dimanche 31 mars 2024

Averroes et Rosa Parks

Averroes(philosophe et médecin arabe du 12 ème siècle)  et Rosa Parks : ce film doc de Nicolas Philibert : « a 2 m de mon lit je suis à l’étranger » graffiti sur un des murs de cet immense hôpital.
Les êtres sont tellement vrais o mon dieu ce que j’ai ri de cette relecture de la « folie » avec ces questions qui fusent dans les réunions avec les soignants on rit on pleure mais jamais au dépends des êtres. 
Les plus convaincants ?!  tous ont chacun la conscience de leur solitude, de la précarité qui les attend dehors, la revendication de leur mal et la double peine : la vieillesse la solitude. Oh je ne les oublierais jamais ils sont si bien filmés Ils sont comme ceux que j’ai rencontrés dans le service fermé de l’hôpital de Sarlat. Ah comme il faudrait plus de soins de soignants de lieux comme l’Adamant(autre film doc du même réalisateur, collecteur de profonde humanité) . Mais combien ceux là font leur maximum ! comme ceux d’ailleurs. 
J’ai vu ce film à l’Arlequin la salle n’était pas pleine, les salles de ce cinéma à l’ancienne sont grandes belles on y respire on peut même y parler prendre un café au foyer. Mais ce que je puis vous assurer c’est que le partage est garanti des émotions des rires affranchis de tout jugement comme celui pour cet homme encore jeune passé par toutes les écoles études et qui parle une demie dizaine de langues polyglotte et qui se sent prêt à révolutionner l’enseignement et nous fait y croire. Et qui a besoin de retourner en Inde pour les ondes de tous les autres mondes et de ses vies antérieures…. Ce film dure plus deux heures et on s’ennuie pas une seconde et on voudrait rester avec eux encore un peu… et avec cette jeune fille qui veut se consacrer à transformer sa vérité en art….


Oui ce film me fera tenir debout comme « éclaireuse » dans ma vieillesse. Merci Nicolas-Philibert #averroesetrosaparks



Allez voir mais je l’ai dit déjà ici : Une famille et sur FB je suis restée plus nuancée frustrée pour Pas de Vagues 
Là un podcast sur Rebecca Manzoni j’en ai pas perdu une miette même si elle habite à St Ouen près du Stade Bauer et je suis un peu jalouse….pas vrai pas de cela seulement. La jalousie c’est animal mais comme eux les animaux d’accord certains savent en rire

Photo via @jeanlucmessina

dimanche 24 mars 2024

Les bonnes au Théâtre 14

Les bonnes encore une salle pleine pour connaître l’origine de la haine : l’enfermement l’ordre établi la hiérarchie sociale la charité la compassion la fausseté des relations ancillaires. 
Je me suis dit cette nuit en dormant après avoir vu cette dernière (les dernières de spectacles exceptionnels sont toujours exceptionnellles,) Michel Fau aurait adoré cette épure et aussi cet imaginaire suspendu entre tous les fantasmes et les travestissements transexualité pour ses chemins de traverse. J’ai pensé à son récital emphatique. Oui je connais Lili Elizabeth Mazev mais là je l’ai retrouvee avec tous ses possibles, ses dimensions à danser, à rompre entre jeu tragique et jeu burlesque sans entraves et à se retrouver dans la prison d’une vie toute tracée, étouffée jusqu’à tuer pour de rire ou pas …la fêlure de sa voix découpe pour moi tous les textes les intentions, les rêves…
Le théâtre 14 est un endroit où dès l’accueil on croit possible que le théâtre puisse changer la vie. 
Il y avait des « scolaires »la salle est trop petite se dit-on quand c’est complet, je me suis
dit aussi, on va se mettre pas loin des scolaires et ainsi pendant la danse, la musique je voyais leurs visages s’illuminer se tourner vers leurs copains, amis. Quand on aime au théâtre on est complices comme jamais autrement ailleurs…..
L’avantage du placement libre : l’égalité mais pas seulement…
Après sur le chemin du retour on a retrouvé notre voisine, une place porte son nom voisine et amie et comédienne chanteuse : Jenny Alpha, elle est morte il y a plus de dix ans déjà, elle avait été mariée à un poète, à presque cent ans nous étions allés, 
Boire un ti punch chez elle. Elle est morte peu de temps après la mort de sa sœur….
Le théâtre permet que se rejoignent les vivants et les morts 

Sur @Thread
Ah oui c’était magique cette interconnexion entre public et acteurs  auteur metteur en scène et toute l’équipe d’accueil du théâtre 14 pour la dernière des Bonnes. Tous les acteurs  petit rôle y compris Le laitier si hiératique seul et nu, m’a fait penser à celui de drôle de drame et à ma première fois du jeu d’un petit rôle… lui un laitier moi une morte….
et une porteuse de jarre mais cela faisait trois apparitions avec celle d’une mère de soldat, après bien-sûr Panope…. dans Phèdre 
…..je l’ai félicité
Je lui ai dit que tout metteur en scène très inspiré donne ensuite aux petits rôles si bien joués et assumés d’autres rôles plus grands au théâtre car ce n’est pas rien que de jouer un fantasme….












jeudi 21 mars 2024

Une famille

Une famille enfin réparée mais consciente sensible sans aucune démission face a ce qui longtemps était caricaturé (voir scène chez Ardisson) ou en eau stagnante comme « innommable ».

Une famille qui en arrive à Christine  et à Léonore… (photo)
ce film documentaire est à bien des moments une leçon de cinéma sans aucun « gras », artifice, c’est là, dit et discuté :
 -sur le couple qu’elle formait avec le père de Léonore des années après malgré tout c’est une renaissance.
 -avec son avocat quand sa belle mère a porté plainte contre elle pour atteinte à sa vie privée ….
Malgre les réactions bourgeoises et comment dire recroquevillées des grands-mères… L’une complète l’autre mais il demeure pas moins vrai qu’elle a
Fait comme elle a pu sa mère 
L’autre la belle mère avec son goût son bon goût de collectionneuse privée…sa compassion.
On voit dans ce grand appartement stasbourgeois un très grand format, un tableau d’art contemporain un canapé de cuir blanc l’œuvre marque de grandes traces noires et rouges sur fond blanc qui sont  comme en contradiction criante avec la propriétaire, mais pas avec ce qui se passe, se dit enfin….à l’instigation de Christine Angot. 
La propriétaire est assortie aux couleurs de son intérieur pantalon blanc pull léger ocre doré près du corps fin, quoiqu’agé, maquillée quotidien elle est coiffée, en carré blond vénitien, le plaid est assorti au pull….quel manque de vie! 
Il y a une autre conversation entre sa mère et elle qui en dit long sur leur attachement sur leur propension au bonheur d’où ces souvenirs filmés de la petite fille âgée de  moins de deux ans qui revient du boulanger… je n’en dit pas plus j’ai eu les larmes aux yeux car trois générations après, la conscience de Léonore  vis à vis de sa mère est comme l’œuvre de ce peintre coréen qui ne peint que des gouttes d’eau : lavée répararée par les larmes comme par les vagues de la mer sur les plages hors saison.
Merci infiniment. Moi aussi je me sens réparée. Les attouchements sexuels qui ne sont pas des viols sont à l’enfance (Christine Angot avait 13 ans….) au mieux du pire une congélation une hibernation quand dure le déni. 
La Mer chanson de Charles Trenet par Caetano Veloso



vendredi 15 mars 2024

Scandaleusement vôtre

Ce film n’est pas lourd, il est burlesque et le burlesque n’a pas de date sauf si l’on veut se délecter à recréer l’univers anglais pour s’y sentir mieux. Mais à bien y regarder et je l’ai toujours pensé les lettres sont un peu l’ancêtre des réseaux sociaux. Car les relations épistolaires pouvaient devenir comme un virus écrire tous les jours….et ne plus pouvoir s’arrêter !?

J’ai trouvé une critique du Monde à notre écho : « Pourquoi pas… »  tous les acteurs sont bons et surtout ils ne sont pas aux mensurations d’un milieu bobo européen : ils jouent, ils jurent, ils boxent …. Ils donnent des coups de boule. Ils écrivent, ils expulsent le trop de restrictions morales puritaines anglicanes  du début  du XX ème siècle, ils sortent des carcans du jeu murmurant de notre époque. Ce film nous a plu à tous les deux. 
Il est fictif comme tous les films tirés d’une histoire vraie.



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https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/03/13/inspire-d-un-fait-reel-scandaleusement-votre-propose-une-plongee-dans-la-societe-anglaise-etriquee-du-xx-siecle_6221824_3246.html

Scandaleusement vôtre s’inspire d’un fait réel qui, dans les années 1920, secoua Littlehampton, petite ville balnéaire du sud de l’Angleterre : un flot de lettres anonymes et ordurières atterrissent sans discontinuer dans la boîte aux lettres d’Edith Swan (Olivia Colman), l’une des femmes les plus respectables du comté. Tous les regards se portent naturellement sur sa voisine, Rose Gooding (Jessie Buckley), une jeune veuve de mauvaise vie qui passe ses journées au pub, éduque seule sa fille et jure comme un charretier – en somme, la coupable idéale. Le différend entre voisines finit par secouer tout le quartier, qui se déchire entre partisans d’Edith et défenseurs de Rose.

Scandaleusement vôtre ausculte la respectabilité étriquée de la société anglaise du début du XXe siècle sur fond d’intrigue à énigme : menée par une policière récalcitrante, l’enquête finira par conduire à une résolution des plus surprenantes. La forme, elle, l’est un peu moins : tout se passe dans les clous du film à costumes, liquidant son stock de pittoresque british. Sa réalisatrice, Thea Sharrock, n’oublie pas de tordre son fait divers pour le faire coïncider avec les standards de l’époque : inexplicablement, la sororité finit par triompher de la haine de voisinage. Ni l’insolence naturelle d’une Jessie Buckley, ni la folie dans l’œil d’Olivia Colman ne parviennent à rehausser un film qui, tout en visant la satire, s’organise pour être parfaitement inoffensif.

jeudi 14 mars 2024

La vie de ma mère, le royaume de Kensuke

https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/sorties-de-films/le-royaume-de-kensuke-une-adaptation-animee-tres-reussie-du-roman-de-michael-morpurgo_6337369.html
Le royaume de Kensuke ce film n’est pas japonais mais 
Pays : Grande-Bretagne, Luxembourg, France

Je suis allée voir ce film à la projection scolaire c’est à dire en version française au Pathé Convention.
J’ai entendu l’animatrice dire aux tout-petits qui remettaient leurs gilets jaunes « oui moi aussi j’ai pleuré » alors j’ai regardé tous ces petits enfants que j’avais très peu entendus avant car ils étaient au Paradis et puis soudain ils ont senti combien c’était facile de tout détruire, d’arracher d’écraser. La vie face a la beauté l’amour la naïveté des petits ourangs outans si proches de notre espèce fait pleurer car on est maintenant tous vieux face a cet arrachement la beauté n’est qu’une estampe. Et pour s’en consoler les chiens joueurs et si constamment fidèles sont-ils aujourd’hui plus que jamais nos seuls amis….






La vie de ma mère 


Ah oui j’avais hâte et j’ai senti un partage avec les personnes présentes même si nous étions un peu clairsemées. C’est bien mieux de voir « les fous » de près car ils ne sont pas
Si différents de nous !?! Surtout quand ils sont interprétés par
d’aussi bonnes sensibles débordantes puis presque mutiques personnes. Les fleurs au temps des textos et des appels qui n’aboutissent pas sont indispensables. Et les fleuristes attentionnés aussi. À la chanson de Julien Clerc /Françoise Hardy : fais moi une place c’était déjà pas loin mais à la chanson de fin ma mère d’Arno j’ai ouvert les vannes les écluses et je me dis que j’aurais pu être cette mère là si j’avais eu un seul enfant et si mon compagnon son père était mort….j’ai beaucoup aimé le désir de sensualité le désir de se faire des copains des complices partout si facilement…d’être sensible à tout à la mer retrouvée et à son coucher de soleil. Les rôles autour sont très bien tenus aussi : l’associé, sa Mémé au fils, l’amie qui devient l’amoureuse… bref c’est un film réaliste et tendre c’est un film que je n’oublierai jamais. Et j’étais un peu triste de ne plus les voir dans l’écran et je suis donc restée jusqu’à la fin du générique. La fin je la souhaitais tellement qu’ils y sont arrivés. La fin m’a fait penser à cet autre film qui m’avait fait tant de bien Green Book, que je l’ai vu et revu à la télé et autant aimé au ciné qu’au petit écran.
Par contre ces affiches chargées de comment on doit voir le film avec les réactions les échelles de superlatifs c’est pas appétissant…
Surtout jeunes apprentis comédiens aux gens qui viennent vous féliciter après vous avoir vu dans un film ou sur scène au théâtre et qui ont quelquefois du mal à trouver leurs mots n’allez pas leur dire que vous n’étiez pas bien ou que vous étiez beaucoup mieux un autre soir etc… ces recettes là sont à échanger avec des psys ou des gens du métier….ne vous plaignez pas à ceux qui après vous avoir vu jouer vous arrivent les yeux brillants, ne blessez pas leurs rêves 😴

mardi 12 mars 2024

Le jeu de l’amour et du hasard

NOTE D'INTENTION DE FRÉDÉRIC CHERBOEUF, le metteur en scène

Jouer et mettre en scène Marivaux aujourd'hui, c'est allumer un feu d'artifice de questions : comment mettre en jeu des corps contemporains immergés dans la beauté, la rigueur et les difficultés de la langue du xviiie siècle ? Comment concilier sensualité et intelligence ? Comment relever le défi formel du verbe tout en s'interrogeant sur la façon dont ce texte questionne notreépoque ? Comment jouer avec amour mais sans respect ? Le jeu de l'Amour et du Hasard est une pièce à la modernité stupéfiante qui met en scène une promesse: celle d'une révolution

sensuelle et politique. Une réinvention de l'amour ! L'affranchissement des plus faibles germe dans le dernier acte : c'est le signe évidemment prémonitoire de la révolution de 1789 et de l'abolition des privilèges. Mais c'est pour nous, spectateurs d'aujourd'hui, le miroir d'une autre révolution portée par la jeunesse, une révolution sans conteste féminine et qui irrigue toutes les générations: celle de la redistribution des dominations sexuelles Ce souffle insurrectionnel qui est un souffle de vie, a été le moteur de notre travail

e moteur de notre travail

hes.

LE MOT DU LUCERNAIRE PAR BENOIT LAVIGNE, le directeur de la programmation théâtre du Lucernaire 

Le jeu de l'amour et du hasard par le collectif L’émeute a été mon coup de cœur du dernier Festival d'Avignon. Mis en scène aver délicatesse, virtuosité et folie par Fréderic Cherboeuf. le spectacle est magnifique. Il est empli de d’énergie, d'excentricité, d'humour et de sensibilité, on se plait à voir la passion amoureuse disséquée, chamboulée, moquée et idéalisée a la fois. On rit devant les quiproquos, les rebondissements, les malentendus tissés par Marivaux. On s'émerveille de la jeunesse et de la fougue des amants. On se détecte de a diablerie, des turpitudes imaginées par les protagonistes eux-mêmes.

On s'émeut devant la naïveté, la fragilité et la force des sentiments.

Écrite en 1730, Le Jeu de l'amour et du hasard est une des plus sublimes, célèbres et jouées des pièces de Marivaux. On y retrouve tout ce qui fait le génie de son théâtre : le travestissement, l'échange de rôles entre maitres et valets, son art machiavélique des intrigues, la beauté, la musicalité, le raffinement du langage. Mais surtout, l'auteur fait preuve d'une extrême modernité dans l'analyse des rapports humains. Il prône la liberté des coeurs, donne aux femmes le pouvoir de décider de leur vie, ce qui est pour l'époque une révolution en soi.

Il interroge au scalpel l'amour, nous montre ses mille et une facettes, questionne l'être et le paraitre, la condition des classes, le désir et l'envie avec intelligence et drôlerie.

Car Le Jeu de l'amour est du hasard est surtout une comédie. On s'y amuse follement et le spectacle nous entraine dans une folle journée déjantée, musicale, sensuelle où la fantaisie règne en maître. Les acteurs Frédéric ou Mathieu, Jérémie, Adib, Lucile, Dennis Justine ou Camille, tous issus du cours Florent, rivalisent de talent et nous emportent dar un tourbillon joyeux fantasque et enivrant..


À voir parce que c’est un partage. Tous les personnages sont en lumière il n’y a pas un seul défaut de rythme ;  dans le public les enfants les adultes n’en ont pas perdu une miette et n’avaient pas envie de remettre leurs masques en sortant…. Il faisait beau en sortant il ne pleuvait plus en sortant et on s’est refait la pièce après….autour d’une bolée de cidre ou d’un verre d’eau.
C’est prolongé jusqu’en juin c’est un Collectif ils s’appellent l’émeute ! 

Le jeu verbal de Michel Bernardy

https://www.jeuverbal.fr/
Voilà le blog passionnant de Michel Bernardy qui est décédé mais
qui enseignait au Conservatoire 
Passionné 
Ses élèves aimait ses cours pour apprendre à respirer déjà le texte 




Questions à... Michel Bernardy
par Alexie Lorca Lire, avril 2001
     Le jeu verbal ou Traité de diction à l'usage de l'honnête homme
Michel Bernardy L'Aube
210 pages.
Prix : 7,47 € / 49 FF.
( malheureusement le livre du jeu verbal est épuisé.  Vous ne le trouverez que d’occasion)


Qu'est-ce qu'un honnête homme?
M.B. Un être humain qui tend à s'humaniser davantage! En affinant notre relation au langage, par exemple, nous affinons ce qui nous compose. Nous nous bonifions. L'art, en général, aide à cette évolution. A son contact, nous devenons plus humains.
Quel enseignement un professeur de diction apporte- t-il à un comédien?
M.B. Il lui apprend à «respirer une phrase», à comprendre où elle va, à savoir où placer les césures, les silences. En résumé, à maîtriser et à prendre possession de la forme d'un texte.
Cela demeure subjectif. Un acteur interprète...
M.B. Je préfère dire qu'il incarne. Or, incarner un texte, c'est apprendre une nouvelle langue. Et il y a évidemment autant de langues différentes qu'il y a de textes différents. Un acteur est en quelque sorte un polyglotte pour qui la phrase est source d'inspiration. Aujourd'hui, on a trop tendance à minimiser la réalité et la puissance de la forme. Mettez face à face un jeune musicien et un jeune comédien. Le premier a une connaissance parfaite de la forme d'une partition. Il est capable d'analyser chaque phrase musicale, chaque silence, chaque rupture de rythme. Ce n'est malheureusement pas le cas de tous les jeunes comédiens...
Mais l'analyse d'un texte ne peut pas être objective...
M.B. Si, il y a des règles, comme en musique. Les compositeurs ne notent pas toutes leurs intentions sur une partition. C'est le travail d'analyse musicale qui permet aux musiciens de la comprendre. C'est pareil pour un texte. Prenez cette phrase: «J'ai rencontré un marchand de tapis chinois.» Qui est chinois? Le marchand ou les tapis? Il est évident que le contexte donne la réponse. Le phrasé est suggéré par l'auteur. Mais c'est au comédien de transmettre au spectateur le sens juste du texte. Ensuite, chaque interprète donne une nuance, une modulation qui lui est personnelle. Distribuer des césures dans un texte, c'est aller au-delà des mots. Il ne peut y avoir de liberté que s'il y a connaissance et contrainte. C'est un métier…..

lundi 11 mars 2024

Dîner lecture du 09/03/24

Une soirée un dîner lecture qu’on aurait voulu qui ne finisse jamais. J’avais relu pour cela l’insoutenable légèreté de l’être avec Pascal : « einmal ist keinmal »
Je suis de plus en plus persuadée que cela peut être contagieux pour lire et faire lire et parler d’autres choses et par contagion bienheureuse attraper quelques jeunes et leur donner ce désir de communiquer  : désir de rester vivants et de partager. À tous les âges. 




….hier nous avons lu avec plusieurs personnes -certaines que l’on rencontrait pour la première fois- des extraits de morceaux choisis le thème c’était sur la mascarade les masques, le plus jeune d’entres nous, il a lu un texte sur le masque,  tres vivant accessible et touchant; sa mère sur le jeu de l’amour et du hasard avec comme stratagème 3 petites peluches pour jouer tous les rôles, Philipp d’Ecosse nous a conté l’apparition étrange d’un fantôme qui a changé sa vie, sa compagne la lumière au travers des vitraux de Soulages et un texte de Christian Bobin sur Conques ;  notre ami compagnon et Papa du jeune homme au masque et avec son épouse organisateurs de la soirée et cuisiniers du poisson du cake aux petits pois etc…c’était bon… il nous a transporté par Soljenitsine l’archipel du goulag : comment rester humain en prison en camp parler parler   (En 2007, il reçoit le prix d'État russe des mains de Vladimir Poutine et meurt en 2008) Patrick et sa compagne, nous ont lu une page d’un blog qui réalisait que le choix dans la vie était soit : avoir raison ou être heureux et combien cette dystrophie  humaine pouvait être douloureuse non seulement pour la personne elle-même mais pour ses proches,
et Patirick nous a lu son extrait d’un autre Patrick, Modiano et nous étions partis partants pour Voyage de noces…et Emmanuelle sa femme nous a aussi parlé des dictionnaires que personne dans nos milieux notre époque connectée ne consolent, ne consultent plus, en nous lisant quelques définitions du dictionnaire supperflu de Desproges. 



Milan Kundera l’insoutenable légèreté de l’être j’avais je nous avais choisi ce texte pour écho à cette légende du mensonge et de la vérité qui vont se baigner et pour cela se déshabillent . Le mensonge nage vite et sort et se rhabille avec les habits de la vérité et lorsque nue la vérité cherche à se rhabiller à son tour, elle ne peut prendre les vêtements du mensonge et c’est pour cela qu’elle resta nue….

La légende sur le mensonge et la vérité

« La légende raconte qu’un jour la vérité et le mensonge se croisèrent.
– Bonjour, dit le mensonge.
– Bonjour, répondit la vérité.
– Belle journée, dit le mensonge.
Alors la vérité se pencha pour vérifier si c’était le cas. Cela l’était.

– Belle journée, répondit alors la vérité.
– Le lac est encore plus beau, dit le mensonge.
Alors la vérité observa le lac et vit que le mensonge disait la vérité et elle hocha la tête. Le mensonge courut vers l’eau et dit :

– L’eau est encore plus belle. Nageons.

La vérité toucha l’eau du bout des doigts et se rendit compte du fait que l’eau était réellement bonne et à partir de là, elle eut confiance en le mensonge. Les deux enlevèrent leurs vêtements et nagèrent tranquillement. Quelques temps après, le mensonge sortit, s’habilla avec les vêtements de la vérité et s’en alla.

La vérité, incapable de s’habiller avec les vêtements du mensonge commença à marcher sans habits et tout le monde s’horrifia alors en la voyant. C’est ainsi qu’aujourd’hui, les individus préfèrent accepter le mensonge déguisé en vérité à la vérité à nue. »

Tableau de Jean-Léon Gérôme intitulé "La vérité sort de son puits" (1896)



Première partie La légèreté et la pesanteur :
« Il y a bien des années que je pense à Tomas. Mais c'est a la lumière de ces réflexions que je l'ai vu clairement pour la première fois. Je le vois, debout à une fenêtre de son appartement, les yeux fixés de l'autre côté de la cour sur le mur de l'immeuble d'en face, et il ne sait pas ce qu'il doit faire.
Il avait fait connaissance avec Tereza environ trois semaines plus tôt dans une petite ville de Bohême. Ils avaient passé une heure à peine ensemble. Elle l'avait accompagné à la gare et elle avait attendu avec lui jusqu'au moment où il était monté dans le train. Une dizaine de jours plus tard, elle vint le voir à Prague. Ils firent tout de suite l'amour ce jour-là. Dans la nuit, elle eut un accès de fièvre et elle passa chez lui toute une semaine avec la grippe.
Il éprouva alors un inexplicable amour pour cette fille qu'il connaissait à peine. Il lui semblait que c'était un enfant qu'on avait déposé dans une corbeille enduite de poix et lâché sur les eaux d'un fleuve pour qu'il le recueille sur la berge de son lit.
Elle resta chez lui une semaine puis, une fois rétablie, elle retourna dans la ville où elle habitait, à deux cents kilomètres de Prague. Et c'est ici que se situe le moment dont je viens de parler et où je vois la clé de la vie de Tomas : il est debout à la fenêtre, les yeux fixés de l'autre côté de la cour sur le mur de l'immeuble d'en face, et il réfléchit :
Faut-il lui proposer de venir s'installer à Prague? Cette responsabilité l'effraie. Qu'il l'invite chez lui maintenant, elle viendra le rejoindre pour lui offrir toute sa vie.
Ou bien, faut-il renoncer? Dans ce cas, Tereza restera
serveuse de brasserie dans un trou de province, et il ne la reverra jamais.
Veut-il qu'elle le rejoigne, oui ou non ?
Il regarde dans la cour, les yeux fixés sur le mur d'en face, et cherche une réponse.
il revient, encore posiours, à l'image de cette femme couchée sur son divan; elle ne lui rappelait personne de sa vie d'autrefois. Ce n'était ni une maîtresse ni une épouse.
C'était un enfant qu'il avait sorti d'une corbeille enduite de
poix et qu'il avait posé sur la berge de son lit. Elle s'était endormie. Il s'agenouilla près d'elle. Son haleine fiévreuse s'accélérait et il entendit un faible gémissement. Il pressa son visage contre le sien et lui chuchota des mots rassurants dans son sommeil. Au bout d'un instant, il lui sembla que sa respiration se faisait plus calme et que son visage se soulevait machinalement vers son visage. Il sentait à ses lèvres l'odeur un peu âcre de la fièvre et il l'aspirait comme s'il avait voulu s'imprégner de l'intimité de son corps. Alors, il imagina qu'elle était chez lui depuis de longues années et qu'elle était mourante. Soudain, il lui parut évident qu'il ne survivrait pas à sa mort. Il s'allongerait à côté d'elle pour mourir avec elle. Il enfouit son visage contre le sien dans l'oreiller et resta longtemps ainsi.
A présent, il est debout à la fenêtre et il invoque cet instant. Qu'était-ce, sinon l'amour, qui était ainsi venu se faire connaître ?
Mais était-ce l'amour? Il s'était persuadé qu'il voulait mourir à côté d'elle, et ce sentiment était manifestement excessif : il la voyait alors pour la deuxième fois de sa vie!
N'était-ce pas plutôt la réaction hystérique d'un homme qui, comprenant en son for intérieur son inaptitude à l'amour, commençait à se jouer à lui-même la comédie de l'amour?
En même temps, son subconscient était si lâche qu'il choisissait pour sa comédie cette pitoyable serveuse de province qui n'avait pratiquement aucune chance d'entrer dans sa vie !
Il regardait les murs sales de la cour et comprenait qu'il ne savait pas si c'était de l'hystérie ou de l'amour.
Et, dans cette situation où un homme vrai aurait su immédiatement agir, il se reprochait d'hésiter et de priver ainsi le plus bel instant de sa vie (il est à genoux au chevet de la jeune femme, persuadé de ne pouvoir survivre à sa mort) de toute signification.
Il s'accablait de reproches, mais il finit par se dire que c'était au fond bien normal qu'il ne sût pas ce qu'il voulait :
On ne peut jamais savoir ce qu'il faut vouloir car on n'a qu'une vie et on ne peut ni la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures.
Vaut-il mieux être avec Tereza ou rester seul ?
Il n'existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne car il n'existe aucune comparaison. Tout est vécu tout de suite pour la première fois et sans préparation. Comme si un acteur entrait en scène sans avoir jamais répété. Mais que peut valoir la vie, si la première répétition de la vie est déjà la vie même? C'est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse. Mais même « esquisse » n'est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l'ébauche de quelque chose, la préparation d'un tableau, tandis que l'esquisse qu'est notre vie n'est l'esquisse de rien, une ébauche sans tableau.
Tomas se répète le proverbe allemand: einmal ist keinmal, une fois ne compte pas, une fois c'est jamais. Ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est comme ne pas vivre du tout. »
* L’enfant trouvé mythe Moïse.

Pour revenir à notre soirée dîner lecture….episode… 
épistolaire eh oui je n’écris que sur les réseaux mais c’est aussi un partage pour rester vivante….


….J’avais choisi de l’insoutenable légèreté de l’être le passage avec la chienne de Tomas et Teresa : Karenine en rapport avec le thème masques et mascarade
Car chez nos amis ça manque un peu d’animaux… quand j’étais enfant j’aimais déjà tant les animaux que j’aimais aller chez les adultes qui avaient des chiens ou des chats oiseaux ou même poissons parce que la conversation ne s’arrêtait pas qu’à eux 
Maintenant adulte grande je penche pour tous les plaisirs… la reconnaissance et l’aller retour vers d’autres mondes.

Quatrième partie 
l’âme et le corps
« Tereza rentra vers une heure et demie du matin, alla à la salle de bairs, enfila, un pyjama et s'allongea à côte de Tomas. Il dormait. Penchée sur son visage, au moment d'y
poser les lèvres, elle trouva a ses cheveux une odeur bizarre.. longuement, elle y plongea les narines. Elle le reniflait comme un chien et finit par comprendre : c'était une odeur féminine, l'odeur d'un sexe.
A six heures, le réveil sonna. C'était le moment de Karénine. Il se réveillait toujours bien avant eux, mais n'osait pas les déranger. Il attendait impatiemment la sonnerie du réveil qui lui donnait le droit de bondir sur le lit, de piétiner leurs corps et d'y enfouir son museau. Au début, ils avaient essayé de l'en empêcher et de le chasser du lit, mais le chien était plus têtu que ses maîtres et avait fini par imposer ses droits. D'ailleurs, Tereza constatait depuis quelque temps qu'il n'était pas désagréable de commencer la journée à l'appel de Karénine. Pour lui, l'instant du réveil était un bonheur sans mélange : il s'étonnait naïvement et bêtement d'être encore de ce monde et s'en réjouissait sincèrement. En revanche, Tereza s'éveillait à contrecœur, avec le désir de prolonger la nuit et de ne pas rouvrir les yeux.
Maintenant, Karénine attendait dans l'entrée, les yeux levés vers le portemanteau où étaient accrochés son collier et sa laisse. Tereza lui passa son collier et ils allèrent faire les courses. Elle acheta du lait, du pain, du beurre et, comme toujours, un croissant pour lui. Sur le chemin du retour, Karénine trottait à côté d'elle, le croissant dans sa gueule. Il regardait fièrement autour de lui, ravi sans doute de se faire remarquer et d'être montré du doigt.
A la maison, il resta à l'affüt sur le seuil de la chambre avec le croissant dans la gueule, attendant que Tomas s'aperçoive de sa présence, s'accroupisse, commence a gronder et feigne de le lui arracher. Cette scène se répétait jour après jour. Ils passaient cinq bonnes minutes à se poursuivre à travers l'appartement jusqu'à ce que Karénine se réfugie sous la table et dévore bien vite son croissant.
Mais cette fois-là il attendit en vain la cérémonie matinale. Un transistor était posé sur la table et Tomas écoutait. »

Et j’avais timidement… envisager de lire aussi toujours à propos de Karenine 
Mais on n’a pas eu le temps de tout faire de tout lire de penser à tout car une fois c’est jamais, l’avenir n’est que dans la répétition avec réparation.
Pour moi ce chien ressemble à celui du film de Justine Triet : Anatomie d’une chute mais en plus en mieux il est batard selon l’auteur : un mélange de Saint-Bernard par sa mère pour sa tête et de chien-loup par son père pour le corps.

« La mère était le saint-bernard d'un collègue de Tomas. Le père était le chien-loup du voisin. Personne ne voulait des petits bâtards
et son collègue avait mal au cœur à l'idée de les tuer.
Tomas devait choisir parmi les chiots et savait que ceux qu'il ne choisirait pas allaient mourir. Il était dans la situation d'un président de la République quand il y a quatre condamnés à mort et qu'il ne peut en gracier qu'un.
Finalement, il choisit l'un des chiots, une femelle qui semblait avoir le corps du chien-loup et dont la tête rappelait sa mère saint-bernard. Il l'apporta à Tereza. Elle prit le toutou, le pressa sur ses seins, et l'animal fit aussitôt pipi sur sa blouse.
Ensuite, il fallut lui trouver un nom. Tomas voulait quơn sût, rien qu'à ce nom, que c'était le chien de Tereza, et il se rappela le livre qu'elle serrait sous son bras le jour où elle était venue à Prague sans prévenir. Il proposa d'appeler le chien Tolstoï.
« On ne peut pas l'appeler Tolstoi, répliqua Tereza, puisque c'est une fille. On peut l'appeler Anna Karénine.
— On ne peut pas l'appeler Anna Karénine, une femme n'a jamais une petite gueule aussi marrante, dit Tomas. Plutôt Karénine. Oui, Karénine. C'est exactement comme ça que je l'ai toujours imaginé.
— Est-ce que ça ne va pas perturber sa sexualité de s'appeler Karénine ?

Septième partie 
Le sourire de Karenine

4
Pourquoi le mot idylle est-il un mot si important pour Tereza ?
Nous qui avons été élevés dans la mythologie de l'Ancien Testament, nous pourrions dire que l'idylle est l'image qui est restée en nous comme un souvenir du Paradis. La vie au Paradis ne ressemblait pas à la course en ligne droite qui nous mène dans l'incoanu, ce s'était pas une aventure. Elle se déplaçait en cercle entre des choses connues. Sa monotonie  n'était pas ennui mais bonheur.
Tant que l'homme vivait à la campagne, au milieu de la nature, entouré d'animaux domestiques, dans l'étreinte de saisons et de leur répétition, il restait toujours en lui ne serait-ce qu'un reflet de cette idylle paradisiaque.
… 
Comment expliquer que les règles d'une chienne éveillaient en elle une grande tendresse, alors que ses propres règles lui répugnaient? La réponse me semble facile : le chien n'a jamais été chassé du Paradis. Karénine ignore tout de la dualité du corps et de l'âme et ne sait pas ce qu'est le dégoût. C'est pourquoi Tereza se sent si bien et si tranquille auprès de lui. (Et c'est pour cela qu'il est si dangereux de changer l'animal en machine animée et de faire de la vache un automate à produire du lait : l'homme coupe ainsi le fil qui le rattachait au Paradis et rien ne pourra l'arrêter ni le réconforter dans son vol à travers le vide du temps.)
Du chaos confus de ces idées, une pensée blasphématoire dont elle ne peut se débarrasser germe dans l'esprit de Tereza: l'amour qui la lie à Karénine est meilleur que l'amour qui existe entre elle et Tomas. Meilleur, pas plus grand. Tereza ne veut accuser personne, ni elle, ni Tomas, elle ne veut pas affirmer qu'ils pourraient s'aimer davantage. Il lui semble plutôt que le couple humain est créé de telle sorte que l'amour de l'homme et de la femme est a priori d'une nature inférieure à ce que peut être (tout au moins dans la meilleure de ses variantes) l'amour entre l'homme et le chien, cette bizarrerie de l'histoire de l'homme, que le Créateur n'avait sans doute pas prévue.
C'est un amour désintéressé : Tereza ne veut rien de Karénine. Elle n'exige même pas d'amour. Elle ne s'est jamais posé les questions qui tourmentent les couples humains : est-ce qu'il m'aime? a-t-il aimé quelqu'un plus que moi? m'aime-t-il plus que moi je l'aime? Toutes ces questions qui interrogent l'amour, le jaugent, le scrutent, l'examinent, est-ce qu'elles ne risquent pas de le détruire dans l'œuf? Si nous sommes incapables d'aimer, c'est peut-être parce que nous désirons être aimés, c'est-à-dire que nous voulons quelque chose de l'autre (l'amour), au lieu de venir à lui sans revendications et de ne vouloir que sa simple présence.
Et encore une chose : Tereza a accepté Karénine tel qu'il est, elle n'a pas cherché à le changer à son image, elle a acquiescé d'avance à son univers de chien, elle ne veut pas le lui confisquer, elle n'est pas jalouse de ses penchants secrets.
Si elle l'a élevé, ce n'est pas pour le changer (comme un homme veut changer sa femme et une femme son homme), mais uniquement pour lui enseigner la langue élémentaire qui leur permettrait de se comprendre et de vivre ensemble.
Et aussi: son amour pour le chien est un amour volontaire, personne ne l'y a contrainte. 

avec elle. Elle n'a pas ranis
était telle qu'elle était, mais parce que c'était sa mère.)
Mais surtout : aucun être humain ne peut faire à un autre l'offrande de l'idylle. Seul l'animal le peut parce qu'il n'a pas été chassé du paradis. L'amour entre l'homme et le chien est idyllique. C'est un amour sans conflits, sans scènes déchirantes, sans évolution. Autour de Tereza et de Tomas, Karénine traçait le cercle de sa vie fondée sur la répétition et il attendait d'eux la même chose.
Si Karénine avait été un être humain au lieu d'être un chien, il aurait certainement dit depuis longtemps à Tereza :
« Ecoute, ça ne m'amuse plus de porter jour après jour un croissant dans la gueule. Tu ne peux pas me trouver quelque chose de nouveau?» Il y a dans cette phrase toute la condamnation de l'homme. Le temps humain ne tourne pas en cercle mais avance en ligne droite. C'est pourquoi l'homme ne peut être heureux puisque le bonheur est désir de répétition.
Oui, le bonheur est désir de répétition, songe Tereza.
Quand le président de la coopérative allait promener son Méphisto après le travail et rencontrait Tereza, il n'oubliait jamais de dire : « Madame Tereza! Si seulement je l'avais connu plus tôt! On aurait couru les filles ensemble ! Aucune femme ne résiste à deux cochons! » A ces mots, le goret poussait un grognement, il avait été dressé pour ça. Tereza riait, et pourtant elle savait une minute à l'avance ce qu'allait lui dire le président. La répétition n'enlevait rien de son charme à la plaisanterie. Au contraire. Dans le contexte de l'idylle, même l'humour obéit à la douce loi de la répétition. »

*Mephisto cochon apprivoisé qui se promenait comme un chien avec son maitre president de la coopérative agricole. Karenine l’appréciait car contrairement aux autres chiens il n’était pas enchainé à sa niche et n’aboyait pas bêtement.

« La vraie bonte de l’homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu'à l'égard de ceux qui ne représentent aucune force. Le véritable test moral de l'humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau si profond qu'il échappe à notre regard), ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. Et c'est ici que s'est produite la plus grande déroute de l'homme, débâcle fondamentale dont toutes les autres découlent.
Une génisse s'est approchée de Tereza, s'est arrêtée et l'examine longuement de ses grands yeux bruns. Tereza la connaît. Elle l'appelle Marguerite. Elle aurait aimé donner un nom à toutes ses génisses, mais elle n'a pas pu. Il y en a trop. Avant, il en était encore certainement ainsi voici une trentaine d'années, toutes les vaches du village avaient un nom. (Et si le nom est le signe de l'âme, je peux dire qu'elles en avaient une, n'en déplaise à Descartes.) Mais le village est ensuite devenu une grande usine coopérative et les vaches passent toute leur vie dans leurs deux mètres carrés d'étable.
Elles n'ont plus de nom et ce ne sont plus que des « machinae animatae». Le monde a donné raison à Descartes.
J'ai toujours devant les yeux Tereza assise sur une souche, elle caresse la tête de Karénine et songe à la déroute de l'humanité. En même temps, une autre image m'apparait : Nietzsche sort d'un hôtel de Turin. Il aperçoit devant
lui un cheval et un cocher qui le frappe à coups de cravache.
Nietzsche s'approche du cheval, il lui prend l'encolure entre les bras sous les yeux du cocher et il éclate en sanglots.
Ça se passait en 1889 et Nietzsche s'était déjà éloigné, lui aussi, des hommes. Autrement dit : c'est précisément à ce moment-là que s'est déclarée sa maladie mentale. Mais, selon moi, c'est bien là ce qui donne à son geste sa profonde signification. Nietzsche était venu demander au cheval pardon pour Descartes. Sa folie (donc son divorce d'avec l'humanité) commence à l'instant où il pleure sur le cheval.
Et c'est ce Nietzsche-là que j'aime, de même que j'aime
Tereza, qui caresse sur ses genoux la tête d'un chien mortellement malade. Je les vois tous deux côte à côte : ils s'écartent tous deux de la route où l'humanité, « maître et possesseur de la nature », poursuit sa marche en avant. »Milan Kundera,
Toujours L’insoutenable légèreté de l’être. Chapitre 3 de la septième partie : le sourire de Karenine 







jeudi 7 mars 2024

Bolero

Bolero : Faut y aller vite et dans une belle salle avec des comédiens aguerris au théâtre ! Ce qui donne un film joué et non seulement photographié avec un bon son….
On y va à  Beaugrenelle parce qu’il y a du soleil dehors déjà, avec pour nous, « un supplément d’âme » dedans !
On y est allé, je répète il faut y aller, Pascal s’est un peu endormi mais il n’a pas eu l’impression de ne pas avoir tout suivi ou compris car ce qui est bien c’est que ce film est créatif on se fait son film dans le film Maurice Raphaël Ravel  Personnaz est très convaincant, les femmes nombreuses sont toutes très bien à part Doria Tillier qui selon Pascal « minaude » trop…je dirais rien car elle ne m’a pas gêné je me suis laissé hypnotiser par la musique et la sensibilité du personnage et comment ne pas aimer un tel enfant d’une telle mère interprèté par Anne Alvaro.. Vincent Perez est lui aussi très bien.


J’ai dit à Pascal en sortant demain on réécoute toute la musique de Ravel et de Debussy comment déjà ? 
- Iberia de Debussy j’ai un vinyl dans mes vieux disques.
 À la fin, le ballet de fin est merveilleux. Jeanne Balibar est elle aussi exceptionnelle, elle sait tout faire chanter danser jouer, elle sait tout faire sauf se faire oublier, et elle a bien raison. 
Le ballet son ballet puisque c’est elle la commanditaire, Ida Rubinstein chorégraphe cela s’appelait-il déjà ainsi ? Était-elle, russe basque espagnole, passionaria…  elle suit à sa façon, les indications véhémentes du Maestro. 
Sinon il y a une deux trois scènes autour de grands gants rouges qui bruissent encore en moi….
Anne Fontaine évite pour moi tous les clichés en les affrontant, les énonçant comme nos composants, fluctuants en nous humanisant. No sex. Car elle sort des lignes comment s’affranchir des genres et des modes sexualisés rester un éternel jeune homme et refuser les impasses ? 
L’amitié de sa gouvernante Sophie Guillemin : Madame Rouveleau est traitée avec autant de soin que la relation avec sa muse ou avec sa mère. 
Ce film après l’avoir vu s’épluche encore longuement avec toujours plus de délicatesse retrouvée malgré toutes les vicissitudes des jours qui passent avec son lot d’impossibles. 

vendredi 1 mars 2024

Les comédies au ciné et à la télé dans l’ordre : le clan, le dernier des juifs, les sexagénaires, cocorico

J’ai vu deux trois quatre comédies dans ces derniers mois à intervalle rapproché comme pour faire tampon aux mauvaises nouvelles enterrements de personnes, proches de proches, dont le sourire était comme un bouquet de fleurs toujours de saison dans nos paysages affectueux : des personnes aimantes 
et pour faire face aux films labyrinthes : la bête et Zone d’intérêt. 
1er essai au Cinéma j’ai vu seule, Cocorico bon titre ?! Et puis tout se dégonfle à force d’étirements et seule au ciné dans une grande salle quand personne rit… ou si peu au fur et à mesure. 
2 ème essai tjrs au ciné la sur le blvd Montparnasse aux 7 Parnasse nous deux avec une amie : le dernier des juifs ( j’ai bcp aimé la singularité j’ai ri avec écho dans les derniers rangs proches car petite salle ) cette vie qui sourit qui pleure qui est extrêmement pudique comme dans une improvisation d’acteurs sincères qui jouent la situation jusqu’au bout de leurs cheveux. 
3 ème essai seule à la maison : les sexygenaires avec ce doux charme qui émane d’un duo de comédie et du charme pudique de Thierry Lhermitte j’ai pu apprécier pleinement l’âge qu’il interprète et qui est mien. Presque 2 ans de plus , il a !!?
4 ème essai et dernier qui touche au but vu avec mon Chéri et qu’est-ce qu’on a ri sur le conseil de notre frère cinéphile de ouf Pierre Kandel car j’en ai entendu nullement parler au Masque…et la plume 
La bande annonce vous en donne un avant-goût mais le reste est tout à l’avenant dont le générique. Ils viennent du théâtre corse… viva Merci infiniment