vendredi 23 octobre 2009

Jeunet Dany Boon et/ ou biographie certes mais travail du comédien...


La biographie n'est pas l'explication de l'œuvre. La biographie n'est pas le soutènement de l'œuvre, elle fait du bien à certaines personnes par comparaison, comme à d'autres qui peuvent avoir besoin de rester cachés. Ces autres plus intimement convaincus qu'il leur faut rester dans l'ombre des projecteurs mais qui font table d'hôte et qui ne ferment pas leur porte aux inconnus.

Le comédien s'expose plus, il s'expose d'autant il attire comme un proche mais aussi comme au lointain, un expatrié, un privilégié que l'on peut envier, contrer, puis en dilapider les vertus, les qualités, en grossir les défauts, tout mélanger, tout dissoudre.

La biographie distord la projection. Mais en aucun cas l'art est une thérapie, ce n'est pas si simple, aurais-je tendance à penser, c'est un âpre cheminement qui n'évite ni ne remplace l'analyse et qui quelquefois voir à l'opposé, multiplie les difficultés.
En aucun cas le groupe de théâtre les partenaires sont aguéris pour soutenir un travail de thérapie de groupe.
Réussir, soit mais en 50 ans d'existence c'est une succession de joies de drames de réussites d'échecs, l'humanité passe par le respect des différences, c'est la compréhension...
C'est pour l'harmonie que de savoir se protéger et soit rester soit partir ailleurs...

Quel délire ou vais-je, quelle affluence, j'écris comme je parlerai seule...
Je ne change pas de style, mais j'en bave pour cela, pour le style... de vie

Je n'en sais rien du tout, je ne sais rien du tout... mais on a tous besoin de lumière et de chaleur pas d'envie ni de jalousie = épreuves indignes, surcharge épuisante.

La victimisation entrainée par la mise en lumière de tout et un chacun fait que paradoxalement tout se mesure sans commune mesure sans temps de pause, réflexion...

-"Moi aussi, moi plus que toi ! photo -on raconte on téléphone- à quelqu'un, à personne...
car on s'assoit peu en face de quelqu'un pour l'écouter, l'aimer, le découvrir lentement, comme un beau paysage. On ne prend pas le temps de l'inviter à se raconter, à se décrire, à écrire une longue lettre qui calmerait les jeux contraires de déni et /ou d'hystérie agressive, à la recherche du premier bouc émissaire venu. On ne se proméne plus à pied lentement en devisant. Je te raccompagne. Tu me raccompagnes avec un e amie on pouvait faire des heures... la moitié de ton chemin puis la moitié du mien... et/ou en attendant l'autobus 62, 90...

Celui qui a réalisé à la base le travail qui a analysé les chiffres ou pris du temps à la base pour déchiffrer n'est pas remercié, à peine, il est attendu par d'autres qui sont retardés par ces délais d'élaboration, d'ordonnancement, de retraitement des informations. Et comme on ne connait ni les formules, ni les tables, ni les extractions, ni les outils de base, en haut lieu on remercie à peine et l'on présente : la solution finale....

A force de stress pour le respect des objectifs du mieux placé et d'ailleurs de celui qui sera le seul à en recevoir les fruits sans partage. L'employé de base aura lui un repas de fin d'année avec du champagne et des chocolats de grande marque.
A force de stress l'élastique se rompt et l'angoisse se déplace... on crie on pleure sur le dos du voisin...

Et comme point d'orgue, lisez, si vous le voulez bien, le dernier livre de Philip Roth qui lui défend avec tant d'intelligence, le devoir de discrétion et surtout le peu de rapport entre la fiction et la réalité biographique d'un romancier, J'en ai déjà parlé ici : Exit le fantôme. A son propos (celui du livre) je me suis retrouvée assise à côté de quelqu'un qui lisait le même livre que moi dans le métro. On s'est salué et puis on s'est souhaité, convaincus l'un l'autre, une bonne lecture....



"L'évidence s'est imposée avec la force d'un coup de tonnerre. Lorsque les lumières de la salle de projection se sont rallumées à la fin de son nouveau film, Micmacs à tire-larigot, la satire de Jean-Pierre Jeunet contre l'industrie de l'armement (sortie le 28 octobre), Dany Boon a "enfin trouvé (sa) gueule intéressante".


Le comédien s'est longtemps regardé autrement, dans des circonstances analogues. Là aussi, la lumière se rallumait, après une projection, ou à la fin d'un spectacle, pour un constat plus sévère : sa gueule n'était pas digne d'intérêt. Auparavant, son visage avait seulement "du caractère". Il était rebuté par l'aspect juvénile de celui-ci. Ce visage plaisait, mais ne frappait pas les esprits comme il l'aurait souhaité.

Dany Boon a commencé à percevoir les premiers effets de cette révolution plastique à l'approche de la quarantaine. Il en finissait alors avec huit ans d'analyse. Une thérapie entreprise avec vigueur, avant la naissance de son deuxième fils, dont la mère est son ancienne compagne, l'actrice Judith Godrèche. Le comédien s'est, dans un premier temps, rendu chez son analyste cinq fois par semaine. Puis deux. Aujourd'hui encore, il retourne chez sa psy, une fois par mois, "histoire de ne pas couper le lien". A 43 ans passés, Dany Boon est un fruit mûr. Sa tête lui plaît. Enfin.

Dany Boon tournait autour de cette question de l'introspection depuis le début des années 1990, période où il prend des leçons de comédie au Cours Simon à Paris. Un élève lui met entre les mains Une saison chez Lacan de Pierre Rey. Cet acte anodin bouleverse le destinataire du livre. La plongée de l'auteur dans la dépression marque Dany Boon au fer rouge. Il découvre Lacan dans la foulée. Suivent Françoise Dolto et Boris Cyrulnik. Le concept de "résilience" forgé par ce dernier se révèle une clé qui permet au comédien de forcer plusieurs portes intimes. "Renaître de ses cendres", pour reprendre l'expression de Boris Cyrulnik, est exactement ce qui se produit chez l'artiste. "J'ai eu une enfance difficile. La pauvreté m'en a fait baver", assure-t-il.

Le succès historique en 2008 de Bienvenue chez les Ch'tis, ses 20 millions de spectateurs, plus gros succès de l'histoire du cinéma français, a au moins permis d'ancrer dans la mémoire collective la biographie de son auteur. Dany Boon, pseudonyme de Daniel Hamidou, est né dans le Nord, à Armentières, ville autrefois inconnue, devenue lieu de pèlerinage.

La suite est moins conventionnelle. Le père de Dany Boon, Ahmed Hamidou, originaire de Kabylie, était venu en France poursuivre sa carrière de boxeur. Il est devenu chauffeur d'un trois-tonnes. "Tous les matins, il venait faire son plein à la station-service tenue par les parents de ma mère. Quand elle est tombée enceinte de moi, elle avait 17 ans et lui 36. Ils ont vécu dans le camion de mon père." Suivent deux petits frères, une maison de coron achetée à crédit, et "des choses très dures" qui l'amènent à quitter la maison à 15 ans.

Son père rêve d'un fils employé à la SNCF. Lui se veut artiste. Les aspirations du premier ne s'accorderont jamais avec la vocation du second. Après un hiatus de plusieurs années, le fils reverra pour la dernière fois son père, en 1992, sur son lit de mort, au moment où il recueille les fruits de son talent et commence à percer sur scène.

Au problème suscité par sa vocation s'est superposée la question de ses origines. Dany Boon a vécu le racisme des Français contre les Kabyles. Celui des Arabes contre les Kabyles. Et assumé paisiblement sa différence au milieu de ce champ de bataille. Elevé par sa mère, Danièle, dans la religion catholique, avec l'assentiment de son père, le futur comédien fait sa communion. Ce compromis n'assure pas la paix. Quand Danièle a rencontré Ahmed, une partie de la famille a refusé l'alliance avec l'immigré trentenaire. Daniel Hamidou n'existera jamais aux yeux de cette branche familiale. Ni le temps ni sa renommée n'ont modifié les choses. Les pages des journaux où apparaît l'artiste continuent encore d'être soigneusement déchirées par cette belle-famille.

Ce rejet laisse des traces. La scène sert d'exutoire à cette blessure jamais refermée. Lors de son premier grand spectacle, en 1992, au Lucernaire, à Paris, intitulé Je vais bien, tout va bien, Dany Boon se cantonne à un registre souvent tragique. Il aborde la dépression, récemment traversée ; le suicide ; la peine de mort. Une partie du public rit, l'autre quitte la salle, déconcertée par la dichotomie entre ces paroles glacées et ce visage jovial. C'était une période de sa vie où l'artiste trouvait uniquement le bonheur sur scène. Il étouffait en plein jour et attendait de retrouver la lumière des projecteurs pour respirer.

Dans l'un de ses plus célèbres sketches, Dany Boon décrit les traumatismes liés au K-Way, vêtement qui, dans le Nord, s'assimile davantage à une seconde peau qu'à un accessoire. Il y a la difficulté d'enfiler l'habit. L'impossibilité de tourner la tête. Enfin, la transpiration induite par la matière plastique. Dans Micmacs à tire-larigot, ce sont davantage l'élasticité et l'explosivité du comédien qui impressionnent. Cette capacité à conjuguer, à l'écran et sur scène, son talent de musicien, de mime et de comédien est un acquis récent. Il n'y a plus de K-Way pour entraver sa liberté de mouvement.

Son comique cérébral sur scène reposait autrefois sur une inventivité linguistique et une voix dont il parvenait à tirer parti des étonnantes potentialités. Qualités voisines de son maître et ami Raymond Devos, forgées par une discipline de fer. "Il peut travailler à n'importe quelle heure, tout le temps, raconte sa femme, Yaël. C'est déconcertant, il peut se lever à 5 heures du matin, mais il faut faire avec." Il manquait encore à Dany Boon l'étonnante souplesse de corps de Raymond Devos. Aujourd'hui, à force de travail, l'auteur des Ch'tis possède une gestuelle comparable à celle de son mentor. Jean-Pierre Jeunet évoque au sujet de Dany Boon " un Bourvil moderne, un grand acteur susceptible de tout jouer". Le comédien en est désormais convaincu, conscient d'avoir la gueule lui permettant de relever ce pari."


Samuel Blumenfeld

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