samedi 30 mars 2019

Edmond le film

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Le film adapté de la pièce de théâtre à succès, qui narre la création de “Cyrano de Bergerac” par Edmond Rostand, est une vraie réjouissance. 
Le 28 décembre 1897 avait lieu la première, ovationnée, de la pièce Cyrano de Bergerac, écrite en un temps record par un quasi-inconnu : un certain Edmond Rostand, 29 ans…
L’histoire, quelque peu réinventée, de l’écriture et de la création de ce monument du répertoire français avait déjà valu à Alexis Michalik un triomphe sur les planches et cinq molières en 2017. Le voilà donc qui l’adapte à l’écran en réussissant à éviter tous les écueils du théâtre filmé et en usant à merveille de l’espace, cette fois sans limite, du cinéma. Virtuose, son autoadaptation rend encore plus hommage à la fièvre créatrice avec un jeune auteur qui n’a « pas encore écrit une ligne » de sa pièce et ne croit pas en lui, alors que, déjà, une troupe entière – et des financiers ! – comptent sur son « génie ». Cet hommage aux feux de la rampe et à ceux qui s’y consument devient, donc, une sorte de thriller sur la création – dont on connaît, pourtant, l’heureux dénouement. Thomas Solivérès (parfait dans le rôle-titre, vibrionnant avec une grosse pointe d’angoisse) court, au sens propre du terme, après l’inspiration, de son petit appartement où sa femme, la douce Rosemonde Gérard, le soutient, à la scène, encore vide, du Théâtre de la Porte Saint-Martin, en passant par un bistrot 1900, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Et la mise en scène adopte ce rythme, alerte, de course-poursuite, dans un Paris et des costumes d’époque qui respirent la joie de reconstituer sans naphtaline.
Dans sa constante drôlerie, Edmond est aussi un vaudeville : Alexis Michalik donne à sa genèse de Cyrano la légèreté de Feydeau, cet auteur si en vogue à cette époque où Rostand passait pour un ringard en tenant mordicus aux alexandrins. Petit malin, Michalik s’est d’ailleurs donné dans son film le rôle de l’auteur du Dindon… 
Au rayon « la vie est inspirante », la plus belle scène reste, peut-être, ce moment, au début du film, où, sous un balcon, cet amoureux des mots et des rimes aide son meilleur ami, jeune acteur beau et con à la fois, à séduire une délicieuse costumière. Plus tard, alors que la troupe est constituée, la caméra virevolte autour de cette « famille » constituée en urgence avec son lot de hasard, de caprices d’ego, de catastrophes dignes du meilleur boulevard, et de sauvetages pleins de panache.
Point d’hommage au théâtre sans une belle troupe de cinéma, et celle d’Edmond est éclectique et gourmande. Des plus jeunes – Thomas Solivérès, donc, mais aussi Lucie Boujenah, piquante jeune première, ou Igor Gotesman, épatant en puceau révélé d’un même coup à la chair et au théâtre – aux plus briscards, comme Mathilde Seigner en grande capricieuse pour qui, finalement, rien ne compte que les planches et le sacerdoce de les brûler. Et il y a Olivier Gourmet : inénarrable en Coquelin aîné, l’acteur cabot qui porta le premier le nez de Cyrano, il se régale d’effets de manche et module, sans fin, sa voix de ténor. A travers ce personnage de comédien à la carrière menacée, jouant sa dernière carte et obligé de croire au miracle, il incarne un adage qui pourrait bien être celui de tous les artistes qui osent : à cœur vaillant, rien d’impossible. 
Notre critique d’Edmond, la pièce
Par ses récits sophistiqués et vertigineux, ses histoires folles mais toujours un peu vraies, Alexis Michalik a amené au théâtre un jeune public avide d’émotions et de narrations intrépides. Tant mieux ! Contant cette fois la création du Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand un soir de décembre 1897 à la Porte Saint-Martin, il fait comme d’habitude preuve de virtuosité. Dans ce jeu de théâtre dans le théâtre, il mêle l’authentique et le fictionnel avec une diabolique habileté et un joli sens du mensonge, conviant ici Sarah Bernhardt, Feydeau, Labiche et même Ravel. Les tableaux s’enchaînent avec une rapidité, une efficacité qui coupent le souffle. Pris par l’intrigue, on rit, on s’émeut, on s’exaspère, exactement comme devant le drame de Rostand. Et les acteurs sont tous remarquables, chacun dans son genre. Au final, ce théâtre de foire et de tréteaux, ficelé à la hâte, ne révolutionne pas l’art dramatique – s’en moque même parfois –, mais on s’y est singulièrement réjoui. – Fabienne Pascaud

Je suis allée voir dans mon Ciné club de quartier, Edmond, oui car je ne veux pas non plus ignorer cet artiste du théâtre qui s’adresse au plus grand nombre et qui n’effraie pas les spectateurs, les invite même à découvrir de plus près le Théâtre, mais bon voila comme Shakespeare in love c’est pas tout à fait une entourloupe mais c'est un survol!
C’est un film pour touristes du théâtre, non seulement on connaît le dénouement, mais on en voit toutes les ficelles. Et puis les personnages historiques placés  là comme pour un livre pour enfants, quoique bien joués sont ridicules, les auteurs et Sarah Bernhardt. Pauvre Tchekhov 
Les deux qui mènent la danse et vous emportent avec les personnages de fiction sont Edmond et Coquelin. Pour moi ce film n’a rien du thriller je me suis presqu’endormie.  Il pique bien des choses ça et là, j’ai pensé aux Enfants du Paradis bien plus envoûtant et la scène finale de la pièce Cyrano est tellement empruntée au  film de Rappeneau. Hormis ceux-là (cités ci-dessus),  un autre film que j’ai vraiment toujours aimé sur le théâtre (exceptés ceux aussi d’Orson Welles et de Kurosawa), c’est celui d’Al Pacino sur Richard III : Looking for Richard. 
Christian et l'auteur Edmond Rostand regardent des coulisses la première de Cyrano

Michalik construit sa pièce-film, comme Rostand sa pièce "comédie héroïque" avec Cyrano de Bergerac, le personnage historique, de très loin, vu du ciel. Comme beaucoup d’autres auteurs Shakespeare Racine, Dumas, ils font le grand écart avec l'histoire. Si Feydeau et Rostand se sont fréquentés notamment chez Lucien  Guitry (le père de Sacha) il n’y a pas
traces de critques ou jalousies. Ce n’était pas du tout le même répertoire.   

Ci-dessous rappel des dates importantes de la vie de Feydeau et de Rostand .

Naissance  à Paris en 1862 de Georges Feydeau qui mourra en 1921, à 59 ans, des suites de la syphilis avec troubles psychiques au « Santorium » où il fut interné.  En 1868 à Marseille naissance d’Edmond Rostand qui lui meurt en 1918 de la grippe espagnole à moins de 50 ans.
Leurs grands succès pour Feydeau : la dame de chez Maxim en 1899 et pour Rostand : Cyrano en 1897. 
Tous deux aussi ont reçu la légion d’honneur et se sont intéressés au cinéma Feydeau à Charlot et Rostand à Cecil B de Mille.

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