mardi 10 novembre 2009

Lev Dodine, encore et à propos de la Chute du Mur...

Ils ont parlé sous leur parapluie de la chute de tous les murs... de la fête de la liberté,
chacun en représentation internationale...
avec reproduction sur grands écrans et petits écrans on ne sait plus où regarder et comme pour les concerts que je déteste dans les stades genre de France, où l'on ne voit plus rien de la réalité des musiciens chanteurs, sans avoir recours aux grands écrans... Mieux rester chez soi à regarder le DVD. Il faut un minimum d'intimité pour partager l'essentiel, zut ! vive le théâtre. Et donc ces ectoplasmes politiques ont commémoré la liberté et l'un d'entre eux a parlé bien-sûr du mur de la pauvreté. Et je me suis dit, il a fallu combien de temps pour abolir une forme d'esclavage et pour la réinventer. Marguerite Yourcenar écrivait qu'entre l'esclavage chez les Romains et la pauvreté générée par le capitalisme et l'industrialisation... il y avait aucune mesure, abolir le mot quand on sait que le pire est à venir...
Comment peut-on supporter tant de pauvreté ??? Comment peut-on hésiter un instant, il faut abolir la pauvreté "tout autour de la terre"...



Ce grand metteur en scène russe à mon avis, selon moi, mais il faut absolument que j'aille véritablement voir une de ses mises en scène, au moins une, le sait lui, comment épingler avec tout l'art dont il a été capable pour que le monde intellectuel se tourne vers lui, le sait lui, dénoncer, les incongruîtés humaines, les grands écarts, à travers tout son patrimoine : la Russie. Aller faire un tour plus loin qu'à Berlin à St Pétersbourg... souvenirs à travers mon espace planète Terre, ville de mes villes avec Beyrouth, Istanbul, Bruxelles...


UNE RÉTROSPECTIVE THÉÂTRALE MAGISTRALE
La Russie selon Lev Dodine
Cette année, pour la saison 2009 – 2010, la MC 93 de Bobigny met à l’honneur le travail de Lev Dodine. Plus qu’un hommage, c’est surtout l’occasion de découvrir ou de redécouvrir l’univers de cet homme de théâtre connu dans le monde entier, inventeur talentueux d’une forme d’introspection de son propre pays qui a traversé le 20ème siècle en oscillant entre tragédie et utopie, drame et espérance, euphorie et douleur.

Publié le 31 octobre 2009 Julie Laval
sur FRAGIL ORG
Le parcours d’un créateur atypique

Lev Dodine, qui a consacré toute sa vie au théâtre et qui a essayé, à travers son art, de comprendre et de retranscrire l’histoire de la Russie, naît en Sibérie en 1944, où le communisme régnait encore et où la guerre commençait à s’essouffler. Lev Dodine a vécu toute sa vie à Leningrad / Saint Petersbourg. A sa sortie de l’institut de théâtre, il monte déjà des œuvres russes : Ivan Tourgueniev, Aleksandr Nikolaïevitch Ostrovski ou Fedor Dostoïevski. En 1983, il prend la direction d’une petite salle de sa ville, qui dépend de la région de Leningrad : le théâtre Maly. Six ans plus tard, ce théâtre est mondialement connu. Les pièces qu’il monte lui apportent une reconnaissance mondiale et le travail qu’il effectue attire les foules dans les pays du monde entier. Il puise son inspiration en grande partie dans le patrimoine littéraire russe. La France lui offre l’opportunité de présenter à nouveau son travail, que l’on avait déjà pu découvrir à Avignon. Il poursuit son enseignement à l’Académie théâtrale de Saint Petersbourg où il enseigne depuis plus de trente-cinq ans et continue par ailleurs de diriger le théâtre Maly.

L’homme face à l’Histoire

Son art est devenu incontournable et désormais nul ne pourra prétendre passer à côté de cette opportunité que lui offre la MC 93, qui permettra à tous de découvrir le travail artistique effectué avec l’acharnement qu’il met au service de son pays. Plus qu’un travail purement esthétique, Lev Dodine revisite l’Histoire de la Russie qu’il n’a cessée de restituer au service de la scène théâtrale en utilisant tous les supports littéraires. Pièces classiques (la pièce sans nom inachevée Platonov, et Oncle Vania de Tchekhov), pièce contemporaine ( Les étoiles dans le ciel de l’aube d’Alexandre Galine), et quatre grands textes romanesques adaptés spécialement pour le théâtre ( Frères et sœurs de Fedor Abramov, Les démons de Fedor Dostoïevski, Tchevengour d’Andreï Platonov, et Vie et destin de Vassili Grossamn).

Voilà un programme éclectique, audacieux et sulfureux qui nous plonge dans la destinée d’un pays qui a connu tous les grands bouleversements historiques et idéologiques de l’Histoire du XXème siècle : révolution, misère, famine, dictature, terreur, torture, déportation, goulag, guerre mondiale et civile, système totalitaire, reconstruction et résurrection. Face à ce parcours chaotique, il fallait un maître de taille pour restituer les tourments de son propre pays.

"C'est un théâtre qui ne juge pas, mais qui donne à voir. Un théâtre qui cherche l'homme dans l'homme"
Lev Dodine et son équipe (plus de quarante comédiens) donnent à voir l’âme humaine dans les situations les plus extrêmes et dramatiques, prenant le public à témoin, précisant bien que « c’est un théâtre qui ne juge pas, mais qui donne à voir. Un théâtre qui cherche l’homme dans l’homme ». Pas de vision manichéenne donc mais l’exploration presque impudique de l’humain, de sa complexité, de ses contradictions.

Par le choix des auteurs, Lev Dodine inscrit sa recherche artistique non seulement dans une continuité (mises en scènes du plus russes des dramaturges : Tchekhov), mais aussi dans une découverte (présentation d’une pièce contemporaine d’Alexandre Galine) mais il se place également en novateur grâce à l’adaptation de quatre romans dont les plus connus Les démons de Dostoïevski et Vie et destin de Vassili Grossman dont il ne faut pas oublier qu’il fut censuré, interdit de publication, « confisqué » par le KGB, et que l’on retrouvera miraculeusement, des années plus tard, dans des archives mal rangées et innombrables. Cette trouvaille relève de l’incroyable et nul n’aurait pu espérer retrouver ce manuscrit si précieux.

Une création qui explore le passé

Lev Dodine utilise à son propre compte des œuvres magistrales pour se présenter finalement comme un témoin capital du passé chaotique de la Russie. Entre Dostoïevski, qui perçut avant tous la menace totalitaire, ainsi que la pensée nihiliste (largement exploitée dans toute son œuvre) et Vassili Grossman un siècle plus tard qui tentait de rendre compte des conséquences d’un régime de terreur mettant en parallèle nazisme et stalinisme. Lev Dodine s’empare de ces auteurs et d’autres, mettant à nu les procédés classiques et traditionnels de la scène. Car chez le metteur en scène russe, les comédiens s’emparent avec rage de la scène, jouant avec leurs tripes, le maître mettant de côté une recherche esthétique lourde et inutile pour faire exploser une vérité et une richesse de jeu qui laissent le spectateur coi et le placent non seulement face à l’Histoire mais également face à une mémoire.

Car qu’est ce que le théâtre, sinon une exploration de questions auxquelles on ne prétend pas apporter de réponse ? Pour Lev Dodine, le message est clair : il ne faut pas oublier. Et la scène sert à cela. Il est un artiste atypique, qui dérange, car son œuvre de créateur scénique et dramaturgique s’allie à un côté forcément subversif. On ressort ébranlé d’un spectacle de Lev Dodine et surtout il ne se place pas en tant que moralisateur mais pour rappeler que le théâtre c’est avoir le courage de se confronter à ses propres fantômes et de les exorciser.

Julie Laval

du 07 novembre au 06 décembre 2009.
MC 93 Bobigny. 01.41.60.72.72.
www.mc93.com

Photos DR

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