Je voudrais écrire plus, tout le temps, à perdre haleine, mais je ne sais pas par où commencer, le fil de la pensée, la folie à tracer, les autres vies à essayer, et ou ne pas devenir célèbre. Quelles motivations? Donner plusieurs pistes à saisir pour un lecteur... anonyme (et qui le resterait). Les 5 sens modifient tout le temps, la réalité. Retrouver un calme en soi qui n'est ni perdu, ni à espérer. Et raconter une histoire car sinon c'est un essai et pas un voyage intérieur.
Ravagée, je me sens déçue et ravagée comme incapable de prendre une décision, d'adopter des résolutions, alors raconter une histoire qui ne serait pas la mienne, mais qui serait raisonnée par mes mots. Comme écouter une émission de radio, dans la pièce d'à côté. Une voix lointaine.
Un des cadavres que j'ai laissé sur le bord de la route en ne choisissant pas, en obéissant ou en désobéissant ? C'est celui de la fille en bonne santé.
J'ai opposé une force d'inertie, une confusion émotionnelle. La continuité c'était de devenir commerçante, me marier et avoir des enfants. Quoique l'époque a déshabillé tous les petits commerçants de leurs baux et de leurs fonds par la faillite au profit des grandes surfaces. Peu ou prou ont surnagé et mes parents dans les années 80, n'auraient pas duré ni récupéré leurs billes. Mes parents étaient marchands de jouets.
Mais ce n'était pas si simple, déjà pour ma mère, que voulait-elle, pour moi ? que je devienne étudiante, mais sans trop lire ni voyager. Que je reste là, sa fille unique, comme altérité pour se battre et se réconcilier. Pour rendre l'histoire avec mon père contrôlable. L'enfant unique permet l'arrêt sur images. Elle voulait 12 enfants mais en a eu qu'une. Une, c'est important, car si c'eût été un garçon, elle aurait eu un autre enfant.
Que j'aie "en suite" à mon tour, un seul enfant, une fille, avec un mari sous emprise avec une bonne situation : qui aurait gravi(gravé) tous les échelons, et que j'affiche le courage d'une maîtresse de maison hors-pair et que je lui confie le plus souvent possible en vacances, sa petite fille.
Le courage d'après les résurgences qu'ont pu être une guerre de loin, c'est de reconstruire en croyant tout contrôler. La démographie, l'économie et l'affectif. Pour qu'au moins rien ne change plus.... Quelle utopie, l'envie de frapper qui ne se résorbe pas...
Ne pas faire parler d'elle mais que tout tourne autour d'elle. Voilà le profil de ma mère un triste courage qui a relevé bien des humiliations...
Manger : dis moi qui tu manges et je te dirais qui tu es ? j'ai du renoncer à manger et maintenant passé 50 ans sujette au diabète, je suis prise en otage de mon alimentation. Compenser par la nourriture est un reflexe des enfants uniques. Heureusement j'ai toujours eu face à l'autocuiseur de rentrer dans les rêves d'autrui, la soupape de l'écriture et d'observer les autres. Les enfants uniques sont très proches des vrais jumeaux comme stoppés dans leur évolution parce que leur jumeau est mort.
Comment se faire aimer quand on est enfant : bien manger, manger, tout manger, plus réclamer encore...
Dans réclamer, il y a clamer qui sait est-ce pour cela qui j'ai tant désiré jouer sur scène. Je mangeais deux assiettes de soupe, seule laissée seule, je mangeais tous les fruits, l’œuf dur avec sa coquille.
Envoyée en vacances, petite fille, dans une ferme où ma mère et ses parents furent réfugiés pendant l'exode, on me faisait une omelette aux pommes de terre, la moitié était pour moi alors que nous étions cinq à table.
Mes parents venaient me chercher fin août, j'étais truffée de piqûres de moustiques et j'avais engrangé 2 à 3 kgs de plus et ma mère qui a toujours adoré coudre et découdre, défaisait les coutures de mes robes avec joie.
J'étais rieuse mais sans répartie, je riais pleurais, entourée d'adultes, j'essayais de les faire rire, de me mettre à leur place, et alors je ne savais plus si je jouais ou me trouvais trop seule. Fascinée par le calme et le résolu des animaux, je m'épris de leur diversité et leur restais fidèle.
Je savais petite en vacances à la ferme très bien les apprivoiser. Ma mère dut le percevoir et me refusa de ramener un chien ou un chat c'est, c'est elle seule qui choisissait pour moi, soit disant un animal salirait son intérieur. Ce fut notre première rivalité. Mon père avait le rôle d'en rajouter sur les interdictions. Dès que je fus indépendante, je m'entourais d'un chien d'un chat et d'oiseaux. Et de son côté ma mère adopta un chien....
Ma grand-mère, sa mère était très proche de moi enfant et ne s'en laissait compter par personne, elle aimait lire et écouter de la musique, son opéra préféré était Turandot. Elle avait un carnet de chansons et de citations. Commerçante elle aussi mais directement, dans l'alimentation, puisque mes grands-parents étaient boulangers. Ma grand-mère que j'appelais Mémé, avait très mal supporté d'apprendre après son mariage que son mari n'avait pas seulement de sa première femme 2 enfants mais cinq ou six. Car en revenant de la guerre de 14, il n'avait pas l'argent et la tête pour faire une action en justice qui s’appelle action en désaveu de paternité. S'il m'en souvient, il en avait 3 ou 4 ? réellement à lui, un ou deux autres garçon et une fille dont il avait caché l'existence. Ma grand-mère instruite, ne voulait plus qu'il les voit. Il s'échappait.... ou dès lors qu' elle partait voir sa sœur en Belgique. Les rixes verbales devaient être fréquentes. Ma mère arriva dans la maison de ses parents, à 17 ans. avant elle fut protégée et élevée par son instituteur et sa grand-mère.
Mon grand-père à son arrivée lui ayant dit, dans la boutique : puisque j'ai une fille je n'ai pas besoin de prendre une bonne...
Pourquoi je dis commerçante directement !? car ma mère a toujours fait la différence entre les commerces de transformation et les revendeurs. Les boulangers les bouchers (son demi-frère était boucher et mon cousin, fils unique le devint... ) pouvaient faire de l'or, disait elle pas les commerçants comme eux, détaillants, à cause des factures d'achat de la marchandise.... L’artisanat tout ce qui touche à la cuisine, au manger, est plus valorisant...
Les repas de famille étaient interminables et c'est ma grand-mère devenue veuve alors que j'avais 7 ans qui s'en chargeait. Mon grand-père reste mon soldat musicien inconnu, de la famille maternelle.
Pourquoi je parle peu de mon père et des siens de parents, car ma mère fut spécialiste en directives agressives à leur encontre, dès leur mariage. Comme leur fonds de commerce fut avant plus financé tramé et ouvragé de son côté.
Mon père ensuite à la mort des siens a en quelque sorte rééquilibré par héritage les avanies financières des petits commerçants, qu'ils ont subi. C'était sous Giscard d'Estaing.
Une anecdote que je ne résiste pas à retenir de mon grand-père maternel, quand mon père est venu lui demander en mariage sa fille, mon grand-père aurait dit, vous désirez ?
Formule de commerçant.
Je crois que mon grand-père avait plus d'humour que même sa femme et surtout beaucoup plus que sa fille.
Il s'est remarié après la guerre de 14, un survivant donc.
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