dimanche 12 août 2007

Lenteur mémoire lecture encore Proust et Auvray-Nauroy, la folie, l'ivresse, la violence comment les jouer...avec le corps. HOST FLANDRES : DVD

Je reviens sur mes deux dernières lectures après dilution, relecture, travail de mémoire dans la lenteur de ce Paris au mois d'Août, vous avez vu les Vélibs pour les plus fauchés, les plus malins , c'est gratuit la 1ère d'1/2 h c'est presque gratuit tout le temps, il faut prévoir changer de bicyclette toutes les 1/2 h, une station tous les 300m, à condition d'avoir un abonnement annuel etc...ou un ticket d'1€ par jour (ce n'est pas très facile d'accès leur site, leurs stations) faut pas rêver non plus, les anars vous pouvez vous rendormir, c'est pas encore pour demain la gratuité des transports en commun, la suppression des voitures dans les villes etc...!

LECTURES extraits du Proust-Visconti Histoire d'une affinité élective de Florence Colombani

"Probablement, ce qui fait défaut la première fois , ce n'est pas la compréhension, mais la mémoire. Car la nôtre, relativement à la complexité des impressions auxquelles elle a à faire face pendant que nous écoutons, est infime, aussi brève que la mémoire d'un homme en dormant pense mille choses qu'il oublie aussitôt(...)"

"Je trouve très raisonnable la croyance celtique que les âmes de ceux que nous avons perdus sont captives dans quelque être inférieur, dans un bête, un végétal, une chose inanimée, perdues en effet pour nous jusqu'au jour qui pour beaucoup ne vient jamais, où nous nous trouvons passer près de l'arbre entrer en possession de l'objet qui est leur prison. Alors elles tressaillent, nous appellent, et sitôt que nous les avons reconnues l'enchantement est brisé. Délivrées par nous, elles ont vaincu la mort et reviennent vivre avec nous."

Ce que reproche Proust au cinéma, c'est justement d'être incapable de restituer la sensation dans toute son épaisseur :
"Une heure n'est pas qu'une heure, c'est un vase rempli de sons, de projets et de climats. Ce que nous appelons la réalité est un certain rapport entre ses sensations et ses souvenirs qui nous entourent simultanément - rapport que supprime une simple vision cinématographique, laquelle s'éloigne par là d'autant plus du vrai qu'elle prétend se borner à lui - rapport unique que l'écrivain doit lui retrouver pour en enchaîner à jamais dans sa phrase les deux termes différents."


Extraits "Le Chant d'amour le plus violent que je connaisse"de Stéphane Auvray-Nauroy

C'est une lecture limpide, qui vous travaille longtemps après, quelles rencontres peuvent être le chant d'amour d'Édith Piaf et l'écriture de Duras dans nos corps d'acteurs et cette réponse de Marguerite Duras à l'auteur, alors âgé de 15 ans. Les dessins comme des idéogrammes à l'encre de chine, d'après des photos des deux femmes, sont de Jean-Paul Chambas.

"Matériau tellement vivant de l'écriture - des écrivants, comme dit Barthes, pas des écrivains - qu'un interprète s'en nourrit jusqu'à l'incarner.
Comme l'acteur sur le plateau qui ne joue pas un personnage, mais qui donne son corps en pâture à la langue de l'auteur.
L'acteur cherche physiquement les pulsions organiques qui ont pu inonder l'auteur quand il a écrit.
Chaque mot est un son.
Et chaque son est l'expression d'une sensation physique de l'auteur.
Sur la partition , dans le livre il reste le son, le mot.
L'acteur part du son pour tenter de découvrir la pulsion générique qui l'a généré, la sensation physique qu'il recèle.
L'acteur part à la recherche du corps de l'auteur, là où s'est fécondée l'écriture.
Chaque mot, chaque son est une empreinte du corps de l'auteur.
C'est ce précipité chimique et organique du corps de l'acteur et du corps de l'auteur qui crée le personnage.
Ce n'est pas l'acteur qui joue le personnage."
(...)
"Arletty, qui n'aimait pas PIAF, croyait médire en affirmant que "Piaf ne chantait pas avec le cœur mais avec le bas-ventre".
Comment le corps de l'acteur pourrait-il s'animer sans le bas-ventre ?
Et quel hommage lui rend-elle !
Piaf était était cette interprète "vaginale", travaillant avec "bouche, anus et sphincters".
Ce sont les termes que revendique Valère Novarina pour tout acteur dans son Théâtre des Paroles.
Et les acteurs savent que ce sont des termes concrets.
Que ce sont bien ces organes-là qui sont le plus sollicités sur le plateau.

L'Art de Piaf, comme celui de Duras, c'est cette expérience inouïe du corps qui le revendique, qui l'agit, qui le place en premier écoutant.
C'est à cet endroit-là qu'elles travaillent l'une et l'autre.
C'est à cet endroit-là qu'elles nous font travailler l'une et l'autre.
Et, comme Régy, Rabeux ou Degliame, parce qu'elles nous font travailler à cet endroit là parce qu'elles cessent de nous faire considérer qui nous sommes comme un corps étranger, elles modifient nos perceptions, libèrent des sensations et ainsi modifient notre compréhension du monde.

Elles deviennent subversives.
Non pas par le discours, mais par l'expérience physique qu'elles peuvent nous faire vivre.

On ne sait pas comment on aime.
On ne le sait jamais.
Pour le savoir un peu, on peut essayer de le dire un peu.
Ça sert à ça les mots d'amour.
Essayer de comprendre comment on aime.
Qu'est-ce que c'est ça : aimer;
Qu'est-ce qu'il y a derrière.
On nous dit un sentiment.
On nous dit même un beau sentiment.
Lacan, lui, dit qu'aimer "c'est vouloir donner ce que je n'ai pas à quelqu'un qui n'en veut pas".

On sait juste qu'on ne sait pas très bien d'où ça nous vient et ce que ça motive en nous.
Alors pour chacun d'entre nous, on a les mots, les mots d'amour.
Les dire, les écrire pour nous permettre d'interroger un peu ce que je suis, de quoi je suis fait.
Tout ce que j'ignore de moi-même.
Et de l'autre.
Elles avaient ça en commun Piaf et Duras : les mots d'amour. "
Et nos DVD, je ne vous ai pas parlé de FLANDRES ?



Ce film m'a rappelé celui de Clint Eastwood : Mémoire de nos pères.
Certes ce n'est pas le même traitement mais la rigueur y est extrême la caméra se situe à même notre conscience, la densité des personnages nous empêche de fermer les yeux sur quoique ce soit et de juger quiconque.
Ce sont des films durs à regarder de toute nécessité pour qu'enfin les guerres diminuent....


Le deuxième c'est le film coréen : Host que j'ai vu dans la stupéfaction, tout y est en filigrane, l'histoire les guerres les manifestations inutiles les symboles de l'Asie et ceux des États Unis, la bêtise l'inconscience l'humour la tendresse. Et la créature est ignominieuse un ramassis de tous ces égouts avec leurs trêves.

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