Oraisons de Michael Lonsdale
publié en 2000 et republié en 2011 chez Actes Sud collection "le souffle de l'esprit"
grâce au Frère Luc du film Des hommes et des dieux
(c'est dans le désordre c'est mon compagnon qui les as scannées et remises en signes texte, pour cela, je les y laisse, dans le désordre de mon choix et du hasard, Merci)
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Dieu
Merci pour le
jour qui se lève. Pour les premiers pas un peu chancelants du matin.
Merci pour la
nourriture. Le rangement. La préparation du bien venir dans notre pensée, notre
cœur.
Toi, nommé le
premier. Tu es là !
Merci pour la
peinture, pour la force d'aimer cette matière sacrée, transformée par nos mains
et la Tienne, en organisation, considération, structure et émotion.
Merci pour le
secret. Le non-dit.
Merci pour la
chaleur dans notre poitrine pendant le Notre Père. Pour le téléphone, les
lettres, et les réponses difficiles à faire.
Merci pour le
travail de comédien de théâtre, de cinéma, pour la mise en articulation des
phrases, pour Ta présence dans l'inspiration.
Merci pour les
amis qu'il faudra voir, écouter, à qui il faudra parler. Merci pour les temps
d'arrêt, pour le silence où la contemplation se fait toute seule.
Pour la pluie,
le ciel ^ris parfois, et la splendeur de la Vision.
Pour la maison,
les arbres, les humbles objets, les bruits familiers de la cuisine, des portes.
Merci pour dire
merci.
Merci aux anges
gardiens que nous oublions trop.
Merci de Te
laisser parler par nous-mêmes, en passeurs.
Merci Seigneur.
Le Bienvenu.
Le Tout.
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Une fois, dans
le métro, j'ai demandé que le Seigneur m'envoie quelqu'un à qui je puisse
parler de Lui.
À peine monté
dans le wagon, une jeune femme s'assoit à mes côtés et me dit : "Je sais
que vous êtes croyant, puis-je vous parler ?"
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Et maintenant
Seigneur, protège-moi du mépris de moi-même.
Je me présente
devant Toi comme je suis, avec défauts, qualités, possibilités et
impossibilités, blocages, faiblesse, indifférence, et, T’aimant, sans faire
assez Ta volonté.
Alors j'ai
besoin de Toi encore davantage, Toi qui n'en finis pas de me sortir de
l'impasse, de me faire comprendre tout l'amour que Tu as pour Ta créature.
Je touche la
frange de Ton vêtement, je touche Tes pieds, Tes mains, Ton côté ouvert et je
Te demande pardon.
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Prière pour ceux
de ma famille dont l'absence m'est parfois si pénible.
Sauf pour mon
père. Pourquoi ?
Vient la grande
envie de lui pardonner.
Tout.
La meilleure
façon serait de comprendre pourquoi, pourquoi les êtres agissent mal ?
Leurs blessures
profondes.
Prier,
pardonner, encore et encore.
Mon cœur, lourd
de cet oubli, s'apaise et la guérison se fait lentement.
Délivrance.
Et ceci de
fabuleux : la nuit suivante, j'ai rêvé de lui. Il venait vers moi, doucement,
vêtu d'un imperméable très british et avec un bon sourire.
Je n'avais pas
rêvé de lui depuis sa mort, dans les années cinquante.
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Marguerite Duras
a dit qu'elle m'avait vu en rêve, habillé en moine.
Je ne suis pas
devenu moine.
J'aurais voulu
l'être.
Doux appel, que
ma misérable nature n'a pas compris.
Manque de Feu,
manque d'audace et surtout manque de cœur.
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Levé les mains
au ciel en rentrant dans la petite remise qui servait de loge dans la crypte de
l'église Saint-Sulpice. Surprise !
Des crottes de
souris partout, sur la table, la chaise.
Leur ai tenu ce
discours simple et sérieux.
"Mesdames
les souris. Vous êtes de charmantes créatures de la volonté divine et vous avez
toutes les bonnes raisons d'exister. Mais voici : il est difficile de
travailler au milieu de vos déjections. Je vous prie, chères amies, de ne plus
vous manifester de cette façon cavalière.
Voici mon pacte
: ou bien vous vous comportez avec civilité et nous vivrons en fraternelle
compagnie, ou bien je serai obligé de sévir et il y aura des dégâts parmi votre
respectable compagnie."
Le lendemain
plus de traces de leur passage.
Levé les mains
encore plus haut. Merci souris.
Alléluia !
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