mardi 22 janvier 2013

Petites réflexions sur l'écriture : Christian Siméon / David Foenkinos

Je me dis que les clichés critiques s/ces 2 écrivains, comme ceux que j'ai entendus sur des supports très différents : entre chez Ruquier France 2 et le Masque et la Plume France-Inter, sont incroyables de méchanceté.  Christian Siméon est auteur de théâtre et sculpteur, La Vénus au phacochèrecritique excellente s/ les Trois Coups avec Alexandra Lamy et Christian Siméon, je le connais bien, depuis le début, je parle de ses œuvres : La Reine écartelée, Hyènes, Landru, dire de lui que c'est une écriture branchée, c'est aussi limité que dire du livre de Foenkinos : Je vais mieux (j'en suis à la page 201)qu'il n'existe pas d'un point de vue littéraire....
Et moi je dirais que ces auteurs à des titres différents,  ont changé ma vie.
Et je suis bien contente qu'ils rencontrent un succès public.


David Foenkinos : Je vais mieux

Extraits : "Comme toutes les filles que j'ai aimées. Élise était amoureuse de son père . Enfin, je dis toutes les filles, mais une seule a compté avant elle *. Je crois que j'aimais ça, les filles à papa. Bien loin d'y voir une rivalité, j'avais une vue sur leur référent masculin, ce qui me permettait souvent de les comprendre." p 56-57
* Il s'agit de Nina. Je me demande ce qu'elle est devenue : juriste, fleuriste, galeriste ?

"J'avais ressenti dans le geste de ma femme une forme de tendresse mais pas vraiment d'amour. Pendant le trajet vers l’hôpital, je suis resté hanté par la vision de son geste. Sa main demeurait dans mon esprit, j'y voyais un de ces "au revoir"qu'on peut faire aux étrangers quand ils quittent votre maison. C'était plutôt chaleureux, mais de cette chaleur mécanique assez peu émotionnelle. Plus j'y pensais, plus je voyais ce geste comme celui d'une inconnue. Je le voyais encore et encore dans ma tête, la façon dont elle avait relevé le rideau pour placer sa main, et la déployer de gauche à droite, lentement, pendant quelques secondes. Je ne reconnaissais pas ma femme dans ce geste. Je ne peux pas l'expliquer, mais ce n'était pas elle. D'un instant à l'autre, on peut éprouver les variations abyssales du sentiment. L'amour se dérobe pour laisser apparaître une nouvelle vérité du cœur."p 67

Une citation d'Albert Cohen:"Chaque homme est seul et tous se fichent de tous" p 71

On réduit tellement notre ambition à être heureux que les bonheurs peuvent venir de là : voir trébucher les autres. p75

Je m'étais même avancé jusqu'au paillasson des larmes. p78

Nous sommes issus d'une science-fiction celle de l'amour de nos parents, leur jeunesse et leur insouciance. p79

ma mère.... Elle me reprochait  mécaniquement des choses, comme pour se débarrasser du poids de sa propre culpabilité. p80

J'avais déjà repéré chez mes parents une tendance à la xénophobie. (...) Y avait-il un gène raciste qui se développait automatiquement avec la vieillesse ? p87

Avec les années, j'avais été de moins en moins capable d'établir des contacts avec de nouvelles personnes. Comme si ma vie n'avait été qu'une machine à m'insensibiliser progressivement.Fallait-il que la mort se présente à moi pour comprendre qu'être en vie ne suffit pas à faire de nous un être vivant. p107
C'est ainsi qu'en attendant le bus, je me mis à penser ma vie différemment. La première chose qui me revint à l'esprit fut ce vague projet de roman abandonné plus de 20 ans auparavant. Est-ce que les idées nous attendent si longtemps ? C'était peu probable. Les idées patientent un peu, puis se lassent, et partent à la recherche d'un imaginaire plus accueillant. p109

 C'est peut-être ça, se sentir bien avec quelqu'un.Ce n'était soumis ni à une rentabilité quelconque ni au sentiment d'avoir à se dire vraiment quelque chose. On avait échangé des mots flottants, des bribes de pensée, et tout cela avait formé la plus belle des heures indolores. p149

Certains moments ne peuvent avoir pour bande-son que le silence. p162

Il y a des jours où l'on attend d'être au lit pour enfin se sentir à l'abri. p163

(en amitié comme ailleurs on peut rarement dire la vérité) p164

Je me suis dit que toute ma vie ici(dans son entreprise, avec son directeur) aurait pu être différente, si j'avais été capable de venir lui parler comme ça, avant. On devrait vivre sa vie à l'envers pour ne pas la rater. p171

Les mots de ma mère marquèrent comme un coup d'arrêt à cette course inhumaine à laquelle je me livrais depuis mon enfance : celle qui consistait à essayer de les comprendre. Je devais l'admettre une fois pour toutes : mes parents étaient fous, et je ne pouvais pas les changer. Modifier sa famille est impossible, aussi absurde, épuisante, injuste, insupportable fût-elle. p202

Avec elle les mots retrouveraient toujours leur maison, alors qu'avec moi ils pourraient errerdes années à côté du dictionnaire. p209

Et quand je faisais mine de trouver cela insupportable de devoir être toujours ainsi joignable, il va de soi que je mentais. J'adorais ça : c'était ma fièvre et la possibilité de m'extirper toujours du présent. p214

Il m'arrivait de ne pas savoir ce que je ressentais. Je n'étais ni dans le bonheur ni dans le malheur. Je découvrais une zone étrange assez indolore je dois dire, de l'existence. J'avais peur d'être devenu insensible, mais non, c'était autre chose. C'était être passager de ses jours. On ne pilote plus, on est juste là flottant dans la succession des évènements. p234

Quelques minutes plus tard, nous étions tous les trois(avec sa fille et son compagnon : Michel que jusque là, le narrateur refusait de voir, surtout il repoussait toujours le moment d'aller leur rendre visite chez eux à la demande souvent réitérée de sa fille)assis autour de la petite table de la cuisine. Il y avait une toile cirée ; je le précise car j'adore les toiles cirées. Ça me rappelle mon enfance, mes grands parents, un accès nostalgique aux jours heureux. On peut aimer un endroit tout entier grâce à un seul détail. J'étais d'emblée séduit par leur appartement en voyant la toile cirée. p251


Notre séparation  (à leurs 2 enfants) les affectait plus que je ne l'aurais cru. Ça me faisait du bien en un sens. Je ne supportais plus l'insensibilité générale qui semblait caractériser notre époque. Tout paraissait normal aussi bien le bonheur que la brutalité. On nageait dans une anesthésie générale. p278

La vie des autres, c'est peut-être le meilleur refuge quand la nôtre nous désespère. p298

On peut aimer vivre des histoires bancales, simplement pour être consolé de la solitude. p300

J'ai même pensé qu'elle ne parlait pas vraiment d'elle mais d'une sorte d'héroïne de fiction. La fiction que devient le passé. p301




autres extraits et mes commentaires à venir....

Voilà il n'y aura pas d'autres commentaires que celui ci quand je rangerai définitivement ce livre je le mettrais entre Albert Cohen et Milan Kundera au dessus des DVD de Smoke et pas loin des Choses de la vie.... 
Ceux qui trouvent ce livre "vide" doivent être de ceux qui n'ont que peu d'empathie pour tous ceux qui mêli-mêlo ne savent pas comment faire avec leurs ratages, leurs sentiments, leur vie....
C'est un livre de gentil à portée de modestes et à manger tout de suite. Et comme dit la journaliste de France-Inter c'est un livre : quelquefois on rit quelquefois on pleure.
Et depuis comme un bonheur n'arrive lui non plus jamais seul je suis tombée, j'ai vu, il me manque encore le début,  sur Canal + La délicatesse, de David et Stéphane Foenkinos (son frère), avec Amélie Poulain et Monique Chaumette et l'excellent François Damiens, 
tout d'abord je félicite le casting d'une telle qualité pour tous les rôles c'est exceptionnel, je suis tombée en sanglots à revoir Monique Chaumette, quel amour de femme que le grand amour l'unique amour de Philippe Noiret. Elle joue la grand-mère. Et François Damiens un des rares grands coeurs, comme u peu Bourvil dans ce film et Audrey Tautou je l'apprécie totalement dans ce personnage de Nathalie.... Bengui pour tous ceux qui connaissent Bengui, films avec caméras cachées, une série sur Internet intitulée : La Vraie Vie de Bengui, est de la même famille que François Damiens, Tintin....
 
David Foenkinos
38 ans - Ecrivain

émission entre chien et loup s/France Inter à podcaster
David Foenkinos est né à Paris en 1974. A l'âge de 16 ans il est atteint d'une maladie de la plèvre et se fait hospitaliser deux mois. Il lit alors énormément et joue de la guitare. Il étudie les lettres à la Sorbonne, devient professeur de guitare. Après avoir exercé le métier d'attaché de presse dans l'édition, il parvient à faire publier Inversion de l'idiotie, son premier roman, en 2002 chez Gallimard. Il obtient le prix Roger-Nimier pour Le Potentiel érotique de ma femme paru en 2004. La Délicatesse, 2009, lui apporte la consécration. Il adapte le roman au cinéma avec son frère Stéphane en 2011, année où il publie Les Souvenirs, son livre le plus autobiographique.



Bibliographie sélective :

Inversion de l'idiotie : de l'influence de deux Polonais, Gallimard, 2001.
Entre les oreilles, Gallimard, 2002.
Le Potentiel érotique de ma femme, Gallimard, 2004.
Les cœurs autonomes, Grasset, 2006.
Nos séparations, Gallimard, 2008.
La Délicatesse, Gallimard, 2009.
Lennon, Plon, 2010.
Les Souvenirs, Gallimard, 2011.


Biographie réalisée par la Documentation de Radio France, mise à jour le 3 janvier 2013.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'avais vu Landru et trouvé cette pièce très originale : j'irais peut -être voir La Vénus au phacochère !

Anonyme a dit…

J'avais également vu l'excellente comédienne Marilu Marini interpréter La priapée des écrevisses au théâtre Pépinière Opéra . Un plaisir !