samedi 2 février 2013

Richard III part en tournée


Le 8 janvier à 20h30 au Théâtre de Cachan - Jacques Carat
Le 15 janvier à 20h au Théâtre des Feuillants à Dijon
Le 25 janvier à 20h30 au Théâtre André Malraux à Chevilly-Larue
Le 29 janvier à 20h30 au Théâtre de Rungis
Le 1er février à 14h et le 2 février à 20h30 au Pôle Culturel d’Alfortville
Le 7 février à 19h30 au Théâtre de la Madeleine à Troyes
Le 9 février à 20h30 au Centre Culturel des Portes de l’Essonne à Juvisy
Le 12 février à 20h30 à l'Auditorium Théâtre de Poitiers (prog. des ATP)
Le 15 février à 20h45 au Théâtre Roger Barat à Herblay
Le 16 février à 21h au Théâtre Jean Vilar à Suresnes
Les 19 et 20 février à 20h30 à la Scène Watteau à Nogent-sur-Marne
Les 22 et 23 février à 20h30 au Théâtre de Châtillon
il y a  une navette gratuite au M° s/L13 à Châtillon-Montrouge, tête de ligne.

 
Le 28 février à 20h30 à l'ECAM au Kremlin-Bicêtre
Le 12 mars à 20h au Théâtre de Chartres
Le 21 mars à 20h30 au Théâtre Jacques Coeur à Lattes

LA PRESSE EN PARLE

Lire la critique de Gilles Costaz

Lire la critique de Christophe Giolito

Lire la critique de Francis Dubois

Lire la critique de Cécile B.B.

Lire la critique d'Amandine Pilaudeau :
Un « Richard III » couleur sang
Venez plonger en enfer : là où le sang coule à flots, là où la manipulation et la corruption du langage engloutissent les derniers restes de pureté et d’innocence. Le plateau du Théâtre13/Seine accueille un grand Jérémie Le Louët !
Richard III ou la quintessence du Mal. Cette pièce est l’ascension et la chute d’un frère de roi, Richard de Gloucester. « Difforme, inachevé » tant sur le plan physique que moral, Richard va laisser libre cours à son sadisme pour voler le pouvoir à ses deux frères, Edouard et Clarence. Véritable tragédie sanguinaire, nul membre de la famille    ne    survivra    à    la    folie    meurtrière    de Richard.    

Plus qu’un massacre, Jérémie Le Louët a réussi à représenter l’insidieux pouvoir des mots.
La scénographie participe largement au charme de la représentation. Grâce à la proposition très épurée de Blandine Vieillot, l’action est resserrée sur les corps et la parole. À la faveur d’un carré brechtien, dont les côtés sont des lignes de fuite vers l’arrière-scène, les coulisses deviennent un terrain de jeu, où les rôles des personnages ne quittent jamais les comédiens. Assis sur des bancs en fond de scène, mains posées sur leurs cuisses, les personnages attendent leur entrée dans l’arène de Richard III, tel un empereur romain appréciant le spectacle offert par la mise à mort de ses gladiateurs.
Dans cette pénombre étouffante qu’est le plateau se dégage une unique lumière au centre de la scène : une ampoule sans abat-jour. Lumière d’espoir bien vite retirée du champ de bataille pour faire place à des jeux de néon, dont l’orchestration se fait de plus en plus rapide à mesure que Richard prend le pouvoir. Le plateau est ordonné par des changements à vue, mais comme sortis du néant. L’intrigue semble échapper à tous, personnages et spectateurs, pantins de la mégalomanie de Richard.
Richard, ce lion sans cœur
En véritable chef d’orchestre, le duc de Gloucester nous précise, avec un micro, ses intentions entre chaque scène. Par une modification de la voix, le narrateur immoral apparaît comme une incarnation d’outre-tombe. Les enfers ont trouvé leur porte- parole. Jérémie Le Louët a essentiellement travaillé sur cette dynamique du verbe : corruption du langage, séduction, manipulation ; la rhétorique est pervertie. Laissant de côté toute la partie historique et retraduisant lui-même l’œuvre, Jérémie Le Louët renouvelle l’imprécation du langage.
Metteur en scène créatif, mais aussi comédien talentueux, c’est Jérémie Le Louët lui- même qui incarne Richard de Gloucester. Malgré, il faut le reconnaître, une certaine appréhension – un despotisme zélé était à craindre –, le rôle de Richard lui sied à merveille.  Teint    blafard,    coupe    au    bol,    yeux    cernés,    démarche    boiteuse : un Richard III plus vrai que nature qui cloue le spectateur à son siège. Ni bosse ni artifice, et pourtant un charisme qui envahit la scène. Les mots de Jérémie Le Louët mordent, ourlés d’une ironie incisive. Le spectateur rit des plus grands malheurs de l’homme : là est la force de ce spectacle.
Paroxysme de la violence : entre jouissance et haine
Les autres comédiens ne sont pas en reste dans cette adaptation. Le jeu admet ici la stabilité des corps, bien ancrés sur le proscenium, laissant ainsi place aux voix qui emplissent toute la vacuité de l’espace. La violence du phrasé n’est pas l’apanage du personnage éponyme, les personnages féminins, en particulier Marguerite, l’exhibent eux aussi. L’interprétation de celle-ci par un homme (Stéphane Mercoyrol) fait certes écho à la tradition élisabéthaine, mais virilise surtout la violence des propos. La barbarie humaine est d’autant plus perceptible qu’elle est jouée par un mâle.
De même, le fait que les deux frères assassinés soient interprétés par le même acteur (Julien Buchy) renforce l’image d’une fatalité morbide. Enfin, les deux seules actrices (Noémie Guedj et Dominique Massat) de cette pièce ne déméritent pas, interprétant avec brio les personnages de Lady Anne et d’Elisabeth. À cet égard, on distingue dans le travail de l’acteur deuxdirections selon les sexes des personnages : une violence qui apporte la jouissance pour Richard, en particulier la scène du meurtre de son cousin Buckingham, et une violence gorgée de haine pour les    quatre femmes    accablées    par    la    fureur    du    tyran    (Lady Anne,    Elisabeth, Marguerite et la Duchesse, mère de Richard). En tout cas, un Richard III qui scrute avec acuité les abîmes de l’homme. ¶
Amandine Pilaudeau Les Trois Coups
www.lestroiscoups.com

Lire la critique d'Armelle Héliot
Richard III par Jérémie Le Louët : une vision, des modèles
Au Théâtre 13-Seine, une jeune compagnie présente une version intéressante de la tragédie de
Shakespeare. Jérémie Le Louët signe l'adaptation, la mise en scène et joue le rôle-titre.
Il y a dans ce spectaclede nombreuses qualitéset l'on souhaite que nombreux soient
les spectateurs à découvrir le travail des jeunes artistes réunis par Jérémie Le Louët.
La compagnie qu'il anime,la Compagnie des Dramaticulesexiste depuis 2002 et avec ses
camarades, il a monté des pièces très différentes du Macbett d'Eugène Ionesco au Salomé d'Oscar
Wilde. A chaque fois, il interprète l'un des rôles.
Dans ce Richard III, il tient le rôle-titre.
Il signe l'adaptation. Il avoue s'être inspiré de François-Victor Hugo, précisant que même celle ci,
qu'il estime meilleure, ne l'a pas "réellement satisfait". On en déduit que Jérémie Le Louët est très
savant dans la langue anglaise. Il a choisi les vers libres. Il a opéré des coupes. Il a déplacé
certains vers. On ne peut s'interdire que rappeler que Pierre Leyris, Jean-Michel Desprats ont
travaillé de longs mois à des traductions remarquables de Richard III.
Jérémie Le Louët a également choisi de se priver de toute la matière historique précise, soulignant
que le 16ème siècle ne l'intéresse pas, que cela rend la pièce difficilement compréhensible. Cela
mériterait discussion plus avancée. Mais passons.
Et avouons que le travail est cohérent.
L'esthétique est unie. Vous y repèrerez sans difficulté des emprunts admiratifs. On reconnaît dans la
manière d'éclairer et d'utiliser les néons de Thomas Chrétien, l'univers qu'aime Stanislas Nordey. On
reconnaît dans le goût du noir et blanc, l'atmosphère des spectacles de Joël Pommerat. Ce sont des
hommages, de grands modèles et ils sont mis en œuvre de manière intelligente.
La scénographie de Blandine Vieillot, les costumes de Mina Ly, le son de Simon Denis avec
notamment un usage des micros bien réglé, tout est de qualité et donne un ensemble d'une force
certaine.
La troupe est bonne et l'on peut même dire très bonne. Citons les comédiens qui jouent tous ou
presque plusieurs rôles. A l'exception de Richard, d'Elisabeth, Dominique Massat, de Lady
Anne, Noémie Guedj. Il y a là des présences dramatiques fortes, des moyens, belles voix, lyrisme
contenu. Très "shakespeariennes", Elisabeth et Anne.
Stéphane Mercoyrol est Marguerite et d'autre part Richmond. Un grand écart dont l'interprète se tire
excellemment mais dont on aurait rêvé que le travesti soit plus compréhensible pour qui ne connaît
pas la pièce...
Julien Buchy qui est Clarence, le Roi Edouard et la Duchesse, Anthony CourretHastings et un
assassin, Jonathan    Frajenberg Buckingham    et    un    assassin, David    Maison, Rivers,    Catesby,
Brackenbury, sont très bons précis. Précis, exaltés lorsque le "personnage" l'exige. Le jeu est fluide,
les dictions claires. Ils sont très bien dirigés.
On est d'autant plus étonné par le détachement qui va jusqu'au sentiment d'un jeu mécanique, en
roue libre qu'inspire Jérémie Le Louët lui-même dans le rôle de Richard III.
D'allure, très jeune premier ténébreux à la Samuel Benchétrit, Jérémie Le Louët tient dans son
spectacle les fils tragiques et les fils comiques. Sa vision n'est pas sans rappeler celle de Georges
Lavaudant. On devine dans son projet de jeu de très grands aînés qu'il n'a pas vu jouer sans doute, il
est trop jeune : Robert Hirsch, Ariel Garcia-Valdès.
Étrangement, alors qu'il dirige ses comédiens dans le sens d'une tension tragique, d'une émotion à
fleur de peau, d'une puissance lyrique contenue mais sensible, tout en osant le grinçant jusqu'au
comique, lui se contente tout au long de la représentation d'un Richard comme absent, détaché, très
désinvolte. Il ne laisse jamais affleurer la souffrance atroce du « crapaud du diable ». Son Richard est
énervé, cassant, inquiétant, certes, mais froid, glacial même sans tremblement dans le mal, sans
repentir. Il fait peur, très peur, mais il n'émeut pas quand il inspire une compassion certaine, tel que
Shakespeare l'a écrit.
L'usage du micro sur pied, comme s'il était le commentateur d'un parcours, comme s'il fallait faire un
clin d'oeil aux chanteurs rock, l'éloigne, évidemment.
Tel qu'on a vu le spectacle, Jérémie Le Louët nous offre un Richard cynique et joueur. Ce qu'il
est. Mais pas seulement. Le mal, chez Shakespeare, est complexe. Les mouvements contradictoires
qui déchirent le "crapaud du diable" sont bouleversants, normalement....
Que cela ne vous éloigne pas de ce travail qui est vraiment réussi et pas de doute, il y a là un
metteur en scène, un directeur d'acteurs, un chef de troupe, un artiste original.
Armelle Héliot – Déc. 12


Lire la critique de Dimitri Denorme
RICHARD III[drame]
Ne cherchez pas l’humain chez Richard. Il n’y en a pas. Réduit à son apparence difforme et diabolisé par ses pairs, le monstre ne recule devant rien ni personne pour accéder au trône. Dut-il tout détruire sur son passage et assassiner frères, amis, neveux et femme. Allégorie
du mal absolu, cette figure sanguinaire ne connaît ni borne, ni loi, ni limite. Richard III fournit à Shakespeare l’argument de l’un de ses drames les plus noirs. Comptant un grand nombre de personnages et d’intrigues, cette pièce colossale est réputée difficile à monter. Constatation qui n’a pas refroidi Jérémie Le Louët. On suit depuis quelque temps déjà le travail de ce jeune et talentueux comédien-metteur en scène. Il a un univers bien particulier
qui témoigne d’une intelligence de lecture et d’une finesse d’analyse indéniables. Rien n’est gratuit dans son travail. Tout est réfléchi et chaque choix peut être argumenté. En montant ce Shakespeare, le metteur en scène prend l’option de poursuivre la réflexion qu’il mène sans relâche sur la parole et le langage et dont on avait pu saluer la perspicacité dans ses précédentes créations. Avec « Richard III », pièce que l’on qualifierait bien volontiers de verbeuse, Le Louët ne pouvait trouver plus propice terrain d’exploration. Il a d’ailleurs préféré resserrer le drame sur les actions et les joutes verbales plutôt que de développer les longues explications politiques. Car ce sont bien l’éloquence et la force incandescente de la parole de Richard qui lui permettent d’accomplir son funeste dessein. Qu’il s’agisse de discours politique, religieux ou même amoureux : tout ce qui sort de sa bouche est corrompu. Pour faire éclater cette donnée, le metteur en scène a surtout placé au centre de son dispositif un micro, réceptacle de la parole fielleuse, idéalement utilisé. Comme toujours, un soin particulier a été apporté à la création lumière que l’on doit cette fois à Thomas Chrétien et à l’esthétique qui joue des noirs, des blancs et des rouges sang. Imparable. Dans le rôle du tyran démoniaque, Jérémie Le Louët offre une prestation remarquable. Le reste de la distribution l’est tout autant. Le recours à un comédien pour jouer une des figures féminines vient quelque peu gâcher l’épure recherchée du spectacle. Mais c’est bien la seule petite réserve que l’on peut formuler sur ce « Richard III » aussi effroyable que fascinant. ■
Dimitri Denorme Théâtre 13 / Seine

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