La "cinéphilie", c'est pour certains comme une maladie honteuse, du trop bien manger, du trop bien vivre, du trop bien voir, du riche cultivé... et j'entends "oh mais moi je ne suis pas cinéphile..."
comme si on parlait d'une perversité sexuelle comme si toute la sexualité redevenait perversité...
Être connaisseur amateur nécessite qui sait de déborder sur la nuit, de se lever tard et d'exercer un œil un peu critique sur tout y compris la politique....
Donc il est de bon ton de déclarer pour donner le change : je ne suis pas cinéphile, pas théâtreuse, pas œnologue, pas intellectuelle, ça va ! je peux passer....rester dans votre service, en votre compagnie...
Bref ne délirons pas vers un film catastrophe, vers le simplisme voulu et abouti le plus pessimiste mais attention quand même...
Donc je vous disais qu'aller au cinéma soit mais il n'est pas interdit non plus de regarder mieux un film et de demander pour cela à des érudits de vous desciller les yeux comme à Jean Douchet, pour le cinéma, pour la Colombie, y voir mieux... d'après qui sait en plus la création littéraire.
et donc je vous ai trouvé chers habitants de Lyon puis de Besançon car cette manifestation se déplace vers Besançon un RDV d'amoureux du cinéma sur un de mes réalisateurs préférés Barbet Schroeder avec ce grand connaisseur devant l'infini : l'univers cinéma : Jean Douchet. Gracias a la vida de m'avoir fait rencontré des gens comme ceux là...
plutôt que certains "gens" de proximité... de"ces gens-là" chez qui on ne pense pas mais on "lynche"....
Rencontre avec la Cinémathèque Jean Douchet à Dijon
Barbet Schroeder : La fascination de l'interdit...
par Lydie Reversat | dijOnscOpe | sam 14 nov 09 | 09:06
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"Après avoir accueilli André Téchiné et Arnaud Desplechin en 2007, la Cinémathèque de Dijon a reçu le réalisateur Barbet Schroeder, jeudi 12 novembre pour une projection de "La Vierge des tueurs". Rencontre entre ce réalisateur atypique, Jean Douchet (critique et historien du cinéma) et le public dijonnais. Fragments d'une rencontre au sommet du 7e art...
Nouveau vivier de la culture cinématographique, la Cinémathèque de Dijon Jean Douchet, créée en 2007 par l'association dijonnaise AdKamera, a débuté sa rétrospective sur Barbet Schroeder en septembre à Tournus. Elle fait escale à Dijon au cinéma Devosge le temps de quelques projections et d'une rencontre avec un réalisateur atypique : Barbet Schroeder, l'homme de cinéma à multiples casquettes. Dans la salle 1 du Devosge, le public dijonnais est venu nombreux pour découvrir "La Vierge des tueurs" et débattre autour du film en présence de son réalisateur et de Jean Douchet.
Les mots d'ouverture de Nicolas Petiot, directeur de la Cinémathèque de Dijon
"C'est une soirée exceptionnelle, nous avons l'honneur de recevoir Barbet Schroeder, l'un des 10 plus grands réalisateurs au monde aujourd'hui. La rétrospective en son honneur a débuté en septembre 2009 et se déroulera jusqu'en janvier 2010 en Bourgogne et en Franche-Comté (...). Nous voulons faire le maximum pour présenter son travail et qu'il discute avec vous. C'est un réalisateur particulier, à l'œuvre atypique et exigeante. Ses derniers films n'ont pas eu le succès qu'ils méritaient ; nous tenons à présenter son travail pour le réhabiliter".
B. Schroeder et "La Vierge des tueurs"
Barbet Schroeder fait partie de ces réalisateurs à la carrière singulière : étude de philosophie à la Sorbonne, passionné de cinéma, il fait l'expérience de la Nouvelle Vague et devient critique aux Cahiers du Cinéma. En 1963, il fonde sa société de production avec Éric Rohmer : Les Films du Losange. Tour à tour réalisateur, critique, producteur, et scénariste, ce monsieur du cinéma à multiples casquettes devient même parfois acteur, comme dans les comédies de Wes Anderson. Partagé entre la France et les États-Unis, il écrit et réalise pour le cinéma américain en mettant en scène de nombreuses stars hollywoodiennes tels Mickey Rourke, F. Dunaway dans "Barfly" en 1987 ou Jeremy Irons dans "Le Mystère Von Bulow" en 1990 (cité aux Oscars et aux Golden Globes).
Singulière et exigeante, l'œuvre de Barbet Schroeder est tendue par une mise sous tension permanente, par une logique de fascination pour l'interdit. Son cinéma expérimente les limites et traite l'emprise sous toutes ses formes. Réalisée en 2000, "La Vierge des tueurs" raconte l'histoire de l'écrivain Fernando Vallejo qui, après 30 ans d'absence, revient à Medellín. Dans un bordel de garçons, il rencontre Alexis, qui a seize ans. Originaire des quartiers pauvres, l'adolescent tue sur commande.
Le film est un drame dans lequel la violence urbaine, la guerre des gangs et la cocaïne sont omniprésentes. "Jeux de massacres" pour certains, "mélodrame vénéneux" ou "mélopée morbide" pour d'autres, mise en lumière par le réalisateur lui-même et Jean Douchet...
A l'origine, un coup de cœur littéraire
Barbet Schroeder : "Si on fait des films à Hollywood, on n'en sort plus. Je voulais faire connaître le monde et ne pas oublier mes racines. J'ai rencontré l'écrivain Vallejo pour lequel j'ai véritablement eu un coup de foudre, il est l'un des plus grands auteurs colombiens d'aujourd'hui. Ce fut le même coup de foudre avec Buckowsky pour "Barfly" ; j'ai lu ses œuvres et ensuite, je l'ai rencontré pour savoir si on pouvait faire un film ensemble.
Le personnage est là pour des raisons de famille, il est entre deux, il est de passage. Il a des tendances monastiques de par son éducation qui lui a inculqué la simplicité et le dépouillement. Son appartement et ses vêtements, son blouson de journaliste, toujours le même. C'est un des éléments du personnage. J'ai essayé de faire en sorte que les gens qui connaissent Vallejo le reconnaissent tout de suite (...) C'est quelqu'un qui a connu cette ville et qui y revient mais il ne la reconnaît plus. Tout a changé. Il y fait un inventaire. Moi, j'avais le choc de retrouver cette réalité changée car j'y revenais plus souvent. Avec une nouvelle génération de jeunes, les codes sont différents, le milieu aussi et cela devient quelque chose de profondément étranger.
Dans le livre, il part à la fin. Mais là, je tenais à ce qu'il reste. C'est une parabole du reste de la planète, on ne s'en sort pas comme ça. Il tire les rideaux de son appartement. On peut imaginer une dépression, un suicide ou l'espoir qu'il retombe amoureux".
Un tournage en Colombie risqué, le miracle du cinéma ?
"C'est l'entreprise la plus folle au cinéma que j'ai faite. Je ne savais jamais si j'allais pouvoir finir le film ou non. Dès les quinze premiers jours, je devais avoir tous les plans essentiels. Il fallait des gardes du corps, tant pour l'équipe que pour l'équipement. Le film est une version très édulcorée de la réalité. Comme un boléro ou une belle histoire d'amour, il est plus beau que le réel. Pendant le tournage, j'ai tenu un journal dans lequel je notais tous les événements que je voyais, une accumulation d'anecdotes effrayantes. Je voulais témoigner et faire de la ville Medellin, un personnage à part entière. C'est un premier film en haute définition, j'ai pu faire certaines scènes avec 3 caméras. J'avais l'impression de faire un film insensé : sur un auteur colombien, avec une équipe colombienne en étant étranger ! C'est une aventure sur tous les plans, techniques et humains. Mais le miracle s'est produit et c'est un de mes films préférés".
La version hilarante du scenario, le scandale à la sortie en salles
"Pendant le film, j'ai fait au minimum. J'ai dit que je travaillais sur des auteurs colombiens et qu'on recréait certaines scènes de leurs livres. J'avais même une version hilarante du scenario : c'était un prêtre qui demandait à un jeune homme de rentrer dans le droit chemin. Nous avons tourné dans la clandestinité, sans demande d'autorisation. A sa sortie, le scandale a été épouvantable avec un phénomène nouveau : les gens se sont reconnus, le film a eu un succès énorme. D'abord aidé par le scandale, puis reconnu. On est resté le plus loin possible des autorités".
La Colombie, triste miroir de la réalité
"Nous avions peu de moyens avec la caméra vidéo mais les dialogues étaient écrits à la virgule près ; c'est le génie de l'écrivain, les dialogues allaient comme un gant aux comédiens. Je voulais jouer à fond sur ce que l'image apportait, c'est-à-dire que tout était net. On avait toujours la présence de la ville à l'image avec sa géographie particulière, les gens pauvres qui vivent sur des collines, à l'inverse d'Hollywood. J'étais au plus près de la réalité. Pour la dernière scène, j'ai carrément filmé dans une morgue avec des cadavres.
Si vous voyez un film fait par des jeunes gens à Medellin, vous verrez qu'il y a beaucoup de morts au générique. C'est le pourcentage de survie dans ce milieu-là ! C'est comme une guerre là-bas !".
La Colombie, le paradis des cinéastes ?
"Je ne me suis toujours pas remis du tournage. Je retourne là-bas quand je peux. Le film a suscité des réactions intenses et, en Colombie, on peut en mourir. Je ne pouvais pas y revenir tout de suite, mais après 4 ou 5 ans, j'y suis retourné. C'est l'intensité de la vie, une joie qui devient comme une drogue. J'ai d'ailleurs plusieurs scenario déjà prêts. La Colombie est une mine d'or : des conflits en permanence, des sujets de films tous les jours. Pour moi, c'est le paradis des cinéastes".
Le pape, la religion et le cinéma
"L'écrivain Vallejo est comme Luis Bunuel. Élevé dans la religion avec une éducation extrême, puis, il s'est rebellé et est devenu une des personnes qui attaquent le Christianisme, comme dans l'un de ses derniers ouvrages "La Puta de Babilonia", dans lequel il fait une attaque spectaculaire du Christianisme. Il y décrit tous les crimes et les horreurs venus avec l'église catholique.
Le Christ colombien est souvent représenté à quatre pattes, il est effrayant. J'ai d'ailleurs une anecdote amusante lorsque "La Vierge des tueurs" a été présentée à la Mostra de Venise. Vallejo est issu d'une famille de 17 enfants. En Colombie, les familles sont nombreuses et c'est l'un des plus grands pays catholiques du monde, un pays où l'on fabrique des pauvres. A Venise, Vallejo s'est adressé au pape : "C'est à cause de vous qu'il y a tant d'enfants !" et il a défié le pape d'adopter 100 000 colombiens !... "
La dialectique de la vie et de la mort
Barbet Schroeder : "Le film, c'est surtout l'amour ou comment on peut faire jouer le rôle de l'aimé à quelqu'un d'autre.
Jean Douchet : C'est un film technique. La présence d'une mort violente permanente donne une volonté de vivre et un désir profond de vie. C'est un film à catastrophes mais aussi de volonté de vivre. Il n'est pas optimiste mais il donne et transmet le goût de la vie.
Barbet Scroeder : L'idée de la mort est là. L'idée du suicide aussi. Mais il y a aussi l'amour et la vie, il y a les deux éléments. Il est vrai que le personnage avoue ne pas avoir peur de la mort mais le mélange est bien là".
L'homosexualité, encore tabou ?
Jean Douchet : "Il y a une dualité obscure qui traverse le film. Vallejo est issu de la grande bourgeoisie, on retrouve ce côté aristocratique et esthétique dans Mort à Venise de Visconti. A l'inverse, son amant et les jeunes qu'il rencontre viennent du peuple, ils sont pauvres. Vallejo apprend à les découvrir et il est sauvé par eux.
Barbet Schroeder : J'ai abordé son homosexualité de manière très naturelle : simple, honnête et sans arrières pensées. Il y a bon nombre de festivals où j'ai entendu le film taxé de pédophilie, une hystérie d'aujourd'hui. Cette espèce d'angoisse moderne qui vient se superposer. J'étais sur des eaux dangereuses. A Venise, un membre du jury a menacé de démissionner si on me donnait le prix !...
Jean Douchet : Ce que j'aime beaucoup, c'est très simple, que l'on soit homosexuel ou non. On a des rapports avec des êtres vivants".
Un message particulier ?
"Les messages, il vaut mieux les envoyer par Western Union ! Le film est vraiment un film du 21e siècle. Sombre, nihiliste, très désespéré qui annonce la "colombinisation" de la planète. Les groupes de jeunes, l'identification à des marques de vêtements, tout ce qui est une réalité mondiale".
"Inju, la bête dans l'ombre" : "une expérience démente" !
"C'est l'entreprise la plus démente faite. L'idée d'aller tourner au Japon, avec une équipe exclusivement japonaise et un acteur français, Benoît Magimel. C'est quand on croit qu'on est dans l'impossibilité de finir le tournage. C'était le cas dans la Vierge des tueurs. Avec Inju, il était difficile de savoir si nous allions arriver au bout du film. C'est une expérience aussi démente que la Vierge".
Un regard sur la cinémathèque ?
"Pour moi, une cinémathèque est absolument vitale et essentielle, plus qu'un cinéaste ! Toutes les cinémathèques du monde luttent pour une même cause : les compteurs sont toujours remis à zéro, il faut les faire vivre et alimenter ce travail de création et de rencontres".
Infos pratiques :
Pour ceux qui auraient manqué cette rencontre d'exception, la rétrospective se poursuit.
Nouvelle projection d'"Inju, la bête dans l'ombre", mercredi 18 novembre au cinéma Devosge à 20h30.
La rétrospective s'achèvera en janvier 2010, au Théâtre de l'Espace à Besançon.
D'ici là, la cinémathèque de Dijon (future cinémathèque de Bourgogne) poursuit son travail selon 4 pôles d'action : diffusion, conservation, documentation et pédagogie !
Avis à tous les cinéphiles !
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