lundi 31 octobre 2011

Philippe Gaulé

Je viens d'apprendre par hasard par ce réseau tant décrié comme un égout ou comme une poubelle où serait déversé sans tri le meilleur comme le pire avec un degré d'auto censure et de censure tout court, que le pire est arrivé, le décès d'un copain de cours de théâtre : Philippe Gaulé et depuis je le sais c'est malsain, ça veut dire quoi ce mot ? je me repasse en boucle cette vidéo.
C'était un suicide m'a dit depuis Norah Krief.
Il est toujours sur FB, il a tourné dans 2 films Welcome et Les Émotifs anonymes, mais surtout il a joué au théâtre.
C'était quelqu'un pour moi,  entre élégance et clown pour enfant très secret sur ses amours disaient certains, d'autres sur sa sexualité. Asexué Héréro Homo, et si on n'est pas dans une des trois catégories on est où ? nulle part c'est cela les cases de la vie d'artiste. Ne rien cacher, eh ! bien lui l'était pudique. Sa famille était de Vert-Galant pas loin de Mitry-Mory, Vaujours où habitait ma grand-mère frontière entre le 77 et le 93. Je sais je savais que de sensibilité et d'écoute du public, nous étions proches, il avait un phrasé ou d'autres diraient un naturel, un style bien singulier. Il jouait la tragédie comme le jeu du clown, il était sans masques. Les ruptures, l'invention, c'était une présence, un acteur-auteur fait pour les bouffons de Shakespeare. Un charmeur qui s'en excusait déjà, un attaqueur de besognes et un lunaire. Au cours, on disait de lui qu'il était un des meilleurs, il se refusait à faire partie de la cour des profs... C'était un lucide et pourtant toujours en manque de reconnaissance. Il était méfiant. Beaucoup le disaient caractériel car il posait beaucoup de questions. C'était un défenseur, il m'avait défendue quand le prof m'avait cassée une fois sur mon physique...
J'ai écrit sur FB sans attendre de venir ici :
C'est la vie des élèves de cours de comédie.... un jour elle s'arrête la comédie. On s'est trouvés très proches et puis lointains, on ne se retrouvait pas, sans une certaine émotion. C'est, c'était ! quelqu'un de fragile : la preuve et qui s'attaquait à toutes les autorités. Il débordait de talent. On a été forgés à une dure école, celle de Bernard Ortega... les mêmes années avec Catherine Piétri, Pascal Andres Jean-Michel Daganaud, Bruno Mercier, Norah Krief, son frère....

vendredi 28 octobre 2011

L'importance d'être Wilde au Lucernaire

 sur http://www.fousdetheatre.com/tag/critique+l%27importance+d%27%C3%AAtre+wilde+th%C3%A9%C3%A2tre+du+lucernaire
une première critique d'un fou de théâtre, et la mienne? j'y suis allée le soir de la 1ère avec my "Babalove"(comme chante Arthur H) et je vais y retourner, infiniment... attentive, c'est quand même incroyable après tant d'années de voir encore du nouveau, dans le polish d'une mise en scène et d'y tomber avec larmes et rires, comme aux premières créations dont je ne profitais pas autant puisque j'y étais dedans... Je lève mon chapeau à tous ces faiseurs de théâtre, à eux 2 3 4,  pour le large public... comme quand on ne voit que la mer et le ciel confondus à l'horizon....!?

conversation imaginaire entre 2 amis dont Nathalie, c'est pour cela le blog : pour converser en imagination......
-ça vient faire quoi, là ? le ciel et la mer !
-à cause du bleu des mers du sud de l'affiche, du flyer, un souvenir des plages,  des casinos... le théâtre des Philippe HONORÉ ET PERSON me rend comment dire
quand j'arrive plus À ME LEVER MATIN
heureusement plus compréhensible et comprise de moi-même
je suis rasée par l'humour chaque jour soit disant des cyniques, dans cette sale flotte ambiante de malentendus et d'humiliations,
l'intelligence l'esprit les bulles de poésie et l'affectif y sont condamnés comme par avance par l'arrogance.
ça y est t'as pigé ? je suis confuse dans mes mélanges de bulles, va écouter ses aphorismes à Monsieur Wilde, des traits d'unions... des points de suspension par excellence.... exclamation, interrogation. Ponctuation élégante et pourquoi pas un peu ridicule
-le ciel et la mer y sont confondus ? ça je n'ai pas compris.... le rapport
-je respire mieux depuis et j'accepte l'idée que nous tous nous devons mourir, mais que cela n'empêche pas que je suis en colère profondément derrière un sourire véritable....
-bon, je vais y aller ! si j'ai bien compris plutôt 2 fois qu'une !
-voilà... ça te fera du bien, simplement
-et Pascal, il a aimé?
-oui et il y retourne...
-bon là c'est sûr, j'y vais...




ADAPTATION DE PHILIPPE HONORÉ
MISE EN SCÈNE DE PHILIPPE PERSON
DÉCOR DE VINCENT BLOT
LUMIÈRES ALEXANDRE DUJARDIN
ET LES ACTEURS : EMMANUEL BARROUYER ANNE PRIOL PASCAL THOREAU

COSTUMES D'ANNE PRIOL & EMMANUEL BARROUYER

Sur FB j'ai écrit :
C'est trop court, l'importance d'être Wilde.... Monsieur Person, j'ai lu cela quelque part.... pas assez "déjanté" mot tarte à la crème, d'autres ont dit, "c'est super c'est le Wilde anglais retrouvé, quel humour, des 1ères scènes et puis c'est un hommage au théâtre !!!!!!
à l'intelligence l'art l'amour de la beauté réduite aux acquêts...

récit de ce qui m'a le plus touché:
un coup de chapeau donné lors du jugement : Wilde tout le monde est prêt à le lyncher, à sa sortie du tribunal, de plaignant il est devenu coupable, et un ami seul s'interpose et lève son chapeau devant lui.....
C'est le but, le public déjà s'approprie le spectacle, prêt à acheter les livres, à voir les pièces, à partager QUOI ? À renouer des liens subtiles d'avec la beauté, du jouir librement et puis seulement après voir avec l'humilité.
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Comment peut-on arriver à susciter l'envie la jalousie ..... il y a des époques où plus rien n'attache que le moralisme de mauvais aloi. Wilde c'est contre...
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mercredi 26 octobre 2011

ENTREZ LIBRE(S) : DEMANDEZ LE PROGRAMME au Lucernaire le 7 Nov à 19h!

ENTREZ LIBRE(S) : DEMANDEZ LE PROGRAMME!

encore un RDV singulier du Lucernaire que je ne manquerai sous aucun prétexte. C'est comme un bon feuilleton, les gens qui cherchent encore ce que c'est un feuilleton au théâtre moi ça y est, j'ai trouvé.... et puis avec chaque épisode indépendant....
tampon ok noir.jpg
Lundi 7 novembre 2011 à 19hUne manisfestation exceptionnelle conçue par les compagnies en résidence
Le Programme CULTURE des candidats à la présidentielle, de gauche à droite

Nous avons épluché les programmes des candidats à la présidentielle en matière de culture. Nous vous les livrons pêle-mêle, à charge pour chacun d’entre vous de découvrir quels en sont les auteurs. Rejoignez-nous nombreux au Lucernaire pour ce nouveau rendez-vous des compagnies en résidence.

Vincent Colin, Laurence Février, Sarah Gabrielle, et Philippe Person

Réservation indispensable auprès de :christine.programmation@lucernaire.fr

samedi 22 octobre 2011

Hors Satan UN FILM QUI ME HANTE comme un tableau

Comme un tableau original, dont on n'arrive pas à se séparer lors d'une grande exposition au milieu des tas d'autres et avec une foule qui vous dérange tant que vous êtes prêt à crier, à hurler. Le lendemain j'ai cherché un gilet qui ressemblait à celui de la demoiselle, et je sais que mon compagnon a le même gilet zippé bleu délavé, que le personnage masculin, ni dieu ni diable et si déroutant. La jeune femme à la peau si blanche et sans être gothique. Bien-sûr on pense à Pialat à Dreyer Ordet et moi j'ai pensé à Thérèse de Cavalier et aussi à un film inspiré d'un roman de Carlo Ponti : Le Christ s'est arrêté à Éboli, de Francesco Rosi. Les paysages du Nord Pas de Calais, sont aussi beaux que ceux du sud de l'Italie filmés par Bruno Dumont.
une deux critiques et des photos... voir sur site du Monde, une vidéo de la BO qui contrairement au film est sous musique.
http://cinematheque.over-blog.net/article-critique-hors-satan-de-bruno-dumont-81034539.html
http://www.lemondedesreligions.fr/culture/hors-satan-19-10-2011-1971_112.php 

Souvent on me demande, c'est quoi la différence entre le jeu cinéma et le jeu théâtre, aller voir ce film, et comment la caméra dénude le visage, de tout surjeu.
Les films auxquels je fais référence avec des acteurs comme Catherine Mouchet dans Thérèse,  Gérard Depardieu et Sandrine Bonnaire dans Sous le soleil de Satan, sont creusés dans la même veine du marbre.

mardi 18 octobre 2011

LES FEMMES SAVANTES au Lucernaire atelier mise en scène de Philippe Person

première : dimanche 20 novembre à 20h
deuxième : dimanche 4 décembre à 20h
troisième : dimanche 11 décembre à 20h.
Réservations absolument au 06 43 24 94 20 auprès d'un comédien de la Troupe : Paul Derôme

Notre atelier la troupe de l'Autre Scène, pour des femmes savantes, comme sur un ring.....
la charge des Walkyries....
au Lucernaire à 20 h j'ai hâte d'y être
avec Grégory Guillotin, Claire Frayssinet, Vincent Agius, Paul Derôme, Hélène Dadoune, Pascal Ponsart, Francine Keravel, Antoinette Mussier, Eric Amis, mis en scène par Philippe Person, assistante Nathalie Feyt






Les conflits de génération sont réservés aux personnes qui ne veulent pas avancer l'une vers l'autre.... Avec vous et Molière on a tous été : Ariste, un peu magicien,
Trissotin, un peu fat suffisant en y prenant plaisir avec un petit groupe de convaincus, prendre plaisir à avoir de l'ascendant sur le différent, l'étranger l'intrus,
Philaminte donnant autant facilement de l'amour et de l'humiliation,
Armande, Mademoiselle je sais tout car cachant sous un ego sur-dimensionné du dépit amoureux,une Henriette enfin limpide car amoureuse et prêt à tous les avenirs, mais avant tout présente,
Clitandre : ayant tous les courages et puis un peu maladroit rouleur de mécaniques car épris,
Belise folle de ses sens éprise du genre masculin dans toute sa puissance pour fuir d'autres conflits...

et sage après avoir été casanier suiviste et sans opinion, soit disant par amour, comme Chrysale, répétant sans arrêt : comme tu voudras....

et assistant homme et/ou femme orchestre comme le comédien Éric Amis qui joue pas moins de 3 rôles, Martine, Vadius et le notaire maladroit, en s'amusant comme un diable d'enfant, avec tous ces accessoires, dont son texte su au cordeau, depuis bien des lustres....

samedi 15 octobre 2011

WILDE AU LUCERNAIRE PAR LA CIE P.PERSON


Comme elle est belle l'affiche recto, de la couleur de mes chaussettes(ceux qui les connaissent apprécieront), je savais bien que j'étais un peu dandy. Ah ! cela me rappelle ma jeunesse, les dandys cultivés, pleins d'humour corrosif, contagieux de leur esprit et de leur culture, si ce monsieur était rentré étudiant pour venir travailler l'été dans mon bureau, j'aurais été amoureuse immédiatement de lui.
La partie cachée, verso, ombrée, écrite noir sur bleu des mers du sud, bleu de tous les voyages, de tous les espoirs, autour de "sa chambre", comme les véritables, autour de notre terre, c'est qu'il a été emprisonné pour ses tendances homosexuelles et qu'il est mort dans la misère, miserere, comme une dame aux camélias.

Vous avez réservé.... moi j'y serais à la 1ère. Je vais rire aux larmes en secret avec toute une salle, qui pour la soirée, seront mes complices. Vous comprenez pourquoi le théâtre, tel un buvard, tel un divan, repose boit et remet en lumière, en question, tous les extérieurs, périphériques, pressions, stress incompréhensions chroniques, injustices. Comme une manifestation, intime.
20h à partir du 26 octobre tous les soirs et 17h le dimanche, relâche le lundi.



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ma critique, mes critiques, je les ai toutes faites au metteur en scène, elles portaient sur des détails plus pour montrer que j'étais aux aguets sur mes arêtes comme yoghi sur des aiguilles, que j'ai une qualité d’œil extérieur. Mais c'est difficile car je suis entrée comme en contact fusionnel par plusieurs bouts à la fois : la mise en scène, la création, le décor de Vincent Blot, le personnage principal, les comédiens, leurs ruptures, les aphorismes, le coup de chapeau, les mamours, les amours, le temps qui passe pour arriver à la tombe, l'auteur abordé. Une envie de tout lire depuis me démange. Et je me rends compte combien il m'a manqué Oscar Wilde. Voilà j'ai retrouvé le moral et pourtant j'ai comme perdu un peu mes parents, le petit chat est malade et je n'ai toujours pas de projet, bien précis. Je déménage pour mon boulot alimentaire à la Défense... Sur quel bateau, on est embarqué ?! avec ce spectacle fusillant de son œil allumé et de son esprit aiguisé, on sait ; on arrête comme de prendre froid pour un oui pour un non, de se poser mille questions futiles, et l'on a pas de complexe à dévorer la vie un peu moins et à réfléchir un tout petit peu pour commencer à déranger l'ordre des choses tellement bête....










jeudi 13 octobre 2011

c'est quoi Zouc ?

Quelqu'une de mes amies, très proches, m'a demandé c'est quoi Zouc ?
C'est un peu comme Denise Gence, ce n'est pas du tout de sa génération, il faudrait qu'elle demande à ses parents, mais ils sont plutôt branchés sciences !?
Zouc c'est une sorte de bâton de marcheur côté coeur, c'est pas une fausse !
Zouc avec Pauline Carton et justement Denise Gence m'ont faite... et aussi une allemande qui jouait dans Bagdad Café. Marianne Sägebrecht. Le point commun, c'est que toutes les deux ont tourné avec Michel Piccoli.
Zouc elle faisait des one woman show extraordinaires !? à partir des années 70, voir Zouc au moins une fois ça été, une de mes priorités respectées comme d'aller voir Barbara, 2 fois de suite à Bobino, parce que je n'avais rien d'autre à faire ? qu'est-ce qu'on pouvait faire d'autre, voir Zouc et pas mourir... c'est un peu cela...une priorité vitale comme habiter Paris et faire du théâtre bien plus tard qu' à la sortie du lycée. J'étais comme elle aux prises avec la bouffe, le Manger, je dissimulais ma silhouette massive, sous de grandes robes à fleurs qui ressemblaient à des nappes indiennes... contrairement à elle toujours en noir sur scène, qui s'identifiait à une petite fourmi, sur le chemin de l'école. Comme elle aussi j'ai une voix qui part dans des aigus à réveiller tous les indifférents, à énerver tous les hystériques.
L'octave le plus étendu chez les acteurs hommes c'est Depardieu, le père et aussi c'était un peu le fils et Jacques Villeret.
j'ai recopié d'un blog de ses nouvelles, je lui envoie une prière une plume un entre deux larme et rire, une ballade au bord de mer faîtes qu'elle puisse de ses pieds nus refouler le sable, médecins de nos incapacités à vivre dignes et dans le corps et dans l'esprit.
LA REVOIR SUR SCÈNE IL Y A DES VIDEOS bougez un peu votre petit doigt...
Le téléphone, la fourmi, l'accouchement, l'infirmière...
http://www.youtube.com/watch?v=O-SOpPa7yXU&feature=related
Dimanche 20 mars 2011 7 20 /03 /Mars /2011 00:09, j'ai envoyé à trois de mes plus chers compagnons de vie... par mail
La vérité toute nue de Zouc écorchée, le même calvaire que Frida Kahlo. Je vous l'envoie.
L'humoriste bien avant les Deschiens et après Fernand Raynaud...
Ce jour sera gris pour moi. La vie est si crue.
Que je crie.

Je vous embrasse, Isabelle, Nathalie.

http://www.berthomeau.com/article-zouc-son-etat-est-celui-d-un-soldat-de-la-guerre-de-14-qui-aurait-recu-un-eclat-d-obus-en-pleine-poitrine-69138368.html
ZOUC son état est celui d'un soldat de la guerre de 14 qui aurait reçu un éclat d'obus en pleine poitrine...

 « L’humoriste est un homme de bonne mauvaise humeur » Isabelle von Allmen dites ZOUC, humoriste suisse, était le calque parfait de ce trait acéré de Jules Renard qui lui était tout sauf marrant. Cet imparfait accolé à Zouc réveille en vous, du moins ceux qui l’ont connue, le souvenir de son épaisse silhouette enveloppée dans une éternelle robe noire, de ses chausses noires elles aussi, de sa bouille de concierge avec sa raie au milieu et ses cheveux tirés, de ses yeux en perpétuel mouvement, de ses mimiques bougonnes, de son économie de mots. Jean-Michel Ribes estime que « Dès 1970, Zouc […] a inventé une nouvelle façon de faire rire, aux antipodes de la blague et de la vanne ». Elle occupait le haut de l’affiche puis plus rien, le trou noir. Cela fait près de quinze ans qu'on n'a pas revue Zouc. Pourquoi ?


« Et pour cause... depuis une opération d'une tumeur au sternum en 1997, à l'hôpital Marie-Lannelongue au Plessis-Robinson, durant laquelle elle a contracté une maladie nosocomiale (un staphylocoque doré multi-résistant), Zouc a connu le pire. Six interventions auraient été nécessaires pour la débarrasser de l'infection en question, révèle le site de l'Express.fr. C'est à cause de cette maladie nosocomiale, que le regretté Guillaume Depardieu s'est senti contraint e se faire couper la jambe, tant il souffrait... Sauvée de justesse par le professeur Mamoudy, à l'hôpital de la Croix-Saint-Simon à Paris, Zouc se verra affublée d'une insuffisance respiratoire à vie, l'obligeant à rester branchée en permanence à un respirateur artificiel. » Le compagnon d'Isabelle, Michel Rauch, ne cache pas son amertume. « L'équipe de l'hôpital Marie-Lannelongue n'a pas pris les bonnes décisions quand l'infection s'est déclarée, estime-t-il. Jugez un peu: l'état de Zouc est celui d'un soldat de la guerre de 14 qui aurait reçu un éclat d'obus en pleine poitrine. »


Sauvée mais handicapée à vie. « La nuit sous assistance respiratoire, le jour sous morphine, physiquement très diminuée, elle réapprend à vivre lentement » pour celle qui fut une très grand humoriste (Molière du meilleur spectacle comique en 1988) pour l’aider à vivre je vous propose de la revoir sur scène.

mardi 11 octobre 2011

Denise Gence était totalement de ma famille, de théâtre. Elle est morte.


Sur Le Monde avec des vidéos.

J'ai aimé le théâtre tout au long de sa vie, ses choix, son jeu. Je l'ai vue la 1ère fois au Théâtre de Chaillot dirigée par Georges Wilson et la dernière fois avec Olivier Py à Avignon.

Sur Webthea
"Sociétaire honoraire de la Comédie-Française depuis sont départ en 1986, Denis Gence est morte dans la nuit de mercredi à jeudi à l’âge de 87 ans, a annoncé dans un communiqué la Comédie-Française. Pour son administratrice générale Muriel Mayette, “Elle aimait par dessus tout jouer, jouer sans tricher, jouer pour vivre toutes les vies. ” et “ Elle était un modèle d’éthique et de talent ”.

Denise Gence est engagée comme pensionnaire dans la troupe du Français en 1946, pour jouer “des rôles de composition”. “ Ses vingt ans à peine révolus, elle endosse les habits des vieilles acariâtres, des douairières inhumaines, des pauvres folles privées d’amour.” grâce à son don de métamorphose rappelle la Maison de Molière. Elle brille dans les productions phares de l’après-guerre en interprétant Bélise dans “Les femmes savantes ”, Marceline dans “ Le Mariage de Figaro” Lepic dans “Poil de Carotte”. A vingt cinq ans, elle joue le rôle de duègne chez Victor Hugo et Edmond Rostand. Elle devient sociétaire de la Comédie–Française en 1958 après un immense succès dans “ Mademoiselle ” de Jacques Deval.

Durant quarante ans, elle a joué 125 rôles et participé à des milliers de représentations. En 1979, elle connaît un triomphe avec le rôle de Sabina que lui avait confié Giorgio Strehler dans “La Trilogie de la villégiature” de Goldoni à l’Odéon. En 1981, elle est une extraordinaire interprète de Feydeau, dans le rôle de Petypon de “ La dame de chez Maxim ”. En 1983, elle est une magnifique ”Félicité”, rôle titre de la pièce de Jean Audureau.

Après son départ du Français elle collabore avec de nombreux metteurs en scène, parmi lesquels, Jean-Luc Boutté, Jorge Lavelli, Claudia Stavisky, Jean-Pierre Vincent, Pierre Chabert, Georges Lavaudant ou Olivier Py, en témoignant toujours de son immense talent. Au cinéma elle a tourné avec Julien Duvivier, Jean Yanne et Bertrand Blier (Buffet froid).

En 1983, Denise Gence a reçu le Grand Prix national du théâtre, et en 1990 le Molière de la comédienne pour son rôle dans “Avant la retraite ”de Thomas Bernhard.

Une grande dame du théâtre nous a quitté. Une cérémonie de recueillement aura lieu le mercredi 5 octobre en l’Eglise Saint Roch à Paris".
Illustration 1 : Le visage d'Orphée d'Olivier Py
Illustration 2 : Oh les beaux jours de Samuel Beckett (1992)
Pour cette dame de théâtre si humble...
Comme dans O les beaux jours  dans Winnie, sur Fluctuat.net : "il émane de Winnie une inébranlable volonté de dignité humaine : " Tiens-toi, Winnie ", se dit-elle, " advienne que pourra, tiens-toi. "

dimanche 9 octobre 2011

Laïcité Inch Allah en présence de Xavier Leherpeur

J'ai passé une des meilleures soirées de ma vie au cinéma du Lucernaire, et je suis assez sceptique quand je vais dans les petites salles de ce ciné-club. Leurs dimensions de salle et d'écran plus petites que les foisonnants multiplexes, ne favorisent pas la manipulation. On y est proches avec les autres spectateurs d'autant, quand après il y a un débat, avec un des critiques les plus experts et joyeux Xavier Leherpeur. S'il était aux primaires des critiques de ciné, je voterais pour lui. Il a des airs de Tintin.
Cela va être un de mes rendez-vous, car chaque mois Xavier Leherpeur, un jeudi, va choisir un film pour faire débat. Avec d'autres intervenants comme cette fois là, un monsieur très intéressant qui s'est occupé de la distribution de ce film en France, et le Directeur Cinéma du Lucernaire qui nous passait les deux micros.
les experts joyeux en cinéma sont rares, les amoureux tristes m'ont toujours barbée...

Nadia El Fani
"Laïcité Inch Allah" : un document utile à la compréhension du printemps arabe
Critique |   pour Le Monde.fr | 20.09.11 | 14h50

"Une scène du film documentaire tunisien de Nadia El Fani, "Laïcité Inch Allah".JOUR2FÊTE
A l'été 2010, alors que le portrait du président Ben Ali restait omniprésent sur les murs de Tunis (après tout il lui restait encore un triomphe électoral à venir), Nadia El Fani est venue filmer sa ville et son pays pendant le mois de ramadan. Six mois plus tard, la Tunisie étonnait le monde et le film de Nadia El Fani s'en trouvait bouleversé.

Ce qui aurait sans doute été une déploration de l'emprise de l'islam sur la société, poussée par une intellectuelle qui revendique son athéisme, est devenu un argument - voire une arme - dans le débat qui traverse la société tunisienne.

Aux plans volés dans les cafés aux vitrines aveugles où les hommes (les hommes seulement) se réfugient pendant les journées de canicule pour rompre le jeûne avant l'heure se sont ajoutés des débats passionnés autour de la notion de laïcité, des plans saisis dans les manifestations où féministes et islamistes s'affrontent.

Le matériau est passionnant et par la vertu de l'histoire, Laïcité Inch Allah est un document utile à la compréhension du printemps arabe.

Quant aux défauts du film, ce sont sans doute ceux de la réalisatrice. Sûre de la justesse de sa cause, elle en fait essentiellement intervenir les partisans. On se rend compte que les laïcs tunisiens ne sont pas issus du petit peuple et que leur moyenne d'âge est plutôt élevée.

Nadia El Fani a l'honnêteté de ne pas cacher cet état de fait, elle n'en expose pas non plus la genèse. Au détour d'une séquence de manifestation, une jeune journaliste explique comment elle a pris conscience, à l'occasion d'un reportage dans un quartier populaire, de l'influence prédominante de la religion sur la vie quotidienne des délaissés de la croissance tunisienne.

On voit aussi la patronne d'un atelier de confection répondre à la réalisatrice qui lui rappelle que Bourguiba conseillait de choisir le développement plutôt que le ramadan : "Mais ce n'est pas Bourguiba qui nous fera entrer au paradis". Ces fenêtres qui s'ouvrent sur d'autres façons de penser se referment bien vite pour laisser la place au discours passionné de la réalisatrice.


Film documentaire français et tunisien de Nadia El Fani. (1 h 12.)"

Thomas Sotinel

Habemus papam et we need to talk about Kevin



 Depuis une semaine que j'ai vu ces films, j'ai écrit pas mal de choses sur FB, au fil, que je réécris ici avec la ponctuation.

Habemus papam : à voir et à revoir pour tout autre chose que le cinéma mais aussi pour le cinéma. J'ai l'impression que cet homme Nanni Moretti a une âme à l'écoute des doutes et des êtres, ils filment comme à deux, cet acteur incroyable que Michel Piccoli, en le laissant se découvrir comme individu. Et puis j'ai enfin eu, la suite de mon film auquel je tiens d'un amour absolu : la Messe est finie. De rires et de pleurs, une sorte de double citoyen et artiste. Je me sens dans leurs mains tamis retenue.

Attention c'est avant tout un réalisateur de cinéma, les images les plans sont nets, la lumière sur tous ces visages blancs en énorme majorité....habillés de rouge, on pense à Fellini et à  Melville, ils filment à travers lui et la comédie italienne y est toujours palpable. J'ai ri ce que j'ai ri aussi....

Melville l'auteur de Bartleby, il y a des tunnels, des références mais ce n'est jamais pesant... Le pouvoir personne n'en veut plus et nous sommes tous des fous et des enfants... pris en faute sur les bancs de l'école, jusqu'à ce que l'homme ait une prise de conscience....

Oui les tunnels, je voulais dire qu'ils ne sont pas encore assez longs et vous redonnent comme sens entre l'âme et l'inconscient... je me dis que tous ceux qui aiment le théâtre doivent y courir le théâtre par exemple de Philippe Person. Pour une de ses créations ou j'ai participé à l'écriture et à l'interprétation, en tant que comédienne qui s'appelait AVORTER, nous avions repris un des passages de La messe est finie. Moretti joue le prêtre et apprend que sa sœur veut avorter.


 Le fils Kevin : interprété par Ezra Miller

Nathalie Feyt  : une beauté vénéneuse

O.S. : Il est magnifique... à se damner
jeudi, à 11:48 · J’aime

O.S. :  Le film est bien ? Tu l'as vu ?

Nathalie Feyt : c'est le film inoubliable dont reparle avec les 2 photos qui précèdent : We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay avec Tilda Swinton et John C Reilly


E.B.K. :  J'ai lu le bouquin c’était glaçant


E.B.K. : je ne sais pas, si j'aurais envie de voir les images de ce que j'ai imaginé à la lecture du bouquin... c'est trop dur

Nathalie Feyt : C'est très dur mais si lucide aussi, et tellement bien filmé, construit, interprété que cela ne peut-être qu'un film et peut-être pas. Il pose des questions mais intelligentes. On voit tout à la loupe de la simple monstruosité qu'une mère et un père se refusent à regarder en face car ils sont seuls, si seuls dans cette société, (oui je prononce un mot devenu mal poli) notre époque où l'on croit tout savoir de l'amour des enfants, de ce qu'il faut faire...

Et puis c'est une tragédie, inexorable machinerie mise en marche...L'anti Médée, une Agrippine qui serait faite que de douceur et de fidélité. Et la toute Fin est sublime, la réponse de Kevin, enfin il se pose une question.

Autre film là avec une actrice américaine Tilda Swinton, aussi étonnante ! film de Lynne Ramsay, "we need to talk about Kevin", si vous ne savez pas ce qu'est la perversité d'un enfant.... Ce n'est pas un film psychologique c'est aussi dans la hauteur de vue cinématographique de Gus von Sant ou de Haneke, et ça vous agrippe aux tripes, ne vous lâche pas... et l'acteur qui fait le mari....John C. Reilly. On se demande à Cannes s'ils ont bien regardé les films....
E.B. : J'avais trouvé le livre terrifiant, bouleversant, traumatisant, incroyable...J'en garde encore des souvenirs...
J'aurais bien aimé pouvoir voir le film car je pense que le choix des acteurs est excellent et je suis d'accord avec vous sur le fait que lors du Festival, ils n'ont pas dû bien regardé le film (prix d'interprétation pour la géniale Tilda Swinton, par exemple ?


N.G. : J'adore Tilda Swinton. Elle m’étonne toujours, n'est jamais là où on l'attend, et chaque fois fascinante. Précision : elle est anglaise (ceci explique peut-être cela...)


Après 2 jours une semaine, le souvenir est intact et les idées comme éclaircies dans le bouillon...

Ces deux films ont deuxl points communs : le suspense.

et le haut vol de l'interprétation et de la réalisation. Ces 2 films c'est Habemus papam & "we need to talk about Kevin", à voir d'urgence.
Quel fouillis de pensées quand la semaine on doit tout faire vite, la présentation s'en ressent sur ce réseau qui vous savez quoi a très mauvaise presse, mais qui a permis aussi et favorisé la Révolution de Jasmin en Tunisie sans trop de morts.

lundi 3 octobre 2011

Pluie dété au Vieux Colombier Roméo et Juliette obscènes en toute fidélité à l'Odéon


http://allegrotheatre.blogspot.com/

PUBLIÉ PAR JOSHKA SCHIDLOW À L'ADRESSE

JEUDI 29 SEPTEMBRE 2011

La pluie d'été de Marguerite Duras
http://www.comedie-francaise.fr/spectacle-comedie-francaise.php?spid=283&id=516
Le cas est assez rare pour être souligné. En 1984, Marguerite Duras signe un film, Les enfants, qui ne ressemble en rien à ses longs métrages précédents. Le personnage central, Ernesto, annonce à ses parents qu'il ne veut plus se rendre à l'école car on y apprend des choses qu'il ne sait pas. Dix ans plus tard elle écrit Pluie d'été dans lequel elle étoffe les personnages du film. Aujourd'hui Emmanuel Daumal tire de ce roman un spectacle de théâtre.

Le thème de l'étranger si cher à l'écrivaine née au bord du Mékong est ici constamment présent. La mère vient des Carpathes, le père de la plaine du Pö. Sans un sou, ils vivent à Vitry dans un bidonville, ont fait sept enfants et passent de nombreuses soirées à se bourrer la gueule. Leur fils aîné Ernesto , 12 ans, apparaît comme l'enfant sauvé des eaux de la littérature. L'ancien testament est constamment présent puisque le môme qui a rompu avec le système scolaire cite abondamment l'un des fils du roi David qui, après avoir fait de multiples incursions dans les domaines du savoir en arrive à la conclusion que tout se vaut. Ernesto n'en devient pas moins un esprit d'immense envergure. La preuve que le génie ne s'apprend pas...

Les personnages sont tous d'une singularité irréductible. La mère est tentée d'abandonner ses enfants mais a pour Ernesto une affection si grande qu'elle lui permet de comprendre ses mots aux oreilles des autres si énigmatiques. Le père a, lui, une préférence marquée pour Jeanne l'aînée de ses filles. Quant à Ernesto il se rend soudain compte qu'il aime sa soeur d'amour. Comme cette passion est réciproque, ils couchent avec le plus grand naturel ensemble. On se souvient à cet instant de la tendresse débordante de Duras pour l'un de ses deux frères.


Joué avec un entrain contagieux par Claude Mathieu (magistrale), Christian Gonon, Eric Genovèse, Marie -Sophie Ferdane et les jeunes et bigrement talentueux Jérémy Lopez et Adeline d'Hermy ce spectacle au cour duquel ne fleurissent que des situations saugrenues en dit aussi long sur la transformation si mal conçues des banlieues ouvrières.

Les écrits de Duras sont toujours montés et joués dans un climat respectueux sinon pompeux. Le metteur en scène donne au contraire de cette oeuvre qu'elle a fait jaillir d'elle à la fin de sa vie, une vision chaloupée. Ce qui déplaît à certains. Et met beaucoup d'autres en joie.

Jusqu'au 30 octobre Théâtre du Vieux -Colombier tel 01 44 39 87 00
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Judith Sibony
23 septembre 2011
Roméo et Juliette obscènes en toute fidélité
C’est un des paradoxes de la célébrité : on croit tous connaître Roméo et Juliette par cœur, alors même qu’on n’a presque jamais l’occasion de voir cette pièce jouée au théâtre. C’est que l’on a tendance à confondre le drame shakespearien avec les nombreuses variantes qui lui ont succédé : les reprises du fameux ballet de Prokofiev, ou bien la récente comédie rock, ou encore, évidemment, le cliché tiré des deux prénoms légendaires, devenus synonymes d’un coup de foudre idéal quoique fatal. Or ce patrimoine finit par occulter l’essentiel : le texte de Shakespeare (1564-1616), rempli d’un humour truculent, de blagues sexuelles et, lâchons le mot, de grossièretés. Un texte, enfin, qui dissèque la question de l’infidélité au moins autant qu’il raconte une passion éternelle.

Obscénité et romantisme sont sans cesse mêlés, en effet, dans cette tragédie où deux enfants tout juste pubères (Juliette n’a pas encore quatorze ans) essaient de devenir un homme et une femme. Malgré la haine immémoriale qui oppose leurs deux familles, Roméo et Juliette tombent amoureux un soir de bal, et se marient aussitôt en secret, impatients qu’ils sont de consommer leur amour. Car le désir et le sexe sont les leitmotivs de cette pièce que Shakespeare écrivit dans sa jeunesse, et qui ne parle que de cela : la jeunesse. Dans la nouvelle traduction d’Olivier Py, certains ont eu l’impression que le metteur en scène inventait des scènes entières, parce qu’elles semblaient descendre trop bas sous la ceinture. C’est une erreur, et si Py s’est donné quelques libertés, elles ne relèvent que de glissements plutôt réussis Comme ce passage où les plaisanteries salaces de Mercutio (camarade de Roméo) mêlant nèfle ouverte et poire pointue (acte 2 scène 1) débouchent sur un gag un peu cuistre autour d’une poire à secouer : « shake the pear / Shakespeare », lance Mercutio avec un mouvement de hanches évocateur…

De ce texte, lu et traduit avec une attention portée au moindre détail, Py propose une mise en scène tout aussi minutieuse. Dans son spectacle, le drame déploie ses dimensions les plus diverses : le rire et l’angoisse se tiennent la main avec une virtuosité impressionnante, et l’histoire d’amour si célèbre apparaît pleine de simplicité prosaïque – et d’autant plus émouvante.

Cela tient à une série de détails, que Py met en valeur avec une trivialité apparente, et une finesse profonde. Mieux que dans les légendes et les traductions classiques, on prend ici la mesure du fait que Roméo (Matthieu Dessertine) était amoureux d’une autre avant son « coup de foudre » pour Juliette (Camille Cobbi). De même qu’on savoure le fait que celle-ci était aux bras d’un homme lorsqu’elle lui est apparue pour la première fois. Plus tard, quand les amoureux se découvrent leur flamme, Juliette se demande tout haut si ce n’est pas agir en fille facile que de se livrer comme son désir le lui dicte. « Tu me trouves légère ? » lance la comédienne avec une fraîcheur désarmante qui résume en trois mots mille choses sur l’innocence, le désir… et l’entrée fébrile dans l’âge adulte.

La fragilité de Roméo, elle, est soulignée plus lourdement : elle passe par les scènes où le jeune homme et ses amis rivalisent de mots d’esprit plus ou moins obscènes. Py va un peu trop loin, lorsqu’il transforme en mini-scène de backroom certaines allusions graveleuses du texte d’origine. Ceci dit, la scène est bel et bien centrée sur des histoires de « queue », de fouet et d’éperon… Et de fait, la question de la virilité est omniprésente chez le jeune Roméo, qui n’est pas encore tout à fait un homme. A cet égard, confier à Matthieu Dessertine le rôle de Roméo et celui de son propre père produit un effet bien intéressant : dans le rôle du père, le jeune comédien flotte, comme un Roméo pour qui des habits d’homme sont encore trop grands. Ce qui ne veut d’ailleurs pas dire que les « adultes » soient tellement plus adultes que les enfants, comme en témoigne l’infantilisme comique et effrayant du père de Juliette, personnage ici délicieusement caricatural dans son avidité au plaisir – Capulet ne pense en effet qu’à faire la fête, même devant le cadavre de sa fille.

La lumineuse mise en scène d’Olivier Py éclaire tout cela. Chaque déplacement de personnage fait l’objet d’une chorégraphie savamment pensée, et Juliette, qui règne sur la danse, évolue avec une grâce aussi innocente qu’ensorcelante. Ce travail sur les corps apporte un doux raffinement à la scénographie très graphique mais un peu froide : barres de néons en toile de fond, écran de plastique transparent en guise de rideau rouge, palmiers postiches pour tout décor…  Heureusement, d’immenses panneaux noirs apportent une belle gravité à ce paysage bigarré : dans ce drame dont les héros sont des enfants, ces tableaux offrent aux comédiens l’occasion d’écrire à la craie, tels des écoliers sur une ardoise, des phrases savamment choisies.