dimanche 6 décembre 2020

Mandalorian

Mandalorian saison II sur Disney, comment dire ... rien ca spolie ! Mais j’aime bien un peu comme ET... 
j’ai gommé mon précédent message car on m’accusait à juste raison de spoliation .... et c’est vrai que c’est dommage si je m’ennuie en attendant la suite je n’ai qu’à revoir les précédents épisodes.
Comment ? 
Avec l’abonnement bouquet Canal + vous avez aussi OCS,
vous pouvez le regarder avec vos enfants comme un bon western ou un film de « chevaliers » mais c’est en plus Star Wars.... 
je craque pour Baby Yoda car il est vrai que dans les films basiques de la légende Star Wars on avait été frustré de ce personnage Yoda son ancêtre....
C’est toujours du Georges LUCAS.

Dans ce Cercle Canal + séries, à la 15eme minute environ,  un critique qui aime aussi,  Mandalorian, parle seulement de la musique car ils n’ont pas eu le droit d’avoir d’autres extraits que la bande-annonce, et il commente la musique et je trouve cela mieux que tout ce qu’on pourra vous dire...







samedi 5 décembre 2020

Anne Sylvestre


"APRÈS LE THÉÂTRE" - Anne Sylvestre en concert le 31 Mai 2018
accompagnée au piano par Nathalie Fortin.

En scène
Avant qu'on lève le rideau
Déposons là tous nos fardeaux
Nos peines
Et reprenons nos oripeaux
Ils sont plus vrais que notre peau
Ils viennent
Faire de nous des éphémères
Capables de tous les frissons
D'apprivoiser mille chimères
Et puis le temps d'une chanson
D'être Arlequin ou Cléopâtre
Y a-t-il une vie après le théâtre ?

En scène
Une fois le rideau levé
Plus rien ne peut nous arriver
La reine
Ailleurs si prête à trébucher
Promène sans s'effaroucher
Sa traîne
Chacun de nous reprend sa place
Le bègue oublie de bafouiller
Le timide est rempli d'audace
Le muet peut s'égosiller
C'est leur cœur qui se met en quatre
Y a-t-il une vie après le théâtre ?

En scène
C'est la vie mais pas tout à fait
C'est une apparence, un reflet
A peine
Comme si juste on attendait
Que cet instant presque parfait
Survienne
C'est une quête si fragile
Qu'un souffle peut la déranger
C'est une fée aux pieds d'argile
C'est un éclat c'est un danger
Mais c'est l'espérance opiniâtre
Y a-t-il une vie après le théâtre ?

En scène
On est l’image du passant
De ses amours le remplaçant
On traîne
Un univers envahissant
Dont la tendresse fait qu'on s'en
Souvienne
On sourit on salue on brille
On garde plus que de raison
Son diadème de pacotille
Et on ramène à la maison
Ce pauvre moi qu'on idolâtre
Y a-t-il une vie après le théâtre ?

En scène
Le temps s'égrène au ralenti
Mais l'heure petit à petit
S'amène
Où le rideau nous engloutit
Où le dernier mot retentit
Obscène
Et sans qu'au dehors on le sache
Dans les coulisses on fait son deuil
Avec un restant de panache
D'une existence en trompe-l’œil
D'un cœur qui s'arrête de battre
Y a-t-il une vie après le théâtre ?

On sait qu'il n'y aura pas de fleurs
Pour apprivoiser le silence
Loin de la scène loin du cœur
Plus de musique pour la danse
On aura cessé de combattre
Y a-t-il une vie sans le théâtre ?

« Anne ma sœur Anne » cette chanson pourquoi est elle moins connue que les gens qui doutent, parce que tu es toi, tu  étais pure et un peu sauvage, en mouvement pas collée à ton image aimant plus les chansons mal-aimées, que celles à succès comme je te reconnais bien là ! 
Hommage de François Morel à France-Inter 
Un autre lien pour une émission sur Arte 
Et pour finir cette longue prière « faites vous léger » une sorcière comme les autres, 
Anne je t’aimais moi non plus !

Je ne me pardonne pas d’avoir tergiversé avec un ami réseau sur une chanson que je ne connaissais pas « chercher un mur pour pleurer » cet ami devrait me rayer de ses amis mais il ne le fera pas, le fait on 
au moindre désaccord mais celui-ci n’en était pas un « moindre »
car voyez vous quand ceux s’en sont allés définitivement qu’on se sent empli par leur fantôme qui essaie de s’envoler le fantôme d’ un ami de compagnie, on ne supporte aucune critique sur cet être mort disparu décédé car c’est définitif et il nous a tellement aidé aux soirs désespérés désespérants de solitude...J’avais une amie morte, disparue, décédée que ca mettait très  en colère pour au moins toute la journée....j’aurais du penser à elle qui est en moi désormais et pas dans la pièce d’à côté.....

Tu as bien fait chère  troubadoure de continuer à écrire des chansons longues ainsi elles étaient en avance.....
S'il vous plaît 
Soyez comme le duvet 
Soyez comme la plume d'oie des oreillers d'autrefois 
J'aimerais ne pas être portefaix 
S'il vous plaît faites-vous léger 
Moi je ne peux plus bouger 
Je vous ai porté vivant 
Je vous ai porté enfant 
Dieu comme vous étiez lourd 
Pesant votre poids d'amour 
Je vous ai porté encore 
À l'heure de votre mort 
Je vous ai porté des fleurs 
Vous ai morcelé mon coeur 
Quand vous jouiez à la guerre moi je gardais la maison 
J'ai usé de mes prières les barreaux de vos prisons 
Quand vous mouriez sous les bombes je vous cherchais en hurlant 
Me voilà comme une tombe et tout le malheur dedans 
Ce n'est que moi 
C'est elle ou moi 
Celle qui parle ou qui se tait 
Celle qui pleure ou qui est gaie 
C'est Jeanne d'Arc ou bien Margot 
Fille de vague ou de ruisseau 
C'est mon cœur ou bien le leur 
Et c'est la sœur ou l'inconnue 
Celle qui n'est jamais venue 
Celle qui est venue trop tard 
Fille de rêve ou de hasard 
Et c'est ma mère ou la vôtre 
Une sorcière comme les autres 
Il vous faut 
Être comme le ruisseau 
Comme l'eau claire de l'étang 
Qui reflète et qui attend 
S'il vous plaît 
Regardez-moi je suis vraie 
Je vous prie, ne m'inventez pas 
Vous l'avez tant fait déjà 
Vous m'avez aimée servante 
M'avez voulue ignorante 
Forte vous me combattiez 
Faible vous me méprisiez 
Vous m'avez aimée putain 
Et couverte de satin 
Vous m'avez faite statue 
Et toujours je me suis tue 
Quand j'étais vieille et trop laide, vous me jetiez au rebut 
Vous me refusiez votre aide quand je ne vous servais plus 
Quand j'étais belle et soumise vous m'adoriez à genoux 
Me voilà comme une église toute la honte dessous 
Ce n'est que moi 
C'est elle ou moi 
Celle qui aime ou n'aime pas 
Celle qui règne ou se débat
C'est Joséphine ou la Dupont 
Fille de nacre ou de coton 
C'est mon cœur 
Ou bien le leur 
Celle qui attend sur le port 
Celle des monuments aux morts 
Celle qui danse et qui en meurt 
Fille bitume ou fille fleur 
Et c'est ma mère ou la vôtre 
Une sorcière comme les autres 
S'il vous plaît, soyez comme je vous ai 
Vous ai rêvé depuis longtemps 
Libre et fort comme le vent 
Libre aussi, regardez je suis ainsi 
Apprenez-moi n'ayez pas peur 
Pour moi je vous sais par cœur 
J'étais celle qui attend 
Mais je peux marcher devant 
J'étais la bûche et le feu 
L'incendie aussi je peux 
J'étais la déesse mère 
Mais je n'étais que poussière 
J'étais le sol sous vos pas 
Et je ne le savais pas 
Mais un jour la terre s'ouvre 
Et le volcan n'en peux plus 
Le sol se rompt, on découvre des richesses inconnues 
La mer à son tour divague de violence inemployée 
Me voilà comme une vague vous ne serez pas noyé 
Ce n'est que moi 
C'est elle ou moi 
Et c'est l'ancêtre ou c'est l'enfant 
Celle qui cède ou se défend 
C'est Gabrielle ou bien Eva 
Fille d'amour ou de combat 
Et' c'est mon cœur 
Ou bien le leur 
Celle qui est dans son printemps 
Celle que personne n'attend 
Et c'est la moche ou c'est la belle 
Fille de brume ou de plein ciel 
Et c'est ma mère ou la vôtre 
Une sorcière comme les autres 
S'il vous plaît, s'il vous plaît faites-vous léger 
Moi je ne peux plus bouger


Et pour finir ..., une longue interview si bien documentée et écrite révélée encore sur le réseau FB par Nicolas Raccah

vendredi 20 novembre 2020

Ailleurs de Gérard Depardieu au Cherche midi

Lire Depardieu ou ce que ses éditeurs ont accepté d’accoucher de lui est « fulgurant » dès les premières pages, en force et en lévitation avec ses retours sur son passé d’enfant, immanent, il a survécu à un avortement raté.... Cela m’a fait penser à la libération de Cioran quand sa mère lui avait dit : « j’aurais du t’avorter.... »
Le chamane de l’émotion, immense acteur, sait en parler, distribuer des petits cailloux, du jeu...pour mettre dans la chaussure, comme pour ouvrir le chemin vers ailleurs. Rien ne nous empêche de partir ailleurs.....
Déjà savoir qu’il aime et déteste les mots et préfère lire les livres d’histoire, et partir ailleurs pour lire les regards et dessous les mots d’une langue étrangère.....il aime pas
La vieille France qui vit dans ses écrans et ne se rencontre plus.... et qui nous fait tous et chacun mourrir seul et oui, mais libre quelquefois des conseils projections infantilisations des enfants comme un vieil écrivain un Jim Harrison devant la vallée de la mort. Le désir l’amour ne peut pas durer si l’on se veut gourou sans fans.

P 24
...
J’étais un enfant très joyeux. Attentif disponible, à l’écoute.
À l’écoute de tout.
C’est curiosité et cette joie ne m’ont depuis jamais quitté.
Cette foi en la vie.
Quand on me foutait à la porte de l’école, je ne le prenais pas mal. Il y avait toujours un chien qui arrivait, qui me suivait partout. Et j’étais plus à l’aise avec lui qu’avec les professeurs. Au moins, il était reconnaissant, il voyait que je ne lui voulais pas de mal, je le caressais, il bougeait la queue. On était heureux, tous les deux. Et ça me suffisait. 
...

P 51 
Elle est bien loin, l’époque des grands explorateurs.
L’uniformité qui gagne le monde a aussi gagné le voyage.
Aujourd’hui, tout le monde ou presque va au même endroit.
On suit le guide, la mode, les agences de voyage ou les médias.
Leur planète se réduit ainsi à cinq ou six destinations, bien confortables, avec juste ce qu’il faut d’exotisme.
Mais la planète est bien plus grande que ça, bien plus vaste que tout ce que l’on peut nous vendre.
J’ai parcouru des immensités, où mis à part ceux qui y vivent, personne ne met jamais les pieds.
Des immensités dont on ne sait rien, où tout est surprise.
C’est souvent là où j’ai vécu les instants les plus beaux, où j’ai rencontré les gens les plus émouvants.
Ce n’est pas toujours confortable, c’est vrai, mais pourquoi faudrait-il que le voyage soit confortable ?
Le voyage ne doit pas être confortable.
C’est en perdant tous tes repères que tu peux vraiment commencer à vivre un pays.
Parce qu’un pays, il ne faut pas le voir, il faut le vivre.
Sans plan, sans programme.
C’est important, la façon dont on l’habite personnellement, cette planète
Comment on profite ou non de tout ce qu’elle a à nous offrir.
Notre rapport à l’Ailleurs est bien souvent la meilleure mesure de notre volonté d’être. Et de notre liberté.
...

P 53
...
Je n’ai besoin d’aucune langue pour m’exprimer, je préfère les regards.
J’aime observer quelqu’un dont je ne comprends pas la langue, être complètement attentif à lui, à tout ce qu’il dégage, à tout ce qu’il est. Voir comment son histoire et sa géographie vivent en  lui.
Je lui souris, je l’imite, et très vite je vois qu’il me regarde comme si je parlais sa langue.
C’est ce regard là, que je vois et que je vis dans ses yeux, qui fait que d’un seul coup on est en connexion.
C’est ce que d’aucuns  appellent  une communion.
À l’état pur.
J’étais à chaque fois aussi soudain et surprenant qu’un prophète qui te dit : « lève-toi et marche ! », Et tu te mets à marcher.
C’est la foi en la vie tout simplement.
L’ailleurs qui est dans le regard de l’autre devient alors ce qui t’est le plus proche.
Ce qui s’exprime ici, c’est l’humanité dans toute sa richesse.
C’est humanité qui est là depuis l’aube des temps et qui soudain ressurgit à travers ce regard.
Cet instant d’éternité, c’est ce que je préfère au monde.

P 107-108
...
Pour continuer.
Continuer à aimer.
Ce n’est jamais en allant vers soi que l’on peut trouver l’Ailleurs, c’est toujours en allant vers les autres, vers la vie.
Il faut commencer par se délester de soi-même.
Ce qui est toujours un grand soulagement tellement on s’encombre en permanence.
Et surtout enlever toutes ses barrières.
On en revient alors à son regard d’enfant, cette innocence qui seule peut soigner.
Mais cela ne peut s’obtenir que sans mensonge, dans une franchise totale.
Ce qui est tout sauf paisible.
Ça peut même être destructeur, parce qu’il faut tuer beaucoup de choses en soi pour pouvoir s’alléger. Toutes ces choses qui, au quotidien, nous tuent à petit feu.
Il faut tout nettoyer.
Avoir le courage de s’extirper de soi-même.
C’est la seule façon de retrouver son état d’enfance.
Son infinie fraîcheur.
Ouvrir large les vannes, larguer les amarres, se laisser emmener par le courant et oublier tous les retours possibles.

P 113-114
...
Prends n’importe quel condamné à mort. Si on l’amène à la culture, la violence disparaît.
La violence, c’est toujours un malentendu avec soi-même, une frustration, quelque chose qu’on arrive pas à exprimer. Si l’on arrive à donner une forme à cette expression, on se calme tout de suite. La culture adoucit. Il y a toujours un livre où on trouve non pas la vérité, mais sa propre vérité.
La culture, c’est un Ailleurs qui n’en finit jamais. C’est comme l’histoire d’Abraham qui s’allonge pour compter les étoiles, ça n’en finit jamais.
Il y a ce très beau film avec Burt Lancaster, le prisonnier d’Alcatraz. L’histoire d’un condamné à perpétuité qui trouve un oiseau blessé dans la cour de la prison. Il le soigne, l’apprivoise, devient peu à peu un brillant ornithologue. Cet oiseau lui a fait découvrir son Ailleurs.
Alors tu peux trouver tous les mensonges intérieurs que tu veux pour ne pas passer le pas. Tous les alibis. Mais, ou que tu sois quelque soit ta condition, il ne faut pas avoir peur de vivre.
Ni d’aimer.
C’est la même chose.

P 128
...
Quand je reviens de Russie, d’Algérie, d’Éthiopie, d’Ouzbékistan, j’ai l’impression qu’en mon absence une bombe a explosé.
Je suis stupéfait par le vide qui règne.
Dans les rues, dans les regards, dans les esprits.
Par ce silence inquiétant.
Je n’ai jamais vu un pays où les gens s’arrêtaient si peu dans la rue pour se parler. Il court d’un endroit à un autre et rentrent bien vite chez eux.

P 210
...
Nos peurs sont nos morts.
Mais la mort ne me fait pas peur.
J’écris ça, mais je ne sais pas comment je vais réagir le jour venu.
J’ai un peu comme les mecs qui te disent :
« Si j’avais eu 20 ans pendant la guerre, j’aurais résister. »
Tu parles…
On ne sait rien de soi à l’avance.

Allez- y vers l’Ailleurs des migrants par exemple dans nos rues... 
pour reprendre le chemin de mes Élucubrations... et de nos discussions avec mon Chéri à propos de mes lectures, Pascal a conclu : c’est sûr que lui l’Ailleurs, il ne peut pas le trouver en prenant le métro ou chez son boulanger ou au Franprix du coin...
L’ autre jour j’étais à la vie Claire -comme tous les bobos qui se respectent à Paris !, je m’y sens bien, l’équipe est très sympathique ; et dans les rayons un petit garçon à vélo de deux ans et demi était venu avec sa mère rejoindre son père, il était tellement content de pouvoir lui faire peur, bien après je l’ai entendu sortir tous les paquets de gâteaux secs au chocolat et dire si fort « chocolat »que je lui ai parlé en répétant « chocolat » tu le dis bien « chocolat » son père riait si franchement ; j’ai payé à la caisse proche du présentoir à « chocolat »... et en sortant j’ai salué la compagnie, au revoir messieurs, et mesdames, je me suis retournée  sur le petit garçon qui en me faisant signe au revoir, en me regardant me disait : «  chocolat, chocolat ! » J’en ai eu pour ma journée de cet Ailleurs là, j’espère le retrouver pour lui dire bonjour : Chocolat... tu te souviens et je le lui raconterais....
cette histoire je l’ai racontée aussi bien-sûr à Pascal et à un ami qui lui me téléphone encore....comme quoi même en cas de 2ème confinement, on a encore des choses à se raconter...








mardi 17 novembre 2020

Série : Le coup de la Dame Films : La Lune de Jupiter,

Vous pouvez tout regarder de la soirée d’hier Cold War de Pavel Pawlikowski (russe) vu deux fois : pareilles émotion et voyage de la pensée après, et le fantastique La Lune de Jupiter du hongrois Kornél Mundrunczó et le film muet : Le papillon meurtri de 1919 de Maurice Tourneur mélo noir et blanc, avec même pas la moindre envie de les quitter les personnages Marcène et Daniel et le chien ...et la vilaine tante pleine d’amertume, le respect des insectes « ne soyez pas cruel » ; en 3 ème vision de ma soirée festival....il était 1h26 j’ai arrêté alors qu’après encore il y avait Usual Suspects.....

La Lune de Jupiter de Kornél Mundrunczó (hongrois)
Les valeurs de Dieu mises de côté de plus en plus souvent ; il n’y a pas que le prosélytisme et la violence des inquisiteurs, il y a aussi l’amour du prochain, l’hospitalité et le pardon. Moi ce film m’a fait penser à l’incroyable Bad lieutenant d’Abel Ferrara. 
Et aussi je voulais à tout prix le voir à sa sortie puisqu’avec un ami à la sortie des films de Wenders : Les ailes du désir et Si loin si proche, on s’était promis de voir tous les films sur les anges.......Revenons à ce film... film où l’on comprend que pour survivre dans un pays en guerre, on est obligé de tout quitter et seule reste comme « valeur » après avoir rencontré tant d’atrocités : l’amour de la famille pour certains.......on ne parle pas là de ressentiment et de vengeance, alors qu’au vu de toutes ces atrocités.... dire que celles dues au colonialisme pour soit disant apporter la civilisation....ne nous permettent même pas d’accueillir décemment après les « migrants »
Il m’a rapproché d’un autre film là français de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic fantastique aussi, l’angle mort vu avec une autre amie... que j’aime infiniment il avait raison ce Montaigne : qu’un ami véritable est une douce chose à chaque fois qu’à Sarlat je passe devant la maison d’Étienne de la Boétie je me dis qu’il y en avait qu’il y en a eu un avant tous les autres qui a su dire qu’entre l’amour et l’amitié y a qu’un lit, de différence......



La mini série sur Netflix, réalisée par Scott Franck et du directeur de la photographie Steven Meizler : Le coup de la dame 

Oui c’est bien, mais l’avant dernier épisode, est un peu complaisant... il nous reste le dernier ; en tous les cas, l’actrice est très bien et la manière de la filmer et de filmer les parties d’échecs....sont extra ! 
Le dernier épisode  -Vu- est fantastique extraordinaire- fort émouvant, on a pleuré tous les deux et la fin : une merveille. Elle porte les beaux vêtements comme personne, peut être un peu comme se déplacent les chats. Et c’est toujours aussi bien filmé.  Je la reverrai cette série, encore merci à Virginie à Olivier et à tous ceux qui nous l’ont conseillée.
https://www.google.fr/amp/s/amp.lesinrocks.com/v/s/amp.lesinrocks.com/2020/11/02/series/series/les-parties-dechecs-du-le-jeu-de-la-dame-sont-elles-realistes/%3famp_js_v=0.1&usqp=mq331AQFKAGwASA%253D#ampf=

lundi 16 novembre 2020

Un petit livre bleu : Je ne suis plus inquiet Scali Delpeyrat

Je ne suis plus inquiet de Scali Delpeyrat Actes Sud collection Au singulier 





O le livre, en attendant le spectacle qui reprendra en Mars Avril, o comme c’est bien, déjà à « l’heure vagabonde »émission de france-inter,  le samedi 14/11/2020 à 19h16, j’ai pleuré, ri, retenu des passages pour les faire travailler.... 
Sont abordés avec délicatesse : la pudeur ... c’est quoi ça pour chacun vis à vis des parents ? 
Alors certains aussi me diront même si c’est singulier, même si c’est bien, j’en ai marre des seuls en scène, bah oui alors faut ne pas lire de roman, ni voir au musée de tableau, parce que là aussi c’est un seul en scène.... ni faire une confidence à un ami, mais tous n’en font pas des confidences....
Alors allez-y ou pas !  allez-y ou  prenez le livre, si vous ne savez rien ou peu du théâtre et du seul en scène, mais que vous aimez les petits livres qui ne vous lâchent pas, comme une épure, un très bon scénario avec des ellipses qui nous restent ; voilà, il y a des silences qui en disent aussi longs que les mots. Et le pas croyable, c’est que c’est intime et que jamais, ô jamais, on se sent voyeur....
Je me dis qu’il ne faut pas en mettre trop d’extraits car il vous le faut ce petit livre,  comedien en recherche de texte qui fait mouche, ou pas.
J’espère que tous les romanciers, les écrivains, l’écoutent à voix haute leur texte avant de le proposer. 
Le lisent comme au stand up? Oui et comme une prière, aussi !? 

Je ne vous en mettrais qu’un extrait : 
P 55
-la leçon de vélo– 
Papa un jour tu t’étais mis en tête de m’apprendre à faire du vélo. Tu étais très sportif et moi je détestais le sport. J’avais peur du vélo. J’avais peur de tomber, peur d’avoir mal. Tu aurais voulu que je sois courageux pour cette leçon, mais c’était le contraire, je grimaçais de peur. Je me rattrapais au guidon comme à une branche au bord d’un gouffre. Tu me disais « Pédale plus vite ! Prends de l’élan ! T’arrête pas ! ». Et je voyais que tu voyais que j’avais peur, que je n’avais pas envie de faire du vélo, et je voyais que cela te contrariait, que tu réprimais un petit sourire désolé, infligé par ma douilletterie et ma maladresse. Je pense que sans le savoir, j’ai voulu t’énerver, t’agacer, te contrarier, te navrer, t’exaspérer, te hérisser, t’horripiler, te porter sur les nerfs, de taper sur le système, papa. Et si, sans le savoir, j’ai voulu tout cela, c’était pour te décevoir. Je pense que te décevoir a été une de mes grandes passions. Et si, sans le savoir, j’ai tant voulu te décevoir, ce n’était pas pour que tu t’éloignes de moi, ce n’était pas pour que tu continues à être silencieux, c’était pour que je devienne un problème. Ton problème. Je me suis saboté pour que tu me répares. Je n’ai pas trouvé mieux. Je me suis saboté. »
Tant pis en voilà un 2 ème comment résister ! 

P 10 
-Adopter-
J'avais passé des années à vouloir adopter un chat sans me décider à le faire. Ce jour là enfin j'allais passer à l'acte. Je l'avais repéré sur le site Internet de la société de protection des animaux. À la différence de beaucoup d'autres chats sur les photos, il n'y avait dans ses yeux aucune trace de malice ou de prédation, seulement de la douceur et une légère tristesse. Après être allé le voir une première fois dans sa famille d'accueil, j'y retournai muni d'une sacoche de transport afin de le ramener chez moi. En chemin je fus pris d'une crise de panique. Pour me calmer j'ai dû descendre de la rame de métro et m'assoir sur le quai. Après 10 minutes d'hébétement, j'ai décidé d'envoyer le même SMS à plusieurs de mes amis : « pardon de te déranger un dimanche matin mais je suis un peu angoissé. Penses-tu que ce soit une bonne idée que j'adopte ce chat ? » Au bout de cinq minutes, sans réponse, j'envoyai un deuxième SMS : « s'il te plaît réponds-moi c'est urgent.» Finalement un quart d'heure plus tard, une amie m'a répondu : « Ce chat fera de toi l'homme le plus heureux du monde. » L'idée me parut incongrue. Mais entre adopter un chat et devenir l'homme le plus heureux du monde, adopter un chat me sembla soudain une chose facile à faire." 



https://www.franceinter.fr/emissions/l-humeur-vagabonde/l-humeur-vagabonde-14-novembre-2020

vendredi 13 novembre 2020

Les Mille et une nuits et L’Arabe du futur tome 5















Ces livres sont proches dans le hasard de « mes caisses »,  qui selon ma mère me servent d’étagères, en fait ce sont de véritables étagères données par un ami de Pascal :  dessinateur poète musicien et qui lui aussi n’a pas eu son heure perpétuée de succès il a pas mal travaillé ici et ailleurs....pourtant mais il reste comme d’autres au monde des poètes anonymes qui surmontent tout et resurgissent dans leurs familles d’amis indépendants car assujettis à leurs seuls choix sincères et désintéressés. Des indépendants les amoureux et les poètes sont magiciens et de tous les temps antiques comme modernes. 
Pourquoi deux photos de ces livres des Mille et une nuits pourquoi comment expliquer par des mots ce qui me semble important et si infiniment sans importance, 
je les ai changés de place parce que je voulais mettre en exposition, au dehors les exemplaires de l’arabe du futur pour que déjà ils soient visibles et accessibles à tous les gens de passage... y en a pas beaucoup des passants à l’improviste notre amie et gardienne Lucilia et son fils Samuel qui hier nous ont apporté des crêpes et le chat a même cassé l’assiette « par l’odeur alléché »! 
Oui mais au cas où, les enfants passionnés de jeux électroniques  si tu ne leur proposes pas quelque chose de plus attractif attrayant tu crois qu’ils vont les lâcher leurs jeux....

Revenons à l’Arabe du futur 5 de Riad Sattouf, c’est addictif tout y est, ça reste, on se sent abandonné après la dernière page,  il faudra attendre un an pour voir la suite en Bd de cette auto fiction. Je me plains à chaque fois des lignes typo trop petites les plus petites pensées, mais en même temps c’est pas mal de prendre la loupe et les lunettes pour y regarder à deux fois ce sont à chaque fois des sortes de didascalies alors !? Rien n’est petit des échanges ou pensées entre les personnages j’adore, la grand-mère, la voisine, les petits rôles qui font la vie comme les grands : la mère et le père, à ce dernier, on lui pardonne presque l’impardonnable, c’est un arabe du futur looser cultivé et tout mais ça ne suffit pas....






Moi aussi à la même époque j’aurais voulu me marier à un jeune arabe pour faire chier mes parents parce qu’enfant je jouais avec Ali parce qu’après encore les représentations de Il est trop tard on allait au Scorpion une boîte de PD qui laissait entrer tous les jeunes arabes et moi la fille amie des PD j’etais choisie par Amar, Omar qui m’avait dit que je devais avoir une collection de dessous noirs et chics, il a passé la nuit mais après ensuite il n’est pas venu me voir jouer au théâtre où je jouais la Vierge folle photo avec la robe bleue et sur cet article pour la suite en noir et blanc....


Post du samedi 7 /11 à 10h50 sur FB
Chaque jour un objet qui me dit avec qui... je vis 
Aujourd’hui un duo, une tapisserie du Rajasthan qui vient des voyages en Inde de mon Chéri, ces voyages qui le racontent tant et qu’il ne fait plus...tapisserie que j’aime infiniment car quand je la regarde elle me perd et cela me repose. Duo avec un recueil de livres de contes les mille et une nuits que je lisais, ces contes sont tellement instructifs, intrusifs, inclusifs.... comme s’ils racontaient toutes les figures possibles humaines et leur dimension de pouvoir, avec celle imaginaire, le merveilleux est ici pour adultes, les djinns sont à la fois anges et démons comme nous tous et un chacun ; les yeux des princes princesses ressemblent à ceux des gazelles. Je les lisais donc à voix haute à un ami (sur scène avec moi 3 ème photo) mort du sida. Il a emporté les mêmes livres dans son cercueil... mais j’en ai déjà parlé ici...Prenez soin de vous.

Post légende de la photo des livres sur FB 
Mais les photos ne suffisent pas pour aimer....

 « Les Mille et une nuits traduits par René R. Khawam né à Alep en 1917 « sa technique de traduction, scrupuleusement fidèle au rythme poétique du texte initial quel qu’ il soit préfère toujours à l’interprétation élégante qui s’acharne à serrer de près l’idée, une transposition « directe » qui reflète plutôt l’image porteuse de l’idée. Cette traduction peut paraître plus naïve, plus triviale : elle seule pourtant rend vraiment compte de la saveur inimitable de la langue arabe. dans sa richesse et dans sa diversité. »


lundi 9 novembre 2020

La vie mensongère des adultes d’Elena Ferrante

Ce roman m’a tenue, m’a retenue et sortie de cette période dont on ne voit pas le bout, comme un peu l’adolescence. 
En même temps, je lisais Retour à Reims de Éric Petitbon... 
et c’était ce début d’article inachevé après le premier confinement. Au mois d’août ?! Article qui me tombait des mains qui sans images restait « brouillon » car j’avais tellement annoté pour ne rien vouloir en perdre ou à en extirper  du contexte. 

Traduit de l’italien par Elsa Damien. Les traducteurs sont pour moi des écrivains sacrément doués au moins autant que l’auteur exemple Baudelaire et Edgar Allan Poe, mais à part cet exemple qui pourrais je citer ? Pour le théâtre russe André Markowicz...pour Shakespeare le fils Hugo François-Victor.

Revenons à ce livre la vie mensongère des adultes Je l’ai acheté à la librairie point presse papeterie placée dans la galerie de l’Intermarché du Bugue : bourg auprès duquel habite ma Mère, j’aime cette librairie même si avant elle était située au centre ville, car ils évoluent en suivant les gens pour les lecteurs et n’ont pas d’attitude discriminante avec qui ce soit et l’on peut avec eux bien parler des livres, ils ont aussi un large choix..,.
Et puis après j’ai lu à la rentrée de septembre Chavirer(article déjà sur ce blog) 
Je n’aime pas les manipulations les formatages par lesquels on passe depuis la famille le voisinage puis l’école. Et je voudrais ici sur ce blog comme tracer le fil de mes influences au travers des lectures à différents moments ; la lecture que reste t-il ? après un ou deux voir trois mois si on ne note pas ?!
J’ai mis dans le livre de Elena Ferrante des signets.
Les goûts le bon et le mauvais goût... m’ont toujours interrogée même quand plus âgée adolescente,  je reprochais à mes parents tous leurs goûts et avant tout leurs opinions. 
Le temps à 66 ans,  la mémoire que j’ai toujours eue en pointillé et pour cette raison je suis lente je prends des notes recopie marque en marge les meilleurs passages, pour colmater les brèches de mon fil de pensée, de ma mémoire. Je le faisais pour me souvenir de mes textes au théâtre. 
J’ai même donné ma méthode à un ami qui lui ne prenait jamais de notes et maintenant il ne trouve plus facilement les traces de ses dernières lectures...
Se replonger dans le bain, retrouver ensuite les passages où j’ai laissé un signet, relire à voix haute et tout se remet en place les personnages quand c’est un roman. 

Ce livre m’a recueillie.
p 211-212
« Mais je n’eus pas le temps d’ouvrir la bouche. À peine me vit-elle qu’elle m’asséna un long monologue, agressif, douloureux et pathétique, qui me déboussola et m’intimida. Plus elle parlait, plus je me rendais compte que la restitution du bijou n’avait été qu’un prétexte. Vittoria m’avait prise en affection, elle avait cru que moi aussi je l’aimais, et elle avait voulu que je vienne essentiellement pour pouvoir me dire combien je l’avais déçue.
J’espérais que maintenant tu serais de mon côté -Elle parlait très fort dans un dialecte que j’avais du mal à comprendre, malgré mes efforts récents pour l’apprendre–, et qu’il te suffirait de voir quel genre de personnes sont vraiment ton père et ta mère pour comprendre qui je suis, moi, et quelle vie j’ai menée à cause de mon frère. Eh bien non je t’ai attendue tous les dimanches en vain. Un coup de fil aurait suffi, mais non, toi t’as rien compris, au contraire, t’as cru que c’était ma faute si ta famille s’est révélée être une famille de merde. Et pour finir, qu’est-ce que t’as fait ? Vise un peu ça, tu m’as écrit cette lettre, là–une lettre comme ça, à moi–, pour me faire lourdement ressentir que j’ai pas fait d’études, pour me faire lourdement sentir que tu sais écrire et pas moi. Ah t’es vraiment comme ton père, ou bien non, t’es pire, tu me respectes pas, tu ne sais pas voir qui je suis vraiment, t’as pas de sentiments. Donc le bracelet tu dois me le rendre, il était à feu ma mère, tu le mérites pas. Je me suis plantée, t’es pas de mon sang, t’es une étrangère. »

p 250-251
À cette époque, sans avoir décidé, mais comme si je renouais simplement avec une habitude, je me remis à travailler, bien que le lycée me semblait plus que jamais un lieu de bavardages idiots. J’obtins bientôt des résultats corrects et, en outre, je m’efforcai d’être plus disponible pour mes camarades de classe, au point que, le samedi soir, je commençai à sortir avec eux, tout en évitant d’établir des relations amicales. Naturellement, je ne parvins jamais à éliminer tout à fait mon ton hargneux, mes  pics d’agressivité ou mon mutisme hostile. Et pourtant j’avais l’impression de pouvoir m’améliorer. Parfois, je fixais des bols, des verres, des cuillères, un caillou dans la rue et même une feuille morte, et je m’émerveillait de leur forme, que celle-ci soit travaillée ou naturelle. J’observais certaines rues du Rione Alto, que je connaissais depuis que j’étais petite, comme si je les voyais pour la première fois : magasin, passants, immeubles de huit étages et balcons –des bandes blanches posé sur les murs ocre, vert ou bleu ciel. J’étais fasciné par les pierres de lave noir de la via cinq Jack homo des Capri, sur lesquelles j’avais marché mille fois, par les vieux bâtiment gris rose ou couleur rouille, par les jardins. Il m’arrivait la même chose avec les gens : professeurs, voisins, commerçants, inconnus dans les rues du Vomero. Je m’étonnais d’un geste, d’un regard, d’une expression du visage. C’était des moments où j’avais l’impression que tout contenait un sens caché, qu’il me revenait de découvrir. Mais cela ne durait pas. De temps à autre, malgré tous mes efforts, ce qu’il l’emportait  chez moi, c’était le sentiment d’en avoir marre de tout, c’était une tendance aux jugements cinglants et à une envie de querelles. Je ne veux pas être comme ça, pensais-je souvent lorsque je me trouvais entre veille et sommeil. Et pourtant voilà ce que j’étais, et réaliser que je ne parvenais à me manifester que de cette manière âpre et médisante m’inciterait parfois non pas à me corriger mais, avec un plaisir pervers, à me comporter de manière pire encore. Je me disais : si je ne suis pas aimable, très bien, alors qu’on ne m’aime pas ; de toute façon, personne ne sait ce que j’ai jour et nuit dans le cœur. Et je pensais à Roberto, mon refuge.

 p 292-293-294
Dialogue entre Roberto et Giovanna
–Un Dieu facile n’est pas un Dieu. Dieu est autre que nous. On ne communique pas avec lui, il est tellement au-dessus de nous qu’il ne peut pas être interrogé mais seulement invoqué. Quand il se manifeste, il le fait en silence à travers de précieux petits signaux qui sont muets et  proviennent de mots tout à fait ordinaires. En faire sa volonté, c’est baisser la tête et s’obliger à croire.
–J’ai assez d’obligations comme ça.
L’ironie réapparut  dans son regard, et je sentis avec joie que mon style rugueux l’intéressé.
–L’obligation envers Dieu, ça vaut la peine. Tu aimes la poésie ?
–Oui.
–Tu es en lis ?
–Ça m’arrive.
–La poésie est faite de mots, exactement comme la conversation que nous avons en ce moment. Mais quand le poète s’empare de nos mots banals et les libère du bavardage, voilà que ces mots, de l’intérieur, de leur banalité manifestent une énergie inattendue . Dieu se manifeste de la même manière.
–Un poète n’est pas Dieu, c’est juste quelqu’un comme nous qui en plus, sait écrire de la poésie.
–Mais cette écriture nous ouvre les yeux, elle nous émerveille.
–Parfois. 
–Dieu, pour moi c’est ça : une secousse dans une pièce sombre donc je ne trouve plus le sol, ni les parois, ni le plafond. Ce n’est pas une chose qui se discute, sur quoi on peut raisonner. C’est une question de foi. Si tu crois, ça marche. Autrement, non.
–Pourquoi devrais-je croire en une secousse ?
–Par esprit religieux.
–Je ne sais pas ce que c’est.
–Pense À une enquête, comme dans les romans policiers, mais où le mystère reste un mystère. L’esprit religieux, c’est chat : une secousse qui te pousse en avant, toujours plus en avant, pour dévoiler ce qu’il reste voilé.
–Et je ne comprends pas.
–Les mystères ça ne se comprend pas.
–Les mystères sans solution me font peur. Moi je me suis identifiée aux trois femmes qui vont au sépulcre, ne trouvent plus le corps de Jésus et s’enfuient.
–C’est la vie qui devrait te faire fuir, quand elle est obtus.
–La vie me fait fuir quand elle est souffrance.
–Tu veux dire que tu te contentes des choses comme elles sont ?
–Je veux dire que personne ne devrait être crucifié, en particulier par la volonté de son père. Ça ne se passe pas comme ça.
–J’ai une change ne te plaît pas il faut la changer.
– changer aussi la création ?
–Bien sûr nous sommes là pour ça.
–Et Dieu ?
–Dieu aussi, s’il le faut.
–Attention, tu blasphèmes.
L’espace d’un instant, je l’impression que Roberto avait saisi l’intensité de mes efforts pour lui tenir tête, et que ses yeux ont brillé d’émotion. Il dit :
–si le Blachevelle me permet ne serait-ce qu’un petit pas en avant, je blasphème.
–Vraiment ?
–Oui j’aime Dieu et je serai capable de tout, même de l’offenser, pour m’approcher de lui. C’est pourquoi je te conseille de ne pas envoyer tout valdinguer : attends un peu, l’histoire des Évangiles en dit plus que ce que tu lui as trouvé pour le moment.
–Il y a tant d’autres livres à lire. Les Évangiles, je les ai seulement lus parce que tu en as parlé, ce jour là, à l’église, et que ça m’a intrigué.
–Relis-les. Ils parlent de Passion et de croix, c’est-à-dire de souffrance. La chose  qui te déboussole le plus.
–C’est le silence qui me déboussole.
–Toi aussi, tu as été silencieuse pendant une bonne demi-heure. Mais ensuite, tu vois, tu as parlé. 

p 301
Le temps de mon adolescence est long, fais de gros blocs gris ponctués brusquement de reflets verts, rouges ou violets. Les blocs n’ont pas d’heures, de jours, de mois ni d’années, et les saisons sont incertaines, il fait chaud et froid, il pleut et le soleil brille. Les bosses non plus n’ont pas de temporalité bien définie, leur couleur compte davantage que toute tentative de datation. D’ailleurs la durée même de la teinte et que prennent certaines émotions n’a pas d’importance, celle qui écrit le sais bien. Dès que l’on cherche à mettre des mots dessus, la lenteur se transforme en tourbillon, et les couleurs se mélangent comme des fruits différents dans un robot mixeur. Non seulement « le temps passa » devient une formule vide, mais même des indications comme « un après-midi », « un matin  » ou « un soir » ne sont plus que des facilités.

p 304-305
Je dois dire qu’au début, je fus pleine d’anxiété. À chacune de nos rencontres, je me disais que j’avais peut-être été trop loin, que je cherchais à lui tenir tête –il avait presque 10 ans de plus que moi, j’allais au lycée et lui enseignait à l’université– avait été  une marque de prétention, et que je m’étais sans doute couverte de ridicule. Je me repassais mille fois dans la tête ce qu’il m’avait dit, ce que je lui avais répondu, et je ne tardais pas à avoir honte de chacune de mes paroles. Je prenais conscience de la légèreté futile avec laquelle j’avais liquidé des questions compliquées, Et je sentais croître en ma poitrine un malaise très semblable à celui que j’éprouvais, enfant, lorsque je faisais impulsivement quelque chose qui allait certainement déplaire à mes parents. À cet instant, je doutais d’avoir suscité une quelconque sympathie. Dans ma mémoire, son ironie changeait de nature et devenait explicitement de la moquerie. Je me rappelais avoir eu recours à un ton méprisant, je repensait à certains passages de notre conversation, quand j’avais tenté de faire mouche, et il me venait une sensation de froid et de nausée, comme si je voulais m’expulser de moi-même, comme si j’allais me vomir.
Cependant en réalité, il n’en allait pas ainsi. Chacun de ses rendez-vous me faisait progresser, les paroles de Roberto déclenchaient immédiatement en moi un besoin de de lectures et de connaissances. Mes  journées devinrent une course pour arriver à notre prochaine rencontre mieux préparer, avec des questions plus complexe sur le bout de la langue. Je commençais par fouiller dans les livres que mon père avait laissé à la maison, afin d’en trouver qui me permettait de mieux comprendre. Mais mieux comprendre quoi, qui ? Les Évangiles, le père, le fils, le Saint Esprit, la transcendance et le silence, l’embrouillamini de la foi et de l’absence de foi, la radicalité du Christ, les horreurs de l’inégalité, la violence toujours exercée sur les plus faibles, le monde sauvage et sans limites du système capitaliste, l’avènement de la robotique, la nécessité et l’urgence du communisme ? Roberto passait sans arrêt d’un sujet à l’autre, et avait toujours une vaste vision des choses. Il faisait tenir ensemble le ciel est la terre, il savait tout, il mêlait exemples tirés de la vie quotidienne, fictions, citations et théories, et moi j’essayais de le suivre, oscillant entre la certitude de passer pour la fille qui parle en faisant semblant de savoir et l’espoir d’avoir bientôt une nouvelle occasion de prouver que j’étais meilleure que ça.

p 312-313
Pourquoi dès qu’on creuse un peu, trouve-t-on le sexe dans toute chose, même les plus élevées ? Pourquoi un seul adjectif est-il insuffisant pour décrire le sexe, et pourquoi en faut-il tant -gênant, insipide, tragique, joyeux, agréable, rebutant–, et jamais un seul, mais tous à la fois ? Un grand amour sans sexe est-il possible ? Les pratiques sexuelles entre hommes et femmes peuvent-elles ne pas gâcher le besoin d’aimer en étant aimé en retour ? Je m’imaginais en train de poser ces questions et d’autres encore, d’un ton détaché et peut-être un peu solennel, surtout pour éviter que Giuliana et lui puissent penser que je voulais espionner leur vie privée. Mais je savais que je le ferais jamais. 

p 321
Je remontais lentement chez moi. Cette expression –ne plus rien y voir– ne voulait plus me quitter. Tout a l’air en ordre–bonjour, à bientôt, installez-vous, qu’est-ce que vous voulez boire, vous pouvez baisser un peu le son, merci, de rien. Et pourtant, un voile noir peut s’abattre à toute instant. C’est une brusque cécité, on ne sait plus mettre les choses à distance, mais on se cogne partout. Cela concernait-il seulement quelques personnes, ou bien n’importe qui pouvait-il en arriver à ne plus rien y voir, une fois une certaine limite dépassée ? Et était-on davantage dans le vrai lorsque l’on voyait toutes choses clairement, ou bien lorsque les sentiments les plus puissants et les plus intenses–la haine, l’amour–nous aveuglaient ?

*******************critique de Télérama 

Avec “La Vie mensongère des adultes”, Elena Ferrante provoque un dernier frisson littéraire avant 

Marine Landrot,

Publié le 06/06/20 mis à jour le 08/10/20

Dans La Vie mensongère des adulte, Elena Ferrante suit la vie d’une Napolitaine de 12 à 16 ans… Un subtile autoportrait ?

Dans La Vie mensongère des adulte, Elena Ferrante suit la vie d’une Napolitaine de 12 à 16 ans… Un subtile autoportrait ?

Photo: Mirjam Appelhof/VOZ'Image

De sa plume mordante, la grande et mystérieuse autrice plonge au cœur du cyclone intérieur qui secoue une adolescente. Un roman d’apprentissage brillant.

Giovanna se croyait belle, avec ses cheveux lumineux, mais soudain elle se sent laide, à en bouillir de honte. Elle portait des vêtements roses comme l’aurore, et voilà que la nuit noire envahit sa silhouette bourgeonnante. Elle avait des notes brillantissimes à l’école, et subitement c’est la dégringolade désinvolte. Turbulence de l’adolescence et entourloupe du destin, depuis L’Amie prodigieuse, on connaît de quel bois se chauffe Elena Ferrante, qui revient de très loin, de très haut, propulsée au firmament de la gloire littéraire, avec triomphe en librairie et série afférente, le tout au débotté comme de qualité, sans que jamais l’autrice montre son vrai visage, du sommet de sa tour d’ivoire à l’adresse tenue secrète.

La voilà de retour, intacte, souveraine, avec un brillant roman d’apprentissage dont l’arrivée en Italie a quasiment provoqué, en février dernier, des files d’attente dignes des nouvelles parutions de Haruki Murakami au Japon. Autant rassurer les inconditionnels, suite il y aura, si l’on en croit la dernière phrase engageante, qu’on peut lâcher sans rien divulgâcher : « Nous nous fîmes une promesse : nous deviendrions adultes comme aucune fille n’avait jamais réussi à le faire. »

Saisir le temps qui passe est l’aptitude première d’Elena Ferrante, qui déroule ici quatre années cruciales dans la vie d’une Napolitaine de 12 à 16 ans. Le récit fend l’air, sinueux et tranchant, tandis que sous l’admirable étude de caractère un autoportrait de l’autrice se dessine : « Je n’ai fait que glisser, et je glisse aujourd’hui encore à l’intérieur de ces lignes qui veulent me donner une histoire alors qu’en réalité je ne suis rien »,confesse l’héroïne, Giovanna, au début de ce livre prenant, consacré à sa mise en lumière pour que ce rien devienne plein. La jeune fille est éperonnée par des rencontres décisives qui la mènent à l’intérieur d’elle-même, dans un mélange de sourde douleur et d’ivresse virevoltante.

Giovanna s’entiche d’abord d’une tante, brouillée avec ses parents depuis bien avant sa naissance, une sorte d’Anna Magnani libre et blessée, en couple avec la femme de son amant défunt, dotée du franc-parler propre aux êtres abîmés par la colère. Cette fée maléfique lui transmet le plus dangereux des pouvoirs, celui de l’intransigeance envers soi, capable de vous ronger jusqu’à vous faire disparaître, mais aussi propice à l’éveil absolu.

“Une ambiance de cimetières, de torrents et de chiens féroces…”

Elena Ferrante parle depuis le point de bascule entre les deux, debout sur la ligne de frontière, en poste d’observation. Elle a trouvé la place juste, dans l’œil du cyclone, au milieu du tourbillon des apparences et de la réalité, du bien et du mal, pour absorber l’énergie ambiante sans vaciller, et la redistribuer avec une grande intelligence. Tel est le secret de son écriture, précise, mordante, centrifuge, assez assurée pour faire des embardées dans l’imaginaire le plus halluciné, comme Giovanna, qui, pour épater ses amies, réinvente la vie de sa tante, « dans une ambiance de cimetières, de torrents et de chiens féroces, de flammes de raffineries et de squelettes de bâtiments abandonnés ».

Quand se déroule l’histoire ? Rares sont les indices qui le révèlent, mais l’ambiance fin de règne du XXe siècle est palpable. Pas de téléphone portable ni d’Internet, des femmes en tailleur et collier de perlouses, des adolescentes en tee-shirt échancré. La libération des mœurs a visiblement tenté d’avoir lieu, dans les années 1970, mais une quinzaine d’années plus tard, le naturel pincé est revenu au galop, avec son cortège d’hypocrisies et de cachotteries. La cruauté le dispute à la vulnérabilité, le patriarcat tire ses dernières cartouches, la peau dure des conventions se ramollit, les coups font tous mal. Sur ce terrain miné, une jeune fille fleurit, décidée à interroger en priorité son consentement. Face aux sollicitations des hommes, des amies, de la famille, de l’école, elle apprend à soulever au fond d’elle « la pierre sous laquelle est cachée une vie élémentaire ». La seule vie qui vaille, celle qui nourrit les romans palpitants.

samedi 31 octobre 2020

Antoinette dans les Cévennes un film à ne pas manquer

 

Dire que j'allais omettre de vous parler, j'écris ou je parle sur ce blog, l'entre deux pour ne pas perdre la sincérité, sur ce blog, qui essaie de me reconquérir, d'un des meilleurs films de la rentrée "2020 Année de Merde !"Je vais le mettre à jour, avec ce que je n'ai pas pu encore, oublier, tenez moi par le fil....

vendredi 30 octobre 2020

Garçon chiffon et ADN

Avant que tout referme, reconfine, je suis allée voir deux films merveilleux pour moi qui m’ont fait pleurer encore un peu libre dans le noir et encore un peu plus cachée à moitié derrière un masque noir... noir plus noir remplit démesure la sensibilité : l’ouverture et la sensibilité.
J’ai ri par vagues aux ruptures aux fractures d’avec les larmes. 
J’ai aimé désiré leur ressembler, j’ai voyagé à travers les genres, les différentes nationalités, j’ai voyagé, je suis allée pas loin de Limoges, sur scène, dans les loges, à une audition et puis dans un EPHAD, à un enterrement entre mère et fille, à Alger et avec un père devenu opposé d’extrême droite, après avoir tant lu lui aussi, j’ai arrêté de manger et j’ai lu avec elle tout ce qui était possible sur un sujet l’Algerie qui me redonnait vie espoir et donc avoir re-envie de manger, surtout de boire un thé à la menthe en faisant du bruit. Quels acteurs ces français Nicolas Maury Laure Calamy Nathalie Baye Maïwenn Louis Garrel et Fanny Ardant et d’autres moins connus plus jeunes. Quand on est au sommet de l’espoir et de l’émotion on n’applaudît pas mais on est tellement contents d’être dans des dernières salles presque pleines. 
Ces deux films c’était Garcon Chiffon et ADN. merci à vous deux, de m’avoir donné de tant belles heures à vivre.






Mon beau-frère cinéphile parmi les cinéphiles m’a encoyé une petite vidéo avec ce message :
Son message 



J'étais à la première séance mercredi à UGC les Halles et Nicolas Maury est venu lui-même remercier la voix tremblante les 44 spectateurs venus voir son film.
Ma réponse 
Oh merci ce film, son film m’a bouleversé, avec le chien j’ai pensé à toi. Je suis tellement contente que tu aies vu aussi le film. Il a filmé l’évidence d’aimer qui on veut, avec une simplicité sensualité jamais égalée : aimer comme on peut... avec ce qu’on est. Ce gars est d’une sincérité qui donne des pistes de l’espoir d’un monde de demain qui ne s’accouchera pas aux forceps. C’est le premier film que je reverrais qui sait j’entraînerai Pascal. On a tellement besoin de cette sincérité que l’on a consigné, confondu avec de la sensiblerie du nombrilisme alors que non. C’est vrai aussi pour le film de Maïwenn la scène avec Fanny Ardant mère fille, je veux aussi le revoir pour aussi Louis Garrel qui se promène à vélo et bien-sûr pour le grand père et la musique d’Idir.




Chavirer de Lola Lafon

Chavirer de Lola Lafon pourrait s’appeler Consoler, c’est ce que j’ai ressenti consoler l’inconsolable dont on se souvient quelquefois mal des dizaines d’années après. Ce livre s’attache à plusieurs personnes essaimées sur le difficile parcours de la danse pro... mais les personnages aux premières loges de l’innocence et de l’innommable sont deux jeunes filles presqu’enfants et pas encore « femmes » Cleo et Betty, mais aussi sur la route d’une vie, un ami riche cultivé, une habilleuse, un Kiné, un chorégraphe, un régisseur. Le plus réussi c’est ce labyrinthe qu’elle éclaire jusqu’au final. Par moments on se dit, qu’on s’égare sur quelques pages mais c’est fugace. Les descriptions côté scène et côté coulisses sont extraordinaires. 

p 145-146-147
Alan éteint la télé. Les bottes de freesias jaune de la fleuriste d’en face signalent le printemps ; Alan n’a jamais aimé cette saison braillarde, qui pousse du coude le feutré de l’hiver. Il préférerait que le froid fasse encore se hater les silhouettes des passants, que la nuit vienne tôt, avec son obscurité prévenante et consolatrice. Au creux de laquelle pouvoir se plaindre.
...
Il a été le père, l’ami, le psychologue des groupes dont il assurait la régie. Des centaines de groupes aux batteurs cocaïnomanes, aux bassistes résignés à se voir féliciter pour leur jeu de guitare. Des centaines de chanteurs au torse concave qui vénéraient Radiohead s’offusquer d’être comparés à Indochine. Alan était accoutumé à leur panique : celle des guitaristes penauds qui venaient tlui avouer, deux heures avant la balance, qu’ils avaient oublié leur ampli dans une chambre d’hôtel à 600 km de là, celle des chanteurs qui se plaignaient que le son était infect dans la salle, pas question de jouer dans ces conditions ; il fallait les amadouer comme on l’eut fait de chiens errants, ces gamins devenus trop célèbres à la faveur de trois accords de guitare, qui finiraient un jour, quinquagénaires revenus de tout ce cirque, par dédicacer des photos d’eux-mêmes adolescents.

p 150
...elle avait peur de la gentillesse des gens qu’elle connaissait mal. La gentillesse distribuée comme un flyer pour une messe, on se demandait toujours quel en serait le prix.

p 161 
Non, la musique live n’était pas menacée par les pirates du Web, n’en déplaise aux producteurs de spectacles qui avalaient un Spasfon à la moindre mention d’un MP3, elle était simplement en passe de succomber à une épidémie de nidification. On était insidieusement passé du : « Restez chez vous, nous vous livrons pizzas, chaussures et romans » au « Rentrez chez vous, il n’y a que là que vous serez en sécurité », une injonction de couvre-feu.

p 174 Le chômage c’est la misère le travail c’est l’exploitation
On ne veut pas des miettes on veut toute la boulangerie
Le travail est à la vie ce que le pétrole est à la mer.

p 208
À quel moment un fils perd-il de vue la femme qui a été sa mère pour lui substituer une silhouette de fiction : grand-mère confiture, vieille dame-caddie, satisfaite de mener une vie ralentie.

P 258
La famille était le lieu où se conjuguaient savoir et oubli : l’oubli indispensable pour continuer à remplir les caddies.