vendredi 30 novembre 2012

des photos pour se lever chaque matin,

 Mon ami et nos grands (par l'âge) neveux
 notre Féline 16 ans photographiée par Pascal
 des photos de rassemblement de singularité de résistance
 Manifestation solidarité des peuples d'Europe Nov 2012
 des photos de nous
 une photo de Denis Dailleux
 une photo de Colline Olsina
 Les deux petits enfants du Bénin, nos filleuls, Tankpinou et Sunday.
Le lien c'est Urgence Afrique. et sur FB : http://www.facebook.com/urgenceafrique
et sur Twitter : Urgenceafrique


dimanche 25 novembre 2012

Les enfants terribles Cocteau Glass Vérité au Balzac le film de Melville






www.athenee-theatre.com
Je devais vendredi dernier aller voir cet opéra, j'ai perdu ma place et je n'ai pu ni l'offrir ni la vendre, j'ai oublié. J'étais tellement fatiguée que j'ai dormi 2 heures sans m'arrêter.
 http://severinegarnier.blogspot.fr/2012/09/reprise-des-enfants-terribles-lathenee.html
Merci Séverine Garnier pour ce blog beau en plus qui me permet de croire ne pas tout avoir perdu, et de pouvoir voyager quoique terrassée par une sorte de narcolepsie : maladie du sommeil. Si je m'étais rendue jusque là-bas, j'aurais dormi pendant le spectacle, c'est irrépressible. 

 Comment oserai-je dire cela, j'ai oublié de me rendre au théâtre.... le vendredi 23
 mais je reçois une news-letter de l'Athénée le mardi 27;
"L’Athénée Théâtre Louis-Jouvet vous rappelle ses deux rendez-vous autour des Enfants terribles :
  (certains théâtres vous donnent ainsi l'impression, de vous rattraper, vous connaitre comme une... maison de vie pour sans-logis. Ainsi ce serait aller chez des amis intelligents qui vous admettent comme vous êtes et ne vous culpabilisent ni pour votre ignorance ni pour vos rendez-vous manqués précédents. Elle vous les facture à l'avance, même si vous ne venez-pas comme chez les psy. Les cours de théâtre fonctionnent ainsi à l'avance, les cours, les inscriptions aux clubs sportifs, à la piscine aussi, au cinéma le pass, les cartes 5 places... les garderies, les crédits, les forfaits, chez ma tante, les garde-meubles, tout vous est facturé, à l'avance, qui que vous soyez, vous ne pouvez plus vous absenter, vous extraire une fois né de la culpabilité, si ce n'est en donnant à votre tour la vie, en délégant ainsi passer la vie, passer votre tour... Mais pour les théâtres comme celui-ci, ce n'est pas désertifiant mais constructif un jeu constructif de caches... de signes, que cet omni présence, l'accompagnement culturel, une drogue douce.  Et à temps choisi de répétitions on se souvient se remémore on réapprends à marcher ans aide ? Seuls les rêves ne sont pas au forfait ou payables à l'avance. Quoique pour les alimenter, le théâtre, ou plus exactement le théâtre cinéma opéra, est la meilleure fabrique...)


"L’Athénée Théâtre Louis-Jouvet vous rappelle ses deux rendez-vous autour des Enfants terribles :
  • Avant la représentation, le musicologue Jacques Amblard vient nous éclairer sur l’œuvre de Philip Glass, en salle Christian-Bérard. Mercredi 28 novembre 19h > 19h30 I entrée libre

moi j'aime à entendre ces trois pianos pourquoi toujours ces amours sororales résonnent tant dans l'imagination collective...

  • En écho avec la programmation de l'Athénée, le Balzac (un de mes cinémas éternels)vous propose de (re)voir Les Enfants terribles de Jean-Pierre Melville (1949) d'après l’œuvre de Cocteau les samedi 1er et dimanche 2 décembre 2012 à 11h.
tarif Athénée 5€ sur présentation du billet de la pièce | tarif unique 6,50€
extrait du film : http://www.criterion.com/films/758-les-enfants-terribles
Reprise des "Enfants terribles"

OPERA - Le théâtre de l'Athénée à Paris donne, fin novembre, l'opéra de Philip Glass mis en scène par Stéphane Vérité. Mon conseil : réservez !

Cette production fut la belle surprise de l'année 2011/2012 à l'Opéra de Bordeaux. "Les enfants terribles" de Philip Glass dans la production de Stéphane Vérité est reprise cet automne au Théâtre de l'Athénée à Paris. Ce dernier a réussi une très belle mise en scène grâce à un large dispositif vidéo, art dans lequel il évolue depuis plusieurs années (lire son portrait dans ce blog).

Un seul exemple pour vous persuader d'y aller : le décor principal est la chambre du frère et de sa soeur, Paul et Elisabeth, dont la relation incestueuse est l'objet de l'oeuvre de Jean Cocteau dont le livret est directement tiré. Derrière de vieilles affiches, des lits gris et des fenêtres sans perspective, Stéphane Vérité fait venir, grâce à l'image, d'immenses vagues symbolisant les débordements de la conscience des protagonistes. C'est juste magnifique autant qu'éclairant sur l'oeuvre : que demander de plus à une mise en scène ?

Côté distribution, on retrouvera à Paris le jeune et excellent quatuor de chanteur/acteurs : Chloé Briot en Elisabeth, Guillaume Andrieux en Paul, Amaya Dominguez en Agathe, Olivier Dumait en Gérard. La direction d'acteurs est subtile et vivante, Stéphane Vérité ayant choisi de souligner d'avantage la jeunesse des personnages que d'expliciter les enjeux psychologiques entre eux, encore un exemple de son intelligence dans la lecture de la poignante oeuvre de Cocteau.

Si vous n'êtes pas encore convaincu que Philip Glass est un grand compositeur, cette production peut vous y amener sans heurt. Le dispositif musical est simple : trois pianos et basta ! La musique minimale a cette force d'induire délicatement la modulation dans la musique, sous un premier abord répétitif. Elle est à mes yeux parfaite pour souligner la naissance, petit à petit, d'un sentiment, d'un amour comme d'une haine, ou encore d'illustrer comment la culpabilité et la mélancolie s'installent et grignotent morceau par morceau l'intérieur de l'âme. Vous comprendrez pourquoi elle "marche" si bien avec ce thème très psychologique des "Enfants terribles".


Une autre version plus ancienne 2009 mise en scène par André Desveaux avec une très belle critique d'Armelle Héliot, s'est aussi produite à l'Athénée, (à mon avis plus classique) je le dis là, car je ne suis pas toujours très tendre avec Armelle Héliot, mais c'est à sa façon et pour moi comme d'ailleurs Fabienne Pascaud, des points de répères, pour d'autres ce seront le masque et la Plume ou Studio avec Laure Adler.

Carole Bouquet je vous kiffe totalement....

Carole je vous ai re-retrouvée, alors bien-sûr, elle sort partout à la fois, télé, radio et sur nos écrans, le 1er qui osera dire de vous quoique ce soit qu'il soit théâtreux, subventionné ou public, homme-femme, je lui donne un coup de poing sur la gueule...
les stars qui font avancer l'air du temps.... le film Mauvaise fille sort la semaine prochaine...
sur France-Inter écoutez son rire avec Rebecca.... Eclectik
à écouter pour lerire justement François Damiens dans l’œnologue ; y a que les belges et Grégory Oui-oui Bengui pour oser dans les grandes murailles les grandes largeurs.
Ah aussi autre détail, Carole, elle écoute Barbara, le mal de vivre, qu'elle connait par coeur en pleurant, ce doit être un hasard, car hein elle a tout pour être heureuse...  
elle va jouer Médée  mise en scène par Macha Makeïeff (la petite fille de Jacques Tati) l'année prochaine, ah c'en est une autre qu'Isabelle Huppert, elle est tellement plus sensuelle plus croustillante, plus belle non c'est pas si facile....
Quand je pense que La France sophistiquée comme populaire, s'identifie à Isabelle Huppert.

Carole Bouquet et Fanny Ardant, les voilà mes actrices françaises préférées dans les stars très connues. Ce n'est pas qu'elles sont trop belles c'est qu'on imagine la petite fille qu'elles ont été qu'elles ont des voix des amours et qu'elles ne se cachent pas pour rire.... Hommes femmes on a envie de les prendre dans ses bras, allez je vais courir 2 jours que je suis sur cet ordinateur et je n'ai pas fini de tout m'entendre dire.... Merci Madame Carole Bouquet vous êtes une œuvre d'art vivante comme Garance dans les Enfants du Paradis.

samedi 24 novembre 2012

La vraie Vie de Bengui et Studio Bagel du Nouveau....

Follow friday de Studio Bagel, une de leurs nouvelles productions, dans cette vidéo je vous laisse découvrir  à la fin l'intervention de Bengui...

Vidéo : donnez du pain aux africains :
mon avis que j'ai posté très vite à l'auteur acteur : "j'aime car c'est surréaliste et drôle, sans cynisme ni grosses valises, grâce oui aussi à la danse.... l'effet drolatique du contraste : le petit blanc et le grand noir musulman de surcroit, assis dans le métro, inquiétant et qui dans son attitude reste digne et fier, aux côtés de Bengui. Y a pas non plus de facilités dans l'utilisation d'images volées habituelles de petits enfants noirs, les gens sont sur le même plan. Car c'est un sujet délicat et dramatique, mais c'est un acteur-auteur comme tous les grands comiques beaucoup plus subtil qu'il y parait.
Et n'oublions pas que la faim dans le monde existe beaucoup trop, certes au XXI ème siècle, mais aussi les famines diminuent... alors que les population s'accroissent, la Chine est hors le circuit des famines.

sa réponse : Je suis content que tu aies perçu ce message. Tu as tout à fait raison. Tout le monde n'a pas compris mais moi je sais quelles sont mes intentions derrière ce clip. Et elles sont saines et plus subtiles que ce qu'on avance. Je cherche juste à aller là on ne m'attend pas. "

Il y a eu de très vives réactions drôle d'avancées que la place de l'humour à la fois immense mais de plus en plus convenue, convenable, conventionnelle.

un tableau, deux.... qui n'ont rien à voir... une semaine en brèves et en images : Pascal Briba son plus beau tableau...

Pascal Briba
Hivernales expo à Montreuil "Chers amis,
Voici qu’un nouveau Salon apparaît dans le paysage de l’art contemporain : Les Hivernales de Paris-Est/Montreuil se déploieront au Palais des Congrès du 12 au 16 décembre 2012. Dans un lieu véritablement adapté, parfaitement accessible et pour un coût imbattable. Le panorama des expressions plastiques contemporaines : peinture, sculpture, gravure, dessin, photographie, art mural, architecture, céramique, arts du feu, livre d’artiste, illustration, art numérique, design, bande dessinée, street art, vidéo-art, et installations…j’y participe et serai content de vous y retrouver 







Abel Ferrara en avant première encore à la Ferme du Buisson.
La projection est précédée de The hearts of age (1934 - 6min) film fantastique rarissime de et avec Orson Welles

La ferme du buisson : dimanche bal de L'Afrique enchantée

 Affiche allemande de ce film de Theo Angelopoulos son dernier, "la poussière du temps" sort enfin en France,  c'est aussi à la Ferme du Buisson
no comment

là une photo : je n'ai plus le nom du photographe c'est une femme qui a un site, je crois,  j'ai mis ce lien de Bonjour chez vous (striptease radio)France-Inter à côté !
Claude Lévêque

Tara Donovan

Humour : c'est un petit canard

 ce n'est pas une photo c'est de l'aquarelle... Thierry Duval
 un petit livre jaune pour Noël, y a le salon livres jeunesse : Davide Cali en ce moment

Séance exceptionnelle de ce film encore Orson Welles à la Cinémathèque samedi prochain (réservez dès maintenant) et si vous alliez aux projections suivies d'un debat avec Jean Douchet, j'y allais avec une amie.

Némésis Philip ROTH


Le Monde  : Némésis, "malheur et châtiment", Philip Roth, nous donne à percevoir les aléas de ceux qui cherchent (comme moi) des explications à tout, il fait le portrait des victimes non pas du devoir, mais des victimes du pourquoi ? On ressent par son personnage, Mr Kantor qui est un "martyr du pourquoi" donc, le vertige dans lequel  sa vie s'engouffre à chercher des réponses, en cas de drame, de tragédie, de catastrophe qui précipite, dans ce récit, en premier les enfants dont il est le gardien, l'animateur de leur terrain de jeu. Et nous lecteurs sommes sur le fil entre voyeurisme, compassion, identification, alors que l'on sent qu'il faudrait se tenir à l'écart : rester œil extérieur, mais le peut-on, est-ce humain... nous sommes faits de ce bois : l'empathie.
Parce que nous tous, qui formons un pays comme l'Amérique, nous sommes sous influence de notre milieu, d'admirations et bon an mal an, nous avons adhéré à une certaine "philosophie" qui avec l'âge, lors des évènements dramatiques éprouvés, perd tout fondement, évènements comme les guerres les catastrophes les épidémies. Mais alors pourquoi nos anciens quelquefois regrettent cette période où aucun humain n'a plus sa place, sa liberté, sa civilisation, sa dignité ? Mais c'est encore du domaine du pourquoi ? et si on changeait de question... comment se fait-il : mais c'est un dérivé du pourquoi ? alors établir des listes, des aménagements... vous savez-quoi, dans un premier temps vous ne lâchez plus le roman de ce Monsieur Philip, car là au moins c'est sûr; il y aura une fin. Mais c'est ambivalent car vous restez en suspends. Je n'ai pas envie que ce soit fini, alors je m'en tiens à le lire lentement. 

Un article de Pierre Assouline sur Blogs le monde 
 DÜRER
Gheorghe Tattarescu



BD



Extraits du Monde

"Au bout de tout ce temps, il était soudain venu à l'esprit de Mr Cantor que Dieu ne se contentait pas de laisser la polio se déchaîner dans le district de Weequahic, mais que, vingt-trois ans plus tôt, Dieu avait également permis que sa mère, deux ans seulement après avoir terminé sa scolarité, et plus jeune qu'il ne l'était aujourd'hui, meure en couches. Il n'avait encore jamais pensé à sa mort sous cet angle. Auparavant, à cause des soins que lui avaient prodigués ses grands-parents, il lui avait toujours semblé que perdre sa mère à la naissance était quelque chose qui faisait partie de sa destinée, et que le fait d'être élevé par ses grands-parents était la conséquence naturelle de cette mort. De même, le fait que son père ait été joueur et escroc faisait partie de sa destinée à lui et il n'aurait pu en être autrement. Mais maintenant qu'il n'était plus un enfant, il était capable de comprendre que si les choses ne pouvaient pas être autres que ce qu'elles étaient, c'était à cause de Dieu. Si ce n'était à cause de Dieu, de la nature de Dieu, elles seraient autres.
Il ne pouvait pas faire comprendre une telle idée à sa grand-mère, qui n'était pas plus apte à ce genre de réflexion que ne l'avait été son grand père (...)"
Némésis, page105-106

de Nathpass

"Quand on quittait Alan, on avait le sourire, on avait le cœur joyeux, et en plus on avait appris quelque chose. Comment est-ce qu'il s'y prenait? Comment cet enfant faisait-à tout ce qu'il faisait pour nous autres adultes? Quel était le grand secret d'Alan? C'était de vivre chaque jour de sa vie en observant ce qu'il y a de merveilleux en toute chose et en se réjouissant de tout, que ce soit son milk-shake après i’école, ou ses poissons tropicaux, ou les sports dans lesquels il excellait, ou qu'il s'agisse de contribuer à l'effort de guerre en cultivant son potager de la victoire, ou de ce qu'il avait appris en classe ce jour-là. Alan a accumulé dans ses douze années plus d'enthousiasme et de vitalité que la plupart des gens au cours de toute une vie. Et Alan a donné plus de joie aux autres que la plupart des gens au cours de toute une vie. La vie d'Alan est terminée... »

Là, il lui fallut à nouveau s'interrompre et, lorsqu'il reprit, ce fût d'une voix rauque, et au bord des larmes.

«La vie d'Alan est terminée, répéta-t-il, mais, dans notre chagrin, nous devons nous rappeler que tant qu'il l'a vécue, ce fut une vie illimitée. Chaque journée, pour Alan, était illimitée, à cause de sa curiosité. Chaque journée, pour Alan, était illimitée, à cause de son caractère enjoué. Pendant sa vie entière il a été un enfant heureux, et tout ce que faisait cet enfant, c'était en s'y donnant à fond. Reconnaissons qu'il y a des sorts pires. »

Après le service, Mr Cantor se tint en bas des marches de la synagogue pour présenter ses respects aux membres de la famille d'Alan et remercier son oncle pour ce qu'il avait dit. Qui aurait imaginé, en le voyant dans le drugstore, en blouse blanche, doser les cachets pour une ordonnance, que Doc Michaels pouvait être un orateur aussi éloquent, surtout lorsque l'on voyait les membres de l'assemblée…."
Némésis, page 60


Quatre fois pendant la prière, devant la tombe de cet enfant, l'assistance en deuil répéta «Omein.» Ce n'est que lorsque le cortège funèbre se fut éloigné de l'amoncellement des tombes et eut pris la sortie qui donnait sur McClellan Street qu'il se rappela soudain les visites qu'il faisait, quand il était petit, au cimetière juif de Grove Street où étaient enterrés sa mère et maintenant son grand-père, et où sa grand-mère et lui-même seraient enterrés à leur tour.
Enfant, ses grands-parents l’avaient emmené chaque année visiter la tombe de sa mère pour célébrer son anniversaire au mois de mai, même s'il ne parvint jamais, dès sa première visite et lors des suivantes, à croire qu'elle était enterrée là. Debout entre ses grands-parents en larmes, il avait toujours eu le sentiment qu'il participait à un jeu où l'on faisait semblant qu'elle soit là. Le cimetière était l'endroit où il avait le plus le sentiment qu'on lui racontait des histoires en lui disant qu'il avait eu une mère. Et pourtant, tout en sachant que cette visite annuelle était la chose la plus bizarre qu'on attendît de lui, il ne refusait jamais d'y aller. Si cela faisait partie de ce qu'un bon fils devait à une mère qui n'était liée à aucun de ses souvenirs, eh bien il s'y pliait, quand bien même c'eût été un cérémonial qui sonnait creux.
Chaque fois que, devant la tombe, il essayait de susciter une pensée qui fût en accord avec les circonstances, il se rappelait l'histoire que sa grand-mère lui avait racontée sur sa mère et les poissons. De toutes ses histoires édifiantes — qui toutes tendaient à rappeler à quel point Doris était une élève douée, et comme elle savait se rendre utile dans la maison, et comment, enfant, elle adorait s'asseoir derrière la caisse du magasin qui, à chaque somme encaissée, faisait dring, comme il le faisait, lui, quand il était petit —» cette histoire était celle qui lui était restée dans la tête. L'événement mémorable avait eu lieu par un après-midi de printemps, bien avant la mort de Doris et sa propre naissance. Pour préparer la fête de la Pâque, sa grand-mère allait toujours jusqu'à la poissonnerie d'Avon Avenue pour choisir deux carpes vivantes dans le vivier du poissonnier, elle les rapportait à la maison dans un seau et les gardait en vie dans la bassine en zinc dont se servait la famille pour prendre des bains. Elle remplissait la bassine d'eau et y laissait les poissons jusqu'à ce que le moment fût venu de leur couper la tête et la queue, de les écailler et de les faire cuire pour faire de la carpe farcie. Un jour, quand la mère de Mr Cantor avait cinq ans, elle s'était élancée dans l’escalier en rentrant du jardin d'enfants, elle avait découvert les poissons qui nageaient dans la bassine en zinc et, après s'être rapidement déshabillée, elle était entrée dans la bassine pour jouer avec les poissons. C'est là que la trouva la grand-mère de Mr Cantor quand elle monta du magasin lui préparer son goûter. Elles n'avaient jamais dit à son grand-père ce qu'avait fait la petite fille, de peur qu'il la punisse. Même quand sa grand-mère raconta l'histoire au petit garçon — il était alors lui-même au jardin d'enfants —, elle lui demanda de garder le secret pour ne pas troubler son grand-père qui, dans les années qui suivirent la mort de sa tille bien-aimée, ne pouvait atténuer la douleur de l'avoir perdue qu'en ne parlant jamais d'elle.
Il pouvait paraître bizarre à Mr Cantor de songer à cette histoire devant la tombe de sa mère, mais à quoi d'autre de mémorable pouvait-il se raccrocher?
 Némésis, page 68-69

"La peur nous avilit. Atténuer la peur, c'est votre job, et le mien."

Némésis, page 90
Cliquez pour lire cette page 170 sur l'image... 
et je vous offre pour Noël et pour la suite annoncée comme difficile : 2013 
une sorte de vœu pieu(x) dans le sens efficace mais désintéressé : "Ne vous battez pas contre vous-même. Il y a déjà suffisamment de cruauté dans ce monde. N'aggravez-pas les choses en vous prenant pour bouc émissaire."
à ces mots j'ai eu comme un pieu qui m'est sorti du coeur car si vous saviez combien les victimaires sont plus oppressants dans le travail, dans le théâtre... que les arrogants, car alors que faire à part faire comme eux, si vous les traitez de victimaires, faux-jetons, rabats-joie, arrogants contrariés.... vous allez rapidement devenir le bouc émissaire.... car croyez-les, ou il vous en cuira, c'est eux qui ont le plus souffert.....

vendredi 23 novembre 2012

Art : Art press, beaux-arts, art actuel... le manque de Barbara sur France-Inter aujourd'hui et demain

Quand je partais en voyage seule ou accompagnée, il me fallait un livre au moins et/ou des magazines, en vieillissant je comprends pourquoi, parce que le train son mouvement sa vitesse alors qu'on est immobile est un transport, qui correspond pour moi, assez bien au théâtre, à condition de lire... et/ou maintenant d'écouter de la musique mais pas encore de regarder un film, car alors le décor de dehors, qui file, je ne pourrais plus le voir comme fond d'image comme décor à mes pensées. Quelle sensation de protection, de suspends du temps, et de n'être là enfin pour personne ou seulement avec celui, avec qui on voyage...
Ça marche encore ce phénomène de brouillage des sens qui affine les rêves en possibles, quand on écrit, on s'accompagne avec les mots, on a comme besoin de vivre avec l'humanité entière. Dans toute l'épaisseur de sa solitude, enfin douce, c'est cela s'ouvrir au monde : voyager, écouter la radio tout en gardant le regard libre, avec la possibilité de pouvoir s'assoupir rentrer en ses rêves et retourner rentrer en sa base de désir de plaisirs ancré sur sa toute petite enfance.
L'élasticité du temps, je l'ai comprise aussi en courant, pour écouter son effort du corps, respirer au bon rythme est alors obligé, on se place entre l'expire et le respire, puis comme une disponibilité qui s'étendrait à l'intérieur de soi, après le 1er quart d'heure, grâce aux endorphines qui vous laisse comme plus libre d'aller, comme cela n'importe où,  et de savoir ou poser les pieds ; les obstacles se rangent, les gens vous laissent ainsi passer, les enfants vous regardent.  Et donc je pense plus vite je saute plus vite du coq à l'âne dans ma tête ; les associations, les obsessions, s'identifient c'est bien ainsi de libérer ses pensées, car quand je cours, j'ai découvert ressenti que le temps  passait enfin plus lentement, j'ai l'impression d'avoir fait plein de choses dans mon matin ? Forcément j'ai avancé plus vite et à mon rythme, sans suivre et sans être suivie.
Novembre, ravive chaque année le manque de Barbara, dit Didier Varod à la radio, ma Barbara, que j'ai accompagnée au Père Lachaise, le soleil a paru quand nous avons tous chanté avec nos mimosas : "dis-quand reviendras-tu, dis au moins le sais-tu, que tout ce temps qui passe, ne se rattrape guère que tout ce temps perdu, ne se rattrape plus... et Gottingen, chanson utile, de paix....
La chanson populaire et sophistiquée, elle aimait a chanté avec Johnny Halliday et a repris des chansons de Claude François.

Écouter l'Atelier Fantôme... de Barbara par Vincent Josse Quelles belles photos d'elle en noir et blanc !
Et donc dans le train j'achetais comme pour ouvrir plus large encore la fenêtre  :Beaux Arts, j'adorais le titre les images le papier épais glacé la beauté des photographie des œuvres. ET donc après ces 10 ans où j'ai été trop occupée à bien des bouleversements, dont une histoire d'amour de couple au jour le jour, ça perturbe disloque élance et ravive éteint et rassemble :  le quotidien l'intime le miroir les sentiments les habitudes le striptease : le plaisir du feuilleton partagé, la réalité de deux collègues frère sœur après avoir été amoureux fous puis doux.





Et donc à la gare dans les kiosques, j'ai bien compris que l'Art était devenu un placement car les titres des revues sont plus nombreux : Art Actuel a répertorié les 100 artistes qui comptent (sans jeu de mots). J'en reconnais bien-sûr certains... Ange je croyais que c'était une femme, et d'autres grâce à mes amis de FB grâce entre autres au journaliste : Vincent Josse.

jeudi 22 novembre 2012

du Nouveau au théâtre et dans la vie ? épousailles Wilde Despentes Honoré

Il va falloir que j'aille voir ... Nouveau Roman de Christophe Honoré à la Colline, car les épousailles de la littérature et du théâtre, c'est ce qui nous fait aimer les grands rôles, les grands auteurs, Duras Sarraute Yourcenar, non pas elle, pas là ? c'est ainsi oser se balader dans milles vies, et c'est n'y pas seulement faire du tourisme... Car, quand on est au théâtre, en plus, on voyage à plusieurs, c'est pour cela que j'aime descendre du car et en causer après avec des amis, des inconnus, la base est commune : le même soir, les mêmes interprètes, le même lieu, le même guide : metteur en scène, l'embarquement est total, et quelquefois vous volez et si loin dans des contrées jusque là inexplorées, dont la porte est restée longtemps fermée... et surtout vous partagez le même amour du théâtre, ses transports, ce qui donne comme musique aux échanges plutôt une harmonie qu'une dissonance... ou bien après des accès des excès lyriques, discursifs, comme un désir d'intégrer toutes les couleurs d'humains à la grande palette universelle comme à celle fondue singulière, à soi de l'intime. C'est profond, ça rend intelligent quelquefois et puis aussi étonnamment après des années de voyages en commun, c'est léger libérateur farce comique  pertinent : Molière Feydeau Labiche Courteline, Godot ?!( lapsus Beckett est hors genres comme Shakespeare) en attendant  : Ribes ?!

"Lorsque les critiques sont en désaccord, l'artiste est en accord avec lui même." A propos c'est d'Oscar Wilde en ces temps d'abomination sur les contres au mariage gay, ce sont bien les épousailles avec cet auteur homosexuel que le dernier spectacle de la Cie Philippe Person(à ce propos ne pas confondre Christophe et Philippe Honoré) épousailles entre la littérature et le théâtre, c'est de cela, dont il s'agit dans l'importance d'être Wilde (il y a une video avec Philippe Person qui parle de la solitude de Wilde, épousailles ?): mais pas seulement, l'esprit qui tient le coup. A ce sujet, le juste propos de Virginie Despentes je vous donne le lien avec cet autre blog qui m’apporte beaucoup en littérature, celui d'Olivier Steiner.

mardi 20 novembre 2012

MANGER en textes et photos de la Cie Philippe Person, Jouvet, l'écoute comment la jouer....


J'ai retrouvé les textes, les intentions, les respirations à la lecture de tous les rôles ; me reviennent les expressions des visages de mes camarades de scène et les images défilent dans ma tête je ris toute seule.... Je jouais le rôle d'Olivia et j'ai écrit le dernier texte, celui du chapeau.
Je crois que j'éprouve une certaine nostalgie de cette époque où je m'imaginais avoir frôlé le succès. Et puis manger, le thème fera toujours recette, cela aurait qui sait pu être le Knock de Jules Romains, de la Cie P. Person, Knock que remontait Jouvet (émission à podcaster l'histoire de Renoir Auguste enfant- et un livre à acheter Témoignages sur le théâtre de Jouvet) quand les caisses étaient vides, aux périodes de vaches maigres. 
On me demande souvent l'écoute c'est quoi ? c'est la 1ère photo. C'est quand on fait semblant de penser pour ne pas faire voir qu'on écoute aux portes la conversation d'à côté.... c'est l'attente active, entre "là où je suis je ne pense pas et là où je pense je ne suis pas" Lacan.
à chaque fois que j'entends un nouveau slogan, ou une nouvelle info et depuis cette période ça abonde, encore plus, sur le Bien Manger, un livre : Régime Duncan ou "manger bouger", 20 mn  de jogging par jour, minimum, je me positionne en journaliste glaneuse, j'ai envie de noter prendre des idées pour remettre notre Manger au goût du jour. 
http://nathpasse.blogspot.fr/2009/11/bashung-gainsbourg-et-gallotta-nathalie.html#!/2009/11/bashung-gainsbourg-et-gallotta-nathalie.html

MANGER a été écrit à plusieurs mains... Élisabeth GENTET-RAVASCO à la base et d'autres textes (Duras, Sartre, anonymes...) et des improvisations des comédiens retranscrites pour la création des différentes moutures et mises en scène par Philippe Person assisté de Sophie Balazard

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Extraits
Tous les personnages sont à table, et comme tous les convives d'un grand banquet,
ils discutent avec leurs vis à vis (le public),
Sont présents (première table) Arielle, Étienne, (deuxième table) Olivia, (troisième
table) Nadège, La femme, L'homme.

L'HOMME:
Ginseng, pas gingembre. Ginseng !

ÉTIENNE :
Moi, moi, j'aime ce qui est gras, mais très gras hein, une côte de bœuf bien grasse ou alors un pot au feu très gras, avec les yeux et tout, ou alors un croissant aux amandes.

NADÈGE:
One apple a day, keeps the doctor away.

LA FEMME:
Les chiens et les chats, ils mangent comme nous, sauf qu'ils ne boivent pas d'alcool.

ÉTIENNE :
Dans le cochon tout est bon.

NADÈGE:
On ne trouve plus les petites violettes de nos grands-mères, les petites violettes en sucre, plus du tout.

L'HOMME:
Non mais c'est pas vrai, les avocats tu les manges le soir et tu te réveille plus tôt le matin.

OLIVIA:
Qu'est-ce qu'on peut entendre comme conneries ! Un bon confit de canard, avec la peau bien grillée, des petites pommes de terre sarladaises, avec de l'ail et du persil et une salade verte.

LA FEMME :
Bah ! les pieds paquets c'est une horreur.

ARIELLE :
Un repas sans dessert, c'est comme un enfant sans mère.

NADÈGE:
Si un jour vous avez l'occasion de manger du piranha confit, n'hésitez pas.

OLIVIA:
Le vin c'est aussi un médicament.

L'HOMME :
Le ketchup c'est pas américain, c'est hollandais.

LA FEMME:
Nice c'est la seule ville qui n'a pas voulu des restos du cœur... Ils ont des restos pour chiens.

ÉTIENNE :
Précisément, précisément, j'ai connu un type qui se masturbait exclusivement avec des côtelettes.

OLIVIA :
Dis-moi qui tu manges Je te dirais qui tu es.

ÉTIENNE :
Non, je vous raconte n'importe quoi. Je suis désolé, j'avais oublié le problème des os, c'était avec des escalopes, des escalopes.

NADÈGE:
J’ai arrêté les artichauts, à cause des poils.

ARIELLE:
Exactement, les moules je suis vaccinée

OLIVIA:
Le tourin c'est de l'ail avec de la mie de pain et du blanc d'œuf ! C'est un mystère tellement que c'est bon.

ÉTIENNE :
(écroulé de rire) Alors le mec il arrive fou de rage.... "Comment ! Comment ! Comment !" et
l'autre lui répond: "A la coque".

LA FEMME:
La couleur des aliments, c'est très important. Mol je connais un enfant qui ne mange que des aliments blancs : de la purée, du lait. de la Chantilly de la...

NADÈGE:
Non, non, non. on n'a pas le droit de manger plus de sept œufs par semaine.

ARIELLE:
Oui mais alors pas de myrtilles hein ! parce que les renards viennent pisser sur les myrtilles et on attrape des maladies

ÉTIENNE :
(toujours écroulé de rire) A la coque !

L'HOMME:
Une maison sans fruit est une maison sans vie.

NADÈGE:
Eh oui, fruits de mer, santé de fer

ARIELLE :
Le dessert en fin de repas? C'est une réminiscence de la tétée. Oui oui, en fin de tétée il y a du sucre dans le lait de la mère.(phrase qui n'a pas été gardée dans aucune des versions, j'ai demandé confirmation à Philippe Person)

OLIVIA :
(s'énervant) On ne trouve plus de bon pain.
Tous les personnages murmurent et discutent avec leurs "vis à vis" On perçoit quelques bribes.

ÉTIENNE :
Le gigot de sept heures cuit sept heures, c'est évident...

NADÈGE :
Le cassi(s) ou cassis...

L'HOMME :
Non, mais ça, c'est de la tomate belge.

ARIELLE :
À ce prix là, c'est du surgelé.

OLIVIA :
À l'ancienne.

LA FEMME :
La viande, c'est sexuel.

ÉTIENNE :
Bah, en cocotte.

NADÈGE :
Une bonne soupe aux encornets, une soupe aux yeux.

ARIELLE :
Sushi avec riz, sashimi sans riz, ou le contraire.

OLIVIA :
Sous emballage, ça fermente, c'est une horreur.

L'HOMME :
Aujourd'hui, ça n'a plus de goût.

LA FEMME :
Sans sel !

Olivia se met à rire, puis tous tournent la tête "un serveur" vient d'arriver avec "la suite"

TOUS :
Ahhhhh !!!!

OLIVIA:
Elle sort sa balance, et la pose devant elle
(à la balance) T’es belle.
(elle prend du pain) Cette semaine, j'ai le droit à 40 grammes de pain par jour.
Elle pèse, ôte un tout petit bout de pain qu'elle met devant la balance, puis coupe en deux le pain qu'elle a pesé.
Elle pose les deux morceaux devant elle.
Ça c'est pour le midi ; ça c’est pour le soir (elle intervertit les deux morceaux) Oh non celui-là pour le soir, pour le midi je préfère le croûton. Déjà quand j’étais petite, ma mère elle me le donnait, le croûton
Elle compte avec ses doigts sur la table, puis mécaniquement prend une miette de pain tout en comptant, puis une autre, puis un bout de pain, sans se rendre compte qu'elle le mange
Alors. 260 calories - Mmmmm ! ça fait 1200 par jour, il m'en reste combien ? 1096. Ouais, ça fait pas beaucoup. Pour ce midi, une tranche de rôti et puis une salade de tomates. Oh j'en ai marre des salades de tomates. Après du fromage blanc à 0%. Et ce soir ah non pas encore les concombres !...(elle s'aperçoit qu'en même temps qu'elle réfléchissait, elle a mangé des miettes du pain qu'elle triturait) (temps de culpabilisation puis elle se récupère). Tant pis je le mange en apéritif ! Ça se digère mieux, na. Il est bon. Il est bien grillé, (elle se rend compte qu'il n'y a plus beaucoup de pain) Je mange tout là. voilà ! (elle met tout ce qui reste dans sa bouche et mange avec un plaisir certain) (la bouche pleine) II faut mastiquer le pain. C'est un sucre lent. (elle mange) C'est bon. C'est ça qui est important, mastiquer le pain.
Une fois qu'elle a la bouche vide, elle se rend compte qu'une fois encore elle n'a pas tenu son régime
J'ai tout mangé. Je suis nulle.
Elle range sa balance et découvre le petit bout qui avait été mis de côté. Elle le regarde et l'avale.
La femme se lève "en dérangeant" son mari. II hésite à la suivre puis se rassied.
Étienne vient s'installer à la table d'Olivia, devant l'assiette qu'elle lui avait préparée.
Elle le regarde manger en salivant


(...)
p 1 à 4
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LA FEMME:

Qui c'est qui va manger sa bonne purée. Hum c'est bon ça la purée. Tu sais y-a des bonnes vitamines dans la purée. Et puis j'ai mis du bon lait de la vache qui donne plein de force au bébé. (elle reçoit un peu de purée) Ça oui de la force, (elle rit un peu sadiquement) Tu voulais tout mettre par terre hein, mais Maman a fait une purée bien épaisse qui ne peut pas tomber de l'assiette. Elle n'est pas bête Maman, (elle change d'attitude) Allez mon bébé encore une bouchée pour Papa, et puis une pour Grand Mère. Et puis une pour Grand Père. Si, si une dernière pour Mamie-lunette. Tu sais quoi mon petit ange, les cuillères pour Maman ça sera le bon dessert. Que tu associes toujours ta Maman aux bons desserts, (elle change d'attitude) Mais enfin pourquoi tu ne manges pas. La nourriture de Maman n'est pas bonne, c'est ça, hein ! Des heures de cuisine et voilà ce que tu en fais. Pourquoi m'en veux-tu à ce point ? (elle change d'attitude) Comment vas-tu grandir et devenir intelligent si tu ne manges pas, y'a des protéines dans ce foie d'agneau. Tu ne te rends donc pas compte. (Elle change d'attitude) Je vais le dire à Papa et il fera les gros yeux. (Elle change d'attitude, très maman branché psy) Après tout tu es responsable de ton corps de ce qui y entre et de ce qui en sort. C'est toi qui sais. Je ne rentrerai pas en conflit avec toi sur ce sujet, (elle change d'attitude) Allez mange mon petit amour et tu verras comme tout le monde sera fier de toi. On va tous applaudir Papa, grand frère, Maman et même on téléphonera à Grand Mère et personne ne pourra dire que Maman n'est pas une bonne mère. (Elle fait le clown) Qui c'est qui veut ploum pompon, qui c'est qui veut la cuillère de miam miam. Ploum pompon, attention l'avion va entrer dans la bouche. Tut tut, je voudrais rentrer dans la bouche de monsieur Bébé, ploum pompon, c'est du bon manger qu'a fabriqué pour toi ta maman. Si tu manges bien je t'achèterai un jouet qui fait plein de musique. Et puis des bonbons, (elle change d'attitude) -elle donne la cuillère mais en regardant la télé ou en téléphonant à une copine, sans vraiment regarder son bébé- (on entend la télé) (elle change d'attitude) Ne mange pas si vite, mon bébé. T'as vu tout ce que tu as déjà ingurgité, c'est pas possible tu vas devenir obèse, c'est à mol que tu en voudras quand tu seras grand, (elle change d'attitude) (Elle essaie de forcer la bouche du bébé) Tu vas l'ouvrir oui ta bouche, il faut que tu manges, je t'assure, il le faut. (Elle change d'attitude) Tu veux que je fasse cuire autre chose ? (Elle s'énerve) Mais si je vais te faire cuire autre chose, tu ne crois quand même pas que Je vais te mettre au lit le ventre vide. Non, ne crie pas. Ne crie pas. Maman pleure à cause de toi. (Elle s'assoit en pleurant)

p 18
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OLIVIA :
Pour un petit régime ponctuel, par exemple une fête la semaine prochaine, il n'y a qu'une seule solution : l'ananas. Ananas le matin, ananas le midi, ananas le soir et comme ça 4 - 5 kilos pfutt... envolés.

ÉTIENNE :
(A toute vitesse) C'est pourtant pas compliqué, vous calculez votre RCQ, Ration Calorique Quotidienne. Donc RCQ ça fait T moins 50. Ou 30 si on est un homme, multiplié par 225 moins A, sur le coefficient d'activité bien sûr. Alors "T" c'est la taille, moins 50 c'est 50, 225 c'est... 225, moins A... "A" comme l’âge, "sur le coefficient d'activité" c'est entre 10 et 16  selon l’activité. Alors ça fait...

OLIVIA :
(qui a calculé à toute vitesse] 1359.

LES AUTRE:
Ohhhhh!
 (...)

NADÈGE:
Tous les soirs un comprimé de ver solitaire et on n'en parle plus.

OLIVIA :
L'œuf dur c'est très très calorique. Mais comme c'est très très difficile à digérer, vous pouvez en manger autant que vous voulez, ça compte zéro.

ARIELLE :
La grande cuisine, c'est toujours léger.

OLIVIA :
(amoureuse} Welghwatchers c'est une amicale. On se pèse ensemble, on pèse les aliments ensemble, on se voit deux à trois fois par semaine, c'est bien !

NADÈGE:
Y a aussi l'épilation définitive. Mais ça n'a rien à voir.

OLIVIA :
Alors ils ont trouvé (maintenant) un moyen de maigrir en dormant. Il faut prendre des comprimés, juste avant de se coucher, il faut se mettre tout nu dans son lit parce qu'à ce moment là, la graisse ne se défend pas, elle n'est pas comprimée par les petits élastiques des vêtements... non, mais tu sais !

ÉTIENNE :
C'est pas compliqué, il n'y a qu'une solution : le Jeûne de vingt et un jours. Le Jeûne, pas le jeune!

NADÈGE;
Et les biscottes, ça fait circuler le sang, les biscottes.

OLIVIA :
(ignorant les autres) Alors je me suis réveillée... et j'ai continué le rêve, les yeux grands ouverts...
C'est idiot de dire les yeux grands ouverts, quand on se ferme au monde mais je me suis rappelée, je me suis rappelée comment les autres l’avaient regardé, les yeux exorbités -encore les yeux... le regard... le jugement- les yeux exorbités devant le spectacle de cet homme amaigri, fatigué, humilié. Et moi je pensais que j'aurai voulu être à sa place… Otage, c'est ce qu'il y a de mieux pour faire un régime, non ?
Mon impossibilité à tenir mes engagements ne nuirait plus à personne. Ils m'obligeraient. Ils me donneraient du pain de l'eau et je maigrirai... comme ça sans volonté. C'est horrible, je ne pense plus qu'à ça. Je ne fais plus que ça. C'est une obsession. Quand je passe devant un kiosque à journaux, à tous les coups il y a un magasine qui parle de régime. Je sais que c'est de la merde, mais je l'achète. J'ai écrit à tous ces trucs ridicules qui disent qu'on peut maigrir sans faire d'effort. Je les ai tous fait. Ma mère déjà disait, tu m’as tout fait. Mais à part faire le yoyo sur ma balance, je n’arrive à rien.
À quoi ça sert ? Moi, qu'aime tant manger.
 
La femme et l'homme arrivent d'un pas décidé, dès qu'ils les voient, les autres se mettent en rang, la femme s'installe à une table. L'homme est à ses côtés, debout, comme à la tribune.

L'HOMME
(d'après les Mots de Jean-Paul Sartre)
Pour une fois. tu as raison, mon grand camarade : l'appétit je ne sais pas ce que c'est. Si tu avais vu les phosphatines de mon enfance, j'en laissais la moitié : quel gaspillage ! Alors on m'ouvrait la bouche, on me disait: une cuillerée pour papa, une cuillerée pour maman, une cuillerée pour la tante Anna. Et on m'enfonçait la cuiller jusqu'au fond de la gorge. Et je grandissais, flgure-tol. Mais Je ne grossissais pas. C'est le moment où on m'a fait boire du sang frais aux abattoirs, parce que j'étais pâlot ; du coup je n'ai plus touché à la viande. Mon père disait chaque soir : "Cet enfant n'a pas faim..." Chaque soir tu vols ça d'ici: "Mange, Hugo. mange. Tu vas te rendre malade." On m'a fait prendre de l’huile de foie de morue, ça c'est le comble du luxe : une drogue pour te donner faim pendant que les autres, dans la rue, se seraient vendus pour un bifteck, je les voyais passer de ma fenêtre avec leur pancarte : "Donnez-nous du pain." Et j'allais m'asseoir à table. Mange. Hugo. mange. Une cuillerée pour le gardien qui est en chômage, une cuillerée pour la vieille qui ramasse les épluchures dans la poubelle, une cuillerée pour la famille du charpentier qui s'est cassé la jambe. J'ai quitté la maison. Je suis entré au Parti et c'était pour entendre la même chanson: "Tu n'as jamais eu faim, Hugo, de quoi que tu te mêles ? Qu'est-ce que tu peux comprendre ? Tu n'as jamais eu faim." Eh bien, non, je n'ai jamais eu faim. Jamais ! Jamais ! Jamais ! Tu pourras peut-être me dire, toi, ce qu'il faut que je fasse pour que vous cessiez tous de me le reprocher.

Tout te monde applaudit, l'homme et la femme sortent. Les autres suivent, sauf Olivia.
Arielle va s'installer la tête dans son réfrigérateur Olivia tourne autour des tables, comme quelqu'un qui prépare un grand repas chez elle.

OLIVIA :
(elle coupe un canard avec un sécateur) J'appelle quelqu'un ou Je sers moi même ? Quand je sers au moins je peux me lever, me dégourdir la tête. J'ai rien à leur dire. Je n'ai rien à vous dire. De toute façon vous n'avez pas envie de m'entendre ! Je suis juste la femme. Oh le morceau ! (elle s'énerve sur un morceau dur à découper) (elle rit) Combien je te parie qu'arrivé au dessert, il y en a une qui va faire son cinéma, "oh non, c'était tellement, tellement côpieux. Il faut que je surveille ma..." et puis là elle va s'arrêter d'un coup. Considérer mon tour de taille et sera très gênée d'avoir osé parler de ses deux kilos de trop en face de moi. Je la mettrai à l'aise en riant "Et c'est à moi que vous dites çâ" (temps) Ou alors je ne dirai rien et tout le monde sera très gêné. Moi genre bouleversé, J'ai pas mon pareil. J'iral chercher les coupes de Champagne comme pour cacher mes larmes, instant dramatique ! Mais la pétasse du jour trouvera un truc nul à sortir pour changer la conversation et on m'oubliera. (elle "achève" le canard en coupant la carcasse par le milieu) Ouh Pétasse ! Charpie ! Harpie ! Viande morte ! (elle finit, presque en pleurs en découpant de plus en plus violemment te canard) Je suis sûre que je méritais mieux.

Olivia étonnée de son accès de colère, s'assoit en essayant de se reprendre.

Nadège arrive sur scène, elle "répète" un extrait du livre de Sainte Thérèse sur la joie
qu'elle a connu en pratiquant le Jeûne de Pâques. Elle n'arrive pas à jouer l'extralt

Elle lâche son livre.

NADEGE :
Quand j'étals petite. Je croyais que les bonnes sœurs étaient des saintes. Je croyais que ma mère était la plus belle femme du monde et mon père le plus intelligent. Je croyais qu'il suffisait d'être bon pour donner le bonheur, qu'il suffisait de tendre la main pour ouvrir le chemin. Je croyais que les gens qui avaient du talent, n'avaient que du talent. Je croyais que les pauvres n'existaient que pour qu'on puisse les aider. Je croyais que le malheur était un poème et que la souffrance était lyrique. C'est idiot non, quand j'étais petite, je croyais que les bonnes sœurs étaient des saintes. Quand j'étais petite, mon Papa me disait toujours je vais te manger, te manger et ça me faisait rire. Je me sauvais en riant, j'allais me réfugier dans les jupes de ma mère qui faisait semblant d'avoir peur, elle-aussi, du méchant loup et mon père arrivait, il me tirait par la taille, me faisait voler et faisait semblant de me dévorer toute crue. Et je riais, je riais.(soudain sérieuse) Il aurait mieux fait de me manger.
p 19 à  22

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ÉTIENNE :
Bouffe-cul, pense y Bouffe-cul !
 Etienne sort d'un côté, Arielle de l'autre.
 Une musique très boite de nuit envahit /'espace. Olivia et Nadège dansent sur leurs chaises. La musique devient plus "musique de foire" Un bonimenteur vêtu d'une immense cape fait son apparition.

L'HOMME: 
Allez, allez jeunesse. Ça va commencer Roulez jeunesse.
Une femme le suit, elle va exécuter un striptease (très très moyen et très soft, ambiance kermesse minable), sans aucun plaisir, désabusée, elle fait son boulot, un point c'est tout. Durant tout le striptease, le bonimenteur commente à sa façon l'effeuillage des vêtements.
Nadège qui n'aime pas du tout cette ambiance sort pendant le "numéro" Olivia regarde fascinée.

L’HOMME : (texte médical)
De deux à huit minutes après l'arrêt du cœur, le tissu nerveux, et en particulier l'encéphale dégénère rapidement. Les muscles se relâchent ainsi que les sphincters, provoquant l'excrétion spontanée de l'urine et des matières fécales. Le corps encore tiède et mou d'une pâleur cireuse. Au bout de cinq à six heures après la mort, apparaissent des taches rouges,  sombres ou violacées. Puis c'est la fin de la rigidité cadavérique. Le corps commence à se putréfier et à sentir mauvais. Plus tard, le corps se déshydrate, la peau se dessèche et devient semblable à du parchemin qui serait tendu sur les os. Les cheveux, les poils, les ongles, qui ont continué à pousser quelque temps, finissent par tomber. Persistent juste des touffes de poils parsemées. A l'intérieur du corps, certains organes conservent encore leur forme anatomique avant que de se réduire en une bouillie qui remplit, provisoirement, le crâne, le thorax, l'abdomen. Le foie disparaît vers la troisième semaine, le cœur et l'utérus entre le cinquième et le sixième mois. Les graisses se rassemblent en stalactites qui pendent longs et mous, sur les bords du cercueil. Au bout d'un an environ, le cadavre n'est plus qu'un squelette décharné auquel tiennent encore, ça et là, quelques bribes de ligaments, de tendons, de restes de gros vaisseaux. La désunion des os demande elle, de quatre à cinq ans.
 La femme a fini son strip-tease, elle récupère sa jupe et son chemisier et sort sans saluer, suivie du bonimenteur.
 Olivia sort à leur suite.
 Étienne entre sur scène, il s'assoit à une table, seul son verre à ta main, tel un "philosophe de fin de soirée"
 ÉTIENNE : (d’après Brillat-Savarin -1825)
Les femmes sont gourmandes. Le penchant du beau sexe pour la gourmandise a quelque chose qui tient de l'instinct, car la gourmandise est favorable à la beauté. Une suite d'observations exactes et rigoureuses a démontré qu'un régime succulent, délicat et soigné, repousse longtemps et bien loin les apparences extérieures de la vieillesse. Les peintres et les sculpteurs sont bien pénétrés de cette vérité, car jamais ils ne représentent ceux qui font abstinence sans leur donner la pâleur de la maladie, la maigreur de la misère et les rides de la décrépitude. Enfin, la gourmandise, quand elle est partagée, a l'influence la plus marquée sur le bonheur qu'on peut trouver dans l'union conjugale. Deux époux gourmands ont au moins une fois par jour, une occasion de se réunir : car, même ceux qui font lit à part (et il y en a un grand nombre) mangent au moins à la même table. Ils ont un sujet de conversation toujours renaissant, ils parlent non seulement de ce qu'ils mangent, mais encore de ce qu'ils ont mangé, de ce qu'ils mangeront, de ce qu'ils ont observé chez les autres, des plats à la mode, des inventions nouvelles, etc... Et on sait que les causeries familières, « chit chat » en anglais, sont pleines de charmes.
 Olivia entre sur scène, elle se précipite vers Étienne, ils se retrouvent, comme un "vieux" couple en fin de soirée, un slow et ils se mettent à danser mais sans grande conviction. Arielle arrive et danse, elle aussi, seule devant son réfrigérateur L'homme et la femme arrivent enlacés, ils dansent eux aussi sur le slow. Nadège, qui est revenue, les regarde, elle reste appuyée contre un mur.

LA FEMME : (d’après Marguerite Duras) (ce texte est magnifique, il m'a tous les jours bouleversée, j'adorais l'entendre sur scène par ma camarade)
 (dansant) On croit savoir la faire, elle paraît si simple, et trop souvent on la néglige, il faut qu'elle cuise entre quinze et vingt minutes et non pas deux heures - toutes les femmes françaises font trop cuire les légumes et les soupes. Il vaut mieux mettre les poireaux lorsque les pommes de terre bouillent : la soupe restera verte et beaucoup plus parfumée. Deux poireaux moyens suffisent pour un kilo de pomme de terre. On la sert soit sans rien, soit avec du beurre frais ou de la crème fraîche. On peut aussi y ajouter des croûtons au moment de servir : on l’appellera alors d'un autre nom, on inventera lequel : de cette façon les enfants la mangeront plus volontiers que si on l'affuble du nom de soupe aux poireaux pommes de terre. Il faut du temps, des années, pour retrouver la saveur de cette soupe, imposée aux enfants sous divers prétextes (la soupe fait grandir, rend gentil, etc.). Rien, dans la cuisine française, ne rejoint la simplicité, la nécessité de la soupe aux poireaux. Elle a dû être inventée dans une contrée occidentale un soir d'hiver, par une femme encore jeune de la bourgeoisie locale qui, ce soir-là, tenait les sauces grasses en horreur - et plus encore sans doute - mais le savait-elle ? Le corps avale cette soupe à grandes lampées, s'en nettoie, s'en dépure, verdure première, les muscles s'en abreuvent. Dans les maisons, son odeur se répand très vite, très fort, vulgaire comme le manger pauvre, le travail des femmes, le coucher des bêtes, le vomi des nouveau-nés. On peut ne vouloir rien faire et puis, faire ça, oui, cette soupe là : entre ces deux vouloir, une marge très étroite, toujours la même : suicide.

A la fin du slow, seul le couple de "la soupe aux poireaux" continue de danser (sans musique), Etienne et sa femme s'assoient mais loin l'un de l'autre. Arielle est assise par terre devant son réfrigérateur, Nadège est toujours appuyée contre le mur.

NADÈGE :
Elle tape à petit coups contre le mur comme du morse, elle colle son oreille contre le mur, écoute, recommence à taper Tes là? Je ne t'entends pas ! Rapproche-toi. n'aies pas peur Si tu colles bien ton oreille, ça marche, (elle retape quelques petits coups) Je reviens de la pesée et ils ont dit que j'avais grossi. Je suis presque au poids qu'ils veulent, (temps) J'ai trouvé un truc, tu ne vas pas aux toilettes le plus longtemps possible avant la pesée. T'auras qu'à essayer demain, (elle colle son oreille contre le mur] C'est toi qui a tapé, là ? Ça fait combien de temps que tu es là ? Fais gaffe tu sais, je les ai entendu dans le couloir ils parlaient à tes parents, ils parlaient de perfusion et de sonde. Ta mère pleurait, elle disait que tu vas mourir temps )Fais comme moi, mange un peu pour leur faire plaisir et après dehors, tu feras ce que tu veux. Pourquoi tu réponds pas ? (temps) Hier j'ai vu le psy je lui ai dit que c'était un con, ça lui a plu, t'auras qu'à lui dire la même chose, peut-être qu'on pourra se voir Est-ce que tu as refait le même rêve que l'autre nuit. tu sais quand tu étais descendu au cœur de la terre et qu'il y avait toutes ces femmes et ces enfants qui pleuraient ? Pourquol tu réponds pas ? C'est à cause des infirmières, elles font dit que j'étais méchante ? Elles disent ça de nous toutes, (elle colle son oreille contre le mur) Deux coups, deux petits coups contre le mur c'est pourtant pas si dur Pourquoi tu ne réponds pas ? (elle se précipite vers la porte de sa chambre et hurle) Pourquoi elle ne répond pas, laissez-moi sortir je veux savoir pourquoi elle ne répond pas. Apportez-moi tout ce que vous voulez, je le mangerai. Je prendrais tout ce que vous voudrez, même des pilules qui font grossir si vous le voulez. Mais laissez-moi sortir Je vous en prie laissez-moi sortir d'icl.
ARIELLE:
lIs appellent régulièrement, ils ont peur on dirait. Peur de quoi ? De moi ou d'eux même (comme si elle était au boulot). Eh ! Vous avez vu le slogan! Génial non Y'a plus qu'à maquetter la vidéo pour starter tout ça et roule Raoul. Ils vont s'inquiéter c'est sûr, je vais les appeler tout à l'heure, je dirai je pars en vacances, je vous rappelle quand je reviens, je ne leur laisserai pas le temps de protester, je raccrocherai et je mangerai... Comment ça voler ?! Vous avez de ces mots ! Votre quoi ? Vidéo ! Vous osez appeler ça une vidéo ! Regardez-moi ces images ! Ignobles ! Appelez-mol le chef Op du magasin ! (elle crie) Je veux voir le responsable du magasin ! Immédiatement ! Vous pensez à quelle couleur ? Précisez la couleur ! Et là vous pensez à quoi, un souvenir vite, un mot, une idée, vite. Qu'ils en bouffent tous. Qu'ils en rêvent tous. Mais où est passé le budget Bertholdi ! Voyons, dans le frigo ou dans le bac à sable du square ? Un budget pareil, (elle jette tout ce qu'il y a dans son frigo (bouffe et emballages) pour chercher le budget, s'écroule par terre, allongée sur les détritus) Laissez-moi encore deux ou trois jours, après on verra. Mais je vous préviens, il faudra tout faire. [Le premier qui retrouve le budget Bertholdi je lui offre un carambar Non deux. Non trois. Non un paquet, un paquet entier Non un mais un gros. Je vous préviens, il faudra tout faire.] (ce dernier passage du Carambar ne fut pas gardé, je n’ai pas eu besoin de demander confirmation à Philippe Person)
OLIVIA:
Elle se pèse, note sur une calculette son poids, regarde les boites de médicaments, lit la notice explicative, reprend sa calculette

Alors 80 que divise 250 mg ça fait ? (elle regarde sur sa calculette)

(Elle sort les cachets un par un et les pèse tandis qu'elle parle). C'était au tout début de notre rencontre, peut-être la deux ou troisième fois que je le voyais. J'avais tout préparé, tout étudié, la jupe, le manteau, la coiffure et même le chapeau. Un superbe borsalino noir avec la raie au milieu, (elle rit). Je ne peux pas penser à cette histoire sans éclater de rire, (elle se reprend). On avait rendez-vous au Pont Neuf. Tout allait bien. Je ne m'étais pas trompée de côté du pont et il m'avait reconnue. J'ai toujours eu peur qu'on ne me reconnaisse pas. On est parti. Mais tout d'un coup il s'est mis à pleuvoir mais pleuvoir comme pas possible. Les autres s'abritaient sous les porches ou les abris bus, lui continuait, alors moi je le suivais. C'est ça, je le suivais côte à côte. J'étais gelée, transie, dégoulinante mais qu'est-ce que j'étais heureuse ! Un moment quand même, il m'a proposé d'aller prendre un café. J'ai accepté (elle rit au souvenir de ce qui va suivre) On est allé au comptoir, dans la glace je me suis vue. J'avais sauvegardé le maquillage grâce au chapeau. J'étais contente d'avoir mis ce chapeau, il m'a regardé en souriant. J'ai commandé un café. Je crois qu'il était en train de m’expliquer des trucs sur les parapluies, quand, (elle éclate à nouveau de rire) en me baissant pour boire, plouf, une douche qui dégringole sur le comptoir dans mon café et dans sa bière, (elle rit) Je regarde à nouveau le comptoir et, plouf, encore une douche, (elle éclate de rire) C'était mon chapeau. La raie au milieu, qui avait fait réservoir ! Et à chaque fois que je baissais la tête, plouf ! le comptoir, sa bière et mon café arrosés, (elle rit) (temps) S'il avait osé rire ce jour là, plutôt que de me regarder gêné...(elle recommence à rire) Je baisse la tête et plouf ! partout sur le comptoir (elle avale tous les cachets).

FIN
p 25 à 27