06.09.2009
Quand Olivier Py réinvente "Tournez Manège"...
J'ai eu le plaisir de découvrir, vendredi dernier, la scénographie du prochain spectacle du directeur de l'Odéon, "Les Enfants de Saturne" qui sera présenté à Berthier dès le 18 septembre.
Si je ne peux rien vous dire du spectacle en lui même (et pour cause, les représentations n'ont pas commencé), je dois, en revanche, tirer mon chapeau à Pierre-André Weitz (décorateur) pour son travail. Il a en effet imaginé, avec Olivier Py, une scénographie à 360 degrés, plaçant ainsi le spectateur au centre du décor, assis sur un gradin qui tourne sur lui même, permettant de suivre les personnages d'un lieu à un autre... De nombreux décors sont construits, d'un bureau à la devanture d'un commerce, en passant par un luxueux salon bourgeois, sans oublier une forêt, ou encore une cabine téléphonique. Dès que le public aura le dos tourné, les régisseurs installeront le décor suivant. Ainsi, comme au cinéma, nous suivrons l'action de ce spectacle dans un travelling géant de deux heures... et promis, aucun mal de coeur à redouter, le "manège" tourne avec une douceur et une fluidité bluffantes (j'ai testé pour vous !).
Notons enfin que les spectateurs n'ont pas fini de tourner puisque Bartabas (Zingaro) a eu la même idée pour sa prochaine création...
L'œuvre chez Actes Sud
Les Enfants de Saturne d'Olivier Py
Écrit en 2006 - français
La pièce d'Olivier Py autorise les deux lectures. Sur l'un de ses versants, elle se laisse aborder comme la chronique d'une abdication collective, celle d'enfants qui n'ont pas la force ou la volonté de poursuivre l'œuvre paternelle. La fin de Saturne est aussi, selon son héros éponyme, celle d'une certaine France, d'une République qui a donné son nom au journal qu'il dirige, d'un pays qui était aussi un paysage, une «semence paysanne et littéraire» où l'écriture et la géographie semblaient faire corps. Selon Saturne, cette France-là, qui a «inventé la politique» et «est une idée», paraît désormais incapable de se réinventer, dépourvue de destin et d'Histoire ; et à ses yeux, la faiblesse de ses propres rejetons, héritiers indignes de La République, est le plus triste témoignage de la médiocrité du temps. La vérité de son legs, c'est ailleurs qu'il la reconnaît : là où son fils illégitime a perdu sa main droite pour lui, là où l'encre de La République s'est mêlée au sang de Ré. C'est donc avec Ré, par lui, que l'Histoire va continuer, fût-ce au prix de la tragédie, sans autre «raison» qu'une folle fatalité d'amour et de haine : c'est par Ré que Saturne va peut-être trouver une fin digne de son appétit d'ogre.
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