dimanche 30 juin 2019

On n'arrête pas le théâtre : PREMIERE et DERNIÈRE 2019 du Collectif Géranium : LE TRIOMPHE DE L'AMOUR

Hier 29 juin : première du Festival on n’arrête pas le théâtre avec le Triomphe de l’Amour : Vous connaissez, théâtreux ou pas, vous avez entendu parler de Marivaux, du triomphe de l’amour qui comme nous le disions avec un des comédiens, n’est pas si souvent monté que cela, étant donné sa complexité, son propos : l’amour sur les êtres et son travestissement avec les masques les costumes de l’amitié et/ou de l’amour. Et ses rôles qui sont là joués « extraordinaires, extraterrestres ». Les serviteurs de pure comédie savent déjouer les rouages de la société dite arrogante,  même quand elle change les codes. L’attitude de faire toujours semblant ou pas, de suivre, de rester ON, c'est la base pour tenir sur la scène de la vie des marionnettes, que sont les maîtres et les serviteurs.


C’est un collectif, ils sont jeunes et talentueux comme a dit Pascal, dans les rôles des maîtres comme des serviteurs. Ils épurent la mise en scène et redonnent aux mots, même si le poêlon des échanges par les mots est fêlé et si on fait danser les ours au lieu d’attendrir les étoiles*... quelque chose comme cela dans Mme Bovary ... (entendu réentendu ? à la présentation de tous les spectacles du festival pour : Spendeur dans l’herbe... sur  l’amitié, thème latent qui se dévoile chez ces créateurs tous très jeunes ou presque...les -un peu moins jeunes- y font exception :  pour Cette maudite race humaine de Mark Twain mis en scène par Eram Sobhani  avec Stéphane Auvray Nauroy)...
Mais revenons à ceTriomphe de l’amour tellement bien joué presqu'à la nudité du jeu d’avec les mots pour avant tout les adresser et les faire entendre à l’autre. 
Tous les jeudis-vendredis-samedis jusqu’à la fin du festival le samedi 13 juillet, vous pouvez pourrez voir ou revoir cet exceptionnel, excellent triomphe de l’amour qui fera vacarme en vos cœurs, en vos corps et c’est là le propos ... Merci Marivaux merci au collectif Géranium sans lequel nous aurions passé une soirée étouffante, sans expression autre que celle de : "il fait chaud on cuit... la fin du monde est-elle proche ou pas ?" en tous cas....on n’arrête pas le théâtre, n’oubliez pas le logo un interrupteur avec 2 on (pas de off) depuis 13 ans que j’y vais je ne l’avais pas remarqué ! voyez-vous, comme les présupposés, les aprioris gomment la capacité de changement, de réflexion, merci à Sophie Mourousi qui dans sa présentation de tous les autres spectacles, l’a rappelé. 
Un Festival de renaissance.... Et si on sauvait l’amour et la planète...
* Flaubert Mme Bovary la citation

“La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles.”

Au théâtre on peut essayer de faire de son mieux à plusieurs pour que cela passe : l'au delà des mots....




13 juillet ; Dernière du collectif Géranium de ce Triomphe de l'Amour... et dernier jour du Festival : On n'arrête pas le théâtre : à l'année prochaine... nous ont-ils dit...


Nous y sommes retournés car voilà ce spectacle le méritait bien tellement il était vivant et joué en mode limpide pour un public de toutes provenances du néophyte voisin du théâtre qui vient là parce que c'est du théâtre et que ce n'est pas cher au jeune qui sait "par expérience scolaire" que le théâtre est souvent ennuyeux mais là ce sont des jeunes... alors qui sait cela est peut-être différent même pour un classique, et puis c'et pas cher, pour un critique blogueur qui se la raconte un peu sur ses connaissances et ses goûts mais qui dans les faits en a beaucoup vu de mises en scènes stylisées de Marivaux au point de rendre incompréhensible le propos du texte., le fond les sentiments, ce qui diffère entre l'amitié et l'amour....ces dernières phrases de Phocion/Aspasie/Léonide : "Au reste vous n'êtes point à plaindre Hermocrate ; je laisse votre cœur entre les mains de votre raison. Pour vous, Léontine, mon sexe doit avoir déjà dissipé tous les sentiments que vous avait inspirés mon artifice."




Cette représentation a été en crescendo et jamais en force même si le personnage du jardinier un peu transformé en servante mais ayant gardé son "patois de Vaugirard " écrit ainsi par Marivaux est interprêté à juste titre d'un volume plus fort que le langage châtié de ses maîtres ou du rusé Arlequin. À la fin nous étions tous dans un ravissement éclatant prêts à applaudir à tout rompre. Bravo. Notre jeune amie de 22 ans russe, Ann en France, pour un séjour linguistique nous a dit " jamais je n'ai vu une joie aussi professionnelle" et quand j'ai dit qu'ils jouaient tous bien et que les hommes savaient bien exprimer leurs sentiments, elle a rajouté "peut-être qu'ils ne jouaient pas "......
https://www.facebook.com/collectifgeranium/


jeudi 27 juin 2019

Bécassine, quel joli film ! vu sur Canal +


Quel joli film que j'aurais aimé voir enfant, qui n'est en rien insultant pour les bretons, même pas pour les escrocs marionnettistes. Émeline Bayard qui jouait dans Fric-Frac mis en scène par Michel Fau est épatante avec sa Loulotte petite fille, à laquelle, je me suis identifiée immédiatement même nourrisson ... Et l'arbre bleu et son Oncle et les petits mots qu'elle essaie de transmettre aux animaux de la forêt pour qu'ils échappent au chasseur. Il y a même Claude Perron qui fait une directrice de pensionnat qui ressemble à la gouvernante de Rebecca. Les acteurs sont aussi tous épatants.
Télérama

AbonnéCritique par Louis Guichard

Des indépendantistes bretons, avant même d’avoir découvert le film, avaient appelé à le boycotter. Or cette fantaisie, cent treize ans après la création de l’héroïne, se situe sur un territoire autre que géographique : c’est d’abord un film de Bruno Podalydès, maître de la comédie d’auteur, porteur d’un univers repérable jusqu’aux moindres détails. Le cinéaste s’approprie la vieille bande dessinée, comme il avait réaménagé selon sa fantaisie et son imaginaire l’œuvre de Gaston Leroux dans Le Mystère de la chambre jaune.
Après un prologue sur la solitude de Bécassine fillette, tout commence vraiment avec son entrée dans l’âge adulte et son départ de la maison parentale. Elle croise la route d’une marquise à petit chien et accepte de devenir nounou en son château. Eloge du hasard, joie un peu lâche de s’en remettre à lui : depuis Dieu seul me voit, Podalydès montre des personnages qui se laissent dévier de leur trajectoire pour mieux se rencontrer eux-mêmes. Et, avec l’arrivée d’un marionnettiste ambulant, qui séduit et plume la marquise, le film transmet cette ivresse de la dérive, voire du désastre, déjà au centre de Comme un avion. Plutôt que destiné aux enfants, Bécassine ! est un film imprégné d’enfance. L’héroïne, qui bricole toutes sortes d’inventions aussi géniales qu’inutiles, ne se départ jamais de ses illusions et de son idéalisme, quand bien même la réalité l’envoie violemment à terre. Or le récit va lui donner raison et montre que sa candeur fait sa force.

Chère Edith Scob...


https://youtu.be/2k_UQ2sV6dk


Les artistes sont immortels, certains, mais les acteurs moins que les autres et comment dire pour certaines grandes dames Bernadette Laffont Edith Scob la place laissée est comme très vide, trop comme disent les jeunes. Comment l'oublier dans Inventaires avec sa cuvette, dans le Misanthrope "extra terrestre"avec Michel Fau, dans la Vieille Fille avec Michael Lonsdale  et Philippe Noiret et Annie Girardot, elle y avait dans cette excellente comédie un jeu extatique que je n'ai jamais oublié. Et dans les Yeux sans visage, de Franju, elle savait jouer avec un masque.


mardi 25 juin 2019

Francesca Melandri : Plus haut que la mer

Dans la série livres italiens consolateurs : pour moi, les italiens sont revenus de tout et savent que le Pire peut toujours attendre comme ne jamais arriver. Après la saga des 4 volumes d'Une amie prodigieuse celui-ci est bien arrivé dans ma vie. C'est une femme qui aime les romans militante à Lutte ouvrière et bénévole à la Cité du Roman qui me l'a conseillé en me disant, c'est un peu comme la Route Madison mais en plus cela se passe sur une île ou sont enfermés les prisonniers de haute sécurité...
https://www.dailymotion.com/video/x2itay6?fbclid=IwAR3zPkoOyDC4o-l342J5HcjQAAJjZXbh2eHx7T2EyiijV1p2m7fweJDCF_0

Extraits :
p 156
« Elle est comme ça cette ile, poursuivit Nitti. Elle te laisse dans le silence pendant des jours. Puis, elle t'envoie quelqu'un qui écoute, et alors il faut t'abattre à coups de fusil pour te faire taire. »
p 171
"Le jour où on a arrêté mon fils, on a parlé de lui dans tous les journaux télévisés. Et aussi de ses victimes, du moins des victimes avérées. Le lendemain matin, j'étais à l'école. J'avais des garçons de terminale et nous étions en train d'étudier Kant.
–Qu'est-ce que c'est ?
–Un philosophe.
–Ah! Difficile ?
–Euh! Oui, parfois. »
Paolo regarda la lune. Elle était maintenant dégagée des nuages et ses cratères se détachaient  nettement comme des empreintes sur de la neige fraîche.
"la plus belle phrase qu'il est dit n'est pas du tout difficile, pourtant.  « Deux choses remplissent mon cœur d'admiration et de vénération : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. »
p 177
"Entourée des bras de Paolo, Luisa pleura, pleura comme elle ne l'avait jamais fait de toute sa vie. Elle pleura ses douleurs menstruelles assise sur le tracteur. Elle pleura les raviolis que sa plus jeune fille avait enviés et qui avaient fini à la poubelle. Elle pleura les chaussures d'homme que depuis des années, en novembre et en avril, elle sortait de l'armoire pour les cirer. Elle pleura la petite fille qui avait trois ans avant et qui en avait six maintenant, et elle pleura son très beau prénom. Elle pleura ses enfants qui s'entendaient dire dans la cour de l'école : "Ton père est un assassin." Elle pleura cet homme que, la veille encore, elle ne connaissait pas et par la bouche de qui sortaient des sons de souffrance. Elle pleura l'étreinte qu'il lui donnait. Elle pleura le compagnon de beuverie que son mari avait battu à mort par une nuit d'hiver, elle pleura son mari roué de coups par les collègues du deuxième homme qu'il avait tué. Elle pleura sa propre peur de jeune épouse au sommet de la montagne. Elle pleura la première fois où on l'avait invitée à danser, elle pleura le beau sourire dont elle était tombée amoureuse. Elle pleura les fouilles dans les antichambres du parloir. Elle pleura le pédophile si gentil avec les enfants. Elle pleura sa jeunesse et son enfance, elle pleura le goût des pâtes aux oursins, elle pleura sa fille qui lui avait dit :" Ne t'inquiète pas. " Elle pleura parce qu'elle ne pleurait plus depuis l'âge de 13 ans et parce qu'on n'avait plus caressé ses cheveux depuis l'âge de 10 ans."
p 210
Et pourtant, ils riaient tous les deux,  ils riaient à gorge déployée,  ils riaient en faisant du bruit.  Ils riaient comme de vieux époux qui ont élevé ensemble leurs enfants et vu leurs petits-enfants devenir grands. Ils riaient comme s'ils étaient sûrs de se réveiller le lendemain dans le lit où ils avaient dormi enlacer pendant 50 ans, sa poitrine à lui, couverte de poils blancs, coller contre son dos à elle, maintenant parsemé de taches mais qu'il aimait autant qu'à  l'époque où il était lisse comme de la soie. Ils riaient comme un homme et une femme qui se regardent dans les yeux et voient défiler devant eux les années, les mois, les jours, les heures qu'ils ont partagés."

Le daim

Comment n’ai je pas ri plus...parce que nous étions très peu dans la salle ? Et du coup parsemés isolés au Gaumont Convention...
j’ai admiré le film en train de se faire le jeu des acteurs en parfaite relation la photo dans des teintes comme délavées des jeux de figurants comme nulle part ailleurs et à quel point malgré tout on croit j’ai cru aux personnages. Pascal était moins causant après que moi mais il a voulu venir et il était content mais surtout impatient de voir son match de filles Espagne États-Unis. 
Jean Dujardin en gros plan joue les deux rôles de sa schizophrènie très finement. La scène pour moi la plus drôle et inattendue est celle où il trouve le chapeau assorti à son blouson « une classe un style de malade.. ».
C’est un film de désespéré du cinéma mais avec un humour fou sur ses contemporains à commencer par Tarantino, je vous laisse découvrir le moment. Adèle Haenel est une actrice affirmant son jeu et emplissant de sa présence les plans. 
Les messages ?! Ah oui il y en a, mais nombreux et selon chacun mais ils se situent hors champ de la morale ils démontrent l’absurdité de nos vies mais qu’y faire sauf créer et rire comme cela en marchant conscient de nos folies malentendus inachevés...
Ce film est avant tout la première chanson de Joe Dassin et si tu n’existais pas ... le cinéma de Quentin Dupieux n’existerait pas.... toi acteur toi spectateur, si tu n’existais pas,  le cinéma n’existerait pas..... Nous sommes tous innocents....
Critiques Masque et la Plume

Devant ma porte cochère un paquet d’habits en rentrant avec au moins 2 blousons abandonnés sur le trottoir...

lundi 24 juin 2019

Spectacle de fin d'année des 1ères années de L'ÉCOLE PRO DU LUCERNAIRE

J’étais là à la deuxième ils sont 25, comment dire, leur première présentation à la fin de l’année 2018, juste après deux trois mois de cours était plus prometteuse que celle-là, pourquoi ?  parce que le travail est allé déchiffrer en eux le hors champ, le hors cadre et  ils ont besoin d’encore plus  de profondeur pour libérer leur être, pour plus de nuances et de jouer les sous-textes, d’écoute et de nudité. Le jeu crié  ne peut pas être qu’en force tout au long d’un enchaînement de scènes sinon il nous reste exterieur  surtout que certains  qui écoutaient leurs partenaires sur scène semblaient indifférents. 
À qui s’adressent s’adressaient t’ils que disent-ils quand le texte est tout du long jeté dans  une  colère continue,  le son sature, on ne comprend plus rien. Même si on ne travaille qu’une scène et pas toute la pièce, l’hystérie masque tout, on ne comprend plus rien ni du texte ni des intentions, c'est une étape de travail qui peut être libératrice mais aucunement l'approche finalisée d'un personnage, cela dessert les acteurs et l’auteur. Le seul avantage c'est une certaine catharsis mais je répète c’est un travail transitionnel. 
J’ai préféré les parties 2 et 3. 
Dans Festen par exemple celui qui joue le père en écoute passive ne joue rien, alors que le même comédien toujours en écoute passive dans une autre scène où il fait un maître d’hôtel, est très drôle et tout ce qu’il joue est lisible, alors qu’il a aussi un rôle muet. Pour repère il s’appelle Jean-Erwann Denayrou. 
Les scènes dansées chantées travesties étaient vraiment abouties et très bien interprétées. La troisième partie était très diverse et plus propice à un éventail de jeu. 
Bravo à tous et aussi d’avoir été si peu décalés d’une représentation à l’autre, car c'était la 2ème et si maîtrisés dans les différents partis pris, directions d’acteurs. Ils iront aussi loin qu’ils le désireront dans ce cours très professionnel d’autant que l’an prochain ils auront d’autres professeurs, directeurs d’acteurs, metteurs en scène, auteurs et rencontreront d’autres professionnels qui viendront (master class), pour leur parler de leur métier, pour leur faire valoir leur expérience. 










Kean au théâtre de L’Oeuvre

Sur Billet Reduc on trouve des tas d’infos sur certains spectacles qui sont comme oubliés par les critiques notables C’est étonnant non ! 
J’y suis allée au Théâtre de l’Oeuvre à 16h ce premier dimanche de canicule annoncée le 24 juin 2019 je vais essayer de vous donner mon ressenti oui c’est un théâtre tout droit sorti des mises en scènes classiques dont on faisait les adaptations télévision : Dom Juan avec Michel Piccoli et Claude Brasseur. 
C’est une mise en scène un peu fidèle aux machineries par exemple des opéras traditionnels où un public un peu âgé mais passionné réclame des mises en scène d’époque... C’est aussi un peu le retour des décors -sont-ils de cinéma ou de théâtre- réalistes et virevoltants à chaque tableau, déplacés par les acteurs eux-mêmes pour ne pas casser le rythme dans le théâtre de Michalik : Edmond. C’est un peu tout cela et donc cela fait plaisir, ravit comme à la relecture des 3  mousquetaires, tout un public nombreux jeune et moins jeune mais qui a besoin de l’illusion du décor d’époque pour renouer avec l’histoire du théâtre au XIXe S. Bien-sûr qu’on pense à Frederick interprété par l’immense Pierre Brasseur dans les Enfants du Paradis. 
Mais voilà moi toutes ces choses du théâtre, je les connais déjà et cela me fait plaisir sur le moment comme la visite d’une maison musée mais ce n’est pas le théâtre que je préfère.
Sur BilletRéduc 

« Le Kean c'est la quintessence même du Théâtre. Dans une profusion de couleurs et d'émotions où le comique et le tragique se côtoient sans vergogne

Kean raconte l'histoire d'un fameux acteur anglais qui triomphe au Théâtre Royal de Drury Lane, et que tout Londres, au début du XIXe siècle, court acclamer. Mais chez Kean l'homme et le comédien se confondent bien souvent... Un soir, submergé par ses passions amoureuses, Kean explose en pleine représentation d'Othello. 

Le Kean de Dumas, c'est ni plus ni moins la quintessence même du Théâtre. Dans une profusion de couleurs et d'émotions où le comique et le tragique se côtoient sans vergogne, tous les plus grands thèmes y sont abordés. La quête d'absolu, le donjuanisme, le pouvoir, la folie... Appel enflammé à toutes les résistances, hymne effréné à la liberté, il mêle l'imagination fiévreuse et flamboyante d'un Dumas à l'insolente modernité d'un Sartre. 
Un jeu de miroirs permanent, une véritable machine à jouer, poussant sans retenue les acteurs jusqu'à l'ivresse de tous les plaisirs réunis de la scène. Rappelons ici que la dernière fois que nous avons eu l'occasion d'entendre ce chef d'oeuvre, ce fut avec Jean-Paul Belmondo qui fit son grand retour au théâtre à travers lui, bien avant d'incarner Cyrano, du reste cousin fort peu éloigné de Kean... 
Il ne nous restait plus donc qu'à relever le défi ! 

Adaptation : Jean-Paul Sartre 
Assistante Mise en Scène : Corinne Jahier 

Le Saviez-vous ?
Cette pièce est nommée aux Molières 2019 dans quatre catégories : 
- Le Molière du Théâtre public, d'Alexandre Dumas, mise en scène Alain Sachs, Théâtre 14 
- Le Molière du comédien dans un second rôle pour Jacques Fontanel 
- Le Molière du comédien dans un second rôle pour Pierre Benoist 
- Le Molière de la comédienne dans un second rôle pour Sophie Bouilloux 
- Le Molière de la révélation féminine pour Justine Thibaudat

Durée : 120 minutes soit 02h00
Devant Kean...on s'ink(l)ine ! 
Il y a 2 semaines - écrit par kimnovak
On joue parce qu'on aime la vérité et parce qu'on la déteste. On joue parce qu'on deviendrait fou si on ne jouait pas. Jouer ! Est-ce qu'il y a un moment où je cesse de jouer ''. On naît (est) acteur comme on naît prince de naissance Ces deux répliques donnent toute la dimension de la pièce dont le héros, Kean, acteur anglais vécut une vie aventureuse, échevelée, passionnante et tragique ; débauché, couvert de dettes, ivrognes et grand amateur de femmes (dans la pièce, il est amoureux (mais peut-il ou saurait-il l'être) de la belle Elena, épouse de l'ambassadeur du Danemark, et malgré les apparences, sensible au charme juvénil et ingénu d'Anna Damby, qui fait tout pour devenir actrice,  jusqu'à le séduire ! Kean est un homme excessif, qui se moque des contingences, s'abîme dans ses passions, se livre avec volupté à l'insolence et au mépris. Chez lui, l'homme et le comédien se confondent bien souvent...Comme le présente Alain Sachs, le metteur en scène, la quête d'absolu, le donjuanisme, le pouvoir, la folie...en sont les thèmes essentiels, mais bien plus encore, dans cette oeuvre d'une grande modernité. En effet, l'acteur Kean (et l'acteur devant nous) , est lui-même à la fois ses personnages et ses personnages sont lui. Notons aussi le sous-titre de la pièce de Dumas : désordre et génie. Le personnage réel l'acteur anglais Edmond Kean (1787-1833), dont nous savons peu de choses, était lui-même un personnage hors-normes, inclassable : acteur génial, séducteur adulé des femmes, mythomane, génie, fou, mystificateur... ? Par son jeu " hénaurme " comme aurait dit Flaubert, de saltimbanque de bateleur de tréteaux, il se fond dans la peau d'Hamlet, d'Othello, du roi Lear, de Falstaff et de Roméo (à 48 ans!) . A n'en pas douter Sartre en 1953, la pièce de Dumas, (1836), écrite pour le célèbre acteur Frédérick Lemaitre, a voulu se placer au plus près des thématiques shakespeariennes, tout comme en filigrane, nous retrouvons bien des concepts développés dans l'Être et le Néant. Sartre dramaturge ne saurait nier le Sartre philosophe. N'oublions pas que Dumas, lorsqu'il a crée en 1846 son " théâtre historique " y faisait jouer en premier lieu les pièces de Shakespeare. Alors nous avons devant nous, du " théâtre dans le théâtre ", un " jeu de miroirs " fascinant et pathétique, une véritable " mise en abyme ", où est transposé, à l'échelle des personnages, le sujet même de l'oeuvre. Certaines scènes, répliques, situations nous font aussi penser à Wilde et à Pirandello. Le fil rouge de la pièce est contenue dans ces interrogations : Quand est-on au théâtre, quand est-on dans la vie ? Quand joue t-on la comédie ou le drame, quand ceux-ci se jouent-ils de nous. Il y a là aussi du théâtre et son double d'Artaud. Shakespeare nous dit que le monde est un théâtre, que la vie est pleine de bruit et de fureur et que nous sommes faits de l'étoffe de nos rêves. de fait, Kean est montré comme l'acteur passionné d'un drame, d'une comédie, d'une farce, et en même temps, le spectateur désabusé de leur représentation. Nous sommes à la fois dans la comédie la plus échevelée, parfois proche de la comedia del arte et dans la pure tragédie, où l'acteur devient pathétique ayant quasiment perdu sa propre personnalité tant les rôles l'ont dévoré. Quand Kean est-il lui-même, quand est-il ses personnages, au point que sur la fin, il semble sombrer dans la folie, ne sachant plus qui il est, mais un certain monsieur Edmond bijoutier, confiant ici au dédoublement schizophrénique ; le "moi" personnel, s'étant fondu dans le théâtral. Prisonnier de son personnage, il cherche à s'en évader. C'est là un thème récurrent qu'un siècle de théâtre et de cinéma, ont souvent montrer. Le drame de l'acteur, qui serait comme le cannibale dévoré par sa proie ou comme une abeille engloutie dans son propre miel Kean est un homme démesuré, extravagant, un trublion magnifique, un "pantalone", arlequin, une sorte de bouffon du roi. Mais en même temps, et c'est ce qui fait la complexité du personnage, cette double face de Janus : on dirait aussi aujourd'hui, qu'il est un un loser magnifique, un homme perdu, seul, au milieu ou envahi par sa gloire, et puis par une pirouette dont il a le secret, hop, il repart, régénéré comme une plante vers de nouvelles aventures ; et tout le temps, il ne sait plus quand il joue et quand il ne joue pas ! Au-delà de ces considérations, Kean est un spectacle fascinant, intelligent, magnifique et comme le dit Belmondo (vidéo INA, 20/02/1987 - , c'est un "rôle superbe", auquel seuls de grands comédiens peuvent se frotter. La troupe d'acteurs joue dans une parfaite cohérence, où les répliques, les échanges sont réglés avec une précision qui relève de l'horlogerie. Mais mention particulière au rôle principal, tenu avec un brio étourdissant par Alexis Desseaux. Quand l'on saura que Sartre a crée la pièce pour Pierre Brasseur, nous ne sommes pas étonnés du mimétisme entre le jeu de Brasseur et celui d'Alexis Desseaux. On se croirait presque devant Brasseur dans son rôle de Frederick Lemaître, dans Les enfants du Paradis. Desseaux en arriverait presque à nous faire oublier la prestation de Belmondo dans le Kean monté par Hossein au théâtre Marigny en 1987, où pour son retour au théâtre après 28 ans d'absence, il fit un triomphe et obtint le prix du Brigadier (...le bâton des 3 coups) Puisse l'acteur et la troupe trouver un succès aussi retentissant et durable ; ce que déjà les nominations aux Molière réalisent. Bravo aussi à Alain Sachs pour sa mise en scène élégante, raffinée à l'image de ses salons anglais du 19°, ses décors, ses lumières, sa géométrie de l'espace, sa direction impeccable d'acteurs. Mention aussi à ses deux superbes actrices, Justine Thibaudat (Anna), fraîche, espiègle et déterminée ; et à Eve Herszfeld (Elena), hiératique, humiliée et digne dans le malheur. Alors, amateurs de vrai et grand théâtre, n'hésitez pas à vous précipiter pour réserver - un moment de théâtre inoubliable. »








samedi 22 juin 2019

Et si vous partez en Festival....Théâtre : à l'Etoile du Nord et à Avignon In et Off 2019 et ensuite à Figeac St Céré

Mon blog chute chut... quand je ne parle plus ni des films qui sortent ni des séries sur Netflix et je m'en balance..., il n'est pas fait pour  attirer l'audience la plus large, mais celle éparse qui ne se retrouve pas ailleurs, qui aime des domaines très divers, il est hors compétition comme l'amour pour le plus grand nombre, car sinon voyez-vous sur cette planète nous arriverions à vivre ensemble en harmonie avec le respect d'autrui, une certaine égalité des chances et des ressources. Et surtout il chute parce qu'il aime chuter et cela avec aucune arrogance culturelle : comment,  tu ne connais pas cela.... Hier j'ai entendu une histoire un peu dans ce style, quelqu'un qui au bout de 3 mois dans un cours de théâtre professionnel est parti terrassé par le continent culturel à absorber pour faire du théâtre.... et aussi qui sait par comparaison aux autres et à leurs possibilités leurs interrogations leur humour "potache" l'esprit potache d'un cours de théâtre est toujours épris d'un certain brio : celui des vedettes de cours qui rend impossible de rester en retrait....Certains groupes désormais appelés cours amateurs font avec tous quelqu'ils soient, une équipe soudée et indissoluble mais c'est rare et donc c'est seulement cette formule qui m'intéresse et je sème à ma façon désormais pour que cela se répande à l'infini, à la seule condition qu'il y ait du désir et du plaisir partagé... une troupe nait, c'est à dire une équipe qui aime comme elle respire.
#onnarretepasletheatre #avignonfestivaloff  #avignonfestivalin #theatrefigeac #musiquestcere

Revenons aux festivals que j'aime et je fréquente depuis des années, celui du théâtre qui ne s'arrête jamais...là j'irais  presque tout voir parce que cela me remet debout et quelquefois me dérange mais jamais ne m'arrange dans l'immobilisme et la complaisance artistique...et aussi surtout parce qu'avec le Pass de 25 € on peut tout voir.... et c'est sympa là-bas.
Il y a surtout du théâtre, des lectures aussi, et du cinoche de"celui qui reste à inventer"
http://www.etoiledunord-theatre.com/saison-18-19/festival-on-n-arrete-pas-le-theatre


Avignon In https://www.festival-avignon.com/fr/la-programmation
là il faut bien regarder par jour et découvrir ce qu'on ne connait pas forcément
Avignon Off https://www.avignonleoff.com/programme-billetterie/
Avignon Off par lieux le Gilgamesh Belleville https://www.avignonleoff.com/programme/2019/11-gilgamesh-belleville-t2226/
pour Hamlet déjà, que j'ai vu à sa création et que je reverrais dans ce très beau lieu... AVANT TOUT
https://www.avignonleoff.com/programme/2019/hippolyte-s25804/ La caserne : pour Hippolyte comme cela par feeling pour le sujet le lieu le visuel et une des comédiennes
https://www.avignonleoff.com/programme/2019/noemie-de-lattre-feministe-pour-homme-s25058/
Actuel Théâtre parce qu'il y a des pépites tous les ans un peu choc évènement comme les Chatouilles ou la machine de Türing(que j'ai vu l'an passé et moyennement aimé et qui cette année après les Molières se rejoue au Chêne noir... Là peut-être : Féministe pour homme Noémie de Lattre
https://www.avignonleoff.com/programme/2019/deglutis-ca-ira-mieux-s24606/ Le Balcon pour Déglutis ça ira mieux pour Andréa Bescond et Éric Métayer
https://www.avignonleoff.com/programme/2019/le-crepuscule-s25642/ Présence Pasteur pour le Crépuscule avec Philippe Girard
https://www.avignonleoff.com/programme/2019/disparu-s26640/
Disparu de Cédric Orain au Train Bleu
https://www.avignonleoff.com/programme/2019/le-paradoxe-amoureux-s26344/
et pour finir en beauté le Paradoxe amoureux au Petit Chien qui sera recréé par la Cie Philippe Person pour finir en beauté...
et le lien de l'Avant-Scène Théâtre pour voir ce qu'ils conseillent retiennent pour ce prochain Avignon
ici
Et aussi les conseils de spectatif 

Message d’après la 1 ère le 5 juillet 2019 de Florence Le Corre comédienne dans le Paradoxe amoureux.
« Pour ceux et celles qui y sont, acteurs et actrices, metteurs et metteuses en scène, techniciens et techniciennes, spectateurs et spectatrices : BON FESTIVAL 2019 à tous et toutes !!! De notre côté, nous ne pouvions rêver meilleure première ! ("Le paradoxe amoureux" de Pascal Bruckner, adapté par Philippe Honoré et mes par Philippe Person au Petit Chien à 10H45). »

Dernier message d’une amie... la meilleure pièce.....qu’elle a vue à Avignon sur une servante de Georges Sand Marie des Poules 


Figeac St Céré
Nous irons voir Les 3 Mousquetaires Acte 3, le 31 juillet
le 01 août l'effort d'être spectateur et à nos Atrides
le 02 août Il y aura la jeunesse d'aimer
http://festival-saint-cere.com plus opéra avec récitals opérettes et concerts
le 03 août Château de Castelnau Bretenoux Les pêcheurs de  perles

mercredi 19 juin 2019

Être vivant et le savoir

Un film d’éclaircie sur la mort et ils sont tellement rares ces films là... bien-sûr je me sens guérie du film broussailleux que j’ai vu hier : Parasite pour ceux qui ne le savent pas et de mon cancer du sein après deux ans pour ceux qui ne le savent pas où ceux qui font comme si cela n’avait jamais existé ... Moi qui n'ai jamais supporté les chauds et froids, amicaux...
Ce film c’est une déclaration d’amour à la vie, à toute la vie, à l’amitié aussi. C’est l’admiration de ce qui est beau dans un visage, dans une nature morte, dans un tableau, une sculpture qu’on peut réparer Il impressionne sur l'écran aussi la vie courante, celle des courges, d’un pigeon blessé qui se regarde filmé sur un grand écran... Comme disait Agnès Varda seul le cinéma peut réparer de la peine, de l’absence. Son cinéma est pur, on le voit changer l’obturation de l’objectif pour saisir  la lueur d’une bougie... Et Emmanuelle Bernheim est si présente et filmée dans l’absence de sa douceur et du grand bleu de ses yeux. Et Monsieur Cavalier c’est une encyclopédie de vies minuscules ou immenses réunies  : Irène, Thérèse, ses tantes, ses cousines, le jasmin et la Tunisie. 
Et il y a un passage bouleversant quand il envisage sa propre fin de vie, Alain Cavalier il est  drôle aussi au moment où il s’écrie...  "Vive la république et les pommes frites.... " mais je ne vous en dévoilerais pas plus... car quand on regarde « deux pigeons s’aimer d’amour tendre » ou les sculptures de l’usure sur le bas d’une vieille fenêtre,  on rêve, on imagine, on a peur on meurt mais  on vit aussi.... Merci cher Monsieur Alain Cavalier,  pour moi vous êtes plus singulier plus limpide que le bleu du ciel partagé par la traînée blanche d’un avion....  vous êtes semé d'un art « primitif », et à la fin libéré d'un poids insupportable mais que tant d'autres ont connu, on pleure....j'ai pleuré.
À la fin de l’émission le Masque et la Plume ils parlent de ce film du génie d’Alain Cavalier 








mardi 18 juin 2019

Parasite au cinéma et Bellissima sur Arte

Oh que ce film m'a énervée, fatiguée, déçue, désespérée, je sais il y a plein de strates cinéphiles à voir, de tableaux à déchiffrer, mais j'ai justement l'impression d'avoir tout décrypter... vaguement. L'intérêt est pour les seuls critiques... et le public vient car c'est la palme et qu'ainsi il se sent intégrable à très bon compte c'est vrai comme demandait un sujet du bac de philosophie : à quoi bon expliquer une oeuvre d'art ? On va voir la Palme d'Or et on lit le Goncourt et en voiture c'est un Direct....

Une âme amie, m'a dit, c'est parce que tu n'es pas rentrée dans le film, même pas, j'y suis rentrée par la porte de la belle maison d'Architecte avec un grand A et à plusieurs étages...mais j'en suis ressortie... à ce qui m'a semblé être le tiers du film tellement le reste m'a semblé long et peu crédible, avec des surenchères, des fausses pistes, des fins à chaque étage... en veux-tu en voilà.  La seule chose de réussie, c'est qu'aucun personnage n'est attachant, ainsi  se détache-t-on de tout....
Je ne spolierais pas le déroulement, ni la fin rocambolesque du film, mais ce que je me suis ennuyée avec ces marionnettes qui se démenaient tant bien que mal pour rendre crédible l'improbable, l'illogisme froid de ce scénario à rebondissements qui en fait ne touche à personne à rien, pas même à l'écologie à nos responsabilités dans le réchauffement climatique puisqu'après la pluie le beau temps.... et que "mieux vaut ne pas établir de plan..." Le réalisateur se réclame de Chabrol mais il est bien plus dérangeant justement, parce que ses personnages sont humains.
"Attends un peu et revois-le dans quelques temps", m'a conseillé cette âme amicale, en moi, j'ai déjà répondu : jamais !
La palme d'or du festival de Cannes remise par Cuaron à l'unanimité du jury, alors que son film Roma est tout le contraire et que Douleur et Gloire d'Almodovar était en liste dans les nominés... Je ne comprends pas.
Que d'artifices qui au début peuvent paraître bien observés drôlatiques pour stigmatiser les hiérarchies,  les différences d'apparences entre les classes sociales des hautes sphères(ou entre nous la bêtise l'hystérie crédule sont à leur comble chez les femmes : la mère la fille)  et des sous-sols forcément plus machiavéliques... voir même plus épris de la spiritualité des lieux en l'absence des maîtres, eux qui sentent cette mauvaise odeur des sous sols....où les égouts débordent.


Parenthèses j'ai revu sur Arte Bellisima sublime film de Visconti que je n'avais pas oublié mais que j'ai du voir, il y a surement très longtemps sur un petit écran de télévision, à l'époque et qui sait pas en entier parce qu'en Noir et Blanc...





Mais quelle différence de chair et d'âme, de jeu aussi de la magistrale Anna Magnani à la fois tragique, pleine de duplicité, drôle et si tendre avec sa gosse. Il y a aussi plein de situations humoristiques le passage de la fillette chez le coiffeur, sa professeure de théâtre et comment l'assistant se paye sa Vespa...On les voit toutes, les coupantes différences de classes sociales dans les mères et leurs filles qui viennent au "casting" pour faire passer des essais à leurs fillettes et quelle claque morale on reçoit à la fin. Là aussi je ne dévoilerais pas la fin car au moins ce film là le mérite... son succès.
Le Masque et la Plume où Jean-Marc Lalanne critique des Inrocks dénonce l’aspect conscient manipulateur du film 
https://www.avoir-alire.com/parasite-la-critique-de-la-palme-d-or
http://cineclubambulant.hautetfort.com/archive/2019/06/16/parasite-bong-joon-ho-6158621.html
(Même si je ne suis pas d’accord du tout avec la comparaison avec le cinéma italien ; j’ai plus aimé aussi son autre film : Memories of Murder)


Télérama pour accéder aux articles il faut être abonné aussi je les recopie....
https://www.telerama.fr/festival-de-cannes/2019/cannes-2019-bong-joon-ho,-palme-dor-avec-parasite,-et-vainqueur-par-chaos,n6268072.php
Drôle, tragique, inquiétant... Le cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho a le don d’embarquer le spectateur en changeant sans cesse de registre. Déflagration sur la Croisette cette année, son “Parasite”, chef-d’oeuvre corrosif sur fond d’inégalités sociales, remporte la Palme d’or et sort en salles mercredi 5 juin.
Bong Joon-ho est un égoutier. Ses films, toujours sombres et humides, surgissent des bas-fonds du cinéma de genre, pour éclabousser le monde d’en haut de leur puissance métaphorique. Repeindre la société sud-coréenne avec des boues d’épuration : voilà la mission qui occupe le cinéaste de 49 ans depuis Memories of Murder (2003), thriller poisseux et prodigieuse réflexion sur le bien, le mal et l’histoire récente de son pays, qui, avec ses cinq millions d’entrées sur place, lui a ouvert toutes les portes, à l’intérieur comme à l’extérieur de la péninsule.
Son dernier film, Parasite, peut-être son meilleur, achève de placer Bong Joon-ho à la table des plus grands. Sans nappe, la table. Car le Coréen aux cheveux hirsutes et à la bouille ronde d’éternel adolescent ne fait pas dans la dentelle. Il dynamite les genres (du mélo au polar), orchestre le chaos, abolit les frontières, y compris celle du bon goût.
Entassés dans un souplex dégoulinant, les quatre membres d’une famille de prolétaires s’incrustent progressivement dans la luxueuse villa d’une famille de grands bourgeois de Séoul. Tour à tour fable sur la lutte des classes, farce horrifique, étude de moeurs, satire du capitalisme, Parasite est un film foisonnant. Un train fantôme, où le grotesque côtoie le tragique.
Après la géante bestiole amphibie jaillissant des eaux polluées de la capitale coréenne dans The Host (2006) et l’hippo-cochon sauvage arraché à sa forêt tropicale pour être envoyé à l’abattoir dans Okja (2017) — deux paraboles écologistes déguisées en films de monstres —, l’obsession de Bong Joon-ho pour les cloaques mérite une explication.
« J’aurais aimé pouvoir dire que j’ai été séquestré dans une cave à l’âge de 7 ans, plaisante le cinéaste avec un humour décapant. Mais non ! J’ai en revanche eu l’occasion de descendre dans les sous-sols de plusieurs gratte-ciel. Entre la pénombre, les escaliers et le bourdonnement des machines, il y règne une atmosphère que je trouve très inspirante. »
La symbolique du contraste entre un monde souterrain, sale et dissimulé aux regards, et un monde extérieur, propre, qui s’épanouit à la lumière du jour, comporte aussi une dimension politique évidente. Des deux villes haute et basse de Metropolis(1927), de Fritz Lang, aux doublures maléfiques qui remontent à la surface pour prendre la place des familles modèles dans le récent Us (2019), de Jordan Peele, comme dans la plupart des films de zombies, le cinéma fantastique regorge de gueux planqués sous le tapis, telle la mauvaise conscience des classes dominantes.
“Une ville enclavée et très réactionnaire, un peu comme Munich…”
« La lutte des classes n’est pas plus un problème en Corée du Sud que dans le reste du monde capitaliste, Chine comprise, poursuit Bong Joon-ho. Partout, les écarts continuent de se creuser entre les riches et pauvres. Mais je ne fais pas des films ouvertement engagés. En revanche, si le public, une fois ses émotions digérées, veut bien réfléchir au message sous-jacent, je n’y vois aucun inconvénient, au contraire. »
Né dans une famille de la classe moyenne supérieure, d’un père professeur d’art à l’université et d’une mère au foyer, Bong Joon-ho est le benjamin d’une fratrie de quatre. Il grandit à Daegu, au sud de la péninsule coréenne, « une ville enclavée et très réactionnaire, un peu comme Munich ». Gamin solitaire, introverti, il a du mal à exprimer ses sentiments au sein d’une famille où les échanges et les effusions sont presque inexistants. Il passe son temps à lire et à dessiner des BD. « Quand il m’arrivait de croiser un membre de ma famille dans la rue, je ne savais jamais comment réagir. Alors on évitait, mutuellement, de se parler. » 
Bien qu’il ait la fibre artistique et une formation de graphiste, son père, qui a réalisé le lettrage de l’affiche de La Servantegrand classique du cinéma coréen de 1960, n’a jamais encouragé son fils à devenir réalisateur. « Un homme doit être salarié », lui répétait-il sans arrêt. Simultanément à des études de sociologie, où il acquiert son sens de l’observation des différentes strates de la société coréenne, Bong Joon-ho, se découvre une passion pour le cinéma en fréquentant le ciné-club universitaire. Il finit par braver la recommandation parentale et s’inscrit à la Korean Academy of Film Arts (Kafa).

Un jeune professeur rendu fou par un chien bruyant

En 1994, ses courts métrages de fin d’études, dont il a presque honte aujourd’hui, reflètent bien ce double cursus. Il y est déjà question de l’opposition entre cols blancs et cols bleus (White Man) et de l’élite culturelle coréenne tournée en ridicule (Incohérence). Après quelques années d’apprentissage et une poignée de scénarios écrits pour d’autres, Bong Joon-ho signe un premier long métrage, Barking Dogs Never Bite (2000), comédie noire sur un jeune professeur d’université rendu fou par un chien bruyant. Son style, tout en ruptures de ton, où la violence menace d’exploser à tout moment, avec des personnages tragi-comiques qui ne s’apitoient jamais sur leur sort, s’affirmera dès Memories of Murder.
Désormais invité dans les festivals les plus prestigieux, célébré avec le même enthousiasme dans les revues cinéphiles et la presse populaire, et — ce qui n’est pas donné à tout le monde — prophète en son pays, où The Host et Snowpiercer (2013) ont attiré chacun dix millions de spectateurs, Bong Joon-ho peut faire ce qu’il veut : adapter une bande dessinée française de science-fiction, qui se déroule entièrement dans un train blindé et inarrêtable (Le Transperceneige, devenu Snowpiercer) avec un casting international (Ed Harris, Chris Evans, John Hurt, Tilda Swinton) ; créer la polémique en étant sélectionné en compétition à Cannes avec un blockbuster antispéciste produit par l’ogre Netflix (Okja) ; refuser obstinément les propositions de Hollywood pour réaliser un film de superhéros ; faire des allers-retours entre les films cent pour cent coréens et les grosses coproductions étrangères, sans jamais renier ni son style, ni sa personnalité.
Adepte des tournages rapides et spontanés, avec peu de prises, conformes au storyboard dessiné par ses soins et montées en direct sur le plateau, comme le veut la tradition d’efficacité coréenne, Bong Joon-ho se voit avant tout comme un artisan du cinéma de genre. « Ma première vocation consiste à divertir »insiste-t-il, la modestie en bandoulière. Avant d’ajouter : « Mes films sont comme une petite pluie. Au début, on ne sent rien, mais on finit quand même par être complètement trempé. »

lundi 17 juin 2019

Les bons bourgeois

Un spectacle que vous pouvez aller voir et qui va tourner étonnante pièce du temps de Giraudoux Anouilh écrite en alexandrins et qui fustigeait 68 retombe à pic avec le réveil féministe et les inégalités sociales criardes qui ne se réduisent pas. C’est une pièce très bien écrite au delà des genres : comédies tragédies... ces bons bourgeois nous ont emporté grâce aux acteurs, au lieu immense écrin national, aux partis pris épurés de la mise en scène. Il y a un désuet des alexandrins qui rythment et renforcent le propos. Les acteurs tous bons parlent fort et sont profondément ancrés dans leurs sentiments émotions. Et à la fin nous étions tous générations confondues ravis, et chapeau bas à l’auteur « immortel ».


La troupe avec l'auteur qui est âgé de 102 ans.
Je ne vous ai pas assez parlé de l'efficacité de la mise en scène épurée et très rythmée, mais en cherchant bien Alexandre Markoff est loin d'être un amateur.... comme d'ailleurs ces comédiens qui n'en sont pas à leur premier spectacle.
http://grandcolossal.com/index/la-compagnie/
https://www.facebook.com/events/449795635589216/

Le Bourgeois Gentilhomme au Lucernaire


Dernières.... nouvelles 22 juin 2019
https://www.webtheatre.fr/Le-Bourgeois-gentilhomme-de-6591

Excellente critique de Monsieur Costaz et si Monsieur Jourdain était un naïf un peu émerveillé devant tout ce qui est doré estampillé riche de marque classe comme quand vous allez dans les grands hôtels restaurants la première fois. J'y suis retournée avec une autre distribution et vraiment j'ai adoré cela, j'ai ri, à nouveau et encore... différemment le bon théâtre se décline autant de fois que d'interprètes, comme leurs yeux brillent à ces jeunes comédiens, comme ils sont lestes à la danse au jeu et combien généreusement ils partagent leur euphorie et le texte qui nous parvient régénéré.... Molière cela se redécouvre.Avant cela cette pièce faisait partie de celles qui étaient classées dans mon bestiaire théâtral comme sans vie...



Juste critique sur le parti pris de la mise en scène, la richesse... de jeu des comédiens danseurs acrobates, la beauté du décor des costumes. C’est une pantalonnade c’est un prétexte à rires à se moquer sans vouloir aller trop loin et noircir, alourdir le propos. Comme dit mon Chéri et vous savez comme il devient exigeant, on ne sent pas du tout le temps passer. Et nous n’étions là que pour la 1ère alors je vous dis pas avec un peu de patine ça va déménager « grave ». J'ai persuadé la famille de mes amis de venir, c'est pour toutes les générations d'élèves et d'amoureux de Molière, et ils sont nombreux....



https://toutelaculture.com/spectacles/theatre/au-lucernaire-le-bourgeois-gentilhomme-adapte-par-philippe-person-est-une-hilarante-pantalonnade/?fbclid=IwAR1drDExx9Zcal5nZco-yBRf1cYaBbnHWlHfX1KmTWVstjZm8ufNA2ogJjM

Au Lucernaire, le Bourgeois Gentilhomme adapté par Philippe Person est une hilarante pantalonnade.

14 JUIN 2019 | PAR DAVID ROFÉ-SARFATI
Le Bourgeois Gentilhomme, célèbre comédie-ballet de Molière devient sous la chirurgie  de Philippe Person et par la mise en scène commune de celui-ci et de Florence Le Corre  le terrain de jeu des élèves de la dernière  promotion de l’école d’art dramatique du Lucernaire. On y rit beaucoup.
Nota Bene : Je vous ai recopié l'entière critique car je suis d'accord avec elle et ce n'est pas tous les jours que j'apprécie l'avis d'un critique de théâtre de surcroît... (théâtre matière littéraire oblige à l'élitisme qui frôle l'arrogance ordinaire culturelle).



Théâtre de la clarté à Boulogne samedi 15 juin 23 enfants avec une dynamique un texte à certains endroits extraits de Molière du Bourgeois gentilhomme, figurez-vous que l'histoire, l'intrigue était que les enfants avaient contracté une maladie grave et s'évanouissaient pour se relever et s'exprimer en vers et ainsi seulement les garçons séduisaient les filles :"Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour..."
Et donc le lendemain nous sommes allés voir... -décidément la bourgeoisie et la langue dite culturelle cultivée, poétique, en prose ou en vers, font l'objet de bien des redécouvertes en tous genres -ainsi donc le dimanche nous sommes allés voir en famille, avec le même petit garçon les Bons Bourgeois de Obaldia (voir article ci-dessus). Ce même petit garçon que l'on voit à Jardin (à gauche sur la photo) me disait : moi aussi, je sais jouer en vers... et à chaque instant où se jouait un passage amoureux ou de soulographie, il me glissait à l'oreille : "c'est pas pour de vrai."......

Nous nous sommes promis avec ses parents de l'emmener très vite voir "le vrai" Bourgeois gentilhomme au Lucernaire.