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ANDROMAQUE : journal de bord d'une création
Du 13 au 17 janvier 2014, la MCB° présente Andromaque, la nouvelle création de Frédéric Constant, artiste associé.
Depuis le 18 novembre, Frédéric Constant et la compagnie des Affinités électives ont commencé leur travail de répétitions.
(Maquette - Denis Fruchaud assisté de Marion Gervais)
Régulièrement, nous vous proposons dans cette rubrique de suivre le journal de bord de cette création théâtrale.
Cette semaine, coup de projecteur sur la scénographie
Déjà publié : la figure d'Andromaque, la figure d'Hermione, la figure d'Oreste.
NOTES SUR LE PERSONNAGE D’HERMIONE
Hermione est une
Atride. Fille d’Hélène et de Ménélas,
elle est aussi doublement cousine d’Oreste, leurs pères étant frères et leurs mères étant sœurs.
Orgueilleuse,
Hermione est un peu comme ces princesses des contes de fée, à qui tout sourit. Un grand avenir lui a été promis. Sa mère, Hélène, était la plus belle femme du monde, et il semble que maintenant ce soit à elle de prendre la relève : tous les princes la courtisent, et la passion qu’elle éveille en Oreste la flatte. Que son père ait choisi pour gendre Pyrrhus, fils d’Achille, ne fait pour elle que conforter l’évidence : à la meilleure des femmes, le meilleur des hommes.
L’enfance d’Hermione n’a probablement pourtant pas été très heureuse : sa mère enlevée, puis la guerre et les retours difficiles. Elle a dû être délaissée, mise de côté.
Arrivée en Epire toute à la joie de son futur mariage, elle a découvert une réalité tout autre à laquelle rien ne l’avait préparée : Pyrrhus est épris d’Andromaque.
L’orgueil et le dépit la rongent. Elle tenter de démentir l’évidence, aux yeux de tous et à ses propres yeux. Elle cherche à sauver la face et affecte de croire que les hésitations de Pyrrhus ne sont qu’une passade. Très sensible au regard des autres, elle ment volontiers, y compris sur ses propres sentiments, ce qui n’échappe ni à Cléone ni à Oreste, ni même à Pylade.
On peut noter que tout au long de la pièce, Hermione recourt autant à l’image d’une princesse sans pouvoir, qui ne désire épouser Pyrrhus que par obéissance, qu’à celle de la mortelle placée au rang des divinités à qui rien ne peut ni ne doit résister.
Il semble assez évident qu’elle souffre de n’être pas, en réalité, à la hauteur d’Hélène (vers 1477-1480 :
« Quoi ! sans qu’elle employât une seule prière, / Ma mère en sa faveur arma la Grèce entière ? Ses yeux, pour leur querelle, en dix ans de combats, Virent périr vingt rois qu’ils ne connaissaient pas ? »). Elle rivalise avec elle (vers 564 : « Qu’on fasse de l’Épire un second Ilion. »).
À la fin de la pièce, Hermione, bafouée, tente désespérément de rejeter sur Oreste la responsabilité de la mort de Pyrrhus
(vers 1555 : « Voilà de ton amour le détestable fruit. »).
Mais cette issue est d’autant plus cruelle que c’est bien son amour à elle qui a accouché du meurtre. On peut penser qu’une des raisons de son suicide est cette impuissance à égaler sa mère.
Mais cette issue fatale pose aussi la question de la nature véritable de son amour lui-même. L’union de Pyrrhus et d’Hermione a été décidée par leurs pères, sans que soient consulté l’un ou l’autre. Ce choix correspond pourtant pour Hermione à un vœu secret
(vers 1425 : « À qui même en secret je m’étais destinée. »).
On peut l’imaginer comme une adolescente ayant rêvé d’épouser son idole, le héros de la guerre de Troie.
Le mariage à peine décidé, elle a tout de suite été persuadée que Pyrrhus ne pouvait que l’aimer
(vers 468 : « Ses feux que je croyais plus ardents que les miens… »).
Mais en réalité, on est souvent tenté de penser qu’elle ignore ce que c’est que l’amour. Son orgueil, son inexpérience, sa jeunesse expliquent l’idée qu’elle s’en fait. Elle se trouve d’autant plus la victime de ses propres sentiments, qu’au fond elle en est encore à découvrir. Son amour est sans cesse en lutte avec son amour propre.
Son chagrin amoureux est donc toujours mêlé de ce qu’elle ressent comme une humiliation. Elle en est arrivée à ne plus vouloir que se cacher du monde. Se présenter en public et sauver les apparences imposent trop d’efforts. Elle ne peut être sincère devant personne, puisque tous, y compris Cléone, la renvoient à son échec.
Sa relation avec Cléone n’est du reste pas confortable, Cléone semblant avoir depuis le début pris le parti d’Oreste, et reprochant à Hermione sa naïveté. En règle générale, elle est seule face à son malheur. Ce supplice, loin de chez elle, et cette solitude plongent Hermione dans un profond ennui qu’elle tente sans doute de tromper par des futilités (garde-robe abondante) et, qui sait, par l’alcool.
La nature narcissique de sa souffrance l’entraîne en tout cas à verser dans la haine et dans des actes irréfléchis : c’est elle par exemple qui a averti les Grecs de la survie d’Astyanax et des retardements de Pyrrhus. Elle a donc précipité sa propre tragédie, qui désormais est inarrêtable.
Elle connaît un court moment d’accalmie, à l’acte II, quand Pyrrhus annonce sa décision de l’épouser. Mais, signe là encore de son manque de discernement et de son orgueil, Hermione, toute à la joie de sa victoire, renvoie vers Pyrrhus Andromaque, venue lui demander la grâce de son fils. C’est une erreur fatale, car de l’issue de cette entrevue dépendra toute la fin de la pièce.
La MCB° en direct sur RCF
Retrouvez l'émission "En scène" du mardi 03 décembre, c'est par ici.
Prochain rendez-vous, le mardi 07 janvier à 11h.
http://78.agendaculturel.fr/theatre/versailles/theatre-montansier/le-misanthrope-ou-l-atrabilaire-amoureux.html
Spectacle Le Misanthrope - ou l'atrabilaire amoureux à Versailles - 21 au 24 janvier 2014
Rendez vous à Versailles pour découvrir une pièce de théâtre Le Misanthrope - ou l'atrabilaire amoureux avec Julie Depardieu, Michel Fau... Cette pièce de théâtre sera en représentation à Versailles - Theatre Montansier, à 20h00 du mardi 21 janvier 2014 au vendredi 24 janvier 2014.
mardi 21 janvier 2014
au
vendredi 24 janvier 2014
à 20h00
Théâtre Montansier
13 Rue Des Réservoirs - 78000 Versailles
Julie Depardieu, Michel Fau
De 15.00 € à 37.00 €
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