Barbara cet hommage article date de 10 ans, pourquoi ne l’ai-je jamais publié sur mon blog…
Parce qu’il était cookie collé et que j’aurais voulu ressembler à cette photo…. Et commencer à écrire comme toi après la mort de mes « idées noires » qui sait c’est un premier souffle pour effacer le temps perdu dit-on mais toutes deux nous savons qu’uni fruit doit mûrir vieillir se gâter pour être rendu à la terre….
CHERCHER LA FEMME
La Petite Cantate
à son amie disparue.
Un chant d'amour aux étudiants de Göttingen.
L‘inceste, sans doute, dans l’Aigle noir...
On la disait mystérieuse. Pourtant, elle livrait tout
dans ses chansons.
Par Valérie Lehoux
Le 24 novembre,
cela fera quinze ans que Barbara a disparu. Ses chansons, elles, restent
étonnamment vivantes. On les entend dans des films, et dans la voix de jeunes
interprètes, de Daphné à Mika (!), qui ne finissent plus de s'en emparer. C'est
simple : de tous les géants de la chanson, Barbara est de loin celle que l'on
chante le plus. A Paris, en ce moment, au moins quatre spectacles la célèbrent.
Et on ne compte plus ceux, comédiens, cinéastes, romanciers ou même politiques,
qui la citent comme une référence. Pourquoi, alors que les radios ne la
diffusent quasiment plus ?
Parce que la
femme, d'abord, reste un modèle de liberté : à une époque où les chanteuses
interprétaient des textes d'hommes, elle fut l'une des premières à endosser les
siens.1
Contre toutes les
normes des années 1950 et 1960, elle imposa aussi une image : une étrange
silhouette de grand oiseau noir et un visage anguleux, mystérieux, aux
antipodes des blondes au nez retroussé. Les trois décennies suivantes, elle osa
enfin rompre avec les lois du showbiz et de la promotion, pour ne plus chanter
que lorsqu'elle en avait envie, sans forcément sortir un disque ou s'afficher
sur les murs des villes. Un demi-siècle plus tard, tant d'audace et de
détermination restent exemplaires.
Mais si, au-delà
du personnage, l'œuvre demeure à ce point vivace, c'est que rien, encore, n'a
pu en altérer la puissance. Barbara ne chantait pas pour se distraire ou pour
gagner sa vie, mais pour se relever des outrages qu'elle avait subis :
l'inceste, d'abord, puis la fuite subite d'un père qui ne s'expliqua jamais, ni
ne lui demanda pardon. C'est d'ailleurs à sa mort que Barbara se mit à écrire,
chaque mot devenant un pas de plus sur le long chemin de sa reconstruction. Son
moyen d'avancer, et finalement de vivre. Voilà pourquoi, quand elle chantait
son enfance, ses amours ou ses deuils, on y percevait tant d'urgence et
d'intensité. Barbara faisait de la chanson une absolue nécessité, renvoyant
chaque auditeur à sa propre vérité. Dans un documentaire télé diffusé cette
semaine 2, la chanteuse
Camille le dit très justement:
« Elle vous raconte son histoire avec
tellement de force, que vous êtes obligé d'entrer en vous-même, avec la même
force. »
Mais autant sur
scène Barbara se donnait, autant ailleurs elle se dérobait. Aux journalistes
troublés qui l'interrogeaient sur son inspiration, elle lançait, bravache, «je n'ai aucune imagination!», se
gardant bien d'en dire davantage… Longtemps, les chansons se seront donc passées
de toute explication. Depuis, on a découvert quelques-uns de leurs secrets —elle-
même en a livré
dans ses Mémoires inachevés 3. Voici un peu de
sa vie, en une dizaine de chansons toujours très actuelles.
«NANTES» 1959
Dix ans après s'être
volatilisé sans laisser d'adresse, son père meurt à Nantes. Barbara, qui chante
déjà à l'Ecluse mais vit encore, très chichement, chez sa mère, décide aussitôt
de se rendre à Nantes, où elle n'est jamais allée. Ce voyage, elle le raconte
dans une chanson qu'elle mettra trois ans à terminer. Elle l'interprète pour la
première fois en novembre 1963, au Théâtre des Capucines, à Paris, lors d'une
soirée réservée aux jeunes artistes. Dans le public se trouve la journaliste
Denise Glaser, tellement bouleversée qu'elle décide de l'inviter dans son Discorama, émission detélévision
mythique, et de fabriquer une fausse pochette pour cette chanson qui n'existe
pas encore sur disque. Aujourd'hui monument du répertoire français, tantes est l'un des classiques de Barbara
le moins repris par la jeune génération. Sans doute parce qu'il est trop
personnel.
LA SEMAINE BARBARA
«Je suis une femme qui chante avant tout», affirmait
Barbara. C'est donc à des jeunes femmes qui chantent aujourd'hui que Didier
Varrod confie le soin d'évoquer l'artiste dans l'émouvant documentaire Un beau Jour...
Barbara, réalisé par Nicolas Maupied et diffusé par France 5 le dimanche 25
novembre à 8h30.
Une belle idée d'amoureux de la chanson, tant les mots
de la Dame brune résonnent joliment dans les propos de Camille, Daphné, L, La
Grande Sophie et Olivia Ruiz, mêlés aux séquences d'archives.
Côté radios, France Inter propose une journée spéciale
le 24 novembre : coup d'envoi dès 0 heure avec un Pop, etc. sur l'album La
Louve; à 8h20, Jean-Louis Aubert est l'invité de la matinale; à midi, Philippe
Meyer s'intéresse à la Barbara interprète; à l9h20, Vincent Josse visite son
Atelier (à écouter en Podcast à tout prix) en compagnie notamment de Marie Chaix; enfin, à 20 heures, soirée spéciale
avec un Pont des artistes entièrement consacré à la chanteuse (avec La Grande
Sophie, William Sheller, Babx, Christophe ou Baptiste Trotignon), puis la
diffusion du concert de 1965. A Europe 1, les festivités commencent dès le
jeudi 22 : Des clics et des claques (à 20 heures) reçoit le neveu de Barbara,
Bernard Serf; le lendemain, On connait la musique (à 22 heures) lui est
consacré; et rebelote
le samedi, de 22 heures à 1 heure, avec un concert
hommage de Daphné, puis le Musicorama de 1968. Dernière pièce du dispositif:
dimanche, à 11 heures, dans II n'y en a pas deux comme Elle.
« DIS, QUAND REVIENDRAS-TU? » 1961
Barbara est amoureuse -
ce n'est ni la première, ni la dernière fois ! Mais cet homme-là, elle y tient
suffisamment pour quitter Paris et le suivre à... Abidjan. Là-bas, elle
s'installe dans sa grande maison blanche, fuit le soleil, trouve un engagement
dans une boîte à chansons interlope. Mais la vie d'expatriée ne lui convient
pas: n'y tenant plus, elle repart a Paris au bout de quelques semaines. Pour
son amant lointain, elle écrit Dis, quand
reviendras-tu? Et la chante à l'Ecluse... sans oser dire qu'elle en est
l'auteur. La chanson deviendra pourtant son premier succès ; cinquante ans plus
tard, c'est aussi son titre le plus repris. La Grande Sophie en a fait une très
belle version sur son album Des vagues et
des ruisseaux (2009). Jean-Louis Aubert l'a interprétée pour le film de
Philippe Claudel, II y a longtemps que je
t'aime (2008).
Bénabar, Isabelle
Boulay, Martha Waimwright et beaucoup d'autres la chantent sur scène...
« GÖTTINGEN » 1964
La Seconde Guerre
mondiale hante encore les esprits. De père et de mère juifs, Barbara a passé le
conflit à se cacher, parfois séparée de sa famille... Moins de vingt ans plus
tard, quand un étudiant allemand l'invite à chanter chez lui, à Göttingen, elle
refuse. « L'Allemagne était comme une griffe.
4» Puis, devant son insistance, finit par céder. Mais une fois sur place, catastrophe
: le piano promis n'est pas là et les transporteurs de pianos sont en grève !
Des étudiants de Göttingen décident alors d'aller chercher un instrument chez
une vieille dame de la ville, et de l'amener eux-mêmes jusqu'au théâtre. La chanteuse
n'en revient pas. Son contrat est prolongé d'une semaine. Et le dernier soir,
pour les remercier, elle crée Göttingen,
première chanson de réconciliation franco-allemande. Depuis, elle en est
l'emblème. François Mitterrand l'a plusieurs fois citée. Le chancelier Schröder
en a lu un extrait lors du quarantième anniversaire du traité de l'Elysée. Et
le 22 janvier prochain, alors que l'on fêtera les 50 ans de ce pacte, il y a
fort à parier qu'une fois de plus on l'entendra. « Faites que jamais ne revienne le temps du sang et de la haine, car il y a des gens
que j’aime, à Göttingen, à Göttingen...»
« UNE PETITE CANTATE » 1965
Liliane Benelli, sa
pianiste à l'Ecluse, se tue lors d'un accident de la route. A ses côtés, Serge
Lama, qui gardera longtemps les séquelles de l'accident. Quand Barbara
l'apprend, elle sort de scène ; et s'écroule à l'annonce de la nouvelle. Un
mois plus tard, lors d'une présentation à sa maison de disques, elle chante Une petite cantate, en hommage à son
amie disparue. Le nom de Liliane Benelli reste méconnu, mais deux chansons
majeures lui ont été dédiées : la Cantate
de Barbara et D’aventures en
aventures, de Serge Lama. La Cantate
résonne toujours: dans Camille redouble,
le personnage incarné par Noémie Lvovsky la fait chanter à ses parents, comme
une prière païenne, et l'enregistre pour garder leur voix au-delà de la mort.
C'est la plus forte scène du film.
« MA PLUS BELLE HISTOIRE D'AMOUR » 1966
En 1964, Barbara a fait
la première partie de Georges Brassens, à Bobino. Instant charnière qui la
révèle au grand public. Elle y revient, l'année suivante, cette fois en
vedette. Et fin 1966, elle y chante de nouveau, tête d'affiche incontestée.
Fait exceptionnel, elle se lève de
son piano pour déclarer
au public «Ma plus belle histoire
d'amour, c'est vous. » C'est une
chanson-somme, un
manifeste, qui évoque ses quinze années de galère, d'espoirs et de décou- ragements, jusqu'au Bobino de 1965 qui l'a
enfin consacrée. « Ce fut un soir en
septembre, vous étiez venu
m'attendre, ici même, vous en souvenez-vous?»... De ce jour-là, jamais plus
Barbara ne monta sur scène sans entonner Ma
plus belle histoire d'amour «S'il ne
devait
rester qu'une chanson, ce serait celle-là», répéta-t-elle mille
fois. Les quelques-uns qui se sont
essayé à la reprendre, encore récemment,
s'y sont cassé la voix.
« MON ENFANCE » 1968
Barbara est en tournée
du côté de Grenoble. Soudain, elle voit un panneau sur le bord
de la route:
Saint-Marcellin. Pendant la guerre, elle a passé plusieurs années dans
cette petite ville aux
portes du Vercors.« Allons-y faire
un tour!» lance-t-elle à son
chauffeur. Son
assistante d'alors, l'écrivain Marie Chaix, l'accompagne ce jour-là. Elle se la
rappelle marchant dans les rues comme une automate, rester longuement près de
la maison qu'elle avait habitée avec sa famille, puis remonter en voiture, sans
dire un mot. Pleurant derrière ses grandes lunettes noires. Un peu plus tard, Barbara
enregistre Mon enfance, souvenir
intime, tendre et douloureux de ce retour fugace. «Parmi tous les souvenirs, ceux de l'enfance sont les pires, ceux de l'enfance nous déchirent.
» En 2012, c'est cette chanson qui clôt le film de Carine Tardieu, Du vent dans mes mollets. Vincent Delerm
ou Calogero la chantent parfois en concert.
« L'AIGLE NOIR » 70
A l'issue d'un Olympia,
et trois ans après les adieux à la scène de son ami Brel, Barbara vient
d'annoncer qu'elle prenait elle aussi du recul, de peur de tomber dans un «fonctionnariat de la chanson». Au début
de l'année, elle s'essaye à la comédie et joue dans une pièce musicale de
Remo Forlani... Echec
public et critique. Au printemps, elle débute l'enregistrement d'un nouveau
disque et hésite à y mettre l’évocation d'un rêve énigmatique l’Aigle noir Finalement, elle retient la
chanson, qui devient le tube de l'été 1970, et le plus grand succès de sa
carrière. Mais, sur le disque, elle en a curieusement retiré les dernières
phrases. Des années plus tard, on comprendra que L'Aigle noir faisait très vraisemblablement allusion à l'inceste. La
version initiale sort aujourd'hui… Les mots, restés inédits pendant
quarante-deux ans, peut-être parce qu'elle les trouvait trop explicites,
sonnent de façon déchirante : «Au matin,
il ne me restait rien. L'oiseau
m'avait laissée seule avec mon chagrin... »
Au soir du 10 mai,
Barbara voit des milliers de jeunes gens, place de la Bastille, fêter l'arrivée
d'un socialiste à
l'Elysée. Emue par cet enthousiasme collectif, elle écrit Regarde, qu'elle crée sur scène quelques mois plus tard, sous un
chapiteau géant, porte de Pantin. L'ambiance est euphorique: en moins d'un
mois, soixante mille spectateurs, souvent jeunes, viennent lui faire un triomphe
dans ce lieu très peu conventionnel pour une artiste de sa trempe. Le récital
de Pantin entre dans les annales de la chanson, et les médias rebaptisent Regarde : L'Homme à la rose... Durant
l'hiver 2011, en pleine campagne présidentielle, le PS s'empare d'une chanson
d'Alex Beaupain, Au départ, pour en
faire un hymne ; ses premiers mots
sont un clin d'œil au
texte de Barbara.
« VIVANT POÈME »1996
Barbara enregistre son
premier album studio depuis quinze ans. Elle en cosigne deux titres avec
Jean-Louis Aubert, dont Vivant poème,
chanson testamentaire à la beauté crépusculaire. Barbara n'a que 66 ans mais elle
est fatiguée; elle a définitivement renoncé à la scène
deux ans plus tôt, et
pressent que ce disque sera son dernier. Elle y chante son Vivant poème en solo ; mais une autre version existe, en duo avec
Aubert, qui reste inédite. Depuis quelques jours, elle est enfin disponible sur
disque 5 : la voix et le phrasé de Barbara y sonnent
comme ceux d'une
chanteuse de jazz américaine. Quant au texte, il délivre un ultime message à
tous ceux qui l'écoutent. Le legs d'une femme qui cinquante ans durant, aura
chanté pour respirer. « Va, ce monde je te
le donne. Va, et jamais n'abandonne. [...]La vie est un long poème, que tu vas
écrire toi-même. » •
1 Avec Nicole Louvier et Anne Sylvestre,
2 Un beau jour...
Barbara, par
Didier
Varrod et Nicolas
Maupied, dimanche 25 novembre, France 5,8h45.
3 Il était un piano noir
éd.Fayard,200p.,30,50?.
4
France Inter, 27 décembre 1996.
5 Une
femme qui chante, intégrale,
19 CD Mercury, l50 €.
1968,
l'année du Musicorama à
L'Olympia, qui sera rediffusé samedi sur
Europe 1.
HORS-SERIE TÉLÉRAMA
Quinze ans après sa mort, Barbara, femme et
artiste d'une parfaite exigence, reste terriblement moderne. Pour découvrir qui
elle fut, pour mieux comprendre son œuvre
et pour en mesurer la portée, Télérama
réédite son hors-série… En vente dans les kiosques, 8,60 euros, et dans la
boutique Télérama.fr.
voir aussi "La galaxie Barbara"
À VOIR
Exposition
de photos inédites à la mairie de Cadaujac(33)
jusqu'au 30 nov. Ouvert dimanche. Rens.: 0619258997
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