Via Viviane Perelmuter sur FB
« Samedi prochain, le 15 janvier, la joie, ce sera d'avoir à nos côtés Arno Bertina pour une nouvelle séance de Ailleurs, partout au Cinéma L'Archipel.
Arno Bertina dont les derniers livres incarnent singulièrement la possibilité de documenter en littérature.
En attendant, voici le message envoyée par une spectatrice.
Elle nous a écrit suite à la projection du film jeudi dernier. Et cela nous a d'autant plus étreintes qu'elle s'expose, et ce faisant, ouvre, enrichit le monde. Un peu d'Iran nous parvient, dans le détail de l'intraduisible que seul.e.s les personnes ayant une intimité avec une langue, un pays, peuvent nous offrir. Le contraire du renfermé.
C'est d'autant plus touchant que c'est Elle qui a traduit les passages du film en farsi.
Elle qui est aussi une cinéaste. Elle, qui nous bouleverse et nous enchante avec ces mots. Alors, on lui demande si on pouvait les publier. Et on a précisé que l'on pourrait n'en prendre qu'un extrait comme le début est si intime. Mais elle a répondu : prenez tout. Alors on le fait, on le fait car l'intime de l'autre est ce qui peut résonner en chacun.e de nous, c'est l'expérience de vivre qui, pour être toujours au singulier, engage les échos du collectif. Oui… le monde enrichi, et ouvert.
Grâce à Elle cette fois, Afsaneh Salari
Afsaneh… merci. »
avec Vivianne Perelmuter
Comment s’y retrouver dans ce que tu écris?
Je serais tentée de répondre Perds-y toi ?
Mais saches que l’eau la plus récente d’un fleuve est- Elle celle du dessus ? La dernière séance au St André n’est pas une fin…. N’était pas une fin
…..Et puis ça a continué samedi 15 à 20h40 au cinéma l’Archipel à Paris https://www.larchipelcinema.com/
Nous ne le connaissions pas personnellement. Mais après avoir vu le film, il avait pris le temps de nous écrire une lettre, une bien belle lettre.
Devant un tel cadeau, nous ne pouvions que désirer rencontrer son auteur et le convier à nous accompagner lors d'une séance d'Ailleurs, partout.
C'était jeudi dernier au Cinéma L'Archipel
et la salle était pleine
Merci encore Jean-Luc Marty (Jean-Luc de Kéroman), merci pour les mots et la voix
Et merci à vous toustes pour votre présence
Une pensée particulière pour Emmanuelle Fage revenue voir le film une deuxième fois, et emmenant des ami.e.s
La lettre
"Il y a eu la découverte du film d'Isabelle Ingold et Vivianne Perelmuter, la semaine passée, au Saint-André des Arts : "Ailleurs, partout". Et cette lettre que je leur avais écrite sitôt rentré chez moi. Elles m'ont demandé de la lire hier soir, au cinéma L'Archipel, après la projection. Comme " un bout de route" que nous aurions décidé de partager. Et j'ai aimé ça.
Cette lettre, la voici :
Chères Viviane et Isabelle,
Osons le dripping façon Pollock, puisque cette idée m’est venue, dès les premières images. En référence à cette manière du peintre d’écailler les couleurs, de les faire gicler sur la toile au sol, en fragments. Cette manière qui semble celle dont vous éparpillez des éclats de territoires morcelés, incertains, des entre- deux brumeux, des bouts du monde en bas de chez nous, ou lointains. Car c’est bien un Atlas qui se déploie sous nos yeux, bribe par bribe. Une cartographie clandestine, radiarisée par des vidéos de surveillance qui dressent les contours mouvants d’un Ailleurs, partout.
Au long de votre film, j’ai voyagé dans des paysages où ça brouille, ça pixellise, ça trace des diagonales, des obliques, ça décadre, ça enregistre ; il y a ses sons pas nets, qui se craquellent, ruissellent, ralentissent, se barrent.
Un Atlas bien vivant où tout fait frontière : les lieux, les horaires, les identités floutés, jusqu’aux mots.
Michel Agier, dans « La condition cosmopolite » ( j’ai retrouvé la phrase dans l’un de mes carnets) écrit : « Ce sont des rencontres et des expériences qui mettent en relation un ici et un ailleurs, un même et un autre, c’est à dire simplement quelqu’un ou quelque chose qui vient du « dehors ».
Je crois que vous m’avez emmené à ce point de rencontre là.
Dans votre montage des images surveillées et surveillantes, j’ai pensé à comment l’industrie sécuritaire fabrique un paysage. Un paysage d’une étrangeté envahissante, gazeuse, dans lequel passent et circulent, réfugiés, demandeurs d’asile, fugueurs ; tous voyageurs obligés, obligés de se séparer d’un Soi resté au pays natal pour un Autre qu’ils ignorent. Ou, peut-être, est-ce l’inverse.
C’est de l’un de ces chemins kidnappés par l’histoire que surgit Shahin. Sans être filmé, photographié ou éclairé par une lumière d’apprêt, puisqu’on ne le verra pas. Mais comment être certain qu’ici ou là, vous ne choisissez pas de le faire apparaître.
Et c’est bien dans une langue propre à ces chemins que vous nous proposez de le suivre. Ainsi l’ai-je vécu, et j’emploie volontairement ce mot tant ce film remarquable m’a physiquement habité d’un bout à l’autre. Dans sa manière de se glisser entre mes os et mes nerfs, là où le regard lit, entend, devine, souffre, éprouve ses limites, rit. Car Shahin rit, avec sa mère au bout du fil, là bas, en Iran, à Fooladshahr.
Il y a des murmures, bouleversants, aussi l’anecdote qu’il glisse – à moins que ce ne soit vous qui nous la rapportiez – vous savez, l’histoire de ses chaussures usées par la marche depuis l’Iran, changées pour une paire qu’il juge plus jolies en Serbie. Parce que la Serbie, c’est un nouveau monde, n’est-ce pas ! C’est l’Europe. Où toutes les folies sont permises, jusqu’à ce que le réel –cet impensable des pays rêvés - vous rattrape et vous mette les pieds en sang. Ce n’était pas les bonnes chaussures pour affronter l’à-venir.
Cette anecdote m’est restée, plus exactement l’idée naïve qu’elle raconte tout.
Mais je voudrais revenir à la langue de votre film, Vivianne et Isabelle, celle que vous avez choisie.
Plus qu’une langue, je dirais des langues, celles des solitudes écarquillées qui maillent le récit à travers textos, internet, appels téléphoniques. Des langues qui tentent des bribes de paysages, d’émotions, ce que d’un cillement l’on envisage du réel à l’ouverture d’un container, lorsque l’on voyage caché sous une bâche de camion, ou sous le soleil inhumain de la haute mer.
Ces langues, orales, imprimées, ce sont elles qui font route. Turquie, Grèce, marches forcées, camp, prison, faim, froid… Et tout cela va de Shahin à nous, de sa mère à lui, de vous à lui, de vous à nous, tel le procès verbal d’une quête douloureuse et contemporaine.
De la région d’Ispahan à la ville minière pauvre et pluvieuse de l’Angleterre, Shahin marche dans sa singularité. Comme chacune, chacun d’entre tous ces gens marche dans sa singularité. Vous nous le rappelez, je crois. Et nous sommes bien loin de l’anonymat médiatique évacuant d’un mot, migrants, mille et une humanités.
Et puis il y a votre voix, Viviane, dans laquelle j’entends celle d’Isabelle. « Ailleurs, partout », c’est votre voix, une voix de mer. Me restera longtemps cette magnifique ouverture, comme une lumière de fanal au dessus de flots pris dans le grain bouleversé de l’image. En amont de celle de la fin (l’une des seules qui fut tournée, avez-vous dit), où l’on découvre deux digues qui s’ouvrent sur la mer, tandis que bord cadre inférieur surgit la proue d’une embarcation. Mais en suis-je bien sûr ?
En Iran, dit Shahin, les jeunes vivent coupés du reste du monde. Ce pan coupé, c’est ce que ne cesse de déployer votre film. Le pan coupé dans mon port d’origine, Keroman, c’est le nom d’un quai sur lequel Shahin pourrait se tenir.
Cela va peut-être vous sembler étrange mais vous m’avez mis dans le cadre, Viviane et Isabelle. Comme n’importe quel anonyme filmé par une caméra de surveillance, j’aurais pu l’être, oui. J’aurais pu être cette femme couvrant ses larmes de la main dans la cuisine d’un restaurant asiatique, j’aurais pu l’être, et ne pas voir Shahin.
Voilà, très brièvement, chères Viviane et Isabelle, comment votre film – ou plutôt cette œuvre d’art – m’a transporté, puisque sa matière même, n’est que transport.
Merci vivement à vous deux pour cela, pour votre engagement, cette bouffée d’air frais.
Et Gracias a la vida."
Prochaine séance samedi 15 janvier à 20H40
au Cinéma L'Archipel
avec Vivianne Perelmuter
Oui oui j’y suis retournée rien ne m’a échappé ni le rythme ni la multiplicité des sons les images je les avais toutes enregistrées le noir et blanc sur la mer la neige la couleur qui pleut ou qui pleure…
Les gens qui passent marchent marchent sont fatigués travaillent devant du vide de gens les écrans seuls les noirs ah oui il y a le parking les voitures bagnoles caisses, et puis une carte au sol avec différents pays gens enfants qui jouent sans frontières peu nom eux peu comment oserai-je de collectifs… si tous les esseulés se révoltaient ça ferait plus de 3% cad la révolution
Bon ah non il y a ce que j’appelle le bain turc comme collectif
Et puis l’impression traduite des textos les conversations d’un entretien avec mensonges obligés pour l’acceptation l’examen d’intégration : mais surtout on ne parle pas du voyage des risques en mer parce que cela on est pas responsable…
Y a Shahin et sa mère et sa tante au téléphone
y a les rêves de Shahin
STOP
Allez-y !
À Toulouse
Et ça revient à Paris dans un autre cinéma
Deux dernières séances….
C’est cela le phénomène de pouvoir partager à partir de ce film et savoir où s’engager ensuite reprendre l’énergie la joie et se recréer des rencontres entre toutes et tous et en chacun chacune. Les deux dernières séances au St Andre des arts les mardi 21 et 28 dec a 13h
Viviane Perelmuter et Isabelle Ingold co-realisatrices, Viviane Perelmuter après chaque séance nous écrit sur les réseaux FB
Une femme tout au fond de la salle prit la première la parole.
Elle n'avait pas l’intention d'aller au cinéma mais regardait les affiches devant le Saint-André des arts. Puis, dit-elle, elle a croisé mon regard. J'étais debout devant la porte de la salle. Et elle s'est dit qu'elle devait venir. "Et je me suis sentie chez moi, entourée. Moi qui ne sais pas où aller, qui me demande où sont les autres comme moi, qui me sens seule dans ce monde crispé, où m'engager ? Je me dis que je dois m'engager."
Et les échanges furent comme ça, des paroles senties, venant des quatre coins de la salle. Un spectateur m'a dit après : “ici, on dit " je" sans dire "moi " Et Shahin dans le film fait pareil."
Le ton avait été donné par Luc Martin-Gousset. Sensible et à la fois si articulé, si précis, et si généreux à se tenir debout devant les autres alors qu'il m'avait confié juste avant n'avoir plus pris la parole “publiquement”, depuis longtemps.
Avec Isabelle, nous nous sommes dit que c'est bien pour ça aussi, ce format court pour un long. Ce temps laissé aux mots et au dialogue après – l'irremplaçable d'une salle de cinéma.
Merci à Luc et à vous toustes pour ce précieux moment vécu ensemble, un moment puzzle où chacun.e apporterait sa pièce.
Les dernières séances de décembre, ce sera les mardi 21 et le 28 décembre à 13 heures.
Au Cinéma Saint-André des Arts
Bien sûr, nous y serons
Ailleurs, partout
Être sur la photo : n’est pas le film si touchant que j’ai vu. Touchant car déroutant, dérangeant toutes les strates de notre sensibilité; c’est bien plus fort que tous les clichés, les images, les discours qui nous sont montrés assénés pour nous submerger : Ailleurs partout.
Je pense à Eram Sobhani à Lise et Frédéric à Inoussa à Stéphane à Philippe à Anne et Guillaume à Fx et Camille à Chloé et Quentin, Nathalie et Xavier, Christian Dominique Anne-Charlotte mes amis comment faire que vous alliez voir : Ailleurs partout au St Andre des Arts tous les jours a 13h c’est un film qui fait place au réel incarné en la vie de chacun de nous. Ce film de Vivianne Perelmuter et Isabelle Ingold ce film est un déplacement de toutes les strates qui nous composent à trop accepter à rester stagnant, dépassé, manipulé, récupéré. Pour se sentir digne de l’humanité, l’amour qu’on transporte qui est déposé en chacun de nous, voyons-nous pour de vrai discutons ensemble après chaque séance.
Un lien pour un entretien avec les réalisatrices sur roaditude
Comment « contre-effectuer la rencontre. se déconnecter, pour se réouvrir au monde….déjà aller au cinéma voir ce film : Ailleurs, Partout. j’y retournerai avec Pascal. Car le film c’est un film qu’on revoit, au moins deux fois et parce que j’ai toujours aimé chercher la différence et Pascal, c’est le fils de deux émigrés, l’une italienne et l’autre juif roumain caché en Auvergne par son père pendant la 2eme guerre mondiale.
Un dernier lien qui parle de la bascule… avec ce documentaire d’où se trouve la vérité !? Quand on parle des « migrants » et comment elle s’exprime au cinéma.
Après le film « Ailleurs partout » au cinéma St Andre des Arts parler comme toujours mais aussi comme jamais, car ce cinéma du réel craquelle, ébranle, ce ne sont pas les images telles qu’on vous les montre ce sont les sons les images du reste la saleté des bâches de la terrasse qui protègent du froid comme à une cousinade ce sont les échanges avec le serveur qui me donnait des origines russes et ce n’est pas parce qu’on refait le monde autour d’un verre sauf si on est chamboulés au point de ne pas parler tout de suite après la projection dans le temps du contre choc qui nous fera pas tomber dans l’oubli du contexte universel. Dans la mise entre parenthèses de toutes les politiques des pays d’outre consommation de la responsabilité des riches. Un passeport comment se fait-il que des personnes en ont plusieurs passeports et peuvent parcourir toutes les routes toutes les mers et d’autres pas, par contre les marchandises…..les passeurs passent….
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