un décor écrin, écran des années 70, ou serait-ce un oeil ? avec une musique marquante. Parce que c’est bien écrit, parce que cela nous détache de nos aprioris, sur le couple, l’amour. Quand je vois des amis se déchirer avant de se séparer et s’être fait le plus de mal possible, comme si c’était cela finir en beauté... je me dis comment se fait-il qu’on en soit toujours là ?
Ce n’est pas une comédie de Shakespeare : la mégère apprivoisée ni un vaudeville de Guitry : Quadrille mais cela en dit long sur notre intime... à tous les temps, comme un film de Truffaut ou encore la maman et la Putain d’Eustache à cause aussi de Jean-Pierre Léaud...(pour moi de la même famille artistique par sa singularité que Michel Fau)
Et Mélanie Doutey je ne risque plus de la confondre avec d’autres Mélanie actrices, quel étincelant ! comme dit Pascal on ne peut apprécier une grande actrice et belle femme ! que sur une scène de théâtre...

j’ai écouté le masque et la plume comme souvent quand il est consacré au théâtre et je suis restée sans voix de l’analyse suivante, il s’agissait de Douce-amère certes, mais en une phrase Jacques Nerson a déclaré cette pièce de Jean Poiret n’a pas marché à sa création donc ce n’est pas une bonne pièce, les critiques de l’époque n’étaient pas bonnes non plus... Heureusement Armelle Héliot, même Fabienne Pascaud, quoique !* ont su réadapter leur regard au spectacle qu’elles ont vu....
*sa critique ampoulée comme toujours, dans Télérama est assommante au sens propre et figuré.
Écoutez plutôt cette émission du soir le nouveau rendez-vous sur France-Inter avec Melissa Laveaux et Michel Fau
et ce tweet reprend un moment où j'ai hurlé de rire en écoutant le Podcast dans ma cuisine, car je sais que cette poche d'air que les mises en scène de Michel Fau subsisteront et qu'il résistera comme Michel Bouquet, car il a bien attaché ses cordes à son arc... sur l'infini.
Michel Fau: Quand je serai grillé de partout j'irai lire des poèmes dans les églises comme Michael Lonsdale !! @bouffesparis @franceinter
Devant le théâtre des Bouffes Parisiens

Le trou dans le rideau pour voir qui est dans la salle


Arletty, elle aurait pu jouer avec Michel Fau le rôle d'Elisabeth

Michel Fau

Extrait de la pièce (et j'aurais pu en mettre d'autres, de mes préférés..):
Philippe : Tu es peut-être faite pour éblouir ce brave garçon de toutes ces ambiguïtés que tu ne peux plus supporter chez moi. À ce moment là il faudra me verser des droits d’auteur.
Elisabeth : Oh! mais n’aie crainte ! Tu laisseras des traces. On ne vit pas huit ans avec un homme comme toi sans qu’il en reste des traces profondes.
Philippe : Ah ! l’oraison !
Elisabeth : Tu es très enrichi de savoir que j’ai un amant !
Philippe : Je suis fidèle à moi-même ; il faut bien qu’il y ait quelqu’un qui me le reste.
Elisabeth : Quoi !
Philippe : Fidèle ! C’est moi. Tu m’as dit : "Tu ne sauras rien". Je t’ai dit : " je saurai". Je sais. On ne m’échappe pas comme ça. Le mariage est une chose trop sérieuse pour laisser les femmes s’en occuper. Il est trop facile de dire. Eh bien, voilà ! nous sommes lassés, tournons la page. J’ai un grand respect des institutions.
Elisabeth : Tu as surtout un grand respect de ce qui t’arrange.
Philippe : Il se trouve que ce qui m’arrange correspond aux institutions. N’aie pas peur. Je ne mettrai pas d’entraves à tes décisions ni à ta vie. Mais tu me sentiras partout, tu sauras que je continue à tout connaître de toi. C’est ça un couple et tu verras que cela a quelque chose d’indissociable, si l’un des deux a décidé de ne pas se dissocier. La séparation, les remariages n’y font rien. Ah ! Le jour ou le dernier élément a la lâcheté d’abdiquer, alors là, c’est fini, mais jusque-là...
Elisabeth : Non, Philippe
Philippe : Quoi, « non » !
Elisabeth : Je ne te suivrais plus, Philippe.
Philippe : Tu ne me suivras plus !
Elisabeth : Tu ne m’entraîneras plus dans ton labyrinthe. Je réussirai ma vie malgré les erreurs les échecs passés, mais pas avec toi.
Philippe : Je suis aussi inévitable à long terme que le sont aujourd’hui Stéphane ou Michel. Je ne suis peut-être plus là (il désigne le cœur d’Elisabeth) mais je suis encore là (il désigne la tête d’Elisabeth). Et de là, je ne sortirai pas de sitôt. Tu es une femme marquée, ma grande passion en léthargie.
Elisabeth : Mais je vais partir Philippe
Philippe : Mais je m’en doute, Elisabeth
Elisabeth : Je te mépriserais de me garder sachant que j’ai un amant.
Philippe : Bien-sûr ! Ta foncière honnêteté !
Elisabeth : Je vais partir doucement, lentement, dans les jours qui vont venir.
Philippe : Tu pars comme tu veux, Elisabeth.

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